Je marchais pieds nus sur la plage. Il faisait encore un peu frais pour moi, mais je me disais que vu ce qu'il m'arrivait, il fallait que j'en profite. Et puis c'était le printemps alors je n'allais pas faire la chochotte qui venait des déserts et qui n'arrivait pas à mettre ses jambes nues tant qu'il ne faisait pas plus de vingt-huit degrés. Alors j'étais donc vêtu d'un bikini rouge et argent tout mignon (j'avais à peine un bonnet B de ce qu'on m'avait dit au magasin) et d'un paréo de la même couleur. Dans une besace que j'avais en bandoulière, il y avait un short en jean au cas où et un débardeur blanc ainsi que mon éternel manteau en cuir rouge. Je tenais mes spartiates dans ma main libre, l'autre tenait le bâton d'une sucette que je léchais nonchalamment, les yeux sur la mer.

Et mine de rien, je réfléchissais à ce qui m'était arrivé. Parce que hier soir, en me couchant seul chez moi parce que je devais aller travailler très tôt ce matin - on m'avait livré des nouveaux livres pour la bibliothèque de l'établissement - tout était normal. Et au lever du soleil, je m'étais vu pourvu d'une paire de seins et d'un vagin. Je m'étais dit qu'on m'avait maudit et que ça n'allait pas plaire à Eirik mais l'idée avait vite disparu. Pourquoi ? Parce que j'étais dans un corps de femme et que du coup, je pouvais donc expérimenter comment elles fonctionnaient en direct. Alors j'avais annulé mon inventaire de la matinée et j'étais allé chez une esthéticienne humaine.

Enlever mes poils m'avaient bien fait souffrir mais étonnamment, je m'étais senti tellement plus léger sans que je m'étais dit que c'était sûrement pour cela que les vraies femmes le faisaient. Tout fier d'avoir passé cette épreuve sans pleurer, j'étais parti faire les boutiques ensuite et je m'étais fait plaisir. C'était un peu bête parce que je finirai sûrement par trouver le moyen de redevenir un homme mais en attendant, j'avais quand même acheté une tonne d'habits pour mettre mes jolies jambes épilées toutes nues. Je ne savais pas du tout ce qu'en penserait Eirik mais vu toutes les bêtises que j'avais fait... Après tout, j'avais passé plus d'une heure devant le miroir à m'admirer sous toutes les coutures et j'avais fait des... des choses dans la salle de bains.

Je rougis en repensant combien l'eau chaude jaillissant d'un pommeau de douche, ça pouvait être génial sur cet endroit... Bien que je l'avais fait par hasard au début. Mais ce que je préférai quand même, c'était mes cheveux. Bouclés, longs, superbes ! J'en étais bêtement fier !

Finissant ma sucette, je déposai mes affaires sur le sable. J'avais assez pensé comme ça et je finirai par venir voir la solution quand il serait temps. Là, c'était le moment de se baigner et même si je ne pourrais pas le faire longtemps, je voulais en faire l'expérience quand même. De ma voix de femme, je criai un :

-A l'eau ! En avant toute !

Et je courus vers l'étendue marine qui n'attendait que moi.

Alors que je m'éclatais littéralement dans l'eau pour une fois, tout en sachant que je ne pourrais y rester longtemps, je clignai des yeux en sentant le lien s'agitait. Que se passait-il ? Eirik n'allait pas bien. Revenant un peu vers le sable, je m'aperçus alors que je n'étais plus seul, au contraire, une charmante femme à la poitrine des plus pulpeuses était au sec en train de m'observer. Alors que j'allais la héler pour lui dire de me rejoindre pour que l'on puisse jouer ensemble et me hurla dessus d'une voix tonitruante. Mais qu'est-ce qui lui prenait à celle-là ?!

-Non mais ça ne va pas ! Je ne vous connais pas et ma tenue est parfaitement décente puisque c'est un maillot de bains et que je suis à la plage !!!

J'étais outré qu'une inconnue ose me parler de la sorte, déjà que si ça avait été Eirik, je l'aurais mal pris ! Indécent ? Mais vraiment n'importe quoi, qui est-ce qui se mettait une tenue intégrale pour aller dans l'eau à part les plongeurs et les femmes soumises dans les émirats arabes ? Je regagnais la rive à vive allure, attrapait ma serviette avant de me tourner vers la blanche qui devrait se mêler de ses affaires.

-Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton là ! J'avais une bonne journée jusqu'ici et je ne vous laisserai pas la gâcher ! Même Eirik n'aurait pas le droit !

Et là, alors que je n'étais qu'à quelques centimètres d'elle... Que...

-Eirik ?! Toi aussi ça t'est arrivé ?

J'en oubliai complètement qu'il venait de me hurler dessus pour faire le tour de mon vampire ( ou ma vampire ? Non, j'allais rester au masculin parce que sinon, j'allais m'embrouiller et quand il redeviendrait physiquement un homme, il le prendrait mal ) et j'inspectai donc le résultat sur sa personne. J'étais épaté, je ne savais pas quel sort avait plus faire une telle chose mais sincèrement, j'adorai redécouvrir Eirik comme ça. Même si j'étais quasiment certain qu'il avait haï cette nouvelle forme dès son réveil. J'essuyai ma main pour la poser ensuite sur l'un de ses seins.

-T'as de la chance, ils ont l'air magnifique ! Je n'ai qu'un bonnet B, il paraît mais c'est pas si grave, parce que j'ai trouvé pleins de vêtements qui me vont ! Je me suis même fait épilée, tu peux toucher, c'est tout doux !

Tout sourire, je lui racontais tout ce que j'avais fait avant qu'il me rejoigne avant de froncer les sourcils. Parce que je me souvenais enfin qu'il avait hurlé.

-Rassure-moi, tu n'es pas réellement venu me gâcher ma bonne humeur, hein ?

Parce que là, ça serait niet, nada, pas question ! J'avais une chance de m'éclater dans un corps de femme et je n'allais pas me gêner, qu'il le veuille ou non. D'ailleurs, le mieux serait qu'il participe à fond au lieu de faire le rabat-joie. Je le sentais venir, il allait bientôt se montrer chiant.

Que ? Mais il n'allait pas bien ?! Eirik m'avait carrément jeté sur le sable et s'il ne le savait pas, je pouvais lui dire qu'avec une certaine vitesse, ça coupait ! Oh, c'était juste des égratignures, mais en attendant, j'en avais quand même et ça ne me plaisait pas du tout. Il avait complètement perdu un tournevis ma parole ! Et en plus, il vint s'installer sur moi en me maintenant les poignets ! Non mais c'était lui qui devenait indécent, on était sur la plage de l'établissement et il donnait l'impression qu'il allait me violer ! Et il me faisait vraiment mal cet abruti ! Oui, là, c'était juste un méchant abruti.

-Mais qu'est-ce qu'il te prend ? Tu me fais mal, arrête !

Son petit discours eut le don de me donner réellement envie de m'énerver mais si je rentrais dans son jeu, on risquait de s'écharper devant les étudiants... Quoiqu'il semblait que pour le moment, il n'y avait personne et c'était tant mieux parce que j'étais certain que vu de l'extérieur, la scène devait vraiment porter à confusion. Il fallait vraiment qu'il se calme donc j'inspirai à fond, même si j'étais incapable de me montrer docile là. En même temps, il y avait de quoi, je n'avais rien fait et il m'agressait.

Cependant, le fait que ses seins frottent contre les miens et l'absence de sa virilité me donna envie de sourire. J'avais tellement envie de voir à quoi il ressemblait. Peut-être que si je le caressais dans le sens du cheveu, il me laisserait faire.

-Je ne vois pas de raison de s'inquiéter, non. Après tout, ça aurait pu être bien pire qu'un simple changement de sexe. En plus, je suis certain que c'est temporaire. De plus, je peux étudier le corps d'une femme en direct alors évidemment que je suis content, tu sais bien combien j'aime étudier, c'est une occasion unique dans son genre ! J'espère même avoir les règles !

Je repris un air plus sérieux pour la suite.

-Quant à la façon dont je te parle, ça s'explique parce que tu m'as crié dessus comme si j'étais ton chien. Et ce n'est pas le cas. Enfin, si tu ne veux plus me toucher, je ne sais pas ce que tu fais sur moi.

Hum, je devais faire attention, j'étais en train de devenir froid et cassant mais c'était qu'il me cherchait vraiment en l'occurrence. Et le pire, ce fut qu'il en rajouta. J'eus une telle envie de le frapper que je m'étonnais qu'une main de fumée n'ait pas naquis pour exaucer mon souhait. Je me changeai en fumée pour me reformer debout devant lui mais avec une certaine distance pour le voir venir, près à le fuir.

Il avait réussi à tout gâcher et le pire, c'était que je n'étais même pas surpris. Juste aussi en colère que lui.

-JE NE M'EXHIBE PAS !

Je serrai les poings.

-Tu m'as vu en monokini ? Non ! Tu m'as vu faire en sorte que tout le monde me voit ?! Non ! Parce qu'il n'y avait personne à part moi sur cette foutue plage avant que tu arrives comme une banshee et que tu hurles à toutes les brises ! Alors tu vas me faire le plaisir de te calmer parce que là, aujourd'hui, je ne vais pas te dire ave maria et me rhabiller ! Compris ?

Et tant pis si ça ne lui plaisait pas ! Je n'avais pas envie de supporter son autoritarisme à deux pistolets ! Merde alors, il avait vraiment tout ruiné et je ne savais pas ce qui me retenait de lui faire comprendre que je pouvais lui faire mal moi aussi ! Un coup d’œil à mes poignets me fit savoir que j'allais avoir des bleus et je n'imaginais pas l'état de mon dos. C'était juste un crétin ! A moins que ce soit les hormones mais même, ce serait trop facile de lui donner cette excuse. S'il était aussi con, c'était qu'il le voulait bien.

-Et si tu veux savoir, je me suis masturbé ce matin et putain, c'était bon !

Je m'en fichais que quelqu'un d'autre entende ça.

Qu'est-ce qui lui prenait de sourire comme ça en se relevant ? Je sentais le piège tendu, il savait quel effet il me faisait avec cet air là, c'était forcément fait exprès. Le sale tricheur ! Oh, que j'étais remonté. En plus, il arrivait à être sexy tout en se redressant, ça n'était pas juste, je n'avais pas encore le coup de main pour ça, moi. Pfff, j'oscillais entre colère et envie de pleurer maintenant... J'étais certain qu'il allait y arriver.

-Je suis juste moi... Je comptais même te proposer qu'on fasse l'amour comme ça toi et moi...

Mais vu comment il réagissait, j'en avais plus envie. Surtout que son masque se fendillait et qu'il était bel et bien en colère lui aussi dessous. Pourtant, ce n'était pas juste, je n'avais rien fait de mal ! Pourquoi avait-il fallu qu'il soit aussi dominateur, hein ?! Sur certains points, je ne disais rien mais là quand même. J'étais juste en maillot de bains ! Comme n'importe qui le ferait sur une plage ! Et puis qu'est-ce qu'il avait avec mon corps ?

-En fait, je suis tout moche en femme, c'est ça ?

J'avais les larmes aux yeux après qu'il ait crié. Il me trouvait moche. Je resserrai ma serviette autour de moi. Je ne m'étais pas pris une grande beauté mais là... Pourquoi...

-Pourquoi t'es aussi méchant ? J'avais passé une bonne journée, j'étais tout content pour une fois... Et toi...

C'était fini, j'étais passé de la colère aux larmes et j'étais juste fatigué. Puisque j'étais hideux comme ça et bien je resterai chez moi et je n'en sortirai plus. Je ne gênerai personne, pas même lui. Ma fumée commença à rassembler mes affaires alors que je refusais de le regarder.

Au final, je lui fis même le plaisir de me rhabiller et je commençai à m'éloigner. Et dire que j'avais acheté toute une garde-robe... Tant pis, je ne la mettrai que pour moi, de toute façon, on disait bien qu'on s'habillait d'abord pour soi et ensuite pour les autres.

-Pas la peine de venir me voir... Je ne voudrais pas te rendre malade.

J'aurais dû m'attendre à ce qu'il ne me laisse pas partir tranquillement, c'était tout lui ça. Après tout, il avait l'avantage alors il fallait bien qu'il continue à pousser. Je faillis lever la main pour le repousser, pensais finalement lui passer à travers, je n'avais pas tellement envie de le toucher. En plus, il n'aimait pas son corps comme il était actuellement alors il n'y avait pas de raison que j'aie envie de l'honorer de mon côté. Pff, j'avais le moral dans les chevilles...

Pourtant, je levai les yeux quand il posa ses mains sur mes épaules. Qu'est-ce qu'il allait encore dire pour me casser le moral, hein ? J'haussai un sourcil, plutôt méfiant maintenant.

-Ah. On aurait pas dit que tu penses ça pourtant.

Mon ton n'était même pas sarcastique mais fatigué. Il allait me laisser rentrer maintenant ? Je me raidis un peu quand il mit sa main sur ma joue. Comment pouvait-il se montrer si doux après avoir été si violent ? Il fallait que je pleure ou que j'aie l'air triste pour qu'il se rende compte qu'il agissait comme un abruti fini ? Il fallait que j'aie l'air cassé pour qu'il voit que ce qu'il faisait c'était mal ?

-Donc maintenant, que je sois beau, c'est aussi un problème ? Et juste comme ça, on va en accumuler combien des problèmes stupides ? Non, que je me prépare mentalement à tes sautes d'humeur pour des choses qui ne devraient même pas énerver une libellule, hein...

Le seul à voir mon corps ? Par les esprits, je savais qu'il était possessif mais là tout de même, ça tournait quasiment à l'obsession. Certes j'étais son Primero, cependant je n'étais pas à ce point sa propriété. Ou en tout cas, ce n'était pas ce que nous avions entendu là dedans. Je supposais que l'amour changeait la donne mais il n'en restait pas moins qu'il ne pouvait pas continuer comme ça. Même si je refusais de le voir trop souvent, j'étais fragile et j'en étais malheureusement trop conscient à mon goût.

-Tu ne peux pas faire ça, Eirik. Tu ne peux pas me refuser de me promener en maillot de bains sur une plage comme n'importe qui le ferait. Tu ne peux pas me mettre en cage parce que tu ressentirais de la jalousie. De la fumée qui étouffe meurt.

C'était peut-être dit de façon brutal mais je m'étais plus ou moins décidé à dire les choses à Eirik sur le moment plutôt que de tout garder jusqu'à ce que ça dégénère. Alors je lui disais de suite ce que je pensais de son attitude. Je ne voulais pas le blesser, je tenais à ses sentiments pour moi. Mais ça c'était trop et il fallait que je me défende maintenant avant de perdre ma liberté. Il n'était pas question que ça arrive. Surtout que je faisais des efforts considérables en ne disparaissant pas des jours dans d'autres dimensions juste pour étudier comme je l'aurais fait normalement. Je restais dans ce monde pour lui, accessible en tout temps ou presque. Alors pas question que les efforts ne se fassent que dans un sens.

Même si sa façon de me dire les choses étaient touchantes...

Et bien sûr, pour cacher sa gêne et son stress, il alluma une cigarette. Sauf que ça ne donnait vraiment pas le même effet de le voir fumer avec une apparence féminine.

-Ça fait presque obscène ta façon de fumer en femme. Non, je ne sais pas comment ça a pu arriver et comment changer la chose. Et pour le moment, je m'en moque complèt...

Je fronçai les sourcils en entendant un tintement et cherchai des yeux d'où il pouvait provenir. Prenant la main d'Eirik pour ne pas le perdre, je l'entraînai avec moi vers la source du bruit pour apercevoir... Un œuf en chocolat avec des jambes ? Et qui nous fuyait en plus. La surprise me fit presque m'arrêter alors que j'avais presque envie de rire devant ce spectacle aussi ridicule qu'amusant.

-Wouah, je n'avais jamais vu ça avant... J'avais oublié que c'était Pâques, les Directeurs nous offre une chasse au chocolat !

Ils étaient vraiment trop sympas les Directeurs.

-Non, je veux dire que ça me donne étrangement encore plus envie de t'embrasser. Surtout ce coin de ta bouche qui se plisse pour faire la moue.

Pour le reste, il n'avait qu'à se débrouiller mais je n'allais pas vivre dans une bouteille pour lui faire plaisir. Sinon, autant demander à monsieur Dragon de me faire une lampe, ce serait plus logique. Et puis, il aurait dû se douter que je ne laisserai personne m'enfermer pas même lui, je lui laissais déjà tellement de pouvoir sur moi. Des fois, je me demandai s'il ne prenait pas l'idée de me soumettre complètement comme un défi. Sauf que c'est un défi qu'il perdrait haut la main parce qu'avant qu'il puisse me faire obéir au moindre de ses ordres, j'aurais fui. Et il ne pourrait pas me rattraper de sitôt si j'utilisais les autres dimensions.

Quant à son côté obscène, il existait aussi en homme mais il se voyait beaucoup moins. Probablement parce qu'une femme qui faisait la tête, c'était plus mignon qu'un homme qui le faisait. Enfin, ça n'avait aucune importance présentement. Il était obscène mais il n'était pas question que je le touche. J'étais toujours un peu blessée de par la façon dont il m'avait parlé. Et j'avais encore mal au dos.

-Il est trop mignon cet oeuf ! Et qu'est-ce qu'il est agile avec ces petites papattes !

Et je ris en entendant Eirik.

-En fait, c'est toi qu'il doit narguer parce que moi, je m'en fiche complètement. En plus, ce serait facile de l'attraper.

Trop même. Je n'avais qu'à changer de dimension en faisant un filet de fumée et l'affaire était cassée. Sauf que je le ferai pas. Parce que si mon vampire avait raison, manger ce chocolat me ferait redevenir un homme et je ne voulais pas du tout retrouver mon apparence masculine. Niet. Alors je gardais une main douce mais ferme sur le bras de mon amant, parce qu'il n'était pas question qu'il coure derrière l’œuf qui de toute façon était bien loin maintenant. Mais toujours en train de faire le clown, ce qui m'amusait.

-Il est vraiment trop chou ! Et les Directeurs sont très gentils ! Ils nous organisent une chasse de Pâques et tu râles. T'es désespérant des fois.

Je le tirai dans l'autre sens pour retourner sur la plage.

-Et puis de toute façon, tu ne l'attraperas pas maintenant. Pas tant que je ne t'aurais pas vu au moins tout nu sous cette forme.

Na !

Oh si, mon cher et tendre - en vérité, même un méchant de jeux vidéos serait plus tendre mais passons - allait rester une femme qu'il le veuille ou non. Ou s'il voulait attraper son œuf, il n'aurait qu'à attendre mon absence mais tant que je serai présent, il n'aurait aucune chance de le faire. J'étais bien plus son ennemi dans cette histoire que ce morceau de chocolat et d'aluminium sur pattes. En plus, il cassait encore des parpaings sur le dos des Directeurs. C'était tout le temps comme ça, dès qu'ils proposaient quelque chose pour nous amuser un peu, Eirik râlait.

En fait, Eirik était un petit vieux ! Et il ne fallait surtout pas déranger monsieur dans son confort... Pfff... Le pire, c'était qu'il n'avait même pas l'âge de monsieur Dragon, non mais vraiment. Je comprendrai mieux d'ailleurs que monsieur Dragon pète un câble plutôt que lui.

En tout cas, maintenant que nous étions de retour sur le sable, je lâchai mon amant comme il me le demandait presque en gueulant. Il devait être sourd aussi en fait.

-Eirik, j'ai dit non. Et crois-moi, si tu veux retrouver ton apparence d'homme, tu auras à attendre que je ne sois pas là parce que je te mettrais des bâtons dans les roues pour que tu restes en femme. Et tu sais que je suis capable d'être très chiant.

Je savais qu'il en était conscient en plus. Je croisai mes bras ce qui fit relever ma poitrine. Oh, c'était génial ces petits gestes féminins qui permettaient de se mettre encore plus en valeur.

-Et arrête de broyer du noir, par Barbe-Blanche. Tu réagis comme un petit vieux qui ne sait pas rire. Tu es belle ! Et si tu n'étais pas aussi négatif et lourd, j'aurais déjà mis ma tête entre tes seins. Pourquoi tu ne veux pas essayer ? Tout le monde a dû y passer dans l'établissement alors joue le jeu ! A moins que...

A moins qu'il n'ait envie de penser qu'à lui. Sauf qu'il était du genre à penser à lui avant puisqu'il voulait m'enfermer et qu'il l'avait dit. C'était seulement parce que ce serait mortel pour moi qu'il ne le faisait pas. Je ne mettrais pas l'amour dans l'équation, je savais à quel point ce sentiment rendait jaloux et possessif. Bon sang, il arrivait à m'épuiser plus sûrement qu'une journée entière à faire un inventaire tant il arrivait à être casse-tête quand il le voulait.

-En fait, laisse tomber. Si tu veux courir derrière, fonce. Moi, je retourne dans la mer.

Et sans attendre sa réponse, je me remis en bikini et je retournai dans l'eau fraîche. Je ne pourrais pas y rester encore bien longtemps mais ça prouverait à Eirik qu'il pouvait dire ce qu'il voulait, je mettrai les vêtements que je voudrais et point. Na !

Tiens donc, le voilà qui me rejoignait. Je le regardai se dévêtir sur le sable, mettant ses affaires à côté des miennes. Il n'y avait aucune extravagance dans la tenue dans laquelle il était, évidemment. Pourquoi ferait-il le moindre effort à ce sujet puisque la situation lui était une vraie horreur ? En fait, il ne pensait pas souvent de façon pessimiste, mon vampire, hein ? Etrange alors qu'il soit mon fort pour que je ne sombre pas dans la dépression. Mais comme je n'arrivais pas à être normal...

Enfin, je me doutais aussi que s'il me rejoignait, c'était que l’œuf avait réussi à se faire définitivement le cartable et que c'était fichu pour mon amant ce jour là. Une bonne nouvelle à mon sens, ça ne pouvait pas lui faire de mal d'être une femme et d'en avoir la sensibilité. Peut-être même qu'il me comprendrait mieux et plus vite après tout... Quoique non... Non. Eirik était trop doué pour être complètement bouché quand il en avait envie. La preuve avec ce qu'il s'était passé tout à l'heure.

-Je ne suis pas surpris. Pas que je te prends pour quelqu'un de stupide mais avoue que des fois, ça t'arrange de ne pas voir plus loin que ton nez.

Et je lui expliquai le pourquoi du moment. Je voulais tout, les données économiques, sociologiques, la façon dont une femme se percevait, dont les autres femmes la percevaient, et tous les problèmes qu'elles connaissaient. Autant sur le plan du travail que des harcèlements. Je parlais donc une dizaine de minutes de tous les critères que j'avais choisi pour mon étude qui était vraiment sérieuse même si bien sûr, comme c'était de moi, ça ne payait pas de mine quand j'en parlais. Puisque je me perdais. Mais à l'écrit, ça aurait vraiment la classe.

-Pour autant, je ne dis pas que c'est extraordinaire, mais c'est une occasion unique de mieux les comprendre. Je ne veux pas les blesser et si je peux éviter de le faire parce que je les aurais comprises alors j'en serai très content.

Et... Pourquoi se mettait-il à sourire ainsi, celui là ? A quoi pensait-il encore ? Il me rapprocha de son corps - il fallait savoir d'ailleurs, je croyais qu'il ne voulait pas que j'y touche ! - pour un baiser sur mon front. J'eus la tentation de mettre ma tête entre ses seins mais je me retins. Comme il s'était calmé, je n'allais pas le remettre en colère. Vu qu'il avait déjà commencé à m'épuiser, s'il explosait à nouveau, il allait m'envoyer au lit avec un mal de crâne.

-Que ? Euh...

Qu'est-ce que ça avait à voir ? Non, il n'était pas en train de me parler de sexe quand même ? Je lui parlais d'un truc sérieux et lui, il me répondait avec un membre qu'il n'avait même pas actuellement. C'était pas croyable... Mais c'était mon vampire. Sauf que j'étais certain d'avoir rougi maintenant que j'avais compris sa bêtise.

-Si, j'en ai connu deux mais je n'ai jamais réellement compris les émotions qu'elles avaient parfois. Je suis bisexuel je te rappelle. Cependant, je n'ai été au bout qu'avec une seule et pas plus de trois fois...

C'était très franc et honnête de ma part.

-Par contre, ça doit être autre chose de faire l'amour à une femme en étant soi-même une femme...

Perdu dans mes pensées, je retournais vers la rive, je commençais enfin à m'effacer. Essorant de nouveau ma chevelure, je réfléchissais à l'idée.

-Me masturber, c'est bien mais... Et puis un pénis dans son corps en temps que femme, ça fait quoi ? Il faudrait que je puisse essayer les deux...

Sauf que bien sûr, j'étais fidèle et que du coup, ces données là, je ne les aurais pas puisque Eirik n'avait pas du tout envie que je le touche. Je me retins de lui jeter un regard torve, ça n'était pas juste, il était nul pour le coup. Pour une fois qu'en plus, on pourrait se découvrir autrement dans le lit, lui ne voyait que les désavantages. Pfff... Je me sentais blasé alors que je m'essuyais pour m'empêcher de m'effacer encore plus.

S'il avait envie de le dire comme ça, pourquoi pas ? Mais c'était étrange qu'il ait besoin d'analyser ce fait sur moi, mon vampire ? Il n'avait quand même pas peur que je parte avec une femme ? Aucune chance, il faudrait déjà pour ça qu'on me séduise et comme j'étais aveugle comme une marmotte à ce sujet... Il faudrait que la personne me dise tout de but en blanc. Comme l'avait plus ou moins fait Eirik et encore, il avait essayé des moyens un peu cruels lui. Je me souviendrai toujours qu'il soit parti sous mon nez avec un autre du bal... Et au fond, pas sûr que je l'ai pardonné pour ça maintenant que j'y pensais.

-Normal, ce serait bête que tu évites cinquante pour cent de la population sur laquelle tu pourrais te nourrir. Surtout qu'il y a plus de femmes que d'hommes sur la planète je crois... Je n'ai pas vérifié les chiffres dernièrement.

La suite fut surprenante, c'était même le moins que je puisse dire. Je me retrouvai dans les bras de mon amant, son souffle frais dans mon cou. Décidément, il était complètement cacahuète aujourd'hui. A moins que ce soit girouette. J'avais envie de me trémousser à cause de ses seins, j'avais toujours envie de plonger ma tête dedans pour voir mais difficile dans cette position. Et j'émis un petit cri de surprise.

Eirik était réellement en train de me tripoter les seins sur la plage alors qu'il avait osé me crier dessus en me traitant d'indécent ? Alors là... Je n'en revenais pas. Je sentais ses baisers le long de mon cou et je frissonnai sans bien savoir quoi faire. D'un côté, j'avais vraiment envie de savoir. Mais de l'autre, j'étais trop conscient qu'il le faisait juste pour me faire plaisir. Et ça, ça me dérangeait énormément. On ne pouvait pas forcer les gens à faire l'amour, c'était une hérésie. Soit j'avais son consentement plein et entier soit rien.

Et puis, je n'avais pas envie de le rembourser pour un truc pareil... Qui savait ce qu'il serait capable de me demander. Je répondis tout de même au baiser tout en lui caressant la joue puis je lui pris les mains pour le repousser, refusant de penser au fait que mes tétons pointaient. Et que ça se voyait.

-Non, arrête. Tu n'en as pas réellement envie et je ne te forcerai jamais à faire quelque chose que tu ne veux pas faire. C'est ton droit et je le respecte. Nous ne ferons rien alors que tu es en zone grise de consentement. Et en plus, on est sur la plage.

Rouge, je repassai mon jean taille basse et ma veste rouge en cuir. Oui, sans haut par dessus. Je remis mes spartiates, son sac sur mon épaule.

-On va chez toi ou chez moi pour le reste de la journée ? Tu as besoin de te détendre et je doute que de rester en public t'aidera à te calmer.

Je tendis la main à mon amant. Avec un sourire en coin.

-Je t'aime, grand blanc pas toujours malin.

Et je pris le chemin des maisons. Avec un peu de chance, ce soir, je pourrais bel et bien dormir dans son opulente poitrine, hein ?

La suite >ici< !