Pas de cours aujourd’hui. C’est le jour où je peux être pénard et faire ce qui me plait. Et c’est tant mieux ainsi. J’ai pas de préparations à faire, sauf pour moi même. Et aujourd’hui, en tout bon solitaire qui se respecte, je suis partis tôt ce matin pour faire mes étirements afin de pouvoir m’entrainé. Je me suis attaché les cheveux. Puis j’ai commencé par deux heures de méditation avant de commencer mes entrainements par un petit footing pour aller jusqu’en forêt. Ayant apprécié le coin près de l’arbre de Miley et espérant ne trouver personne, je suis venu m’entrainer par chance, je n’y ai pas trouvé la miss, et je sais qu’elle peut sentir ma présence, mais je doute qu’elle apprécie le fait que je m’entraine dans son petit coin. Ce n’est qu’après plusieurs heures d’entrainement avec mon katana et à améliorer mes techniques martiales que j’ai pu souffler un peu. Passé midi, je n’avais rien mangé et je n’avais pas faim après un tel effort. Alors je suis partis faire un tour un peu plus loin en forêt pour y découvrir une petite rivière. Décidément cette forêt regorge de choses agréables et plaisantes.
J’y ai choppé une truite, que je me suis amusé à décortiquer avec mon Katana avant de la faire chauffer en prenant soin de ne rien brûler et de me bouffer mon poisson préparé en deux speed. Mais ça faisait du bien de manger, sérieux. Puis, même si ce n’est pas préparé subtilement, j’ai l’habitude de me faire ce genre de petits repas, avant d’être ici, c’était nouilles instantanées tout le temps, mais bien avant ça, je voyageais beaucoup, et j’ai dû me débrouiller par moi-même donc trouver de la bouffe où je pouvais.
C’est après un bon petit repas que j’ai marché tranquillement en remontant un peu la rivière pour trouver une clairière avec des rochers et des arbres sûrement très vieux, dont un vieux chêne qui trônait dans l’assemblée comme un roi. Bref, j’ai préféré les gros cailloux parce qu’ils étaient au soleil. Je suis parti m’y allonger tranquillement. Détachant mes cheveux pour les laisser à l’air libre un peu. Et j’ai placé mes bras derrière la tête en croisant une jambe sur mon autre genou relevé. Et j’ai regardé le ciel en soupirant d’aise. Le coin était calme, et sympa, et surtout, j’avais personne pour venir me faire chier.
J’ai marmonné un petit air qui me venait comme ça. Le chantonnant faiblement alors que la brise se levait doucement et la chaleur du soleil s’atténuait doucement grâce à elle. Je ne crains pas la chaleur. Seulement, ça ne fait pas de mal une petite brise. Je ne sais plus où j’ai entendu cet air. Et je crois qu’il est très vieux. J’ai ensuite fermé les yeux, me détendant tranquillement en appréciant ce moment de tranquillité. Ce dont j’avais besoin depuis un moment.
Elle ne savait pas bien ce qu'elle faisait là. Elle déambulait à travers les bois sans but ni raison, même pas pour le plaisir d'être là. Perdu dans ses pensées, elle était déjà tombée de nombreuses fois, ce qui ne l'avait pas empêché de se relever encore et encore pour poursuivre inexorablement sa marche. Elle cherchait peut-être l'inspiration, elle cherchait tout court sans doute. En tout cas, son humeur était plutôt illisible et elle était en réalité rarement dans cet état de confusion. Elle n'avait même pas envie d'être en colère non, à quoi bon ?
Elle s'arrêta plusieurs fois en chemin, la forêt était très calme aujourd'hui, bien qu'elle ressentait tous les bienfaits offerts par Miley à aux bois. Tout semblait plus neuf, plus mature et heureux alors que pourtant l'hiver serait là bientôt. Elle se demanda vaguement comment elle allait passer le Solstice d'hiver. Sûrement que pour une fois, elle allait s'enivrer et jouer avec des élèves s'il y en avait qui resté ici. De ce qu'elle savait, ce genre de fêtes de nos jours se passaient en famille alors très franchement, si des pensionnaires restaient, elle se ferait presque un plaisir de totalement pourrir leur moment.
Après tout, le simple fait d'être ici pourrissait presque tous les siens.
Soudain, Erato se figea, fronça les sourcils. Quelqu'un avait encore osé s'infiltrer dans la forêt. Après l'élève de la dernière fois, elle n'aurait sans doute pas assez de patience pour traiter avec un autre. Pas alors qu'elle était perdue en elle-même. Elle soupira et alla voir puisqu'il le fallait. Pour ne pas tomber sur un enfant, finalement. Un sourire sans joie se dessina sur ses lèvres et elle sortit du couvert des arbres, se moquant de son allure un peu débraillé. Sa jupe verte était marron de terre par-ci par-là, ses jambes égratignées d'ailleurs cela saignait un peu. Ses mains n'étaient pas en meilleur état et il y avait des feuilles dans ses cheveux. Pourtant, elle ne tenta pas de se rendre plus présentable.
-Moi qui pensais que l'on me servait une élève sur un plateau d'argent, je me retrouve avec mon cher Ryry...
Elle se dirigea vers le plan d'eau, se lava les mains pour pouvoir toucher à sa lyre, elle n'aimait pas la salir.
-Est-ce une bonne journée ?
Peut-être allait-il la trouvait étrange, elle n'avait vraiment pas son feu habituel. Et sa colère encore moins. Elle but un peu d'eau sans chercher à soigner sa jambe. Plus tard...
Eh merde. ! Moi qui pensais être tout seul et peinard dans un coin paumé de la forêt. C’est mal parti quand je sens approcher l’aura d’Erato. Si encore il n’y avait que ça, mais non, en plus ça sent le sang. Son sang ? J’ai continué de chantonner mon petit air jusqu’à ce qu’elle finisse par entrer dans le périmètre. J’ai gardé les yeux fermé un instant, soupirant simplement du calme ambiant. Pas besoin d’ouvrir les yeux pour sentir qu’elle ne semblait pas franchement dans son assiette. Rien que le ton de sa voix, et, le sang qu’elle dégage. J’ai tout de même ouvert un oeil, le rivant sur elle pour la contempler depuis mon gros caillou. Si elle ne me surprend pas par son approche, c’est son visage de paumée de service qui le fait. J’ai finalement rouvert les deux yeux en fronçant les sourcils, me redressant en position assise et posant mes bras sur mon genou ramené contre mon torse.
-Dommage ma belle ! Ce n’est que moi sur un gros caillou !
J’ai quand même esquissé un bref sourire en l’observant se laver les mains et boire un peu à la rivière. C’est quand même étrange l’état dans lequel elle est. Le truc, c’est que je doute qu’elle apprécies ma manière de vouloir la soigner, alors je préfère rester distant pour le moment et éviter les dégâts. La flemme de bouger de mon rocher et absolument aucune envie de me prendre la tête aujourd’hui. C’est mon jour de repos où je ne me tape pas des sales gosses toute la journée alors autant en profiter, pas la gâcher. J’ai ouvert la bouche sans que rien ne sorte, coupé par la question de la demoiselle. Et j’ai haussé les sourcils avant de lui répondre. Penchant ma tête sur le côté pour coller ma joue contre mes bras.
-Très bonne journée, je ne me tape pas de marmots à entrainer toute la journée !
Puis je me suis redressé et je suis descendu de mon caillou, m’approchant de la demoiselle en sortant un paquet de mouchoirs de ma poche. Je lui ai tendu calmement en la fixant. Voyant clairement qu’il n’est pas dans ses habitudes d’être ainsi, en tout cas, du peu que je l’ai vu. Elle avait l’air plus colérique, plus vivace, les autres fois, plus joueuse aussi. -Jusqu’à ce que ta mauvaise mine vienne perturber mon instant glandouille ! Tiens, pour tes éraflures...
Oui, pour qu’elle soigne un peu ses jambes pleines de sang, et pas que ses jambes d’ailleurs. Ses bras aussi. Je l’ai regardé calmement en soupirant par les narines. Pas qu’elle me dérange, juste qu’elle me perturbe à être dans un tel état.
-Eh bien ! Que t’es-t-il arrivé ?
Pas d’agression, pas de trop mauvaises paroles... Enfin, a mon sens, je suis parfois tellement direct avec le tact d’un mammouth dans une crèche que dès fois c’est assez difficile d’être gentil. Je n’aime pas être gentil, mais seulement avec les gens que j’aime pas. Ou qui me font chier. Là, en l’occurrence, c’est de ma hidden qu’il s’agit, et en prime sa tronche ne me donne absolument aucune envie de la taquiner pour le coup.
Bah, que ce soit lui ou un autre, ça n'aurait pas changé grand chose quoiqu'elle n'aurait pas dit non à un câlin d'une jolie et gentille fille. Quoi de mieux qu'un câlin pour mettre du baume au cœur même si la personne qui vous le faisiez ne vous aimez pas forcément. En fait, elle aurait juste eu besoin que l'on fasse semblant mais elle savait bien qu'en pleine forêt, elle ne trouverait pas ce genre de services. Peut-être irait-elle charmer une jeune fille plus tard mais il faudrait pour cela qu'elle réussisse d'abord à sortir un peu de sa déprime passagère.
-Tant que tu n'as pas idée de le lancer sur moi, ton caillou est le dernier de mes soucis.
Elle aurait presque la foi de balancer des piques mais en dire, ce serait se lancer sur une sorte de dispute et là, très franchement ça ne la tentait pas. Elle voulait juste rassembler ses esprits. Elle s'assit sur la rive, plongea ses jambes dans l'eau pour les nettoyer avant de glisser une main dans sa chevelure d'argent. Elle en retira enfin les feuilles qui s'y trouvaient tout en écoutant son tuteur. Au moins un qui pétait la forme comme disait les jeunes de ce temps. Elle esquissa un pâle sourire à ce sujet et frotta son genou pour en faire partir les gravillons.
-Tant mieux pour toi. J'avoue que je me demande parfois comment tu fais. Autant de gosses d'un coup, ça doit être épuisant. J'ai eu du mal à élever le mien quand j'ai été mère...
Probablement parce qu'elle avait fait un baby blues. Déjà qu'elle n'avait pas pensé être enceinte alors quand elle avait eu son fils dans les bras. Sans l'aide de ses sœurs, le petit n'aurait pas vécu bien longtemps. Erato sentit le démon l'approcher, jeta un œil par dessus son épaule. Il n'avait pas intérêt à tenter de se venger pour la dernière fois parce qu'elle avait beau être déprimée, elle en serait d'autant plus impitoyable. Elle ne se laisserait pas vaincre par un adversaire qui tenterait d'abuser de son état.
Pourtant, il ne fit que lui tendre des mouchoirs. Non sans pouvoir s'empêcher de balancer une pique légère. Elle prit le paquet lentement, regarda ses bras.
-Merci. Et je n'ai pas mauvaise mine, je n'ai juste pas envie d'être énervée aujourd'hui. C'est éreintant de toujours se reposer sur la même émotion pour continuer à avancer.
Elle se lava les bras avec l'eau, les essuya avec les mouchoirs. Elle ne devrait plus se promener avec des tenues aussi courtes alors que le froid approchait mais quelque part, elle avait sans doute voulu tomber malade.
-Tu ne sais pas ça ? Je pensais que c'était dans mon dossier. Je suis assez maladroite... Ou plutôt, je dirais que j'ai un sens de l'équilibre faussé à cause de ça.
Elle montra sa poitrine qui la faisait toujours autant complexé. D'ailleurs, elle portait un col roulé gris avec sa jupe verte. Ça lui évitait de trop voir ses seins bien que ça ne changeait pas grand chose à la situation. Ils étaient là et ils lui prenaient la tête. Un jour, elle risquait de faire une sacrée bêtise juste pour ne plus avoir à les supporter. Elle soupira tout en agitant ses jambes dans l'eau glacée, repoussant certaines de ses mèches derrière son oreille. Elle regarda son tuteur, étrangement gentil quand même.
-Donc, quand tu es de repos, on te retrouve dans la forêt. A croire que tous les professeurs adorent se retrouver ici. Déjà, il y a le dragon... Et puis j'ai vu ce vampire en passant...
Pour un endroit sensé être tout de même un peu dangereux, pas mal de gens venaient y mettre les pieds au final. Mais il semblait que Miley ne le prenait pas mal alors ce n'était pas elle qui allait renvoyer les professeurs chez eux. Non, c'était plus amusant de faire peur aux élèves...
Lui jeter le caillou sur lequel Je suis à la figure ? Non~ ! Quelle idée ?! J’ai quand même rigolé à sa façon de dire les choses et sa manière assez... Détachée de le prononcer. C’est plutôt amusant d’une certaine manière de voir que même les plus puissants et maléfiques ont des états d’âme. Je me demande si c’est comme ça avec les autres ?
Comment je fais pour m’occuper de gosses ? Ma foi, je me le demande moi-même. Je crois que je ne les considère pas comme tel tout simplement. Les gosses ça me gonfle et c’est chiant à gérer, je n’aime pas ça. Pourtant pour mes leçon, j’ai tendance plutôt à les prendre pour des mini soldats, et ça passe bien mieux. J’ai haussé les épaules.
-Adulte, ado, c’est du pareil au même. On a tous notre moment candide et gaga, alors même si j’aime pas les gosses, je fais en sorte de passer outre. Et heureusement que j’ai des journées sans eux.
Ouep ! Parce qu’au final, il peut y avoir des gosses intéressants, mais qui sont gâchés par les autres. Et c’est peut-être aussi parce que j’ai moi-même eu des gosses que j’arrive à les supporter.
-Fut un temps à l’école où j’étais gardien, les plus vieux ont tendance à me foutre la paix parce qu’ils me connaissent, mais ça ne change rien pour les nouveaux. Je suis du genre à ne pas laisser passer un pet foutre la merde dans mes cours.
Tant qu’à faire, autant faire un peu de parlotte avec ma hidden. Puis je ne suis pas si étonné de ça de savoir qu’elle a eut un enfant. J’en suis même curieux pour le coup. Après lui avoir donné le paquet de mouchoirs, je me suis assit à côté d’elle, en tailleur, regardant l’eau s’écouler doucement et glisser sur les roches, ainsi que les jambes de la demoiselle. Je l’ai regardé se recoiffer et enlever les feuilles qu’elle avait dans les cheveux en restant attentif à ce qu’elle me disait. J’ai eu un léger rictus, avant de m’appuyer sur mes bras en penchant mon buste en arrière, soupirant un faible mugissement tout en fermant les yeux.
-Tu as bien raison. Du coup quelle expression vas-tu choisir après ça pour continuer d’avancer ?
J’ai jeté un coup d’oeil vers elle. Si je devais toujours me fier à ce qu’il y a d’écrit dans un dossier, franchement ce serait même pas la peine de me fatiguer à lui parler dans ce cas. Et ça me gonfle de lire toujours des dossiers. L’important est de juger par soi-même en rencontrant ladite personne.
-J’ai lu les grandes ligne avant que ça ne me gonfle ! Je préfère faire mon propre jugement de la personne que je dois surveiller, d’une certaine manière. Puis...
Je me suis redressé en prenant une tige d’herbe entre mes doigts pour jouer avec. Regardant à nouveau l’eau les yeux mi-clos. Si elle est maladroite ou qu’elle manque d’équilibre à cause de sa forte poitrine, ça, c’est quelque chose que je n’ai pas lu, mais c’est tout de même étrange. Après, j’avais déjà remarqué par moi-même qu’elle perdait souvent l’équilibre. Mais à cause d'une poitrine, quand même... faut dire qu'en femme, j'ai beau avoir une poitrine assez volumineuse, je ne m'en plains pas. Et ce n'est pas pour autant que je tombe à chaque obstacle à cause d'elle.
-Ca me permet aussi d’en apprendre plus par moi-même.
J’ai fait un noeud avec la tige entre mes doigts, puis un autre noeud, et ainsi de suite, avant de prendre une autre tige et e passer celle-ci dans les noeud que j’avais fait pour la première. Soupirant doucement et écoutant la demoiselle.
-Nan ! Généralement quand je suis de repos je m’entraine, puis je vais faire mes rondes, là, j’avais pas envie, du coup je suis venu buller chez Miley, parce que la forêt est l’un des rares endroits où l’on peut être peinard, autre que chez moi. Après les autres font ce qu’ils veulent.
Le vampire... hum ! Celui-là il me tape clairement sur le système... A moins qu’elle ne parle de l’autre, le frangin version argent. Je ne le connais pas, mais s’il est aussi con que la version rouge je sens que je vais souvent donner des baffes. Ou les ignorer clairement tous les deux.
-Donc tu as eu un enfant ? Il vit toujours ?
Comme je le disais plus tôt, ce sujet m’interpelle et pique ma curiosité. Après, elle n’est pas obligée de me répondre si c’est un sujet qui pour elle est fâcheux.
-Je comprendrais si tu n’as pas envie d’en parler...
Au moins, Ryry rigolait lui, c'était déjà pas mal, vu l'ambiance qu'elle instaurait autour d'elle malgré elle. Drôle comme la déprime donnait l'impression de s'étendre tout autour de soi, rendant tout plus terne et sans intérêt. Il ne commenta cependant pas cette histoire de lancée de caillou, préférant de suite s'attaquer au morceau des élèves. Candide et gaga ? Tout de même, ça ne devait pas arriver tous les jours que le démon soit ainsi. Une fois tous les deux cents ans ? Elle n'avait même pas envie de poser la question, tentant juste de se faire une image mentale mais elle échoua. Comme quoi, Ryry en mode "enfant", ce n'était pas une chose à penser.
-Le contraire aurait été étonnant. Tu n'as pas la langue dans ta poche et tu es un démon. La douceur n'est pas vraiment une composante de votre nature.
Bien qu'il puisse arriver que certains sachent en faire preuve, peu de gens s'attendaient à voir un tel trait de caractère chez eux. Après, personnellement, elle s'en fichait. Les gens pouvaient bien se construire comme ils voulaient que ça ne changerait pas grand chose pour elle. Et surtout, son tuteur pouvait bien être comme il en avait envie, tant qu'il n'essayait pas de la contrôler pour de vrai, elle n'aurait pas de véritables problèmes du fait de son existence. Elle se demanda juste vaguement quel âge il pouvait bien avoir...
Elle grimaça un peu quand il parla d'émotions. Oh, elle allait revenir à ce à quoi elle carburait d'habitude, c'était juste une pause là. La colère était une émotion facile à manier, autant une défense qu'une arme, elle était donc toute choisie et il n'y avait pas de raison pour qu'elle passe à une autre émotion pour tenir encore et encore. Tenir pour ne pas fuir... Elle continua à remuer ses jambes dans l'eau claire.
-Je fais simplement une pause d'un ou deux jours et je reprendrai comme d'habitude. Je ne suis plus "aimable" depuis bien longtemps. Sans doute que je devrais prendre un autre prénom.
Elle ricana et attrapa enfin sa lyre dont elle tira quelques notes pour vérifier qu'elle était toujours accordée malgré ses nombreuses chutes du jour. Rassurée par son constat, elle ricana encore quand Ryry avoua ne pas avoir lu son dossier. Aucune surprise là-dedans, elle ne le voyait pas passer son temps à décrypter un document. Trop impulsif pour ça, depuis qu'elle l'avait rencontré, il lui avait donné l'impression d'avoir peu de patience. En tout cas, s'il voulait la juger, qu'il se fasse plaisir, elle n'allait pas tenter d'échapper à son radar et elle finirait forcément par avoir une opinion bien arrêtée sur lui. Elle lui jeta un œil pour voir qu'il jouait avec un brin d'herbe tout en regardant la rivière. Au moins un homme qui savait ne pas fixer les femmes. Bon point pour lui.
-C'est vrai que c'est très calme aussi. En même temps, je doute que qui que ce soit oserait offenser Miley en faisant un boucan monstre dans sa forêt. Il faut avoir envie de souffrir sinon.
Parce que sa collègue avait beau être indulgente, elle se doutait que dans son état, elle ne serait pas forcément des plus patientes. Tant que ses pouvoirs lui joueraient des tours, elle serait sûrement un peu à cran. Elle releva brusquement la tête à la question de son tuteur, un peu perdue d'entendre cela. Que répondre ou plutôt comment répondre. La Muse ferma les yeux quelques secondes et commença à jouer une mélodie. Une berceuse. Si elle parlait de son enfant, autant se mettre dans le ton n'est-ce pas ? Sans sourire, sans nostalgie non plus, elle répondit :
-Oui, j'ai eu un fils du nom d'Azan. Je n'avais pas prévu d'avoir un enfant par ailleurs. Mais les hommes étant ce qu'ils sont.
On entendait du mépris dans sa voix, c'était plus fort qu'elle.
-Le père d'Azan, Arcas, m'avait sauvée d'une crue inattendue et comme remerciement, il a voulu coucher avec moi. Comme si j'en avais eu envie mais il tenait à ce que je le paye avec mon corps... Enfin, résultat, je suis tombée enceinte et tout le tintouin.
Son fils ne lui manquait pas non. Pas plus que le père d'ailleurs. Pourtant, elle aimait son enfant mais elle ne l'avait pas désiré. Si elle avait pu faire autrement, elle l'aurait fait.
-Quant à s'il est en vie, je n'en ai aucune idée. Un jour, je me suis réveillé ailleurs, dans un autre monde que le mien. Et c'est ainsi depuis toutes mes réincarnations. Je ne suis même pas sûre d'être morte dans ma dimension d'origine... Je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé mais je suis ici aujourd'hui.
Était-ce mal ou bien, elle n'en savait rien. Elle haïssait cet état de fait, ses sœurs lui manquaient, ne pas comprendre l'avait rendu un peu folle et colérique. Sa musique changea, basculant sur un thème funèbre et triste. Elle ne savait plus quoi attendre de son existence mais au moins, elle n'avait jamais cessé d'avancer malgré ses premiers temps de dépression et ses passages à vide. Elle continuait sa route en voulant en voir la fin.
La douceur, n’est effectivement pas le genre de chose que je confectionne tous les jours. Je suis direct et je dis ce que je pense, peu importe si la personne à qui je le dit se sent blessée ou vexée après. Le tact, je connais pas, je suis comme je suis. Pourtant... Il m’arrive de l’être quand même un peu. La preuve avec Miley, autre preuve avec une ancienne élève de l’école. J’ai simplement fermé les yeux en m’allongeant sur le côté. Allongeant mes jambes à l’opposé d’Erato pour ne pas la gêner, appuyant ma tête dans ma main accoudée au sol. J’ai fait tourner la brindille avec les noeuds entre mes doigts en l’observant. Répondant calmement à la demoiselle.
-Il m’arrive pourtant de l’être. Je ne suis pas... Tous les jours, Super Connard !
Pas tous les jours, non. Mais une bonne majorité de mon temps dans l’année. Sauf cas particuliers bien entendus. On va dire que j’ai mes chouchous. Et la preuve, je pourrais très bien la faire chier alors qu’elle est dans le bad trip, pourtant, je ne le fais pas. J’ai quand même ricané un peu. Ramenant la brindille dans le creux de ma main et la refermant pour la brûler. Puis j’en ai pris une autre que j’ai coincé entre mes lèvres. Donc, elle fait une pause. Elle en a marre d’être énervée. Bah, je la comprends, même si c’est un sentiment facile à obtenir, il est éreintant.
-Pourtant je trouve que tu l’es encore bien assez pour garder ce nom. Erato, c’est original et plutôt agréable à entendre.
Non, non. Y’a pas à se faire de films, je ne drague pas. Je dis ce que je pense. J’ai pas ma langue dans ma poche, vous vous souvenez ? Bah ouais ! j’ai levé les yeux vers elle en faisant tourner ma brindille d’herbe, essayant de voir un peu sa frimousse et la réaction qu’elle pourrait avoir. J’ai un peu sourit en la voyant ricaner, et j’ai laissé échapper moi aussi un bref amusement avant de reporter mon attention sur la rivière en face de moi. Observant les petits poissons qui restaient en plan devant, tentant d’affronter le courant de l’eau. J’ai haussé un sourcil en fronçant l’autre. Une interrogation qui me revient assez souvent lorsque je cogite tout seul. C’est comment la faune et la flore arrivent a rester aussi tranquille alors qu’autour il y a tout un tas d’êtres pourris qui la détruisent sans vergogne. Une question que je devrais peut-être poser à Miley un de ces jours. Comment elle fait pour rester tolérante envers tous les êtres vivants, sans avoir envie d’en tuer certains ? Ah ! Mais pourquoi je pense à ça maintenant moi ?
-J’ai déjà eu le droit à quelques griefs de sa part, je n’ai pas vraiment envie d’en recevoir d’autres de sitôt. Et la sodomie au cactus ! Ça non merci ! Absolument aucune envie d’être le premier à tester !
J’ai rigolé à ma boutade. Qui est on peu plus vraie pour le coup. J’apprécie Miley, et malgré nos petits conflits, pas vraiment voulus, je sais à quoi m’attendre d’elle. Alors pour le coup, je ne veux pas la fâcher, et quand je fais mes entrainement, c’est en toute discrétion. Je ne gueule pas, je ne détruit rien.
Après ma question pour savoir si elle avait eut un enfant, j’ai écouté les notes plutôt somnolentes et tristes que la miss jouait à côté de moi, reportant ainsi mon attention sur elle. J’ai relevé les yeux pour la regarder un peu, regarder surtout ses doigts glisser sur les cordes. Elle déprime vraiment ma parole ! Si ça continue je vais finir par déprimer aussi... Mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me parle de son passé, ce qu’elle a vécu et l’enfant qu’elle a mit au monde sans forcément le désirer. Je comprends un peu mieux pourquoi elle est ainsi avec les hommes plus qu’avec les femmes. J’ai détourné la tête en fermant les yeux. Imaginant un peu la scène, ce qu’elle me racontait. En fait je n’ai aucun mal à me l’imaginer. A une époque lointaine c’était tellement courant. Les hommes ne pensent qu’avec leur queue. Tous les types masculins en fait. A croire que leur instinct animal reprend le dessus. Ce doit être assez dur comme expérience n’empêche. Se réincarner sans jamais être sur le même plan et se souvenir de tout. Ca me perturberait grave. Tout en écoutant son récit, je me suis remis à jouer avec une brindille d’herbe. Ca ne voulait pas dire que je n’étais pas attentif. Bien au contraire.
Quand j’ai vu son visage si sombre d’un coup, j’ai simplement finit par relever la main et lui chatouiller le nez avec ma brindille d’herbe. Esquissant un léger sourire amusé. Je me suis ensuite redressé en soupirant, revenant en tailleur, appuyant ma mains sur mon genou, baissant un peu la tête en fermant les yeux.
-Bah ! C’est le propre de tous les types masculins d’avoir le cerveau du bas qui commande la plupart du temps ! C’est comme ça... Et on est souvent des gros salauds. Je ne suis pas une exception !
Sauf que y’a des types qui ne couchent pas avec tout ce qui bouge et qui ne tortillent pas la nouille à la moindre paire de poitrine qui arrive. J’ai relevé la tête avec ma tronche renfrognée habituelle pour la regarder.
-L’important c’est que tu arrives a avancer peu importe ce qui arrive, te relever même après être tombée. Et botter des culs ça tu sais faire maintenant, a ta manière bien à toi.
Mon visage s’est fendu en un rictus amusé alors que je la regardais. Et finalement, je me suis allongé sur le dos. Je ne tiens, décidément, pas en place. Mais c’est dans cette position que je suis le plus tranquille. J’ai fermé les yeux, les mains derrière la tête puis les ai ouvert en regardant le ciel bleu et les nuages glisser au dessus de nous.
-N’empêche que ça ne doit pas être facile à digérer. Puis, c’est la vie comme on dit.
J’ai divagué, le regard vide alors que je fixais le ciel. On est tous passé par des événements marquants. Parfois plus que d’autres. Des bonnes, comme des mauvaises choses. J’ai simplement murmuré :
-Tant qu’on respire, même si on a beau avoir tout perdu, on vie. Et tant qu’on vie, il faut avancer, sans oublier ce qui est passé.
C’est en tombant qu’on apprend à se relever et mieux tenir sur ses jambes. C’est en marchant la tête haute qu’on avance. Ce n’est pas seulement valable pour les humains, mais pour toutes les espèces de cet univers.
Super Connard ? Quel langage approprié devant une femme. Heureusement qu'elle ne s'était pas attendu à ce qu'il ait assez de tact pour faire attention à sa façon de s'exprimer sinon elle aurait été déçue. Et énervée. Ryry ne pouvait de toute façon pas être une autre personne que lui-même, c'était clair et net, cependant, il aurait été bien qu'il se rende compte que parfois, il devrait faire un peu plus attention. Mais là encore, c'était un démon, qu'attendre d'autre de sa part que cela ? Elle soupira discrètement, un pauvre sourire sur les lèvres. Au final, son tuteur était presque aussi amusant que désespérant.
Quant à son prénom, elle avait beau dire, elle n'en changerait pas. C'était sûrement l'un de ses plus chers souvenirs, il la rattachait à ses sœurs qu'elle ne reverrait probablement pas. Ce prénom lui permettait d'affirmer haut et clair qu'elle était une des neuf Muses. Qu'elle avait appartenu à une famille, à un ensemble... Qu'elle avait eu des gens qui l'avaient aimée. Même si ce temps était loin ou qu'il n'existait plus.
-Mes sœurs me manquent. Juste elles...
Autant elle aurait aimé ne pas être seule, elle était aussi contente qu'aucune autres d'entre elles n'aient eu à subir ce qu'elle subissait. Ou en tout cas, elle espérait être la seule. Elle émit un petit rire narquois quand Ryry finit par lui affirmer qu'il avait été menacé de sodomie au cactus. Sa collègue pouvait être très imaginative et quelque peu cruel quand l'envie lui en prenait. Tant mieux car il arrivait toujours un moment où il fallait savoir être méchant pour pouvoir se défendre. Il était bon de savoir que la blonde savait exploiter toutes ses ressources.
-Pourtant, je t'imagine bien subir la chose. Par contre, je n'arrive pas à me décider sur si tu crierais ou si tu ne ferais que couiner.
Et tant pis s'il prenait mal sa remarque, ce n'était qu'une petite plaisanterie, de ce qu'elle avait vu lors du moment où il avait fallu calmer Miley, le démon pouvait la serrer contre lui alors que celle-ci n'était pas des plus tactiles de ce dont elle avait connaissances. Alors ça ne devrait pas arriver de sitôt sauf si Ryan se décidait à faire la bêtise du siècle. Mais en tant que vieux démon, il devrait s'abstenir.
Erato repoussa gentiment la main de son tuteur qui tenait le brin d'herbe pour se frotter ensuite le nez avec le bout des doigts, les sourcils un peu froncés. Non sans l'écouter même s'il l'interrompait dans ses mélodies.
-Au moins tu en es conscient, c'est déjà ça de gagner. Si tu m'avais dit valoir mieux que ça, je t'aurais giflé. Pour te remettre un peu les pieds sur terre.
Et pourtant, elle n'était pas venu chercher la bagarre. Et elle n'avait jamais levé la main sur quelqu'un mais elle évoluait et si cela finissait par s'avérer nécessaire, elle le ferait. Elle soupira encore tout en remarquant qu'il ne savait pas quoi faire de lui-même vu qu'il se tortillait comme un ver de terre dans de la boue. Elle grimaça quand il dit cette phrase qu'elle haïssait. "C'est la vie"....
-Ça ne veut rien dire. Tout le monde sort cette chose comme une banalité sans se rendre compte à quel point elle est vide de sens. Et pour Sword, tu dirais "c'est la mort" ?
Elle recommença à jouer, faisant entendre une musique très calme, loin de la berceuse, juste comme un écho de la nature qui les entourait. Au moins, le reste du discours de Ryan était plus cohérent même s'il ne faisait que rabâcher quelque chose dont elle avait déjà conscience. La preuve, elle était là, assise à côté de lui, les pieds dans l'eau, sa lyre entre les mains en train de jouer un air et tout cela en discutant avec lui. Elle était en vie. Un peu trop à son goût quelque part mais elle l'était.
-J'ai avancé puisque j'ai cessé de me suicider. La route est longue et je n'en vois pas la fin. Mais je sais une chose, c'est qu'il ne faut pas que je m'attende à ce qu'elle soit heureuse.
Pas par défaitisme, non. Juste par réalisme.
-Et toi, cher Ryry, qu'attends-tu de tout cela ?
Elle retira enfin ses jambes de l'eau, elle commençait à avoir trop froid.
Je suis tout de même assez étonné que seulement ses soeurs lui manquent et pas son gamin. Bon, après si ce n’était pas un enfant désiré, je peux comprendre qu’au final il ne lui est pas indispensable et qu’il ne lui manque pas. Et je ne vais pas critiquer ça. Après tout, si le père était un salaud, c’est probable que le fils devienne pareil si on l’a élevé de la sorte après qu’elle ait disparut ou qu’on l’ait probablement tué. Bref. C’est quand même une histoire triste, d’une certaine manière. Ce n’est pas pour autant que je vais l’être, ou compatir. Oui, ce sont les dures lois de la vie et de son cycle. Tout mortel possède des lignes, et ces lignes, ce sont eux qui les choisissent. Jusqu’à ce que l’une d’elle les guide à leur perte ou leur mort.
Ca ne m’empêche pas de rigoler lorsqu’elle m’a sorti bien m’imaginer subir la sodomie au cactus. Ben... avec du poil à gratter en plus, non, ce n’est franchement pas le truc qui me donnerait du plaisir. Mais ça n’empêche que la voir rigoler alors que plus tôt elle avait une tête d’enterrement, ça fait plaisir.
-MMh... Je crois que par dignité, je ne crierais même pas si ça arrivait. Et je foutrais le feu au cactus...
J’ai déjà été couvert de poil à gratter et ce n’est franchement pas agréable. Surtout qu’à ce moment là j’étais entièrement à poil et ça, c’était vraiment pas cool. Bon après c’était suite à une petite crise de ma part alors qu’elle m’avait fait un coup foireux et que j’ai vraiment pas apprécié. Elle m’a fait ressentir tous les plaisirs de l’île et j’ai franchement pas apprécié son coup bas. Comme ce qu’avait fait Erato dans les vestiaires la dernière fois. Après... Ben, j’ai pris sur moi, et je trouve que je suis quand même bien plus calme et moins impulsif qu’au début, à mon arrivée. Enfin bon. Qu’elle me giffle parce que j’aurais dit être une exception aurait été compréhensible. Les hommes, et donc moi-même, ont souvent des pulsions du bas qui ne nous font pas réfléchir. Même s’il peut m’arriver de garder mes pulsions pour moi, c’est généralement notre cerveau du bas qui nous dicte quoi faire par moment. Alors, ça m’a quand même fait rigoler. Pareil pour le coup du « c’est la vie ! ». Bah oui, c’est vrai, c’est la vie et alors ? Puis pour Sword... Non !
-Haha ! Nan ! Je lui aurais dit « t’as pas eu de bol sale gosse ! » ou « T’as vraiment une vie de merde ! » sans me moquer...
Non, je ne me serais pas moqué, il a vraiment eu une vie de merde. De ce que j’ai lu dans son dossier, et oui, il m’arrive de feuilleter de temps en temps les dossiers. Mais parfois y’a tellement de trucs à lire que ça me gonfle. Moi aussi j’ai eu une vie de merde avant de pouvoir prendre ma liberté conditionnée. Mais ça c’est une autre histoire. C’est bien qu’elle ai finit par avancé, au moins, elle a su se relever et c’est bien ainsi. J’ai tourné la tête vers elle pour la regarder longuement lorsqu’elle m’a posé sa question. Analysant un peu la chose et réfléchissant. Sauf que ça me gonfle de réfléchir à ce que je vais faire plus tard ou ce que j’attends pour la suite. Non, en fait c’est pas mon genre de faire des préparatifs.
-Ca ne sert à rien de prévoir parce qu’il y a toujours un truc qui foutra la merde dans les prévisions qu’on a faites. Je vis au jour le jour et j’avance en fonction des journées. Si je me prends la tête pour savoir à quoi je m’attends dans un avenir proche ou lointain, ça va vite me gaver. J’ai juste l’intention de me renforcer un peu, histoire de garder la forme.
Et trainer avec les hiddens c’est plutôt pas mal pour ça, pour gérer ses nerfs et ne plus être aussi impulsif à la première pique. De plus, savoir rester concentré et gérer certains sentiments face à Miley ou Erato m’aidera beaucoup, surtout si je retourne au Tanar’Ri pour butter mon vieux. Peut-être qu’elle se demande pourquoi je veux me renforcer. C’est pas un secret de toute façon. Ils ont déjà faillit m’avoir et heureusement que Miley était là pour les repousser.
-D’arrêter de fuir lorsque j’aurais assez de force pour le faire...
Mais foutre le feu au cactus, ça ne serait pas mettre Miley dans un état... traumatique ? Sans compter qu'ensuite, ça ne résoudrait rien à l'affaire mais elle comprenait que Ryry n'ait aucune envie de subir ça, même en silence sans se défendre. Cependant, comme elle ne pensait réellement pas qu'une telle chose pourrait arriver de sitôt, elle ne risquait pas de s'en inquiéter. Et puis entre prendre le parti de Miley et celui de Ryry, elle avait déjà fait son choix. Qu'elle tairait pour le moment. En tout cas, elle n'irait jamais provoquer l'esprit sylvestre jusqu'au point où elle pourrait avoir envie de lui faire subir un tel pareil.
Bien sûr, il fit en sorte d'essayer de trouver une réponse assez spirituelle qu'il pourrait dire à Sword au lieu de "c'est la vie" mais elle était aussi bancale que la réplique vide de sens qu'il lui avait dite. Mais qui montrait un peu plus la désolation que ce serait si le draco-liche souffrait d'un quelconque accident un temps soit peu dramatique. Pas qu'elle le souhaitait de toute manière, c'était toujours une mauvaise idée de souhaiter du malheur à des gens proches de vous même de façon géographique. Les conséquences pouvaient rapidement vous retomber dessus et franchement, elle en avait assez à faire avec elle-même pour ne pas vouloir s'occuper des autres.
Elle se cherchait encore. A moins qu'elle cherchait simplement à être moins seule.
-Je ne sais pas s'il apprécierait mais au moins, cela montre davantage de sollicitude que "c'est la vie". Je trouve qu'il y a toujours un air méprisant derrière ces petits mots. C'est pourquoi je n'apprécie pas cette expression.
Elle faisait sonner des notes de façon aléatoire sans que cela ne fasse pour autant discordant.
-Et je crois que nous sommes tous plus ou moins des cas par ici. Avec des histoires lourdes faites pour nous donner des caractères s'il ne sont pas particuliers ou moins pas très normaux.
Erato continua son petit manège alors que son tuteur mettait en place une réponse à sa question plutôt indiscrète. Mais de toute façon, Ryry était là pour se mêler de sa vie et de ses faits et gestes alors il n'y avait pas de raison pour qu'elle n'en fasse pas de même. Au contraire, elle allait même se faire un devoir de tout découvrir sur le démon et ce même si celui-ci ne le voulait pas. Ça serait un nouveau jeu pour elle et vu combien de temps pouvait exister un être pareil, ça serait quelque chose de tout découvrir.
C'était tout. Tout ce petit discours juste pour presque parler haltérophilie. Elle se leva, faillit trébucher sur un caillou. Ah quand même, Ryry rajoutait quelque chose. En faisant le mystérieux parce que sinon, ça n'était pas drôle.
-Si penser à l'avenir te "gave", comme tu le dis si bien, tu devrais faire des kilos de plus. Tu n'as rien d'un véritable flemmard et si tu t'entraînes, c'est que tu t'attends à quelque chose de grave. Ou que tu comptes faire quelque chose de grave.
Erato posa sa lyre, se mit à dessiner grossièrement avec ses lames de vent des petits bonhommes qui se tapaient dessus. Puis l'arrivée d'un colosse qui les tuait tous jusqu'à tomber sur un bonhomme qui l'arrêta et le tua.
-Qui veux-tu donc éliminer à ce point ? Personnellement, si en revenant à mon époque chez les miens, je pouvais mettre fin à l'existence d'un être ce serait mon père. Le Roi des Dieux pour que son fichu royaume barbare s'effondre avec lui.
Elle avait un sourire plutôt flippant maintenant, preuve que si elle avait pu, ce serait fait depuis longtemps. Elle émit même un rire froid, signe que le sentiment qui la faisait tenir d'habitude revenait en force. En même temps, il suffisait de penser à des gens comme Zeus pour finir sur les nerfs. Merci à Ryry de lui avoir rappelé qu'elle n'avait pas encore réalisé son véritable rêve. Outre celui de trouver quelqu'un pour ne plus jamais être seule.
-Quant à l'avenir, je le vois mort comme tout le reste. A la fin, il n'y a que lui. Ou elle. La Mort. Mais je n'en ai plus peur. Je pense que c'est avantage non des moindres quand on sait que tout finit par s'arrêter.
Elle allait quand même éviter de parler du grand amour. Surtout avec un démon.
Je doute fort que Sword apprécie en effet la façon dont je pourrais dire les choses avec lui. Mais je suis pas du genre à y aller avec des pincettes. Et je me moque bien de ce qu’il peut bien ressentir. Je suis certain de toute manière qu’il serait très amusé par mes répliques. Ou qu’il le prendrait assurément mal. Peu m’importe en réalité. Je ne suis pas là pour me faire des amis. Seulement pour faire mon travail... En partie. Je dois bien ça aux directeurs après tout. Ceci dit, j’écoute calmement ce que pense Erato de ce que j’ai dis plus tôt. Soupirant en fermant les yeux.
-Mh ! Ouais ! C’est un peu trop facile de dire ça. J’admets. On a chacun eu nos merdes, pas la peine d’en rajouter en récupérant celle des autres. C’est ce à quoi je pense. Alors oui, c’est peut-être une attitude basse ou hypocrite, vas savoir. Mais la vie qu’on a vécu, celle qui est parfois cruelle et sans vergogne avec nous, c’est elle qui nous a forgée. Donc... C’est la vie. Quand tu pars du principe que la vie est une belle catin qui te fait bouffer une bonne tartine de merde chaque matins, là tu peux comprendre que parfois, on en devient insensible.
Ce n’est pas contre elle, bien évidemment. Je compatis à sa douleur, à ce qu’elle a vécu par le passé. Seulement je ne suis pas empathe au même point que Miley peut l’être avec les autres. Puis, je suis un démon, bon sang ! En tout cas, elle ne manque pas de répartie la petite Erato. J’ai bien rit à cette petite remarque sur le fait que nous soyons tous des cas.
-Oui, j’ai l’impression que cette école regorge de personnes possédant un passé assez marquant... Remarque, comme tu l’as dis, c’est ce qui fait notre force et notre caractère. Et le problème, c’est que malgré le fait que cette école regorge de créatures au lourd passé, aucun de nous ne fait confiance à l’autre. Ca ne change pas tant de l’autre côté de la presqu’île finalement...
On pourra être différent, vivre longtemps, avoir des familles différentes, on restera toujours ce que nous sommes. Nous ne seront pas tous soudé de la même manière, nous n’auront jamais confiance, parce qu’aussi bonne que peut être la vie, elle peut aussi s’avérer dure et nous montrer qu’il est parfois rude de faire confiance à l’aveuglette à un étranger, même notre propre famille. Tôt ou tard, on finira par être trahi, peu importe la manière dont on le devient. J’ai fermé les yeux en soupirant. Mais lorsque j’ai senti qu’Erato s’était levée j’ai ouvert un oeil. Voyant qu’elle faillit trébucher j’ai utilisé un peu ma psychokinésie pour lui éviter une chute douloureuse, sans trop faire grand chose bien entendu. Juste de quoi lui permettre d’éviter de tomber. J’ai gardé tout de même les yeux sur la demoiselle, l’observant en silence parler et en même temps faire des formes, des dessins dans le vent. Puis j’ai sourit doucement. Refermant les yeux, gardant tranquillement mes bras derrière la tête. Peut-être que je m’apprête en effet à faire quelque chose de grave. Peut-être que je me ferais tuer là-bas au final. Je ne vois pas comment je pourrais réussir à passer l’escorte de mon père, ses généraux, mes frères et lui-même. Sans compter ses multiples épouses démoniaques.
J’ai rouvert les yeux pour fixer la demoiselle lorsqu’elle m’a posé la question auquel je m’attendais. Mais en écoutant la suite de ses propos, je n’ai pas pu m’empêcher de rire brièvement. Avant de finalement esquisser un sourire.
-Haha ! Bienvenue au club dans ce cas !
Le message est clairement passé. Bien sûr, ce n’est pas son père que je veux tuer, mais le mien. Elle veut tuer le roi des dieux, et moi le roi du Tanar’Ri. Quelle étrange coïncidence tout de même. J’ai finit par me redresser et me relever pour lui faire face. Gardant un léger sourire amusé. Pas par elle bien entendu, seulement par notre but commun plutôt ironique. Je me suis approché d’elle et j’ai pris son menton en posant mon pouce sur ses lèvres pour qu’elle se taise un instant. La regardant sérieusement. Fronçant les sourcils. La par contre, voir un avenir mort. C’est un peu gros.
-Tu vas encore le prendre mal... Mais c’est que tout a une fin, Erato... Seulement, si tu vis, tu devrais profiter de cette vie qui t’es offerte. Tu dépasses même le cycle lui même en ayant la possibilité de te réincarner sans oublier tes souvenirs de ta vie antérieure, pourtant tu penses encore à mourir ? Serais-tu ‘libérée’ si ton « père » venait à mourir ?
J’ai finit par enlever ma main de son visage, lentement. Et je suis resté planté devant elle en attendant une réponse de sa part. La fixant sans ciller.
-Je rectifie... Si tu tuais ton père de tes propres mains...
Heureusement qu'elle n'attendait plus aucun miracle sur la façon de parler de son tuteur parce que sinon, elle aurait été divinement déçue. Pas que son discours manquait de sens, non non, au contraire, ce qu'il disait était plutôt logique. Mais la vulgarité, par les dieux, la vulgarité... Était-ce si compliqué de donner son avis sur un sujet sans passer par des mots aussi sales. Ou en tout cas, Ryan les rendait sale. C'était éprouvant tout de même qu'il ne puisse faire attention. Elle retint un soupir, il ne fallait pas qu'elle le prenne pour elle. Même si en tant que Muse et poétesse, c'était très difficile d'ignorer à quel point Ryry était nul au maniement de la langue. Par contre, pour le muscle qu'il avait en bouche, c'était autre chose, elle le savait. Mais pas qu'elle voulait réellement s'en rappeler.
-Tu n'es pas insensible mais tu voudrais l'être. De toute façon, en côtoyant des gens tous les jours, en étant social, on ne peut pas être insensible. On oublie parfois quelques émotions sur le moment mais elle savent revenir. Je suis une Muse, une des mieux placés pour l'affirmer.
Jouer de la lyre en parlant de cela l'aidait à ne pas retourner dans la déprime. Elle n'était pas tout à fait mieux mais cela finirait par venir. Ryry aidait bien, sans le savoir. Elle n'allait pas lui dire merci pour son aide par contre. Reconnaître qu'elle était redevable, c'était pas son truc.
-Et je pense que tu exagères. Nous ne nous faisons pas totalement confiance, il est vrai mais tout de même assez pour nous parler de nos passés. Nous avançons encore, c'est juste que nous le faisons à notre rythme. Toutes les blessures se soignent. Parfois moins bien que d'autres mais il y a toujours un moment où elles sont beaucoup moins douloureuses. Et tu le vois bien, ton passé est assurément une plaie moins béante à l'heure actuelle.
Erato se doutait que Ryan pensait au pire. C'était une habitude chez les êtres comme eux qui avaient tellement souffert qu'ils ne savaient plus voir que vivre, ce n'était pas que souffrir. Vivre contenait des milliards de petits détails à la fois doux et douloureux. Et elle avait bien compris une chose : si elle ne voulait pas totalement sombrer dans la folie et l'horreur, elle devait se souvenir du bon. La caresse du vent, la brûlure du soleil, le parfum des fleurs, le plaisir du sexe et de la nourriture. C'était si facile, trop facile même de s'arrêter et de rester statique. Mais ça ne sauvait pas. Et cela aussi, elle l'avait bien compris, si elle voulait s'en sortir, elle devait aussi faire tous les efforts possibles pour se sauver elle-même. Peut-être un jour, il y aurait une main tendue qui l'amènerait réellement à une personne qui pourrait l'aimer malgré toute la rancœur qu'elle pouvait renfermer. Peut-être qu'un jour, cette même personne la laisserait. Mais en attendant, elle aurait eu un temps de bonheur. Parce qu'au fond, c'était ce qu'ils cherchaient tous avant la vengeance, le pouvoir et la haine. Mais ils l'oubliaient souvent.
Elle l'avait percé à jour, aussi. Rien que son rire le lui confirmait. Ryan cherchait la vengeance ou la justice, qu'en savait-elle vraiment ? Bienvenue au club ? Elle secoua la tête avec un rire à son tour. Comme quoi, elle pouvait tout de même être sur la même longueur d'onde que son tuteur quand ils s'embêtaient pas l'un l'autre. Ses pauvres dessins de vent ne donnaient sûrement pas toute l'ampleur du combat que pensait faire Ryry mais ce n'était pas l'idée non plus. Le dessin, ça n'avait jamais été son truc de toute façon, elle savait apprécier une oeuvre mais au-delà de cela...
-J'y suis depuis un moment, comme toi. Par contre, impossible de dire lequel de nous deux y est entré en premier.
Elle ne s'était pas attendu par contre à ce qu'il la touche. Elle ne se raidit pas alors qu'il osait poser sa grosse patte sur son visage pour la faire taire en plus. Commençait-il à chercher les ennuis ? Parce qu'elle était quasiment remontée à bloc et qu'elle n'aurait aucun mal à vouloir le frapper s'il montrait encore une envie de lui enlever sa voix. Elle écouta son nouveau discours, un sourcil levé. Tout de suite, elle allait le prendre mal... Il la prenait pour une gamine ou quoi ?
-Je ne pense pas à mourir, je dis que je n'ai pas peur de la mort, nuance. Et je me permets de te rappeler qu'en tant que Muse, à mon époque, j'étais éternelle alors briser le cycle avec mes réincarnations. Ce n'est plutôt que justice malheureusement que je puisse renaître ainsi à l'infini.
Elle alla s'asseoir sur le gros caillou sur lequel elle l'avait trouvé allonger en arrivant, en tailleur pour vérifier ses petites blessures qui ne resteraient pas si longtemps. Et ne laisserait aucune marque. Elle n'avait jamais compris que peu importe les dégâts qu'elle pouvait prendre, la seule cicatrice qu'elle portait était celle de son enfantement.
-Et je ne cherche pas à me libérer. Je suis libre d'une certaine façon puisque je suis déjà tellement loin d'eux. De lui. Mais mes sœurs, ses autres femmes qu'il viole sans aucun état d'âme parce qu'il est le "Roi des Dieux". Tous ces hommes, tous autant qu'ils sont mériteraient qu'on leur la coupe... Ou mieux... De finir esclaves sexuels.
Ce serait du chacun son tour, œil pour œil, dent pour dent.
-Je ne le ferai pas pour moi.
Elle l'observa longuement.
-Et toi, le ferais-tu pour toi ou pour d'autres ?
A chacun son tour de poser la question, n'est-ce pas ? Il l'amusait à faire un peu la statue là. C'était pas si grave comme sujet, le meurtre. C'était le principe même de la nature, tuer ou être tué, manger ou être mangé.
-Et si tu le faisais, serais-tu libre ? Serais-tu en paix ? Te laisserais-tu vraiment vivre ?
Parce qu'elle était certaine qu'il ne faisait que survivre.
-Côtoyer des gens tous les jours ne veut pas forcément dire qu’on est sociable...
Je voudrais bien être insensible, c’est sûr ! Seulement, je ressens bien trop de choses pour l’être, je suis un démon, mais avec une part d’humanité, il m’est impossible de ne pas avoir de remords ou même de ne pas être triste. Puis, même les démons les plus cruels peuvent pleurer, alors bon. Et puis, quelle plaie si j’avais été si insensible, je n’aurais pas pu autant prendre mon pied et jouir de toutes sortes d’orgasmes ! Non mais sérieusement. Puis personne ne peut être insensible. Le degré e sensibilité est selon la personne différente voir même très longue à atteindre. Mais il y a toujours une couille quelque part et un point faible. Personne ne peut en réchapper.
-Personne n’est insensible, pas même moi. Y’a seulement des degrés plus élevés que d’autres. Et je sais très bien que tu es capable de faire ressortir les pires sentiments, comme les meilleurs, mais ça c’est autre chose.
Je l’ai calmement regardé jouer de la lyre avec un petit sourire. Avant que nous reprenions notre petite conversation. Je n’exagères pas vraiment la chose. Nous ne nous faisons pas confiance, et certains parlent de leur passé pour jouer leurs victimes. Certains arrivent à donner plus facilement confiance à l’autre. Mais je doute que parler de son propre passé soit une clé à la confiance. Sincèrement. J’ai baissé les yeux, puis les ai fermés. Tout en l’écoutant calmement, toujours allongé dans l’herbe les mains derrière la tête. Puis, j’ai regardé le ciel l’air pensif. Peut-être qu’elle a raison... Il est possible de refermer certaines blessures qui ne se voient pas. Ou de les oublier. Pour ne plus y penser ou se souvenir que c’est douloureux. J’ai froncé les sourcils en prenant un air renfrogné. Si jusqu’alors j’avais l’air d’être un connard, ça n’a pas toujours été ainsi. Du moins, en l’espace d’une courte période.
-A notre rythme, comme tu dis... Les plaies finissent par se refermer au bout d’un moment... Et parfois elles s’ouvrent à nouveau lorsque nos souvenirs nous rappellent nos erreurs passées. C’est ce qui nous fait avancer. Ou ce qui peut nous freiner si on n’arrive pas à se relever.
Je levais ma main vers le ciel, regardant mes doigts un instant, la mine renfrognée et mes pensées divagant. Je repensais la dernière fois où j’ai veillé sur Miley lorsqu’elle s’est endormie de fatigue après l’avoir ramené chez elle... Après cet incident où elle a pété un câble. Ses pouvoirs de télépathie sont vraiment puissant, et mélangé à son empathie c’est encore pire. Je la plains un peu qu’elle en arrive là. Mais je serais toujours là pour l’aider et faire en sorte qu’elle maîtrise ses pouvoirs. Seulement, cette nuit là... J’ignore pourquoi ça m’est soudainement revenu mais ça m’a fait mal. J’ai plissé les yeux et serré les dents avant de resserrer mon poing en l’air et de soupirer en rabaissant le bras. Fermant les yeux calmement. J’écoutais la forêt s’exprimer, et la lyre qu’Erato faisait vibrer en jouant sur les cordes. J’ai sourit doucement en gardant les yeux fermés. Vrai qu’il est difficile de savoir lequel de nous deux est vraiment entré au club en premier. Ceci dit, je crois que je bas le record.
-C’est simple ! Je n’ai jamais été considéré comme un fils aimé depuis ma naissance, elle n’était ni désirée, ni appréciée par les autres démons. J’étais... Un esclave et un déchet, une hérésie si on peut dire. Dès ma plus tendre enfance. C’était, « démerde toi avec tes pouvoirs, bats toi pour rester le plus fort et sois la fierté d’un père qui ne sait que te faire des misères et te rabaisser toujours face à tes autres frères qui sont, eux, de véritables pourritures ».
J’ai trimé comme un malade pour arriver à être un garde du corps respecté et redoutable, parce que je faisais la misère aussi à mes frangins et les généraux qui m’apprenaient à me battre en me démerdant. L’avantage, c’était que j’avais une certaine force et jugeote que les autres n’avaient pas. Je devais tenir de ma mère. Même les rares Cambions que j’avais pus croiser, avaient un certain tact, voire, étaient de vraies pourritures au service d’autres pourritures. Moi, je m’en foutais de la vengeance, je voulais être libre et avoir la paix. C’est surtout pour ça que je veux butter mon paternel. J’ai rigolé doucement en repensant un peu à mon enfance. J’en ai chié à mort ! Mais c’est grâce à ça que je suis encore en vie, en quelque sorte. Puis aussi grâce aux directeurs et à Miley.
-T’as pas tort là dessus ! Y’en a un paquet qui mériterait vraiment à ce qu’on la leur coupe. Le truc c’est que j’ai pus rencontrer des hommes qui n’ont pas tous un cerveau entre les jambes. Ceux-là sont rares.
Après, si Erato se complait de cette manière et qu’en un sens elle se considère libre, tant mieux pour elle. Pour ma part... Si je sors de l’île, j’aurais de nouveau les chiens de mon père, et je ne pourrais pas avoir la paix. Je devrais encore une fois me cacher, et faire en sorte d’éteindre mon aura de telle sorte à ce qu’on ne me retrouve pas. Là, pour l’instant, j’ai la paix. Mais combien de temps ça va durer ?
-Hin ! Si je tuais mon vieux ? Il faudra d’abord que je bute mes frères et sœurs, que je tue ses généraux, et ses femmes pour ensuite l’atteindre lui. Après, j’aurais encore moins la paix parce que j’aurais pris une place qui ne me convient absolument pas et que j’aurais les autres seigneurs de l’autre plan qui voudront me prendre ce que j’ai récupéré en butant mon vieux. Ce que je veux, c’est avoir la paix sans avoir à être pourchassé pour être ramené à mon vieux parce que je l’ai contrarié en jouant aux courants d‘air. Mais le faire pour d’autres... ? Désolé d’être un salaud hypocrite, mais même pas en rêve. Je galère déjà assez avec mes propres problèmes de famille alors si en plus je dois me taper ceux des autres, non merci !
Mon père est l’un des seigneurs des disques inférieurs du Tanar’Ri, Graz’zt, il possède le plus imposant des domaines des enfers et il a déjà capturé une déesse, puis il a des millions de démons à sa botte. Alors si un jour j’arrivais jusqu’à lui, c’est que je serais sacrément balèze. Chose qui me sera surement impossible.
Tout ceci était bien sérieux, trop même. Elle avait presque l'impression qu'ils étaient décidés à se déprimer l'un l'autre. Entre les émotions dont ils ne pouvaient ignorer les sirènes ou même réellement mettre entre parenthèses et leurs paternels qui lui pourrissaient l'existence d'une façon ou d'une autre. Bien que sur ce point, elle était moins impactée que lui puisque son père était dans une autre dimension, dans un autre temps, à régner en maître des Dieux, titre qu'il avait sûrement mérité un temps mais plus au moment où elle avait plus ou moins quitté les siens contre sa volonté.
Ajouter à cela les blessures du passé et vraiment, ils étaient tombés dans la conversation la plus sérieuse et la plus démoralisante du monde. Le fait étant que de base, elle n'avait pas eu le moral non plus mais Ryry quand même, il aurait pu éviter de tomber dans ce gouffre de déchéance avec elle. Même s'il était au fond intéressant d'en savoir plus l'un sur l'autre. Cependant, elle ne comptait pas réellement utilisé ses informations, tout simplement parce que non seulement, elle ne voulait pas se prendre la tête avec son tuteur mais aussi parce que si elle voulait pouvoir l'embêter de façon légère et presque... camarade, elle ne pouvait le faire.
Ils n'étaient pas amis, ils n'étaient pas ennemis. Ils étaient juste des créatures amenés à devoir s'entendre parce qu'en ce monde, si les créatures en venaient à se tirer dans les pattes, ils permettraient aux humains de tous les détruire. Et très franchement, Erato voulait une mort bien plus noble que cela. Que ce soit une mort éphémère ou définitive. Elle leva la tête pour regarder le démon tout en jouant encore, celui-ci avait tout de même de quoi être sacrément remonté de son côté.
-Cela ferait un paquet de monde à tuer. En fait, quand tu as des ennuis Ryry, ce n'est pas à moitié. Note que ça ne m'étonne pas, tu n'es clairement pas le genre de personnes qui peuvent éviter les gros gouffres même s'ils les voient venir de loin.
Elle commençait enfin à avoir froid. D'ailleurs, ses lèvres étaient presque bleues.
-Pas que cela soit de ta faute, tu n'as pas demandé à naître ou à être ce que tu es. Tu ne peux que faire avec les armes que l'existence t'a donné.
Elle observa Ryan, toujours allongé dans l'herbe, les yeux sur le ciel. Avec sa mine toujours un peu renfrognée aussi, comme s'il se sentait obligé de faire cette tête. Elle s'était de retenu de rire à la fin de son discours. Un salaud hypocrite ? Il se jugeait seul et durement, elle avait autre chose à faire que de jouer la déesse Niké. En fait, toutes ces notions de justice lui passaient par dessus la tête parce que personne n'aurait les mêmes idées sur la question.
-De toute façon, il faut se sauver soi-même avant de vouloir sauver les autres. Quelqu'un avec un temps soit peu de jugeote le saurait. Donc, si tu es un... "salaud hypocrite", c'est selon ton regard actuellement parce que ce n'est pas ce que je pense.
L'on entendait parfaitement les guillemets dans sa voix. Elle se pencha sur Ryan et lui sourit tout en disant.
-Il semble que je ne sois plus assez couverte pour ce temps. Me raccompagnerais-tu jusqu'à l'orée de la forêt ou feras-tu le rocher parmi les rochers ?
Elle était volontairement taquine puisqu'elle voulait les sortir de l'atmosphère morose qu'ils avaient installé. Ils avaient assez parlé cœur à cœur comme ça. Cependant, son cher tuteur pourrait se féliciter, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé d'elle à qui que ce soit, sans se cacher derrière un masque. Il pourrait même s'applaudir. Mais elle ne comptait pas le lui dire, il ne fallait pas non plus qu'il se mette à avoir les chevilles gonflées et la tête que ne passerait plus l'encadrement des portes. Elle se redressa, rangeant sa lyre sur son dos avant de se diriger vers les arbres. Elle faillit tomber à cause d'une caillou rond, se rattrapa à un frêne. Ce n'était décidément pas sa journée à ce sujet, elle allait en avoir des blessures à désinfecter.
J’ai rit doucement à sa remarque, me redressant un peu sur mes mains en tournant ensuite la tête vers elle. Gardant un léger sourire. Je dois admettre que je ne fais pas petit question problèmes. Et j’admets que je ne pourrais pas passer à côté d’un gouffre sans avoir l’envie instantanée de vouloir sauter dedans même si je sais pertinemment ce qu’il y a dedans. Ceci dit, en regardant la demoiselle, je remarquais que ses lèvres avaient pris une légère teinte glacée et je restais calmement à ma place lorsqu’elle vint au dessus de moi, je la regardais fixement. Gardant un léger sourire.. Ecoutant ce qu’elle avait encore à me dire.
-Si seulement je pouvais juste avoir la paix, je m’en branlerais complètement de ce que mon paternel peut bien faire là-bas. Mais faut croire que c’est trop demandé...
Je dois admettre qu’elle n’a absolument pas tort dans ce qu’elle dit. Je fais avec ce que la vie m’a donné et je me juge tout seul sans connaître l’avis des autres dont je me fiche pas mal, c’est juste l’impression que je fais ressentir pour la plupart. Après, qu’elle ne me voit pas comme un salaud hypocrite ne va pas non plus me donner la grosses tête. C’est aussi simple que ça. Mais j’admets tout de même vouloir avoir la paix. Et puis, j’ai légèrement ricané avant de me redressais pour finalement la raccompagner. J’enlevais ma veste et la lui mettais sur les épaules.
-Je te raccompagnes, en attendant garde ça sur tes épaules, y’a une « fonction chauffante » dedans !
Petite blagounette. Mais la veste est effectivement chaude du fait que je la porte depuis un moment, et... Je dois aussi admettre que je suis quelqu’un de « chaud bouillant », donc bon. Avec ça, elle n’aura pas froid, sauf aux jambes. Quant à lui éviter de se casser la tronche encore une fois, heureusement que je suis venu jusqu’à elle pour lui éviter une autre chute. La retenant par le bras en même temps qu’elle posa les mains sur un frêne. J’ai pas rigolé, seulement fallait que je sois un peu taquin alors...
-Décidément ! Tu as vraiment une trop grosse poitrine pour tenir debout ! Ou peut-être que ton oreille interne te joue des tours. Hinhinhin !
J’ai ricané, c’était juste pour l’embêter un peu. Mais je ne pense pas que ce soit ni à cause de l’un, ni à cause de l’autre qu’elle ne cesse de chuter de cette manière. Elle doit tout simplement manquer d’équilibre. Même moi en femme qui ai une poitrine assez opulente, je ne suis pas autant déséquilibrée. Comme quoi la vision des choses peut-être très déstabilisante pour certaines.
-L’équilibre, c’est du travail, tu sais. Puis, ta poitrine n’est pas si grosse, c’est juste une question d’acceptation de la chose. Mais j’admets qu’avec ta taille d’allumette ça peut être déstabilisant en soi. T’as qu’à m’utiliser comme canne provisoire.
Bah quoi ? Je change de sujet et d’essaye de ne plus parler de choses qui peuvent être un peu trop lourdes. Alors je la taquine un peu, puisqu’elle a commencé. Et puis, je lui tends le bras pour qu’elle s’aide de moi comme support pour marcher et lui éviter de se casser la tronche. Sans ça, si elle refuse, je serais toujours là pour la retenir de tomber avec ma psychokinésie.
Bah, il disait vouloir la paix mais ce n'était pas dans l'instinct d'un démon de vouloir vivre réellement en paix. A son humble avis, Ryry disait cela uniquement parce que les ennuis en question étaient trop gros pour qu'il puisse s'en occuper tout seul et en finir avec une bonne fois pour toute. C'était dommage pour lui mais en soi, il y avait toujours des obstacles dans l'existence qu'on ne pouvait franchir seul. Enfin, si un jour, il comptait aller faire un tour pour les exterminer, elle se ferait une joie de l'aider. Pouvoir tuer lui manquer.
Mais elle n'allait pas lui dire qu'elle lui filerait volontiers un coup de main. C'était un homme, il ne fallait pas trop leur en donner.
En tout cas, Erato constata que Ryry n'avait pas donc pas décidé de faire le rocher avec les potes sur lesquels il était installé quand elle était arrivée plus tôt. Il la soutint même alors qu'elle avait failli tomber, lui jeta un regard neutre. S'il avait été en femme, elle aurait déjà eu moins de mal à ce qu'il la touche. Parce que Ryry était le genre de démon à prendre du plaisir partout où c'était possible. La preuve quand il l'avait embrassé dans les vestiaires. Cependant, comme elle finit avec sa veste chaude sur les épaules, elle dit de façon taquine tout en étant prête à se défendre.
-Tant qu'il n'y a pas une fonction "garde à vous" à l'intérieur, cela ira. Merci.
Surtout qu'il se permettait la même chose de son côté, se moquant évidemment de son mauvais équilibre. Elle pinça un peu les lèvres et renifla tout en redressant enfin correctement. Elle épousseta sa tenue pour se donner contenance tout en fusillant ses seins du regard. Il ne devrait pas lui en parler, si ça ne tenait qu'à elle, elle les aurait déjà retirés d'une façon ou du autre. Heureusement qu'elle n'était pas pour l'auto-mutilation, sinon l'affaire serait en effet déjà réglé.
-Ne me parle pas de ses deux trucs hideux de malheur ! Et mon oreille interne va très bien, merci.
Et le voilà qui faisait le professeur. Erato lui lança un regard un peu torve alors qu'elle prenait la route vers l'orée de la forêt sans son aide. Elle n'était pas une damoiselle en détresse, non mais ! Elle faillit bien sûr tomber plusieurs fois au cours du chemin, laissant voir qu'en réalité, elle était si souvent perdue dans ses pensées qu'elle ne faisait pas attention à où elle marchait. Mais en même temps, tout attirait son esprit pour composer une musique et elle était incapable de résister à l'appel. Elle vivait pour composer, jouer, chanter. C'était dans ces moments là qu'elle se sentait le mieux hormis le sexe bien sûr.
-Argh ! Pourquoi le sol ne peut pas être toujours plat ?! Et toi, ne continue pas à faire le professeur. Si j'avais envie que tu me donnes des cours pour marcher sans tomber, je te l'aurais déjà dit, monsieur l'enseignant d'auto-défense.
Un peu excédée, preuve qu'elle avait bien retrouvé son humeur habituel, elle fut soulagée de voir l'orée de la forêt. Elle rendit sa veste à Ryan, lui tapota l'épaule. Puis, par pur amusement, elle l'embrassa chastement tout en lui coupant la joue. Il fallait bien qu'il se souvienne de leur après-midi jusque dans sa chair. Mais elle le fuit avant qu'il ne puisse approfondir la chose s'il en avait eu envie. Elle ricana doucement, fit une petite courbette.
-A la prochaine Ryry. Oh, une dernière chose : tu devrais aller tirer un coup comme disent les jeunes, tu es frustré.
Et elle partit en passe-muraille, riant encore de sa petite blague.
Et ma virilité. Mais je ne préciserais pas ce détail. D’autant qu’elle pourrait ne pas apprécier. Bon, je rassure quand même que je ne bande pas. C’était juste une connerie de ma part, vu qu’on est sur les boutades, autant rester dessus. Puis, je suis sûr qu’elle prendrait le « garde à vous pour moi » du genre qu’elle est toute puissante. Enfin bon. J’aime bien la taquiner. Puis je trouve qu’on ne s’entend pas si mal au final. Moi qui pensait qu’on se friterait à chaque fois qu’on se verrait comme les autres fois. Surtout qu’elle a carrément plus de level que moi à ce niveau là, si elle le souhaite, elle peut me faire faire ce qu’elle veut par le simple son de sa voix.
Je les trouve pas si hideux que ça moi ses seins. Cependant, la façon dont elle est elle-même dégoûté de son physique m’a fait doucement ricané. Cependant, elle ne devrait pas être aussi négative envers elle-même. Je la suivit jusqu’à la sortie de la forêt en l’observant. En fit, ce n’est pas tant à cause de sa poitrine qu’elle tombe, c’est surtout parce qu’elle semble bien trop distraite, et du coup elle ne fait pas attention où elle marche. Je suis venu à côté d’elle pour simplement me mettre à son niveau, si elle ne veut pas de mon aide pour marcher je ne vais pas la forcer à me tenir le bras.
-T’es trop distraite... Un jour tu vas finir dans une crevasse avec les jambes cassées si tu ne fais pas autant attention à ce qui t’entoure. Je dis ça pour toi. Après –et encore heureux– je ne suis pas ta mère pour te dire comment marcher et te comporter.
J’ai ricané doucement ej m’arrêtant et la regardant avec un petit air taquin. Constatant qu’elle allait finalement partir j’ai repris sa veste pour la garder sous le bras et j’ai eut un bref blocage quand elle est venu m’embrasser. Fronçant les sourcils et la regardant alors que ma joue se mit à saigner. Par réflexe, j’aurais eut un mouvement de recule pour l’esquiver, mais je savais qu’avec elle ce n’était pas nécessaire. Seulement je ne m’attendais pas à ce qu’elle fasse un truc pareil sous mon apparence masculine. Moi qui pensait qu’elle préférait les femmes. Et je comptais pas approfondir quoi que ce soit. La fixant dubitativement alors qu’elle me sorti une connerie avec un « C » qui ne passait pas les portes. Puis j’ai repris mon air ronchon.
-Pff ! Aucun rapport ! Fais attention à toi cocotte ! Ne te casse pas trop la tronche !
Je l’ai regardé partir et disparaître à travers les murs de l’école et j’ai repris ma route jusqu’à chez moi.
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Sujet: Nope! La flemme de me prendre le chou avec toi! (Erato) 
Mar 1 Déc - 13:22
