La leçon [pv Nathaël Greenwood]

L’automne avait rendu les allées du jardin beaucoup moins colorées. Les arbres avaient encore des feuilles, mais moins, et surtout elles viraient progressivement au jaune, voir au rouge pour certaines. Mais la vie y fourmillait, comme si elle ne s’était pas aperçue que l’été était finit. Rongeurs et insectes s’affairaient, tandis que les fleures plus froides naissaient, chrysanthèmes ou pensées, plus discrètes et moins envahissantes, mais tachant ça et là le vert du gazon et des buissons. Le cadre idéal pour l’étudiant qu’Argus attendais. Et justement, où était il ? L’ange était un peu en avance, mais s’attendait à ce que le jeune homme arrive d’un moment à l’autre.

Ils s’étaient rencontrés il y a quelques jours. Rencontrés réellement, car Nathaël avait été présent à certain cours de défense. Cours avec beaucoup de participants, et où la fée ne brillait pas. Pas du tout. Au point qu’Argus n’y avait jamais trop fait attention.
Non, c’était bien il y a trois jours, qu’ils se sont réellement rencontrés, et qu’ils avaient eu l’occasion de parler. Alors qu’Argus sortait du bâtiment D, vers 19h30 bien tassés, et que le jeune homme, ignorant sa présence, s’était vautré pas très loin. Un bel atterrissage bien raté, sans vitesse excessive pourtant, mais avec une mauvaise réception, une culbute, et c’était cul par-dessus tête qu’il était arrivé avec le menton par terre. Et quelques éraflures.

En tant que professeur responsable, Argus était allé voir si le jeune homme n’avait rien, et l’avait aidé à se relever. En tant que guérisseur altruiste, il avait aidé à ses éraflures à cicatriser, empêchant qu’elles ne s’infectent, et réduisant le temps de son rétablissement. Et en tant que moniteur de vol serviable, lui avait proposé de lui donner quelques cours. Parce que là, ça n’allait pas. Du tout. Un de ces jours, il finirait par se casser quelque chose.

C’était par hasard qu’il lui avait donné rendez vous au jardin. Parce que ça faisait un terrain plat, pratique, avec des pistes d’envol, et un gazon moelleux pour amortir, au cas où … Argus avait généralement plus tendance à proposer une séance au bord du toit d’un immeuble, mais ça risquait de faire fuir la fée. Et puis de toute façon, il préférait les falaises, et il n’y en avait pas sur l’ile.
Finalement, en regardant après le registre des étudiants, il s’était aperçu qu’il s’agissait d’un étudiant en botanique. Le jardin lui serait donc tout à fait familier.

Argus était quelqu’un de patient. Ca ne le gênait donc pas d’attendre un peu, et puis, c’était lui qui était en avance. Il s’était assis sur un gros rocher, qui formait l’extrémité d’un massif qui formait un épais duvet vert au raz du sol. Il en avait profité pour retirer ses baskets blanches qui gisaient un peu plus loin, et étendait ses orteils dans le gazon. Il formait une grande tache blanche, avec son ensemble de sport blanc qu’il portait la majorité du temps, grand ouvert sur le torse, et ses ailes immenses dont les plumes se soulevaient légèrement avec la brise.

L'automne était arrivé. J'aimais cette saison...comme toutes les saisons d'ailleurs. Elles ont toutes leur avantages et inconvénients, mais elles sont toutes nécessaires à la nature. De toute façon, je me contentais de tout, et trouvais de la beauté partout. Le temps était plutôt bon, et j'étais partit en forêt pour une petite balade au milieu de cette nature qui avait tellement changée en quelques jours. Partout où je posais mon regard, c'était un tourbillon de couleurs rougeâtre et orangé qui m'enchantait totalement. L'air était chargé d'humidité, et ça me rappelait mon village natal.

Comme toujours quand je me balade dans la nature, j'ai totalement perdu la notion du temps, jusqu'à me faire surprendre par la tombée de la nuit. Là, j'ai eu un petit coup de panique. Je m'étais engagé plutôt loin de la forêt, il n'allait pas tarder à faire nuit noire, et javais beaucoup de choses à faire ! Sans compter mon petit ami qui allait probablement passer me voir, et si il ne me trouvait pas dans ma chambre il s’inquiéterait ! Du coup, j'ai opté pour le moyen le plus rapide pour rentrer, mais pas forcément le plus sûr. J'ai rapidement remonté mon sweat dans mon dos jusqu'à ce que toute ma peau soit à nu jusqu'à mes épaules. Je n'aime pas du tout faire ça, mais si j'essaie de sortir mes ailes avec des vêtements, je risque de me blesser, elles sont trop fragiles pour ce genre de choses.

Bref, cette précaution prise, j'ai prit mon envol par dessus la forêt. En général, je ne vole pas aussi haut, et pour cause : le vent ne cessait pas d'essayer de me dévier de ma course, et c'était fatiguant. Je suis quand même arrivé devant les dortoirs bien plus vite que si j'y avais été à pied... trop vite ! Beaucoup trop vite ! Pas moyen de ralentir ma course, et mes petites ailes fragiles avaient du mal à supporter l'effort ! J'ai donc tenté un atterrissage en catastrophe, et ce qui devait arriver arriva. Je me suis lamentablement vautré tête la première dans la terre. Heureusement que le vent contraire m'avait bien freiné au dernier moment.

Je suis quand même resté au sol quelques instant, le temps de me remettre les idées en place, et c'est là qu'on vint me prêter assistance. J'étais encore un peu sonné quand on m'a demandé si j'allais bien. J'ai rapidement vérifié, mais non, rien de cassé ! Ma chance phénoménale a encore fait des merveilles ! Mis à part le fait que j'ai été vu dans un moment embarrassant... par une personne que je reconnu assez vite comme étant mon professeur d'auto-défense. La honte. Déjà que je suis nul dans son cours, et c'est pas faute d'essayer, il fallait en plus qu'il voit que je ne sais pas voler correctement.

Au lieu de se moquer de moi, il m'a aidé à soigner mes blessures, et c'était très impressionnant, parce que la douleur disparaissait déjà ! C'est incroyable comme pouvoir ! Et puis après, il m'a proposé des cours de vol. Là j'avais été un peu gêné d'abuser de son temps à cause de ma maladresse, mais j'ai finit par accepter, un peu mal à l'aise. Forcément, ses cours me seront très utile, mais j'avais presque l'impression de lui avoir forcé la main après qu'il m'ait vu dans une telle situation ! Il m'avait donc donné rendez-vous quelques jours plus tard dans les jardins, et j'avais filé aussi vite que j'étais arrivé, à pied cette fois.

Le jour donné, je m'étais donc rendu au lieu de rendez-vous avec un peu d'avance. De toute façon, je n'avais rien à faire, alors j'avais passé un moment à travailler à la serre avant de me rendre dans les jardin. Je me sentais plutôt à l'aise ici, alors j'étais content que le cours s'y déroule, même si j'avais un peu peur de me retrouver à la vue d'autres élèves. Par contre, j'avais été très surprit de le trouver déjà là, moi qui suis toujours en avance pour les cours ! Du coup j'avais pressé le pas pour venir me planter devant lui et lever les yeux vers lui. Ouais parce que la différence de taille est plutôt flagrante. Je me sens tout petit.

« Pardon... ! Je suis en retard ?! »

Il était là. Planté devant lui. Et un poil en avance : c’était un excellent début. Au moins, n’y venait il pas à reculons. Curieux, ce jeune, pas bien grand, avec ces cheveux blancs, ses grands yeux. Argus se demandait si tout ça était du au fait que ce soit une fée, ou si c’était sa facette humaine qui était un peu étrange. Il n’avait pas trop eu l’occasion d’en croiser avant Esperanza, des fées, et n’y connaissait finalement rien de rien.

- Non, du tout. Bonjour Nathaël.

Il était plutôt bienveillant, mais sa voix assez grave et constante avait du mal à le faire transparaitre. Il n'était pas forcément froid dans son expression, on pouvait même deviner un léger sourir amical dans son visage. Mais seulement "deviner", et si on l'observait avec attention ...
Argus se leva, dressant sa silhouette imposante, et amplifiant de ce fait la différence de taille et de carrure entre les deux hommes.

- Prêt pour ta leçon ?

Il posa ses mains sur ses hanches, et observa le jeune encore quelques secondes, ne sachant pas trop ce qu’il pouvait bien savoir faire, ni l’étendue de ses capacités de vol. L’apprentissage n’avait jamais été un souci pour Argus, le vol ayant été instinctif, dés l’époque où il s’était éveillé, il y a quelques années, dans le nord de l’Europe. Au point qu’il lui était difficile de concevoir qu’on ne puisse en être capable, comme l’intégralité de l’humanité.

- Explique-moi. Tu vole depuis longtemps ? Que sais-tu faire ? Parle-moi de tout.

Mieux valait-il faire un point avant de s’apercevoir qu’il fallait revoir des bases, une fois en haute altitude (et du coup en chute libre).
En fait, si Argus pouvait donner nombre de conseils sur la façon de voler, en terme de gestion de l’air, de flux ascendants, de posture, etc … certains détails pouvaient lui manquer face à quelqu’un comme Nathaël : on ne vole pas de la même façon avec des ailes comme les siennes, plus proches de celles d’un insecte, et avec celles d’un ange, bien plus grandes, et faites de plumes. Le fait de planer, par exemple, devait être plus difficile pour une fée, tandis qu’Argus pouvait le faire quelques dizaines de minutes sans discontinuer …

Il acquiesçait tout en écoutant attentivement ce que le garçon lui expliquait, tout en continuant à l’observer avec attention : gestes, attitudes, et expressions.

J'avais poussé un profond soupir de soulagement lorsqu'il me rassura en me disant que je n'étais pas en retard. Il prenait déjà sur son temps libre pour m'aider, ce qui était vraiment aimable de sa part, alors je n'allais pas en plus le faire attendre ! Un grand sourire s'était donc dessiné sur mon visage.

« Bonjour ! »

Pendant un instant, j'oubliais un peu pourquoi j'étais là, me contentant de le regarder. Il est trop grand ! Je vais finir par avoir mal au cou ! Mais ce qui attire le plus mon regard encore une fois, ce sont ses ailes. Elles sont vraiment immenses, et même si ce n'est pas la première fois que je les vois, je ne peux pas m'empêcher de penser à chaque fois qu'elles sont magnifiques. Il me demande si je suis prêt, et je sens un léger stresse monter en moi ?

« Oui... ! »

Ma voix était peut être un peu moins assurée que je ne l'aurais voulu. J'appréhendais un peu, c'était la première fois que j'allais prendre un cours de vol, je savais pas du tout comment ça allait se passer. J'avais un peu peur de me faire mal aussi. Et puis ce qu'il me demanda me prit un peu de court. Tout lui expliquer ? Je vois pas trop ce que je pourrais avoir à raconter. Je prends quand même un instant pour réfléchir avant de me lancer.

« J'ai 17ans, comme tous les représentant de mon espèce j'ai la capacité de voler depuis que je suis tout petit, mais j'utilise rarement mes ailes. Juste quand j'en ai vraiment besoin, et que je peux pas faire autrement. Quand je vole pas trop haut, et sur une courte distance, je peux me débrouiller, mais après je fatigue trop, et le moindre coup de vent me dévie. »

Je suis trop léger. Ça m'est déjà arrivé de me faire emporter par une bourrasque, et autant dire que j'étais pas très fier quand je me suis retrouvé suspendu à un arbre à quelques mètres du sol.

« J'ai du mal à manœuvrer, je sais pas atterrir correctement la plupart du temps, et comme mes ailes sont assez fragiles, je dois faire attention à ce que je fais. »

Je ne vole que lorsque je n'ai pas le choix, que je dois me déplacer vite, ou que je dois atteindre un point en hauteur et qu'aucun arbre ne daigne me porter. J'étais quand même assez mal à l'aise de devoir parler de tout ça. Je m'étais mis à tirer nerveusement sur mes manches trop longues qui cachaient totalement mes mains tout en fixant le sol. À vrai dire, je me débrouille assez bien en vol sous ma forme de luciole, mais je n'ai jamais comprit pourquoi comme ça je n'y arrivais pas.

Sujet archivé pour cause de suppression de compte.

» Nathaël
» Un cours d'anatomie. [PV : Nathaël, Angel]