Caleb
Volgris

Elias
Viceli

Le temps se réchauffait tellement, alors que de mieux que de faire des crustacés m'étais-je dit ? Je ne m'étais pas attendu à ce que deux de mes élèves y soient allergiques. Du coup, crise, panique, pleurs. Juste pour une allergie... Tsss, les jeunes d'aujourd'hui étaient trop douillets, franchement. L'infirmière avait fait un boulot merveilleux pour les rafistoler en plus d'être bien roulée. Bon, ils avaient forcément besoin de repos mais rien d'insurmontable, vraiment. Cependant, du coup, le reste de mes classes étaient annulées pour la journée et je me retrouvai un peu désœuvré.

Que faire quand maman était en train de travailler et papa lui aussi ? Alors du coup, j'avais cuisiné pour tout le reste de la journée et avec deux énormes glacières, je m'étais rendu à la plage. Une véritable plage de sable blanc. Même l'air était chaud comme pour me convaincre que l'été était déjà alors que je savais qu'il fallait encore attendre quelque temps. Le seul avantage serait que je ne pourrais mourir de froid en allant me baigner et je comptais en profiter. Toute cette étendue d'eau salée me rappelait le lac à côté de la maison de papa dans lequel j'avais appris à nager. En général, quand j'en ressortais, j'avais les pieds, les mains et les lèvres toutes bleues. Même aux périodes les plus chaudes, il ne se réchauffait pas lui. Mais c'était Orefia, notre territoire aimait bien nous maltraiter un peu aussi.

Posant enfin mes affaires, j'aperçus non loin une silhouette d'homme. J'eus un sourire draconien, me donnerait-on par hasard aussi ce repas là ? Je m'approchais lentement sous ma forme de dragonneau. Un roux, pourquoi pas. Oh, joli torse. J'espérai un peu qu'il faisait exprès de se promener à moitié nu, ça lui conférerait un effet sauvage tout à fait appétissant. Et là, il prononça un prénom que je ne connaissais que trop bien désormais.

-Seriez-vous ami avec maman ?

J'étais finalement au-dessus de lui mais je m'écartai au cas où il aurait envie de se redresser.

-Elle a laissé entendre qu'elle avait des choses à faire aujourd'hui. Et puis le changement de sexe l'a pas mal fatigué, comme papa s'est énervé et qu'elle a dû l'arrêter. Il a même failli frapper un élève.

Je retins un rire, fit une cabriole sur moi-même avant de me remettre à contempler l'inconnu. J'essayais de le replacer dans toutes les données que papa m'avait donné, or là, ça me disait quelque chose. Et puis je tiltai, la plage, la rousseur. Ça devait être Elias, le meilleur ami de maman. Cependant, la politesse demandait que je le laisse se présenter de lui-même. Par ailleurs, j'en avais oublié un bout de mon côté alors je me posai et repris forme humaine, habillé d'un short de bain noir et moulant et d'une chemise blanche grande ouverte. J'esquissai un sourire.

-Je suis Caleb, le fils de Néfir et Miley. Enchanté. Je suis arrivé comme professeur il y a à peine une ou deux semaines.

Je tendis la main pour qu'on se serre la pince. Et là, maintenant que je voyais mieux les couleurs, je remarquai le collier autour de son cou. Un soumis ! Un vrai ! Et il avait un maître. Était-ce pour cela qu'il était dans cet état ? La question était à creuser.

-Si vous voulez, je peux vous tenir compagnie, mes cours ont été annulées et j'ai un pique-nique avec moi pour passer le reste de la journée ici.

Je montrai du pouce mes deux glacières et le reste de mes affaires.      

Caleb
Volgris

Elias
Viceli

J'étais un peu amusé face à sa première réponse. Normal qu'il ne me connaisse pas, papa ne parlait pas tant que ça de moi, ne serait-ce que pour ma sécurité. Il était tellement protecteur mais c'était comme ça que je l'aimais. Je ne pouvais pas lui reprocher un comportement qui m'avait permis d'avoir une vie plutôt bonne jusqu'ici, vraiment pas. Cependant, le fait qu'il dise le prénom de papa et son nom soi disant nom de famille prouvait qu'ils se connaissaient bel et bien et que je ne m'étais pas trompé sur la personne que j'avais en face de moi. D'ailleurs, avec sa présentation, le doute n'était plus permis.

-Papa. Il m'a parlé de vous, m'a dit que vous étiez le meilleur ami de maman ici.

Ce qu'il ne m'avait pas dit par contre, c'était que j'aurais face à moi un mec très déprimé. Pas que je pensais que tout le monde devait respirer la joie de vivre mais quand on connaissait le caractère de maman, évidemment, c'était très surprenant. Pour ne pas dire un peu déstabilisant. Je restai persuadé qu'il tirait une telle tête à cause de son dominant... Je comptait creuser la question, mais d'abord, il fallait que je le mette un peu en confiance.

Marchant du coup sur le sable chaud, je rejoignis mon air de pique-nique avec lui, m'asseyant sur la nappe alors qu'il s'étendait sur le sable. Tout en me disant qu'il avait besoin de bronzer et il n'avait pas tort, il était aussi pâle qu'un cul de vampire, c'était peu de le dire. Et c'était aussi surprenant de quelqu'un qui vivait en permanence sur une plage. Il était être au fond du trou pour se laisser aller physiquement comme ça. Normalement, ce stade de négligence chez les soumis n'arrivait que quand ils n'avaient plus du tout envie de se battre...

-Cool, j'espérai un peu de compagnie, vous ne pouviez pas mieux tomber.

Euh, de quoi il se nourrissait alors ?

-J'ai des bières oui. Mais il ne faudra pas le dire à papa, il n'aime pas que je boive la journée.

J'ouvris l'une des glacières et sortit deux bouteilles bien glacées. Je les ouvris et en tendit une à Elias alors qu'il jouait avec son piercing. Hum, le genre de trucs intéressant lors d'une fella... Non, je n'allais pas partir par là tout de suite. Qu'est-ce que j'avais à sauter sur tout le monde en plus ? J'étais en manque ou quoi ? Sans doute au fond, ou peut-être que je me sentais seul. Pouah, je me détestais quand je me sentais seul. Je notai qu'Elias me tutoyer par ailleurs.

-Je suis le professeur de cuisine, j'enseigne depuis deux semaines. Mais aujourd'hui, ça c'est fini tôt, des élèves ne m'avaient pas dit qu'ils étaient allergiques aux crustacés.

Je fis tinter ma bouteille contre la sienne et je bus une gorgée avant de fouiller à nouveau pour sortir des crevettes avec de la mayonnaise que je me mis à manger élégamment. Tellement plus simple quand même de manger en humain des fois.

-Tant pis pour eux. Et toi, tu as l'air au 36ème dessous. Tu voulais voir maman pour en parler ? C'est à cause de ton maître, je parie.

Oui, je mettais les pieds dans le plat mais au moins, s'il n'avait pas envie d'en parler de trop, il pourrait stopper le sujet aussi sec. Et puis comme ça, il savait à quel point je n'ignorais pas ce que signifiait le collier qu'il portait. J'étais un dominant que diable, impossible de ne pas comprendre le message. Je retirai rapidement ma chemise pour pouvoir bronzer uniformément. Même si ledit bronzage ne tiendrait pas plus d'une semaine. Et que ça n'était pas tellement mon truc.

-Elle est très gentille maman. D'ailleurs, le simple fait qu'elle me laisse l'appeler comme ça le prouve. Par contre, elle n'a pas été contente que je veuille mâchonner ses plantes. Mais c'est plus fort que moi, quand j'en vois une, j'ai envie de faire mes dents dessus.

Et j'éclatai de rire.      

Caleb
Volgris

Elias
Viceli

Melian ? Il parlait de la louve de maman ? Sûrement mais quand bien même si c'était vrai, on pouvait avoir plusieurs meilleurs amis même si on ne les comptait pas sur les doigts des deux mains. D'ailleurs, quand on dépassait cinq, y'avait forcément une couille dans le potage quelque part. Mais passons, il avait beau dire, j'avais comme l'impression de l'avoir réconforté en disant cela. Ce n'était pas tellement ce que j'avais eu envie de faire mais je ne crachais pas dessus. Quelqu'un de bonne humeur, c'était toujours mieux comme compagnie.

D'ailleurs, il semblait content d'avoir lui aussi de la compagnie. Comme quoi, on s'était bien trouvé. Elias me fit rire aussi : c'était vrai que papa pourrait penser que c'était de sa faute si j'avais bu. Pas que papa n'était pas au courant que je le faisais, mais sur certains points, il n'aimait vraiment pas que je fasse l'adulte. Et celui-ci en faisait partie. Quand on savait ce qu'il était capable de s'enquiller, c'était l'hôpital qui se moquait de la charité mais bon... Je n'étais pas assez fou pour chercher des tiques à papa. Ça non.

-C'est une façon intéressante de voir les choses. Tu sais, les dragons d'Orefia sont sensés s'endormir une semaine sur la mer... Pour la nourrir de pierres précieuses et autres petites choses du genre. Je pense que tu l'as déjà noté, ça permet de réguler un peu toutes les saletés dont elle est emplie. Mais nous n'avons rien de tout puissant.

Je l'avais fait quand j'étais en Grèce, l'eau était si chaude que c'était facile de pioncer et de faire son travail. A part pour manger, je n'avais pas vu le temps passer. Un pur moment de farniente quelque part. Mais je n'avais pas fait les choses à moitié, promis.

Par contre, je ne comprenais pas bien qu'il soit surpris que je comprenne le sens de son collier. A moins qu'il n'ait pas compris lui que tous les dragons étaient du genre dominants à tendance BDSM. Papa n'avait pas été clair là-dessus ? En même temps, je disais ça, mais il n'exerçait pas réellement son art avec maman à mon avis. Quoique... Mais je ne voulais pas savoir !

-C'est bien à cause de ton collier. Je suis de ce monde là aussi. Et avant que tu ne penses des trucs louches, je n'ai pas appris avec papa. En plus, il est beaucoup plus rigide que moi avec un soumis. On n'a pas la même approche mais on se comprend.

Pour papa, ça avait été une véritable discipline de vie qui l'avait empêché de tuer d'autres dragons. Pour moi, c'était parce que j'aimais prendre soin de quelqu'un tout en lui faisant repousser ses limites.

-Et maman a un peu de mal avec la foule en ce moment. D'après ce que j'ai compris de ce que m'a dit papa, les Directeurs ont débloqué la télépathie chez elle, du coup avec son empathie, ça fait des étincelles. C'est comme ça qu'elle a su que j'avais envie de mâchonner ses plantes.

Je ris à nouveau tout en continuant à manger, le vent du large me donnait une faim de loup. Non, de dragon. Je fronçai légèrement les sourcils en écoutant Elias, j'avais l'impression qu'il pensait que j'avais quand même mis mes dents sur les végétaux de maman. Sauf que non. Elle m'avait promis une trop grosse punition pour ça. Et papa m'avait clairement fait savoir qu'il la laisserait faire. Donc, pas question de mâchouiller quoique ce soit. Même si c'était tentant.

-Je ne l'ai pas fait et je suppose que tant que je resterai sage, elle ne me punira pas. Même de façon préventive. Et puis ça la rendrait triste et je ne veux pas qu'elle soit triste.

Surtout qu'on se connaissait à peine, je ne voulais pas qu'elle soit déjà déçue à cause de moi. Aussi étrange que cela puisse paraître. C'était comme décevoir papa, j'avais beau faire des bêtises, je savais très bien lesquelles le mettrait en colère et lesquelles lui donnerait cet air insupportable. J'avais appris à trier avec lui, je n'avais plus qu'à en faire de même avec maman maintenant. Je passai à mes coquilles Saint-Jacques à la crème et poireaux dans un grand tupperware. Et avec des couverts, j'étais vraiment très propre. Je répondis après avoir avalé ma bouchée.

-Papa a plus de 13 000 et comme c'est le seul à avoir cet âge, il a le titre d'Ancien oui. Bien que normalement, c'est à 15 000 qu'on l'a. Quant à moi, je suis un bébé chez les miens. Je suis même le dernier né, j'ai 1 800 ans. Ça correspond à huit ans chez les humains. On est adultes à 6 000.

Je bus un peu de bière, reprit.

-Comme on a appris a évolué avec les humains, j'ai une forme adulte aussi mais normalement je devrais être sous mon formulaire d'enfant de huit ans. Mais pour le sexe, c'est nul et je ne cherche pas à attirer les pédophiles.

Bien que quelque part, tout ceux couchant avec moi l'étaient dans une certaine mesure. Mais il fallait vivre avec son temps et vu comment je m'étais élevé et comment papa l'avait fait, on ne pouvait pas réellement me voir comme un gamin sauf si j'agissais comme tel.

-Et toi, tu as quel âge ? Tu fais quoi de ta vie ?

Caleb
Volgris

Elias
Viceli

C'était tant mieux si on lui avait expliqué la chose, ça m'éviterait d'avoir à le faire longuement alors que les trucs barbants, ce n'était pas tellement fait pour moi. Et puis, papa aurait tellement mieux expliqué le phénomène que moi. Je savais que mes joyaux permettaient à la mer de se régénérer point, les détails franchement ça me paraissait superflu pour le coup. Tant que ça fonctionnait et que ça faisait du bien à la planète, ça me suffisait largement. Mais bien sûr, papa n'était pas d'accord avec ça... Toutes les informations ou rien. C'était pénible des fois.

Puis j'ai éclaté de rire, lui, ça devait être le genre de type qui n'aimait pas du tout qu'on leur parle des exploits d'une femme ! Parce que franchement, il ne pouvait y avoir que cette raison pour une telle réticence vu comment maman était bien roulée. Hum, elle me taperait pour avoir pensé ça... Ou papa s'occuperait encore de me mettre la fessée. Mais au moins, ce n'était pas le BDSM lui-même qui le dérangeait donc ça m'allait.

-Je te rassure, je n'ai pas envie d'imaginer papa et maman faire ça. C'est trop bizarre et sale.

Et même moi, j'avais mes limites dures, merci. Quant à maman et la violence, disons que c'était à voir quand même parce qu'on ne se mettait pas avec un dragon sans avoir un côté un peu... LE côté à ne pas du tout titiller sous peine de mort quoi.

Puis j'éclatai de rire à nouveau, il était vraiment amusant l'ami de maman. Mais je ne comprenais pas trop en quoi mon âge converti le choquer. Il n'y avait rien de troublant en vérité, non ? Quoique, qu'en savais-je ?

-Dans un certain sens, ça l'est mais tu sais, c'est juste indicatif. L'échelle ne tient plus depuis longtemps même si comme je le dis, j'ai deux formes humaines dont celle de l'enfant que je devrais être. Mais les humains faussent tout avec le fait qu'ils ont une vie courte.

Bien que mes termes soient mal choisis, en fait, c'était la durée de vie qui était courte par rapport à celles des dragons mais vivre cent ans, c'était déjà pas mal. Et puis, ils ne se développaient comme nous les grands, gros et nobles reptiles. Voilà, c'était l'instinct narcissique. Pour en revenir à la situation, je l'écoutai avec attention, ne voyant pas d'énormes différentes entre les tritons et les humains du coup. A peine cent ans de plus avec de la chance...

Je le laissai bien sûr fouiller la glacière, pas de soucis avec ça, je l'avais invité à grailler, qu'il s'amuse. Je finis mes coquilles Saint-Jacques pour passer aux homards. On aurait pu croire que j'étais dans un restaurant trois étoiles. Avec des couverts en or.

-Mais tu te nourris de quoi du coup ? J'ai quelques lacunes niveau autres créatures puisque j'ai beaucoup vécu avec les humains.

Et j'esquissai un sourire.

-Eh bien je te dirais de me voir comme un adulte si je me comporte en adulte et comme un gosse si je fais le gosse. J'essaie d'être constant quand même et je pense n'être un bébé seulement quand papa est là. C'est instinctif, je veux qu'il me protège et prenne soin de moi.

Je décortiquai mes homards sans mal pour dévorer leurs chairs tendres avec minutie tout en observant un peu la mer. Peut-être que je ferai la sieste dessus, après tout, ça ne pourrait pas faire de mal, pas vrai ? Je me demandai si papa l'avait déjà fait, sûrement que oui quand il s'agissait de dormir, on était toujours d'accord lui et moi. Je revins à Elias.

-Et puis je doute qu'on m'aurait laissé être professeur si je n'étais qu'un gosse. Et ce malgré la présence de papa. Il a ses propres affaires à gérer. Il a même un Hidden de ce qu'il m'a dit. Mais que comme celui-ci était en vacances, il était tranquille de ce côté là en ce moment.

Je fouillai rapidement la glacière pour montrer au roux qu'il y avait du choix en boisson en réalité. C'était juste planqué au cas où. Choix entre vodka, gin ou rhum. Et je lui fis un clin d’œil, sûr qu'il comprendrait qu'il ne fallait pas l'évoquer. Parce que si les bières pourraient passer, ça, ça n'était pas le cas.

-Ça m'a surpris cette histoire d'Hidden d'ailleurs, mais comme les Directeurs aiment à kidnapper les gens pour les faire venir ici... A l'époque, papa m'avait fait peur tellement il était énervé. Il a mis en cendre quatre prisons avant de se calmer. Les humains ont cru en des attentats. Du coup, quand ils sont venus me trouver, j'ai juste signé sans me faire prier. Je n'avais pas envie de me prendre la tête inutilement.

Je décapsulai une autre bière tout en utilisant le sable pour me faire un dossier contre lequel je m'appuyais en me remplissant encore la panse. Je lui fis aussi un dossier, au cas où, ça pourrait lui servir et puis c'était poli.

-Y'a même des professeurs qui continuent à affluer. J'ai couché avec l'un d'eux dans une salle de classe. Très sympa.

Vraiment même. Ça faisait du bien de rencontrer des gens si libérés sur ce point.

-Toi sans ton maître, du coup, t'as pas du faire grand chose. Ça va niveau frustration ?

Caleb
Volgris

Elias
Viceli

Donc, tout en continuant de "m'empiffrer" diraient les mauvaises langues, j'appréciai ce moment avec l'ami de maman. Pour l'instant, je le trouvais parfaitement sympathique et il ne faisait pas une drôle de têtes parce que j'étais clairement capable de manger plus que mon poids physique en humain. Par contre, je ne savais pas si j'étais capable de manger mon poids en dragon... Ce serait intéressant d'essayer. Au pire, si je faisais une indigestion, papa serait dans le coin pour prendre soin de moi. Bon sang, pauvre de lui, depuis que j'étais ici, j'avais des tonnes de bêtises qui me venaient à l'esprit.

Par contre, je fus tout de même entre rire et incrédulité quand Elias m'avoua de quoi il se nourrissait. Donc, en somme, pendant l'acte, il bouffait son Maître en fait ! Ben dis donc... Mais après, pourquoi pas, si l'homme le tolérait, je n'avais pas du tout de problème avec ça. Ça me rappelait juste...

-Un peu comme le professeur de chimie en somme. C'est un incube de son côté de ce que j'ai compris. Ça avait été vraiment intéressant ce cours "particuliers."

Un de ces quatre, j'irai le revoir, au moins pour être poli et encore plus si cela le tentait. Après tout, il avait aimé jouer à ma façon, une nouvelle séance pourrait le combler. Surtout s'il avait faim... Mais... Elias devait avoir fait lui aussi, bon sang ! Si ça faisait un moment qu'il n'avait pas vu son Maître... Et il était encore en état de fonctionner ?! Wouah, il était tout de même sacrément résistant quand on savait qu'un dragon d'Orefia qui sautait un repas maigrissait automatiquement et que cela pouvait vite s'aggraver.

-Je pense avoir deviné, ça oui. Par contre, tu dois crever de faim...

Et ce n'était pas tellement le rhum qui allait l'aider à aller mieux même si bon, je devais reconnaître qu'il avait une bonne descente. Buvait-il justement pour oublier qu'il avait faim ? C'était horrible au fond... Même s'il me disait qu'il m'aimait bien parce que j'avais de quoi l'aider à se soûler. Et d'ailleurs, après ma question sur sa frustration, il me confirma bel et bien qu'il rêvait de bouffer. Dans le genre, il se taperait bien une indigestion lui aussi, j'en étais certain.

-Ben si t'as besoin d'aller... Oh putain, ça c'est moche.

Pas très poli comme façon de dire mais ça m'était sorti comme ça. Son Maître l'avait interdit de se nourrir sur d'autres personnes ?! Ca atteignait un niveau de sadisme que je n'étais pas capable d'avoir. La nourriture, c'était sacré, je ne me voyais pas interdire quelqu'un de pouvoir se restaurer. Après, peut-être qu'Elias l'avait cherché, qu'est-ce que je pouvais en savoir ? Il me donnait les informations au compte-gouttes et je ne savais même pas le prénom de son Maître.

-Ben bon courage pour tenir... En fait, le fait que tu aies déjà tenu si longtemps est à saluer, je serai déjà mort si j'avais arrêté de manger ne serait-ce qu'une semaine. Niveau cruauté, il fait fort.

Mais à mon avis, ils n'étaient pas du tout dans une relation dominant/soumis normale. Enfin, par normal, j'entendais avec des safewords et totalement consensuel. Mais je ne comptais pas poser la question, il était clair que le roux était en colère et frustré, bien plus que je ne l'avais pensé même. Sa virulence marquait bien son besoin sauf que techniquement, je ne pouvais rien faire. Tant qu'il portait son collier, il appartenait à son Maître et je n'aurais pas l'arrogance de lui dire de le retirer pour faire quelque chose avec moi. Ce serait dangereux en plus, pour lui comme pour moi si son Maître était du genre... très méchant.

Vidant les coquilles vides de homards dans un sac en papier avant de continuer mon repas par de la daurade, je réfléchissais un peu.

-Dommage que tu n'aies pas moyen de prélever de l'énergie juste en regardant. Mais ça me fait me poser plus de question sur ton Maître. Qui est-ce ?

De toute façon, je n'avais pas caché que j'étais curieux. Je me servis une autre bière, m'appuyant un peu plus contre mon siège alors que je donnais l'illusion de bronzer alors que je savais que mon corps ne faisait qu'accumuler toute la chaleur pour plus tard. Je dormais bien ce soir après un tel bain de soleil.

-Je ne sais pas trop quoi te dire. Ça n'est pas juste mais tu l'as accepté... Quand il revient, tu devrais changer un peu cette clause pour au moins te nourrir avec des humains ou à coup de fellations... Je ne sais pas trop comment tu devrais t'y prendre mais en tout cas, tu dois trouver quelque chose parce que ta santé ne devrait pas être mise en cause pour son plaisir. Un vrai contra dominant/dominé ne fonctionne pas comme ça.

Je l'observai tandis que la brise chaude continuait de jouer avec nos cheveux.

-J'espère pour toi qu'il sera bientôt de retour.

Caleb
Volgris

Elias
Viceli

Eh bien, il n'avait pas l'air d'être prêt à arrêter de boire maintenant qu'il était lancé. Par contre, ce serait peut-être un peu con pour lui d'être soûl dès midi, non ? Après, s'il avait besoin de ça, je n'allais pas lui lancer la pierre, hein, il semblait même qu'il ne lui risquait plus que ça puisqu'il ne pouvait pas manger et baiser. C'était naze de se voir priver des plaisirs de la vie comme ça alors quand il me confirma que son maître était bon en cruauté, je me retins de lui dire que c'était inutile puisque j'avais la preuve sous les yeux.

Du coup, Elias m'apprenait qu'il ne foutait quasiment plus rien pour ne pas dilapider inutilement son énergie. Et il avait bien raison, pour survivre, il fallait passer par tous les moyens possibles, et ce ne serait sûrement pas moi qui lui dirait que ce qu'il faisait n'était pas une bonne chose. En plus, il continuait à respecter les ordres de son Maître en le faisant. C'était vraiment fort de sa part. Il me laissa entendre un indice sur son propriétaire et j'écarquillai les yeux de surprise. Papa ne me l'avait pas dit ça. Remarque, ça ne me regardait pas, de base.

-Wouah, OK. Tu es avec le Hidden de papa. Daeron si j'ai bien retenu.

Un prénom assez particulier. Papa ne m'avait pas tout dit sur lui, comme s'il voulait que je me fasse ma propre opinion. Ce qui était sûrement le cas. L'eau qui dégoulinait de la bouteille de bière vint tomber sur mon torse dénudé, me tirant un petit frisson inattendu. Alors qu'Elias se marrait et je compris bien avant qu'il ne commence à s'expliquer qu'il n'y avait pas de réel contrat. En somme, cette relation n'était pas du tout égalitaire et je supposais que c'était l'amour qui donnait envie au roux de rester avec son Maître même si... Ça n'était pas la meilleure relation du siècle.

-En fait, t'es complètement fou de lui. Je n'ai jamais été amoureux. Et encore moins comme ça et je ne suis pas pressé que ça m'arrive. J'aime être libre sur ce que je ressens. Ça me fait peur l'amour, je suis encore un gros bébé, moi. Ça n'est pas encore pour moi à mon avis.

Je l'ai vu fouiller dans son sac pour en sortir une cigarette et je me retins de rire en l'entendant dire qu'il allait tuer son Maître. Non, il n'en serait pas capable, son amour était trop profond... Quoique les meurtres passionnels, ça existait. Je passai enfin au dessert, des tartelettes aux fruits qui disparaissaient en quatre coups de dents. Tout en riant encore de sa question.

-Officiel ? Naooonnn... Mais je m'amuse, c'est certain. Je ne suis pas pressé d'avoir la corde autour du cou de quelque façon que ce soit. Et puis il me faudrait quelqu'un qui supporterait le BDSM, et ça, ça ne court pas les rues.

Je me léchai les doigts entre deux tartelettes pour ne pas perdre le sucre.

-Je compte même me faire des élèves si c'est possible. Pas en tant que Dom mais quand même. Normalement, il aurait été plus logique que je sois l'un d'eux, d'ailleurs.

C'était un peu pour ça que l'offre de contrat m'avait surpris aussi. Mais bon, ça m'allait au final. Aller en cours demandait de faire beaucoup d'efforts et on ne m'aurait sûrement pas permis de manger tout le temps. Enfin, ils ne pouvaient pas m'enseigner ce que j'avais vraiment besoin d'apprendre, il n'y avait que papa qui pouvait faire cela. Parce que oui, j'avais pris un peu le temps de lire les programmes de l'école.

-J'ai remarqué des petits mignons dans les élèves. Y'a un Kitsune qui m'a tapé dans l'oeil mais vu la façon dont il se tient, il est pas du genre à se laisser sauter facilement. Y'a un ange déchu aussi. La croix et la bannière celui-là. Et puis y'a encore pleins de rencontres à faire...

Je finis ma bière, en ouvrit une autre en faisant une pause dans les desserts. J'avais envie de sombrer dans le sommeil avec le soleil sur moi. En plus j'avais le ventre plein. Je fermai les yeux en sirotant.

-Et dire que l'été est déjà là... J'espère qu'on s'amusera bien.

Caleb
Volgris

Elias
Viceli

Oulà, encore un désillusionné par l'amour. En même temps, les gens avaient beaucoup trop d'idées préconçues sur ce sentiment. Après, de ce qu'il avait dit, il était jeune, il n'était pas surprenant que ce soit en ce moment qu'il se rende compte d'à quel point l'amour c'était aussi horrible que beau. J'avais presque envie de lui tapoter le dos mais je n'allais pas le faire. S'il avait faim, ça n'allait que lui donner envie de manger et je n'avais pas envie d'avoir de problèmes avec son Maître. On ne piquait pas les soumis des autres, point. Même s'il n'y avait pas de vrai contrat.

-Si ça n'existait pas, qu'est-ce qu'on chercherait ? Pourquoi vivre ? Il faut bien une finalité à tout cela, je suis sûr que tu es d'accord avec moi. Et puis, si c'est pour remplacer l'amour par pire, je préfère garder l'amour. Avec lui, on sait plus ou moins à quoi s'en tenir.

A force de le vivre, ce serait même très étrange qu'on ne sache pas. Bien qu'Elias me semblait un peu seul quand même, du coup, émotionnellement, il devait encore apprendre, surtout s'il restait aussi isolé qu'il le paraissait. Enfin, ma remarque sur le BDSM le fit rire et sa réplique me tira un sourire. Il n'avait pas tort, après tout, Cassandre avait été au-delà de mes apparences lors de notre rencontre. J'aurais pu ou dû avoir du sexe vanille avec lui mais au final, ça avait été bien mieux que ça. Hum, faudrait peut-être que je le retrouve un de ces quatre.

En ce qui concernait la faune de l'île, nous étions bien d'accord lui et moi, y'avait plein de gens intéressants. Mais contrairement à moi, il n'avait plus le droit d'en profiter et la tête qu'il fit quand il se le rappela me tira un petit rire malgré moi. Je n'imaginais pas sa frustration qui mélangeait à sa faim devait le rendre un peu cinglé sur les bords. Même s'il le cachait assez bien, je ne pouvais pas être dupe.

-Oh, je me doute déjà que ça doit baiser sur la plage et forniquer dans l'eau tout juste tiède avec l'impression que seuls les étoiles les voient alors que la mer est pleine d'habitants qui doivent jouer les voyeurs du coup.

J'avais fermé les yeux, je sentais que je sombrais peu à peu.

-Je suppose que la chaleur monte à la tête des gens et leur donne encore plus envie d'écarter les cuisses pour crier de plaisir... Personnellement, je n'ai pas besoin de l'été pour être dévergondé. Ça serait triste, sinon...

Je bâillai enfin, m'obligeant à me redresser pour fermer les glacières que je couvris avec une dune de sable pour que tout reste bien au frais. Puis je me réinstallai, vraiment prêt pour la sieste. Je rigolai à sa remarque pour soupirer de bien-être ensuite. Je savais bien que la mer était dangereuse moi. Papa m'avait montré quelques trucs dont le squelette d'une créature à faire dresser les écailles alors que ça n'était pas possible. Je soupirai encore...

-Désolé mais je crois que je vais dodo... C'est important de dodo... Tu peux finir les bières, m'en fiche...

Complètement même. Là, la seule chose qui m'intéressait, c'était dormir. Je repris ma forme de dragonneau sans comprendre.

-Si t'es encore là à mon réveil, on discutera...

Et pouf, je n'étais plus là. Mentalement. Bonjour le pays des rêves.