La première journée d'Anazel avait été épuisante. Se retrouver dans un nouveau lieu plein d'inconnus, devoir porter lui-même ses affaires, rester bien sagement assit toute la journée à écouter tout ce qu'on lui dit... mais le pire du pire, c'était de devoir faire ce que les professeurs lui demandaient. Jamais encore on ne lui avait donné des ordres ! Le jeune démon était resté abasourdit au premier cours lorsque la professeure lui avait fait les gros yeux en lui disant de prendre des notes. Écrire ? Mais Anazel n'écrivait jamais ! C'était à peine s'il savait comment tenir un stylo !

Au fil de la journée, il été allé de surprise en surprise. La vie d'étudiant n'était pas du tout comme il l'avait imaginée, et c'était très difficile. Mais ce qui lui redonnait du courage, c'était les autres élèves. Certain n'avaient pas l'air beaucoup plus à l'aise que lui, et il s'était déjà amusé à repérer quelques potentielles conquêtes.

Cependant, ce qui avait le plus marqué le jeune démon au cours de la journée, c'était l'aura des autres élèves. Anazel n'était pas très doué pour sentir l'aura des gens, puisqu'il s'était toujours trouvé en compagnie d'humain jusqu'à présent. Et pourtant, il avait été frappé par la différence. Il avait croisé un ou deux élèves qu'il avait, sans qu'il comprenne pourquoi, évité en faisant un détour. L’instinct sans doute. C'était tout nouveau pour lui, et il se sentait troublé, faible, et un peu honteux. Surtout, il se rendait compte de son ignorance. Il ne savait déjà que peu de choses sur sa propre nature, mais strictement rien sur les autres espèces non-humaines ! Combien y en avait-il ? Est ce que certains pouvaient le nuire ?

Il avait été pris d'une telle anxiété tout au long de la journée que, sitôt le soir venu, il se rendit à la bibliothèque, sans prendre la peine d'aller se sustenter avant. Anazel ne se sentait pas capable de faire quoi que soit tant qu'il n'en aurait pas apprit un maximum les créatures présentes dans l'école. Ça le rassurait.
Il eut un peu de mal à retrouver son chemin, puis sitôt arrivé, récupéra tous les livres qui aurait pu l'aider et s'installa au bout d'une grande table. Il se mit à feuilleter un très gros livre, tout d'abord sans conviction, puis s’intéressa de plus en plus à son contenu. Anazel aimait bien lire, même si c'était une activité qu'il ne pratiquait pas souvent. Depuis tout petit, on lui amenait des livres, mais en général rien qui ne pouvait aider à son éducation.

Il commença donc par faire des recherches sur les démons. C'était toujours mieux de commencer par se connaître soi-même. Il en apprit plus sur les différents genres de démons, les plus grands, leurs origines. C'était plutôt amusant à vrai dire. Anazel se trouva un peu idiot d'avoir ignoré tout ça pendant toutes ces années... mais c'était la faute de ses prêtres évidemment. Jamais on lui avait dit que c'était important de s'éduquer.

Le temps passait sans qu'il ne s'en rende compte. Lorsqu'il releva le nez de ses livres, il était déjà tard, et il était épuisé. Il ramena donc les ouvrages en une grosse pile pour aller les ranger. C'était lourd. Il aurait bien aimé avoir un ou deux larbin pour s'en occuper à sa place. Il n'y avait pas d'humain ici, mais peut être qu'il trouverait tout de même quelques « esclaves consentants »...
Au détour d'un rayon, Anazel percuta violemment quelqu'un. Tous les livres allèrent s'écraser au sol tandis que le démon fronça les sourcils.

« Mais enfin ! Vous ne pouvez pas regarder où vous allez ? »

Forcément, c'était de la faute de l'autre. Comment est ce que, lui, aurait pu commettre la moindre erreur ?

La personne qui l'avait percuté était un homme. Du moins, il lui semblait. L'espace d'un instant, Anazel oublia l'incident. Son regard s'attardait sur les cheveux soyeux de l'inconnu, et ses yeux pourpres le fascinait. Il revint à la réalité lorsque qu'une voix lui répondit. C'était bien la voix d'un homme. Anazel commença par hocher la tête. Fort bien, il était désolé, il s'excusait, et comme le démon voulait faire bonne impression, il allait gracieusement le pardonner....mais ?! Comment ? Il l'accusait d'être lui aussi en tort ?! Anazel fronça les sourcils, le vert de ses yeux se fit plus vif, puis, il se mit à réfléchir.

Est ce que cet incident était aussi de sa faute ? Pouvait il lui aussi faire des erreurs ? Il avait toujours été vénéré comme une divinité, et jamais, au grand jamais on ne le lui avait fait des reproches ! Le jeune démon croisa les bras tandis qu'il se repassait la scène dans sa tête. C'est vrai qu'il n'avait pas fait spécialement attention...en fait, il ne faisait jamais attention d'où il allait puisque tout le monde s'écartait sur son passage. Sauf que pour sa nouvelle vie, ces choses-là devaient changer. Si cet inconnu s'était avéré être extrêmement fort et dangereux, il aurait probablement été propulsé en arrière, humilié même !...

Finalement, Anazel réussi à mettre fin à ses divagation. Sa conclusion : peut être qu'il avait lui aussi, éventuellement, commis une petite maladresse.
Il sourit donc à l'inconnu et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Cette personne lui avait permit de prendre conscience d'une chose importante, primordiale même, et donc tout naturellement, Anazel voulait lui être sympathique.

« Vous avez sans doute raison. Je vous pris de bien vouloir me...m'ex....excuser... »

Les mots avaient buté dans sa bouche, comme s'il était anormal qu'il essaie de les prononcer.
Gardant pourtant son optimisme et sa nouvelle résolution, Anazel se baissa même pour ramasser ses livres et aider l'autre. En fait, il était assez content. Depuis qu'il été arrivé, c'était la première personne à lui parler. Si on ne comptait pas l'engueulade de la prof au premier cours.
Son regard plongea de nouveau dans les yeux de l'inconnu. Ce rouge était vraiment magnifique.

« Vous étudiez la photographie ? »

Anazel avait cru voir une rougeur apparaître sur les joues de l'inconnu après que celui-ci ait accepté son aide. Il lui avait aussi rendu son sourire, ce qui lui avait fait grandement plaisir. Le jeune démon fut d'abord un peu surprit, mais après réflexion, il avait sans doute raison, qu'importe qui était en tort, l'important était qu'ils ne soient pas blessés. Il trouvait cette idée un peu naïve mais...tellement naturelle ! Il pensa donc que l'inconnu aux yeux pourpres devait être d'une grande spiritualité.

La question qu'il avait posé fit rire l'inconnu, chose qu'Anazel ne comprit pas. Était-ce amusant ? Un mannequin donc. Le démon recommença à le détailler. Il remarqua qu'il s'était mit à le tutoyer, ce qui le surprit énormément. Il n'en avait pas l'habitude. Bien sûr, il lui été arrivé se faire tutoyer par des humain lorsqu'il s'était retrouvé dans le monde extérieur, mais eux ne pouvaient pas deviner sa vraie nature. Pourtant, Anazel n'était pas fâché. C'était un signe de proximité, et pas d'irrespect, n'est ce pas ?

Le sourire du démon s'élargit à l'entente du compliment, surtout lorsque l'homme se mit à rougir, d'une manière très visible cette fois-ci. Il avait l'air très gêné et semblait regretter ses mots, pourtant Anazel était aux anges. Il aimait les compliments, et que ce soit en plus une belle personne qui lui en fasse rendait les choses d'autant plus agréables. Il pencha la tête sur le côté, son sourire se faisant plus doux.

« Effectivement, tu peux facilement être mannequin comme tu es... »

Il se rendit ensuite compte qu'il était immobile, la main suspendue au-dessus d'un livre depuis quelques instants maintenant. Il le ramassa donc et le ramena vers lui. Il restait encore quelques ouvrages éparpillés autour d'eux, mais il ne s'en préoccupa pas le moins du monde puisque l'autre était en train de se présenter. Anazel lui sourit à nouveau et évita toute allusion à son commentaire pour ne pas le mettre mal à l'aise.

« Je m'appelle Anazel. C'est mon premier jour aujourd'hui. Je suis les cours de musique. Je suis ravi de faire ta connaissance. »

La conversation tourna ensuite sur ses propres recherches. Ce qui était logique, puisque le démon avait fait la même chose auparavant. L'espace d'un instant, il hésita. N'aurait-il pas l'air d'un idiot ? Mais finalement, il ne pensa pas qu'Hikaru se moquerait de lui.

« Oui. Jusqu'à présent j'ai toujours vécu cloîtré. Lorsque ma demeure fut détruite, je me suis retrouvé propulsé dans le monde extérieur sans connaître quoi que ce soit à son sujet. Du coup j'essaie d'en apprendre plus sur...le monde réel. »

Anazel baissa les yeux un instant. C'était bien la première fois qu'il parlait comme ça à quelqu'un! Lorsqu'il était vénéré, il n'avait jamais eu le moindre problème, et chacun de ses désirs était assouvis dans l'instant. Lorsqu'il s'était retrouvé dans le monde extérieur, il s'était retrouvé face à une vie difficile et douloureuse, il avait été prit en chasse et renié. Il avait été blessé, il avait eu peur, mais à ce moment là, il n'avait personne pour l'écouter. Lorsque son regard se fixa dans celui d'Hikaru, un franc sourire illuminait son visage.

« C'est bizarre mais, d'une certaine manière, ça m'a fait du bien de pouvoir le dire à quelqu'un. Merci. »

Finalement, il était heureux qu'Hikaru l'ait percuté. À vrai dire, il lui plaisait bien.

Hikaru l'avait à nouveau complimenté en lui disant qu'il aurait pu lui aussi être en mannequinat. Anazel en était flatté...mais pas vraiment surprit. Il avait énormément hésité entre les deux cours lorsqu'il était arrivé. Mais ce qui avait finalement fait pencher la balance, c'était son goût pour la musique. Le démon jouait du violon depuis plusieurs années, et lorsqu'il s'était retrouvé dans le monde extérieur, il avait pu découvrir avec exaltation les possibilités infinies qu'offrait la musique. Il y avait tellement d'instruments différents, tellement de styles musicaux, tellement de façon de jouer... Anazel s'était décidé à tous les étudier. Son objectif étant de savoir jouer le plus d'instrument possible !

Et puis, sans oublier que le but réel de ses études était de le permettre de devenir célèbre et d'avoir des humains dévoués à lui sans user de sa magie. Pour le mannequinat, il n'aurait eu que son image, tandis que pour la musique, toutes ses qualités seraient nécessaires à son succès. Au final, il ne pouvait pas se voir dans un autre cursus. Il espérait seulement que le cours serait à la hauteur de ses attentes.

Soudain, Hikaru lui avait attrapé la main. Le démon écarquilla les yeux, surprit de ce contact, tandis que l'homme aux yeux rouges se lança dans une longue tirade, lui expliqua à quel point il le comprenait, et à quel point ils étaient semblables. Le sourire d'Anazel se fit mélancolique lorsqu'il lui parla de sa découverte du monde magique. Lui avait toujours vécu en sachant qu'il était un démon, mais jamais personne n'avait prit la peine de lui dire qu'il n'était pas le seul. Si ses prêtres avaient été encore en vie, il les aurait bien punis. Et pourtant, il aurait bien aimé retourner à cette époque où il ignorait tout, mais qu'il était tout puissant et hors de portée de tous.

Hikaru avait l'air triste. Ce sujet avait l'air de lui rappeler de mauvais souvenirs, et Anazel s'en voulait un peu d'en être la cause. Il avait dût souffrir lui aussi. Quoiqu'en réfléchissant bien, toutes les personnes présentes dans cette école avaient dût souffrir, puisque après tout, c'était bien un genre de refuge, n'est ce pas ? Après cette pensée, Anazel se sentit moins perdu, moins différent. Oui, il n'était sans aucun doute pas le seul à se retrouver ici sans savoir quoi que ce soit, et à rêver d'une nouvelle vie plus accueillante.

Le jeune démon se mit à son tour à serrer la main qui le tenait. Étonnamment, il ne se sentait pas le moins du monde gêné par cette proposition d'aide. Il était même ravi qu'il le lui propose. Il avait la sensation qu'il n'avait pas à se méfier d'Hikaru, que celui-ci ne lui voulait pas de mal, et Anazel en était heureux. Et puis s'il lui proposait de l'aide, c'était aussi une façon détournée de dire qu'il voulait aussi qu'ils se revoient, et que ce n'était pas qu'une discussion banale qu'il aurait oublié d'ici quelques instants.

« Cela me ferait grand plaisir... ! »

Mais probablement pas ce soir. Anazel en avait tellement apprit, rien que sur les démons, qu'il avait l'impression que sa tête allait exploser s'il essayait de continuer. Lentement, sans réellement en avoir conscience, sa main alla jouer avec l'une des mèches de cheveux soyeuse d'Hikaru, frôlant au passage sa joue. Son regard se perdit à nouveau dans celui d'Hikaru. Il aimait tellement ces yeux-là...

C'était assez étrange. Anazel ne ressentait pas le besoin de s'affirmer, ni de rabaisser cette personne. Il n'avait aucune envie de prouver sa supériorité, il avait même plutôt envie de le mettre à l'aise mais... en fait il le voyait un peu comme son égal. Et c'était bien la première fois ! Quelques temps auparavant, jamais il ne lui serait venu à l'esprit qu'il pouvait être égalé ! Il était un dieu démoniaque, personne n'était à sa hauteur ! Chacun devait se sentir ridicule en sa présence ! Et pourtant à cet instant, Anael n'avait aucune envie de faire des histoires. Il avait juste envie d'être lui-même, de s'amuser, d'avoir un...ami ?

Les joues d'Hikaru étaient presque aussi rouges que ses yeux, ce qui amusa assez le démon. Il avait aussi remarqué son rapprochement discret vers lui, ce qui lui avait provoqué une douce sensation de chaleur dans le corps. Un sourire amusé s'esquissa au coin de sa bouche.

La main d'Hikaru était venue se poser sur sa joue. Elle était fraîche et douce, tandis que la chaleur corporelle d'Anazel était beaucoup plus élevée. Il venait de lui confirmer que cela lui ferait plaisir à lui aussi de pouvoir l'aider. Lentement, le démon ferma les yeux en penchant la tête sur le côté, et effleura les doigts de l'homme aux yeux rouges. Il entrouvrit légèrement la bouche. Il avait envie de croquer ce poignet à la peau pâle. Pas parce qu'il voulait lui faire mal, ni pour se nourrir, juste une morsure amicale. Mais il pensa que c'était sans doute déplacé.

Sa main libre vint saisir celle d'Hikaru sur sa joue pour l'amener jusqu'à ses lèvres puis, lentement, il déposa un baiser dans le creux de sa main. Il ne songea pas un instant qu'il aurait pu être gêné par son comportement. Anazel en avait juste envie.

Finalement, Hikaru ne semblait pas dérangé par leur proximité par leur proximité soudaine. Elle semblait même plutôt lui plaire. Il l'avait sentit frissonner lorsque ses lèvres l'avaient touché, ce qui avaient eu pour effet de faire s'élargir encore son sourire. Les yeux verts du démon guettaient la moindre de ses réactions, suivant le moindre de ses gestes. Lorsque Hikaru entreprit de rapprocher leurs deux corps, Anazel se laissa sagement faire. C'était agréable de sentir ces frôlements sur ses hanches. Ses bras vinrent doucement se refermer sur lui, l'une de ses mains se posant délicatement au bas de son dos, l'autre allant se nicher dans sa nuque.

Hikaru s'excusa, ce qui fit laisser échapper un petit rire de la part d'Anazel.

« J'en ai envie aussi... »

Lentement, il fit glisser son visage jusqu'à atteindre le cou d'Hikaru. Les yeux clos, il respirait doucement son odeur. Celle ci lui était totalement inconnue. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'était cet homme. Après avoir laissé planer un instant, au cours duquel il était resté parfaitement immobile, sa main qui se trouvait dans le dos d'Hikaru émit une pression plus forte. A vrai dire, cette proximité l'échauffait assez.

Sa bouche se mit à frôler la peau pâle qui se trouvait contre lui. Elle était douce. Sans vraiment qu'il n'y réfléchisse, ses lèvres virent y déposer un baiser. Puis un second. Suivit multitude, se déplaçant de son menton à sa clavicule. Le corps d'Anazel vint se serrer contre le sien. Il avait envie d'être plus proche.

« Je ne te dérange pas j'espère ? »

Il n'était pas gêné. Anazel retint de justesse un petit rire. Bien sûr qu'il n'était pas gêné, avoir son magnifique corps contre lui était un privilège ! Il ne pouvait qu'en être fier, et ne prouvait qu'éprouver du désir ! Anazel avait une très haute estime de lui-même...
Hikaru l'avait prié de continuer, ce que le démon fit bien évidemment. Il avait une certaine envie de laisser sa langue se promener sur cette douce peau pâle, mais c'était sans doute trop tôt. Il ne fallait jamais brusquer les choses.

Anazel fut agréablement surprit lorsque des lèvres joignirent les siennes. Le baiser était doux et délicat, mais rapidement se mua en un échange plus passionné, plus intense. Le désir d'Anazel commençait à être visible. Puis soudainement, Hikaru retira son visage. Le démon rouvrit les yeux et l'écouta avec une pointe de surprise. Il aimait ce qu'il lui faisait, c'était tout à fait normal, Anazel était tout simplement génial, ce n'était pas ce ''n'importe qui'' ! Mais qu'il ait peur, qu'il doute, ça, ça ne l'était pas ! Un peu brusquement, le démon attrapa ses épaules des deux mains et le serra contre lui. L'une de ses main partit ensuite caresse ses cheveux.

Comment pouvait-il penser ça alors qu'il avait accepté son aide, et était allé jusqu'à le considérer comme son égal ! Anazel l'appréciait, et ce qu'il appréciait, il le gardait pour lui. Il était possessif, et comptait bien le garder jalousement pour lui. Bien sûr que non, il ne le considérait pas comme un jouet ! Il le considérait comme sa possession. Il le garderais auprès de lui à partir de maintenant. En revanche...il ne pouvait pas garantir qu'il serait le seul dans ce cas...

« Je ne me joue pas de toi. Je te chérirais, et ne t'abandonnerais pas. »

Doucement, il embrassa ses cheveux. Il était un peu vexé qu'il ait pu penser ce genre de chose. Anazel était un démon fait d'amour et...bon, peut être pas à ce point quand même. Toujours était-il que lorsque quelque chose lui plaisait, il le prenait, et le gardait, quitte à devoir l'enfermer dans un coin.

Hikaru lui racontait qu'il avait été abandonné à plusieurs reprises. C'était triste. Et Anazel comprenait parfaitement ce qu'il ressentait puisque lui aussi s'était retrouvé seul du jour au lendemain... Bon d'accord, c'était parce qu'ils étaient tous morts,mais tout de même ! Il en avait été bouleversé ! Et puis la solitude n'était pas quelque chose de très agréable.

Hikaru s'était à nouveau serré contre lui, et lorsqu'il l'embrassa, le démon oublia ses pensées moroses. Ses lèvres étaient douces. La main d'Anazel se balada le long du corps de l'homme aux yeux pourpres, jusqu'à échouer sur sa cuisse. Ses doigts se mirent à s'y balader, tantôt l'effleurant, tantôt la caressant. Le commentaire d'Hikaru le fit légèrement frissonner, puis il se mit à sourire.

« C'est réciproque... »

Le démon s'empara de ses lèvres plus vivement. Sa langue sortit légèrement pour le goûter, tandis qu'il se rapprochait jusqu'à mouler parfaitement leur deux corps. Il avait envie. Il voulait arracher leurs vêtements, puisqu'il ne s'agissait que d'une gêne. Sentir sa peau contre la sienne, la caresser, la goûter, la mordre.

Anazel sursauta, rompant brusquement l'échange. Une odeur inattendu venait chatouiller ses narines. Du sang. Levant les yeux, il découvrit avec stupeur les perles rouges sur le front d'Hikaru. Immédiatement, il saisit son visage entre ses mains.

« Que se passe-t-il ?! Tu es blessé ? »

Même en faisant très attention, il ne sentait aucune présence autour d'eux, personne qui aurait pu l'attaquer. Mais alors pourquoi ? Il ne lui semblait pas qu'il était blessé quelques instants plus tôt ! Anazel attendait une réponse, ses yeux vert traduisant son inquiétude.

Hikaru lui disait de ne pas s'inquiéter. Des stigmates. Il n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait être, mais avait la conviction que ce n'était pas agréable. Pendant qu'il poursuivait ses explications, Anazel remarqua que du sang provenait aussi de ses poignets, et il supposa qu'il devait aussi en avoir sur d'autres parties de son corps. Comme pour prouver ses dires, le sang cessa de couler, mais le démon n'en resta pas moins troublé.

Des blessures qui ne guériraient jamais. Des plaies qui saigneront à l'infini. C'était atroce, c'était triste. Hikaru lui souriait, voulant certainement lui prouver qu'il allait bien. Anazel le ramena doucement contre lui et le serra dans ses bras. Puis, il lui demanda d'une voix douce, mais néanmoins inquiète :

« Est ce que cela te fait mal ? »

Anazel était inquiet. Il avait l'habitude de prendre soin de ses esclaves, d'éviter de les blesser et les soigner si c'était le cas. Pas qu'il considérait Hikaru comme un esclave, bien sûr ! Mais il n'en restait pas moins sa possession. Anazel était en général très doux avec ceux qui lui appartenaient...la plupart du temps...

« C'est triste... »

Sa voix n'était qu'un murmure à peine audible. Sa main se perdait toujours dans ses cheveux, tandis que ses yeux ne pouvaient pas cesser de fixer une gouttelette de sang qui dévalait sa joue. Lentement, Anazel se pencha pour la récupérer d'un bout de langue. Le goût était...étrange. Différent du sang humain. Mais pas dégoûtant pour autant. Puis il saisit le bras d'Hikaru et l'amena jusqu'à sa bouche. Il l'embrassa, léchant de temps à autre le sang qui avait coulé jusqu'à sa main. Puis descendant jusqu'à ses doigts, il glissa l'index dans sa bouche, autant pour en récupérer le sang que pour goûter sa peau.

Sa main libre passa dans le dos d'Hikaru et le guida jusqu'à ce que celui-ci se retrouve assit sur lui, une jambe de chaque côté de son bassin. Cette proximité était beaucoup plus agréable.

Il ne sentait presque plus les douleurs. Presque plus, ça voulait dire un peu quand même. Et c'était de sa faute, puisque qu’apparemment, il l’empêchait de se concentrer. Anazel n'eut pourtant pourtant pas vraiment le temps d'y penser, car les lèvres d'Hikaru virent s'emparer des siennes. Lentement, il se laissa aller en arrière jusqu'à se retrouver allongé. Il avait maintenant une superbe vue sur Hikaru vu d'en dessous, ses beaux cheveux tombant jusqu'à lui, ses magnifiques yeux rouges, et la table en arrière plan. Oui, c'est important de noter la présence de la table aussi. Elle n'a peut être aucune importance dans l'instant présent, mais cessons la discrimination des tables !

Ainsi donc, la gentille table les recouvrait à moitié, leur jambes dépassant encore. Comme les jeunes enfants qui croient bien se cacher. Pourtant ce n'était pas leur cas, il ne cherchaient pas à dissimuler leur présence, puisque à priori il n'y avait pas personne dans la bibliothèque.

Les mains d'Anazel se baladaient sur le corps d'Hikaru. Ses hanches, son dos, son ventre, frôlant caressant, allant parfois s'emmêler dans ses cheveux. Puis leur échange buccal reprit. Le démon caressait ses lèvres du bout de sa langue, l'une de ses main le tenant par la nuque. Lentement, histoire de savourer les choses, il glissa sa seconde main sous le haut d'Hikaru, le relevant doucement jusqu'à le lui faire retirer. Il se débarrassa aussi rapidement du sien, et vint serrer leurs deux torses l'un contre l'autre. Il y avait une éternité -un ou deux jours en fait...- qu'il n'avait pas sentit quelqu'un contre lui. Un soupire lui échappa.

« Hikaru... »

Il repartit aussitôt à la charge sur ses lèvres, sa main glissa jusqu'à atterrir sur ses fesses qu'il caressa avec envie, puis dériva vers l'intérieur de ses cuisses.

Sous notre très chère table, l'ambiance commençait à se réchauffer. Anazel profitait du contact de leurs torses, tandis qu'il baladait sa langue dans le cou de sa possession, remontant peu à peu vers son oreille. L'une de ses mains qui se baladait dans les cheveux d'Hikaru finit par atterrir dans son dos. Il s'était attendu à trouver une surface douce et lisse, et fut surprit de rencontrer une peau rugueuse, comme pleine de cicatrices. Anazel ignorait de quoi il s'agissait exactement, et se mit à les suivre du bout des doigts.

Hikaru s'était un peu décontracté, et le démon eu le plaisir de sentir ses mains sur son torse, bientôt rejointes par sa bouche. Anazel lâcha un gémissement lorsque qu'une langue chaude et humide vint attaquer l'un de ses tétons, celui qui n'était pas percé.
Anazel sentait les petits mouvements qu'Hikaru faisait sur son bassin. On ne pouvait pas proprement parler de frottement, mas ça avait tendance à plutôt l'allumer. De même que les gémissements qu'il poussait ne le laissait pas indifférent.

Brusquement, Anazel saisit la nuque de sa possession et ramena son visage contre le sien. Cette fois sa langue s'insinua directement dans sa bouche à la recherche de sa semblable. Sa main se glissa jusqu'à l'entre-jambe d'Hikaru et se mit à malaxer la bosse qui s'y était formée à travers les vêtements. Lui même entama quelques mouvements de bassin prononcé.

Son piercing ne semblait pas laisser son compagnon indifférent, chose qui plut énormément au démon. Il faut dire aussi que le piercing avait accrue sa sensibilité dans cette zone. Il avait apprécié de sentir les dents d'Hikaru tout autant que sa langue.

Il sentait le désir d'Hikaru grandir sous ses doigts. Anazel commençait à avoir chaud, ses baisers se faisaient plus fiévreux, et il prenait à peine le temps de respirer. Il se sentit bientôt débarrassé de cet encombrant pantalon, et il jeta à son compagnon un regard mi-amusé, mi-excité. L'une de ses mains sur sa nuque, l'autre sur sa hanche, il fit rouler Hikaru sur le côté de façon à se retrouver au-dessus de lui. Il le toisa un instant, emplit de désir. Il était vraiment superbe comme cela.

Puis, Anazel se mit à descendre le long de son corps, parsemant son passage de baisers. Il ne s'arrêta pas à sa taille, et commença à baisser les vêtements au fur et à mesure qu'il avançait. Hikaru se retrouva donc nu sur le carrelage froid de la bibliothèque. Pourtant, le démon ne toucha pas à sa virilité. Il se mit à jouer sur les cuisses de son compagnon, les léchant, les mordillant,  allant même jusqu'à poser l'une d'elles sur son épaule. Ses mains se baladaient sur son ventre. Il s'amusait sadiquement à se rapprocher de son désir, et à s'en éloigner tout aussi vite.

Il voulait entendre Hikaru le lui demander.

Anazel appréciait grandement le spectacle. Il aimait voir Hikaru s'agiter de plus en plus, il aimait le voir sursauter à chacune de ses morsures, il aimait le voir le désirer à ce point et il aimait cette insupportable attente. Soudain, Hikaru se redressa pour le regarder. Le démon se mit alors à sourire en lui lançant un regard très suggestif, et enfin, il lui demanda plus. Anazel ne put s'empêcher de frissonner à l'entente de sa voix pleine de désir, et manqua d'abandonner son poste pour le prendre directement sans plus d'histoire. Le démon ferma les yeux un instant pour se remettre, Hikaru lui faisait vraiment trop d'effet.

Rouvrant les yeux, il lui sourit à nouveau avant de ramener délicatement sa virilité à lui du bout des doigts. Il y passa un bref coup de langue avant de remonter embrasser son ventre. Sans cesser de d'y déposer des baisers, il caressa avec légèreté sa verge de toute sa longueur avant de l'empoigner fermement. Il entama un mouvement de va et vient lent, puis descendit mettre en bouche le bout de sa virilité. Tout en se mettant à le suçoter, il jeta un coup d’œil à Hikaru. Il voulait voir son visage pendant qu'il s'occupait de lui. Le démon le prit ensuite totalement en bouche, et ses deux mains s’attelèrent à caresser ses cuisses qu'il écarta par la même occasion.

Prenant tout son temps pour ne pas brusquer Hikaru, Anazel humidifia ses doigts avant de les faire jouer à son intimité, sans quitter son activité plus haut. Il ne le pénétra pas tout de suite, prenant bien le temps de le laisser se détendre, puis inséra son majeur. Ses vas et vient sur la virilité de sa possession se faisaient plus rapides, plus profond. Des bruits de succion résonnaient dans l'air, mais le démon les ignora tout simplement. Anazel ramena vite son index rejoindre son majeur, et ses mouvements prenaient le même rythme que sa bouche.

Anazel commençait à étouffer. Pas parce que son activité l'empêchait de respirer, mais simplement parce que son désir le faisait suffoquer. N'y tenant plus, il relâcha Hikaru avant de remonter l'embrasser avec une frénésie presque brutale. Immédiatement après, il le saisit par la taille pour le maintenir contre lui, puis lui lança un regard troublé par l'envie.

« Tu es d'accord avec ça ? »