Bon, on devrait pouvoir y arriver. Je n'étais pas plus nul qu'un autre. Sauf que ça n'était pas si simple de recoller des bouts cassés. Par lequel fallait-il commencer ? Pourquoi celui-là plus qu'un autre ? Argh, je me serai bien passé de toutes ces questions franchement. Glacier me regardait d'un air interrogateur alors que je faisais le dîner, allant au plus simple : un gratin de pâtes. Déjà que j'arrivais à bien vouloir reprendre la cuisine, il ne fallait pas trop m'en demander.

Physiquement, ça allait mieux. Plus de cernes, plus de douleurs à la joue ou aux côtes. Bien sûr, je restais encore un peu prudent avec ces zones mais je ne m'en préoccupai pas comme au moment de ma convalescence... Que je n'avais pas mené comme tel par ailleurs puisque j'étais allé bosser. Par contre, ces quelques nuits au cours desquelles j'avais dormi près d'Eirik m'avait fait du bien. Même si je ne parvenais toujours pas à retrouver cette sorte de chaleur que je devrais émaner.

Enfin, tout ça pour dire que le dîner était finalement au four et que Glacier mangeait calmement sa part de saumon en remuant la queue. Je fis courir mes doigts dans sa fourrure tout en sortant mon portable. Et j'envoyais un SMS à Eirik. Je n'avais pas envie de dormir chez lui ce soir mais je voulais qu'il vienne. Ma maison m'avait un peu manqué pendant ces vacances îliennes. Le texto partit avec un deuxième, je finis dans mon canapé en train de lire une histoire érotique pour... Je ne savais pas en fait.

Il ne manquait que lui. Je me demandais s'il avait réfléchi à tout tout. On en avait pas reparlé en attendant que je sois plus en forme.

J'espérai qu'il penserait aux bonbons.

J'avais senti sa présence. Mais je ne m'étais pas levé. Il n'allait pas faire le lâche quand même, je l'avais invité à venir. Et chez moi, c'était chez lui. Et vice de verso. Ou quelque chose d'approchant. Par contre, pour annoncer son entrée, il préféra me piquer mon livre que de simplement dire "bonsoir". Ce qu'il était maladroit à sa façon. Mais c'était presque attendrissant. Et je me sentais bête à être aussi amoureux... Même sans pouvoir le dire. Il n'était pas idiot, le lien devait l'aider à le sentir de toute façon.

-Bonsoir à toi aussi.

Je penchai la tête en arrière pour le regarder alors qu'il était en train de feuilleter mon livre. Un très bon ouvrage que je conseillerai à pas mal de personnes dans la catégorie érotique. Surtout qu'il n'y avait pas que cela. La série Kushiel devrait être dans pas mal de bibliothèque. Encore plus si l'on aimait les histoires un peu sordides. Mais pas que... C'était plus complexe. Comme Eirik quoi. Qui avait le don d'arriver à un passage de sexe, évidemment.

-Je ne me sens pas réellement pervers à lire ça... Disons que j'essayais de me donner... un encouragement ?

J'étais conscient que mon blocage à ce sujet pourrait rester longtemps si je ne faisais pas l'effort de m'en occuper. Surtout qu'avant Eirik, je n'avais pas tellement eu besoin de cela. Je m'en passais aisément même habituellement puisque mes études et mes autres activités quand je n'étais pas dans Mercure. Mais les vampires étaient des créatures très portées sur la chose. Il me l'avait prouvé plus d'une fois. Me revenait en mémoire la fois où j'avais bu ces potions pour garder une endurance à sa mesure. Le désordre qu'on avait fait...

J'en rougis. Ça avait été l'une de mes nuits de sexe les plus folles. Et la plus épuisante. Hum, devais-je le lui dire ? Ça risquait de le rendre encore plus arrogant... Sauf qu'il avait besoin d'être rassurant lui aussi.

-Ça me rappelle mon cadeau de Noël pour toi. On était devenus un peu fou... Surtout moi à cause des potions.

Je me grattai la joue. Glacier se montra alors, sauta sur la table basse. Il lança une sorte de regard blasé à Eirik, miaula une sorte de salut - du moins, je voulais le croire - et il commença à se laver. Bon, au moins, il ne l'avait pas déchiré de ses griffes, j'avais l'impression que mon chat en voulait à mon vampire. En fait, c'était sûrement le cas, je n'avais jamais eu un animal aussi protecteur avec son propriétaire. Enfin, pourquoi pas.

-Tu t'en souviens, toi ?

On en avait jamais reparlés.

Evidemment, j'entendais dans sa réplique une sorte de façon de dire qu'il se proposait de me rappeler ce que c'était de rouler sur le lit avec lui. Sauf que non. Distraitement en le regardant, je jouais avec mon collier tout en récupérant mon livre, marquant ma page avant qu'il ne me la perde. Pas que j'aurais tant de mal à la retrouver mais je me connaissais, je serai parfaitement capable de reprendre ailleurs et de me perdre dans le récit. Or, je n'avais pas tellement envie de cela.

-Bien sûr que tu veux que je te le demande. Et tu aimes encore plus quand je te supplie.

Non mais... Enfin, il ne s'était jamais caché d'être un dominant mon Eirik. Par contre, il avait un peu occulté son côté violent au début. C'était comme si parfois, ça lui faisait par phase... Hum, fallait-il que je regarde le calendrier lunaire pour ne pas être perdu dans son humeur ? Hypothèse à creuser, on ne savait jamais. Sinon... Calendrier... Maya était fini... Enochien ?

J'oubliai un peu mes idées quand Eirik vint se caler contre moi, lâchant la plaque militaire autour de mon cou. Je le laissai jouer avec mes cheveux avec un petit sourire doux, les yeux mi-clos. Essayant de ne pas rire en l'écoutant. Pour finalement rougir encore plus en me tortillant de façon un peu - beaucoup - gêné.

-Ça, je veux bien le croire que j'avais l'air débauché. Je ne comprends toujours pas comment j'ai pu avoir l'idée de te tendre mes fesses de cette manière. Comme si j'avais été un oméga en chaleur.

Merci à Glacier de se montrer en tout cas, il me sauvait de l'embarras total. Même si Eirik resserrait sa prise autour de moi comme si j'allais le fuir. Ah, cette possessivité... Un jour, il trouverait le moyen de m'attacher définitivement à lui et tout le monde pensera que l'on ferait un remake d'Adam et Ève. En mode homo. Et j'avais vraiment de drôles de pensées parce que j'imaginais tout ça dans un théâtre... Mon cas ne s'améliorait pas.

-Allons, il t'a dit bonsoir. Tu n'es pas poli, chéri.

Le mot était sorti assez naturellement. A mon grand soulagement. Je caressai les cheveux d'Eirik tout en faisant des ronds sur son cuir chevelu.

-Dis, un de ces quatre, je peux t'emmener dans une autre dimension avec moi ?

Et je lui expliquai que c'était comme ça que je trouvais le mieux mes cadeaux tout en lui montrant la photo du mouton mauve à pois jaunes que j'avais offert à madame Feuillage pour m'excuser de tous les dérangements que je lui avais fait subir. Je lui fis même savoir les caractéristiques tout en ajoutant.

-Par contre, je ne pense pas en acheter un à Tarô. Sword le mangerait. Oh mais je sais ! Pour Tarô, un katana et pour Sword de la viande de dinosaure !

Excité, je notais cela dans mon téléphone sans jamais avoir cessé de faire courir mes doigts dans ses cheveux. Et mon ventre grogna. Du coup, ma fumée se chargea de nous servir alors que je babillai sur la viande de dinosaure, le cuir, les dents, les ailes de fées, la poussière de diamant, les oranges, les plaques sous-marines, les timbres, les boucles d'oreille... Je m'interrompis enfin en commençant à manger, sans m'être rendu compte que je m'étais perdu et que la suite ne s'arrangeait pas. Pour dire tout de go.

-Je crois que j'ai rencontré la Mort la dernière fois.

Et Glacier miaula.

Franchement, c'était lui le pervers, cela se voyait bien qu'il se remémorait cette nuit là avec un diamant de détails, ne serait-ce que par la façon dont il n'hésitait pas à m'interpeller plus arrière sur le sujet. Mais quelles preuves avait-ils? Aucune si ce n'était ce livre érotique. Et je n'allais pas lui dire que c'était Alphonse qui m'avait initié à la lecture de ce genre de bouquins, sa possessivité ne le supporterait pas bien. Comme souvent quand je laissais voir une relation trop "profonde" avec quelqu'un d'autre que lui.

-Je crois que nous n'avons vraiment pas les mêmes définitions pour certains mots. Mais cela dit, c'est rassurant parce que si tu pensais exactement comme moi, tu me ferais peur. Je pense qu'il vaut mieux que je sois le seul dispersé du couple... Enfin, de cette façon là...

Je n'étais pas sûr d'être très clair. Par ailleurs, si l'on parlait de la relation d'Eirik avec Glacier, je ne dirais pas qu'elle s'était vraiment amélioré. Il fallait bien se rendre compte qu'ils étaient aussi territoriaux l'un que l'autre et que si mon félin avait pu s'exprimer comme nous, ces deux là passeraient un temps fou à se disputer mes faveurs. Même si bien sûr, ils ne voudraient pas les mêmes. Je me retins de secouer la tête devant les dires du blanc accroché à moi.

-Ce n'est pas bien de mentir. Je suis sûr que c'est parce que c'est Glacier. Jaloux.

Mon chat approuva et ça n'allait sûrement pas plaire à ce vampire ronchon de se faire contester de la sorte. Cependant, la suite me fit plisser des yeux alors qu'il se mettait à dire des bêtises. Et puis de quoi je me mêlais ? Je faisais des cadeaux à qui je voulais d'abord, que ça lui plaise ou non. Et même que j'irai donné une houe à un druide, tiens ! Hum... A moins que ce soit une hache... Une pelle ?Une faucille? Flûte traversière !

-J'ai failli le tuer, si les Directeurs ne l'avaient pas soigné, il aurait fait une hémorragie interne mortelle ! Et Tarô serait mort avec lui !

Pas taper. Mais quand il défiait la logique la plus basique, Eirik me donnait envie de faire ça. Incroyable comme il me rendait violent... Ça commençait d'ailleurs à m'inquiéter, je n'étais pas comme ça. Je couvais trop de sentiments négatifs à mon sens. Il m'avait pris une part de mon insouciance naturelle, c'était certain. Parfois elle revenait. Mais pas avec lui. Peut-être devais-je rester simplement adulte avec lui. Cependant parfois, être adulte, c'était juste profondément ennuyeux. Je n'avais pas du tout envie de vieillir comme ça.

Et puis là, Eirik m'interrompit dans mon repas avec une tête... Qu'est-ce que j'avais dit, déjà ? Réfléchissant calmement pour essayer de comprendre son état, je me léchai les lèvres à cause de la sauce des pâtes.

-Une blague... Euh... Non, j'ai vraiment rencontré la Mort. Il est sympa. Il était shooté au LSD et on a joué au poker. J'ai gagné ça.

Je sortis une sorte d'émeraude toute ronde de quelque part et la lui posa dans la main.

-Je ne sais pas si c'est important mais je l'ai. Je pense qu'il vaut mieux éviter de la perdre d'ailleurs. Ça me fait penser à l’œil d'Odin mais la pierre n'est pas injecté de rouge... Je crois.

Je ne l'avais pas étudié plus que ça. Drogué au LSD, j'avais des souvenirs plutôt flou du moment, je me souvenais juste que j'avais passé une super soirée avec lui. Après avoir quitté la bibliothèque et être allé dans un autre monde pour manger. Je repris d'ailleurs mon repas tout en regardant encore ma pierre précieuse. Il faudrait que j'en prenne soin et face attention. Si monsieur Dragon y voyait un intérêt, il me donnerait des ennuis. Ou son fils.

Oui, je n'avais pas raté la présence d'un autre Dragon d'Orefia. Cette forêt était belle... Mais pas pour un Djinn, c'était certain.

-Tu vas bien ? Tu ne veux pas que je me drogue, c'est ça ?

Je rangeai mon émeraude. En gobant des pâtes.

Parce que ma façon d'être était un domaine ? OK... Alors oui, je me trompais complètement dans les expressions mais parfois, Eirik sortait des trucs qui ne voulaient vraiment rien dire. Ou alors, si ça voulait dire quelque chose, j'étais à des comètes de le comprendre. Mais passons, il était inutile de m'attarder sur cela, il voulait que l'on respecte chacun la nature de l'autre je dirais et j'étais plutôt d'accord avec ça. Je ne pensais pas du tout vouloir qu'il change, à part sur sa relation avec Tarô. Cependant, ça, c'était prendre la réalité pour un songe... Ou un truc comme ça.

Et en ce qui concernait Glacier, je préférais ne pas chercher plus loin. De toute façon, quand la jalousie parlait, il était inutile de faire miaou à la raison. Je préférai sourire en écoutant Eirik. Pour une fois qu'il avait l'air gamin, je devais juste en profiter.

-Un jour, il faudra vraiment que tu m'expliques tes inimitiés de façon claire et précise. Parce que ça n'a vraiment aucun sens pour moi ta haine de Sword. Certes, il est dangereux et pas très conseillé comme ami mais c'est un Dragon, c'est leur nature d'être comme ça.

Je me retins de le taper.

-Tu te rends compte que ça ferait de moi un assassin ou en fait, l'idée même que j'en devienne un t'allume ?

Que je sache, hein. Ou peut-être qu'il pensait que je plaisantais en disant que Sword avait vraiment failli y passer. Le truc c'était que je ne savais jamais quand il me prenait au sérieux pour ce genre de sujet. La preuve, je lui disais que j'avais rencontré la Mort de façon parfaitement tranquille et il voulait que ce soit une blague. Avait-il si peur de cette entité ? Il n'y avait pas de quoi, il avait été très sympathique avec moi. Je supposais que le fait d'être shooté avait aidé à cela.

-Après, je ne pense pas que ce soit des voleurs mais ils se pourraient qu'ils ne soient encore pas contents que j'hérite d'un truc pareil alors que moi, d'une certaine manière, je suis un voleur.

Je finissais alors mon assiette alors qu'il me parlait de la drogue. En fait, on en avait déjà parlé mais je tenais à vérifier son avis, au cas où il aurait changé. Et je tiquai un peu mais attendit qu'il finisse alors que ma vaisselle sale se retrouvait dans l'évier.

-Je ne suis pas allé voir la Mort, Eirik. J'étais dans un bar d'une autre dimension pour le dîner, il était là, on a joué et discuter, c'est tout. Je suis suicidaire mais pas à ce point.

Et en plus, il essayait de titiller mon chat. Je renversais nos positions pour finir assis sur lui, les bras autour de sa tête. Glacier sembla miauler un espèce de rire avant de s'en aller dormir sur mon lit. Normalement, je ne resterai pas très longtemps en haut, je savais que cela lui donnerait l'impression que je dominais alors que non, j'étais juste sur lui. Enfin, j'extrapolais sans doute une peu, mais j'étais conscient que son besoin de domination tenait presque de la paranoïa des fois.

-C'est difficile de violer de la fumée, tu sais. Et je préférerai que tu souris à moi. Surtout qu'il est temps que tu passes à table.

Je me fis une dague de fumée, coupai le bout de mon index que je posais sur ses lèvres.

-J'aime que tu essaies de me protéger de toi, vraiment. Mais me priver de morsures, ça n'est pas très gentil. J'ai mon cou qui me gratte. Mon corps demande ça.

C'était ça d'être son Primero, je m'étais tellement habitué à une morsure tous les deux jours que quasiment deux mois sans me donnait l'impression que mon sang pesait dans mes veines. Lourdement en plus alors qu'il était simplement à sa place. Il fallait qu'il fasse quelque chose maintenant, j'en avais assez d'attendre et de le voir tourner en ovale sur ce sujet. J'en avais besoin alors il ne sortirait pas de cette maison sans l'avoir fait.

-Ici ou dans le lit, comme tu veux. Mais bois, s'il te plait.

Et pour lui donner encore plus envie, j'enlevai mon haut le plus sensuellement possible. Bien que je pensais toujours que je n'avais aucun talent là dedans.

-Woé ?!

Que... Quoi ? Attendez, il était bien en train de me dire que le fait que je puisse devenir un assassin, ça l'excitait ?! Et qu'est-ce que c'était que cette histoire d'influence, hein ?! Parce qu'il avait l'impression de ne pas en avoir ? Et le fait que je sois capable d'être aussi et autant souvent en colère, il en faisait quoi ? Il la faisait dormir dans l'Amazone ? Non mais vraiment, ce type me rendra encore plus fou que je n'aurais pu l'être à moi tout seul avec ce genre... d'idées.

Par contre, j'aimerai vraiment bien comprendre en quoi ça pouvait être excitant de m'imaginer avec le sang de quelqu'un sur les bras. Même en tordant la scène dans tous les sens dans mon esprit, ça ne venait pas, ça n'avait pas de logique. L'idée qu'il puisse tuer pour moi ne m'horrifiait pas mais elle ne me plaisait pas non plus. J'avais trop de respect pour la vie à tous les coups.

-Tu sais, si j'ai des problèmes mentaux, tu n'es vraiment pas en reste, crois-moi. Et le pire, c'est que je doute que je puisse arranger ça.

Et d'ailleurs, pour le moment, je n'en avais pas envie, j'étais plus préoccupé par le fait que je voulais qu'il me boive et qu'il m'enlève ses sensations si pesantes que j'avais envie de casser quelques trucs pour voir si ça pouvait m'aider.

Par contre, je ne m'étais pas du tout préparé à la réaction que mes actions causeraient. Oh, je me serai attendu à finir dessous, accroché à lui alors qu'il boirait tout son soûl mais non. Il avait besoin de faire pire. Comme pour dire "mais arrête de me provoquer, bordel !" Sauf que ce n'était pas pour ça que je l'avais fait mais pour nous faire du bien ! Mais ne comptez pas sur Eirik pour voir la chose ainsi.

Je finis sonné sur mon lit alors que Glacier partait en feulant, sûrement dérangé par la façon dont mon vampire m'avait posé sur le matelas. Pour mieux finir sur moi en disant des choses incohérentes. Et je sentis ses crocs dans mon cou. J'émis un gémissement sonore, presque un cri alors qu'il s'abreuvait, ses mains se perdant sur ma peau tiède. Ce qui me fit frissonner de peur et d'envie dans le même temps. Je souhaitais de tout cœur qu'il ne me fasse pas ce coup là... La deuxième morsure me surprit, ainsi que les suivantes. Je secouai la tête.

-Eirik, non, s'il te plait...

Qu'il ne fasse pas ça.

-Eirik, ne te perds pas...

J'avais les mains sur les épaules pour le repousser, prêt à me faire déchirer la peau pour qu'il n'aille pas plus loin. Je n'étais pas prêt, je ne pouvais pas. Mon souffle était complètement désorganisé, mon corps tendu, à moitié en fumée, comme prêt à échapper à mon vampire. Et mon regard sûrement rempli d'appréhension.

-Tu sais que je ne peux pas...

Je ne l'avais pas caché en plus.

Ça avait été quelque chose.

Il fallait être honnête, j'avais été sur un petit nuage quelques secondes. Mais la crainte avait été la plus forte et même si je m'en voulais quelque part de l'arrêter, je ne pouvais juste pas. En même temps, j'aurais du me douter que cela tournerait ainsi. Cela faisait un mois et demi qu'il ne m'avait pas goûter. Et clairement, cela lui avait manqué, prouvant le pouvoir que j'avais sur lui. Avec mon sang mais j'en avais quand même. Et ce, malgré moi. J'aurais préféré même l'ignorer mais ce n'était pas possible.

-Désolé, mais pour moi aussi, c'est quelque chose la morsure...

Les yeux clos, je reprenais mon souffle, le corps de nouveau palpable, preuve que je lui faisais assez confiance sur le fait qu'il saurait se contenir. Je sentis sa main se poser sur la mienne, ce qui me tira un sourire. Il pouvait vraiment être adorable quand il prenait le temps de bien vouloir le faire. Bien que je savais que c'était pour simplement me rassurer, mais c'était justement ça qui rendait la chose mignonne.

-Ne t'en fais pas, ton avidité est compréhensible. Ça faisait un peu trop longtemps pour toi comme pour moi.

Je caressai sa paume de mes doigts alors que l'odeur de cigarettes commençait déjà à se répandre dans la pièce. Evidemment, il ne pouvait pas affronter la chose sans sa drogue préférée. Rien de surprenant ou de singulier. Étrange comme l'on pouvait toujours s'habituer à la routine de l'autre.

-Tu réfléchis trop. Tu sais bien que je ne veux que toi.

Si seulement ça pouvait être simple. En fait, j'aimerai bien entendre un "je t'aime" là. Mais je me doutais que je ne l'aurais pas de sitôt parce que c'était tellement peu naturel de laisser entendre ces mots. Ça les rendait tellement précieux. Surtout avec l'expression qu'il avait en lui murmurant. Adorable. Ouais, j'avais envie de le voir comme ça aujourd'hui. Qu'il le veuille ou non. J'écoutais sa réplique qui laissait entendre un "désolé" voilé avant qu'il ne s'installe près de moi. J'en profitai pour le coller, posant ma tête sur son torse.

Pour écarquiller les yeux de surprise et la relevai pour le regarder. Sans blague ?

-Attend, tu supportes à peine Glacier mais tu veux adopter ?

Intéressante sa raison.

-Après, ce n'est pas forcément une mauvaise idée mais tu sais que je vais te surveiller avec ça ? Pas que je pense que tu serais méchant, mais quand même... Tu pourrais avoir du mal au début.

Et je ne voulais pas qu'un innocent petit animal ait à supporter des mauvais traitements. Argh, ça faisait presque croire que je le pensais toujours violent mais c'était plus une histoire de patience qui m'inquiétait qu'autre chose.

-D'où t'es venu l'idée ?

Du coup, j'étais bien intrigué. Avait-il vu la boutique de familiers qui s'était créé dans la nouvelle ville ? Parce que c'était là que je lui aurais acheté un animal s'il m'en avait demandé un. Cependant, il valait mieux qu'il choisisse, à tous les coups, il me dirait sinon que j'avais choisi un truc trop loufoque pour lui. Ah les hommes... Oui, j'en suis un mais bon... Je n'étais pas réellement coincé par ces idées binaires de masculin-féminin. Hum, j'en oubliai le présent, là...

-En tout cas, je veux voir ça ! Un animal, c'est une compagnie qui fait toujours plaisir. Et tu auras quelqu'un à qui parlait quand je ne serai pas là.

Et je rigolai.

-Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas. Ne confonds pas les verbes.

Je me demandai si je pouvais lui dire ou non qu'il faudrait qu'il me laisse le dessus pour que je sois rassuré. Pas que je le pénètre, je ne pouvais pas lui faire une chose pareille. Et puis son côté dominateur essaierait de me déchirer. Non mais je voulais bien qu'il me permette d'aller à mon rythme et de faire les choses. Cependant, ce n'était pas facile à demander, en plus il était quasiment incapable de me laisser les rênes trop longtemps. Et je ne voulais pas paniquer, je ne voulais pas que cela finisse mal. Du coup, je ne disais rien alors que j'avais toujours besoin d'être rassuré...

-Mais j'aime que tu penses à moi, vraiment. J'aime savoir qu'il y a toujours un bout de toi qui est à moi.

Et je ris. J'avais plutôt l'impression que c'était depuis qu'il avait rencontré Glacier qu'il avait un problème avec les chats. Mais soit, s'il voulait me faire croire que c'était antérieur, cela m'allait. Bien sûr, il ronchonna sur le fait que j'avais parlé de le surveiller. Sauf qu'il ne devrait pas être bien étonné. Bien que ce soit plus pour rire de ce que ça allait donner entre l'animal et lui que pour protéger réellement le familier de la fureur de mon vampire. J'étais sûr que la bestiole serait se débrouiller.

-Tu n'as pas intérêt de toute façon. La patience est de mise et je tiens à ce que tu ne prennes vraiment pas cette question à la légère. Ce serait un être dépendant de toi. Comme moi.

Non, je n'oubliai pas du tout que j'étais réellement dépendant de lui, surtout avec le lien qui existait entre lui et moi et qui me donnait envie de rester près de lui. Au minimum. Après, heureusement que je savais le lien aimerait que je fasse bien plus mais que je n'y étais sensible que par période. Trop soumis, pouah... Que... Quoi ?

-Tu ne supportes plus la solitude ?

J'étais estomaqué ! La suite me passa loin au-dessus de l'ampoule. Ouah... Qu'il l'avoue en plus, c'était surprenant, vraiment, ça me tuait. C'était qu'il changeait de plus en plus, mon vampire ! Je l'attirai pour un lourd baiser avec le rire et le "je t'aime". Et j'ajoutai doucement ensuite.

-Tu sais, si tu veux que j'emménage pour longtemps, il suffit de me le dire, hein. Je garderai juste ma maison pour stocker mes livres.

Normalement, il aurait dû le demander formellement mais bon... Et puis, ça lui laissait le choix et la chance d'être sûr. Je me trouvai tellement envahissant. Ça réveilla mon avis de le voir se laisser faire mais je préférai simplement l'embrasser à nouveau. Tout en me souvenant de la potion que j'avais gardé. Puisqu'il refusait de lire mes pensées. Et que de toute façon, mes pensées n'étaient pas mes sentiments... Du coup, je me levai après cela et fouillai dans un tiroir pour trouver la fiole.

Et revenant au lit, je ne savais pas trop comment présenter la chose. Hésitant, je me mordis les lèvres et je me lançai.

-Veux-tu connaître mes émotions ? Réellement ? En toi...

-Tu sais être adorable des fois, tu sais.

Je saccageais tout après mon passage ? Même si je comprenais ce qu'il voulait dire, je trouvais cette réplique assez étrange quand même. Par contre, vraiment, qu'il s'énerve en râlant comme ça pour cette histoire de solitude, ça m'amusait. Il voulait tellement tout cacher qu'il fallait qu'il grogne quand il se dévoilait enfin. Et après, l'on me demandait comment je pouvais le trouver mignon. J'étais sûrement le seul à pouvoir apercevoir si facilement sa fragilité derrière l'idole d'arrogance qu'il s'était façonné.

Et là... Il accepta. Purement et simplement. Enfin simplement, il ressentit quand même le besoin de me parler de ses petits tics mais il n'avait pas changé pendant mes séjours alors pour un séjour longue durée, il n'avait pas tellement de raison. Je ne lui demandais pas cela de toute façon, je préférais juste qu'il s'occupe de moi, juste de moi.

-Tu sais bien que je lis plus que toi, alors ton temps de lecture est raisonnable à côté du mien. J'emmènerai mes affaires au fur et à mesure.

Quant à la fiole... J'avais bien pensé qu'il dirait oui mais de le constater en réalité, c'était quelque chose. Comme dit dans la consigne, je me piquai pour rajouter trois gouttes de sang et je tendis le flacon à Eirik après avoir bien mélanger.

-Bois cul sec. Ça dure deux heures... De ma naissance jusqu'à maintenant... Bon courage...

Je pensais réellement qu'il allait en avoir besoin. Je me connaissais bien assez. Déjà mon enfance... Il allait baigner dans une telle atmosphère de tristesse, de douleur - quand ma maman s'acharnait sur moi - et de pointes de joie quand je voyais mon papa. Puis la mort de papa, pour la première fois, cette envie viscérale de mourir aussi alors que maman me laissait sombrer dans une dépression sans nom. Et puis la porte de sortie, la connaissance. A cette époque, pendant un long moment, j'avais vécu comme anesthésié. A moitié mort. Sauf quand maman revenait dans ma vie, réveillant une peur animale en moi.

Puis, mes voyages dans les dimensions et enfin le retour des émotions, d'abord l'émerveillement et la joie. Ensuite la nostalgie et la tristesse de la solitude face à toutes ces choses que j'aurais aimé connaître avec quelqu'un. Du coup, mes premières rencontres, la luxure, la drogue, pas tellement l'alcool. Et le cycle qui s'installait enfin entre mes phases de joies quasi euphoriques et extatiques et mes envies de suicides qui donnaient l'impression que mon âme même s'éteignait. Et ce, même pendant ma période Alphonse.

Et enfin, maintenant... Notre rencontre... Les hauts, les bas. L'amour. La peur de celui-ci, l'acceptation, la douleur... Il connaissait assez bien notre histoire pour savoir où allait quoi je pensais. Je ne savais pas lui cacher ce que je ressentais, à part mes envies suicidaires. Elles étaient toujours là, guettant sous le bitume... Je ne savais pas comment les traiter, ça faisait trop longtemps qu'elle faisait partie de moi. Mais j'espérais une chose en tout cas avec cette potion, c'était qu'il comprenne à quel point c'était fort pour moi. A quel point l'aimer m'était même devenu indispensable. Qu'il cesse de douter de cela, enfin, une bonne fois pour toute.

J'avais attendu à côté de lui qu'il revienne de son voyage dans mes émotions. En lisant bien sûr. Je l'avais couvert au cas où, sachant combien mes pires ressentis étaient puissants. Posant mon ouvrage sur la mythologie vietnamienne, je posai une main sur sa joue.

-Coucou... Comment te sens-tu ?

Glacier ronronnait au pied du lit et il faisait bien chaud dans la chambre.

Malgré son retour un peu difficile, Eirik sut être leste pour attraper ma main, paraissant préoccupé maintenant qu'il était revenu au présent. Je me retins de dire "quoi encore ?" sachant que ce serait malvenu, pire, qu'il pourrait s'énerver parce que forcément, ça ressemblerait à une agression de ma part. L'écoutant de façon un peu distraite à cause de son expression, je remarquai après sa question combien sa voix avait été douce. Comme s'il craignait de me briser en m'interrogeant. Étrange, à quoi pouvait-il encore bien penser ? Un truc stupide, sans doute...

-Ce n'est pas comme si je ne t'avais pas dit que ma vie n'a pas été de tout repos.

Ou que j'avais encore caché mes envies suicidaires. Il eut un long silence après ma réplique, clairement, je n'avais aucune idée de ce qu'il voulait entendre en me posant cette colle. C'était important pour lui s'il prenait le temps de prendre des cuillères en bois, cependant ça ne m'aidait pas à répondre. M'asseyant à ses côtés plutôt que rester à presque quatre pattes, je penchai la tête, entendant toujours Glacier ronronner.

-Tu l'es aussi. Dépendant de moi. J'ai l'impression que ça t'inquiète mais tu ne devrais pas avoir peur, tu sais. Je sais aussi me détacher de toi, quand il le faut... C'est juste que... On est liés. Et je ne pourrais jamais dire que cela n'a pas d'influences sur moi. Au contraire, tu les connais bien.

Puisqu'il savait même les utiliser contre moi. Levant les yeux pour le regarder, j'essayais encore une fois de comprendre à quoi il pouvait bien réfléchir. Je m'étais attendu à un baiser, un câlin, pas à ce qu'il ait l'air aussi dépressif que moi quand je me rappelais certaines choses. Rappeler... S'était-il souvenu de quelque chose sur lui en ressentant mes émotions ?

-Tu vas bien ? Tu m'inquiètes un peu là. Dis-moi clairement ce qu'il ne va pas.

Je n'avais pas envie de le forcer mais je sentais que je n'avais pas le choix. Il avait une tendance au mutisme exaspérante quand je m'approchai trop près de son cœur.

Bon, Eirik avait donc et bien prévu d'encore bien se prendre la tête. C'était tout à fait lui de toute façon. Il ne pouvait pas simplement apprécier le fait d'avoir ressenti mon amour, il fallait déjà qu'il remette tout en question. Si je n'avais pas été préparer à la chose, je me serai senti plutôt désespéré. Même si en fait, c'était désespérant qu'il réagisse exactement de la façon dont je m'étais attendu. J'aimerai bien qu'il me surprenne positivement plus souvent quand même.

Me recouchant confortablement, je le laissai se torturer l'esprit pour mettre des mots sur ses émotions, me retenant de reprendre mon livre. Cela pourrait passer pour une provocation et pour une fois qu'il essayait de s'ouvrir, je n'allais pas tout gâcher parce qu'il me faisait le même manège que d'habitude. En fait, ce type vivait dans une peur constante que tout lui échappe et tourne mal... Il m'en ferait une maladie un de ces quatre.

Récupérant sa fumée pour me nourrir, je finis par lui dire.

-Sur ce point là, tu réfléchis trop. Ou plutôt, pas de la bonne manière.

Il me prouvait encore une fois qu'il était resté le même petit garçon qui attendait qu'on l'aime. S'en rendrait-il compte un jour ?

-En fait, tu n'as pas beaucoup changé...

Il ne comprendrait pas mais qu'importe. Je vins m'installer sur ses cuisses, bien à âne - à moins que ce soit à jument... à cheval ? - et je déposai mes mains sur ses épaules, laissant ma fumée nous ramenait de l'alcool. Sauf que je n'allais pas lui servir son aquavit habituel mais quelque chose de plus fort. Peut-être que je devrais lui filer l'un de mes cachets aussi... Enfin, quoiqu'il en était, tout le monde pensait que les elfes ne savaient pas faire d'alcool fort. Il allait voir combien c'était faux. Les deux verres versés, je pris une gorgée du mien, sans montrer que ça brûlait non pas la gorge mais au niveau du diaphragme.

-Bon... Comme je n'ai pas envie de te répéter encore des trucs que je t'ai déjà dit, je vais juste boire avec toi et te demander un service. L'alcool devrait t'aider à te détendre et à vraiment considérer ma demande.

Du coup, je le laissais se faire une idée de ce qu'il buvait tout en continuant de mon côté, caressant l'une de ses épaules du bout des doigts. Et puis je ne pouvais pas l'attacher au lit s'il fumait encore. Enfin, s'il était d'accord, hein... Pfff, il me fatiguait des fois à être compliqué lui aussi. Claquant de la langue après avoir fini mon verre, je me resservis rapidement, me retenant de prendre de l'extasy. Je ne devais pas laisser ressortir mes mauvaises habitudes de torturé mental.

-C'est de l'eau-de-vie elfique... Très vieux. Alors garde l'esprit ouvert et écoute moi bien. Je veux que tu me laisses t'attacher avec ma fumée et que tu me laisses tout faire. Même m'empaler sur toi. Que tu n'essaies pas du tout de reprendre le dessus.

Je n'argumenterai pas. Mais s'il disait non, ce serait bel et bien lui qui nous compliquerait les choses.

Je cachai un sourire en buvant en voyant sa tête face à ma boisson. Franchement, y'avait pire, même s'il était vrai que l'on ne s'attendait pas à ce genre d'alcool des elfes. Qui d'ailleurs ne le buvaient pas eux-mêmes, ils préféraient le vendre ou l'utiliser comme offrandes. A mon humble avis, c'était une façon pour eux de se protéger de l'ivresse et quelque part, ils avaient bien raison. J'aurais pu proposé autre chose à Eirik comme alcool mais c'était le premier qui m'était venu. Ne jamais lui montrer ma cave en tout cas. Il serait capable de vouloir tout goûter... Quoique, il aimait tellement son aquavit, pas sûr...

Enfin, pour en revenir à nos canards, ma proposition le choqua bien assez pour qu'il risque de s'étouffer. Eh bien quoi, je cherchais moi aussi des solutions, qu'est-ce qu'il croyait ? Que je comptais qu'il répare tout tout seul ? Ça mettrait des siècles... Bon peut-être pas. Mais ça mettrait trop de temps pour que ce soit bon pour lui comme pour moi. Du coup, c'était parti même si ça me demandait plus de courage qu'il ne pensait.

-Ne t'étouffe pas pour si peu quand même...

Et alors que je commençai mon deuxième verre, je le vis descendre la bouteille en me retenant de lever les sourcils. Il le trouvait si bon que ça ? Ce serait étonnant, c'était à enflammer le diaphragme alors... Hum... Et là, il me répondit enfin après nous avoir bougés sur le lit, lui enfin allongé bien à plat. Oh, lui aussi avait besoin de se donner du courage ? Ou plus dans le "il faut que je me rende malléable" ? Peu importe au fond... Il était d'accord. Je finis le fond de mon verre en riant, le posant sur la table de chevet.

-C'est parce que tu n'es pas habitué. Étonnant pour un vampire de ne pas avoir goûté des alcools forts d'autres races d'ailleurs.

J'étais aussi nerveux que lui, j'étais certain qu'il l'était. Ça allait me demander du temps et à lui, de la patience. Pourtant, on pouvait y arriver. Je frottai mes mains l'une contre l'autre pour faire cesser mes tremblements et je lui retirai son haut. J'adorai son torse...

-Merci...

Bien que normalement, je ne devrais pas à avoir à le remercier pour ça. Me penchant sur lui, je l'embrassai tendrement, tout en sachant que comme il n'était pas encore attaché, il serait tenté de me toucher. Il valait mieux d'ailleurs que je règle le souci de suite parce qu'il était tellement tactile que ce serait naturel pour lui de me sauter dessus. Approfondissant le baiser, je laissai donc de puissants filins de fumée lui attacher les mains aux pieds du lit - il n'avait d'ailleurs pas intérêt à me le casser ! - tout en le rassurant d'une caresse sur sa joue.

-Si je vais trop vite, tu me le dis...

De toute façon, je n'aurais rien de dominant, il le remarquerait bien vite. Mon idée n'était pas là, je voulais juste qu'aucun de nous n'ait réellement le contrôle. Et le mieux, c'était en passant par cette technique. Caressant lentement sa poitrine, j'abandonnai des baisers sur ses joues et son cou. Lent, tendre... Soumis. Il devait le sentir.

-Tu peux me donner des ordres... Si je suis d'accord avec, je les ferai. Ça reste un échange, Eirik. Et du partage.

Même si je savais à quel point il n'aimait pas que ma fumée le bloque ainsi. Il avait beau dire, il avait un léger problème avec ce que j'étais. Bien que je ne saurais dire pourquoi. Mes lèvres finirent sur son torse, entrouvertes, elles caressaient son corps tout comme ma langue qu'il devait deviner à peine.

Eirik respirait déjà bien vite. Je le sentis tirer sur ma fumée mais je n'eus pas le réflexe de me raidir pour la simple et bonne raison que temps qu'il n'attaquait pas mes liens avec son eau, il ne pourrait se libérer. Ce qui était rassurant d'une certaine façon parce que son eau, je la sentirai dans l'air dès qu'il tenterait de l'utiliser. Ce qui serait utile pour partir au plus vite. Mais bon, nous n'en étions pas là et il sembla se rappeler qu'il devait se laisser aller. Je posai une main sur son cœur en souriant contre son épaule. Le rythme de celui-ci était tellement lent mais il m'apportait quand même une douce sérénité.

Sauf que je n'allais pas m'arrêter à cela. Relevant les yeux, je vis l'impatience de mon vampire. Et ce regard... Pas encore tout à fait celui qui avait tendance à m'hypnotiser mais ça viendrait. Le vilain, un jour, il faudrait vraiment lui apprendre à attendre. Mais c'était vrai que ça faisait longtemps que nous n'avions rien fait. De sorte qu'au lieu de le faire réellement languir, je pris en bouche l'un de ses tétons, faisant tourner ma langue autour, les yeux dans les siens. Et je mordis. Pas trop fort mais bien assez pour qu'il sente tout de même une sorte de léger courant électrique. J'aurais pu y aller aussi fort que lui mais je ne savais pas si ça serait bienvenue. Continuant mon manège pour mieux le torturer, j'ouvris lentement son pantalon et ma fumée le fit atterrir contre le mur avec son sous-vêtement.

Je me redressai alors, laissant un côté de son torse bien humide - il était bon pour un mort - et je me mis debout sur le lit pour qu'il puisse me voir me dévêtir. Là, je pris tout de même un peu mon temps, mais plus parce que mes mains fébriles avaient du mal à ouvrir mon bouton que pour l'embêter. J'avais envie et ça se voyait.

-Tu sais que je me sens vide... Mais tu vas bientôt me remplir, pas vrai ?

Mes habits enfin de côté - avec les siens contre le mur en fait - je me rallongeai sur lui, frottant nos corps nus l'un contre l'autre, son désir contre le mien me fit gémir très fort. De sorte que j'abattis ma bouche sur la sienne pour être moins bruyant avant de reprendre ma descente sur lui, mordant assez souvent finalement. Les légères traces que je laissais me plaisaient et puis elles ne dureraient pas, ça se saurait. J'eus tendance à lécher aussi, comme si je voulais imprimer le goût de sa peau dans mon esprit et ne pas m'en défaire. Je fis courir ma langue sur ses abdominaux, fouillai son nombril avec pour voir quelle réaction cela lui tirerait.

Et puis avec un sourire espiègle et tendre, je frottai mon nez à son nez de poils avant de lécher une petite seconde. Non sans lui avoir écarté les jambes tout en griffant l'intérieur de ses cuisses pour lui donner toujours plus de sensations. C'était une façon pour moi de m'approprier son corps. De le connaître autant que je l'avais voulu. Je dardai encore ma langue pour caresser la base de son sexe avec. Allait-il m'ordonner de le faire ?