Ça pouvait paraître étrange d'aimer faire plaisir comme ça mais moi, ça m'allait très bien d'agir de la sorte. Sûrement parce que simplement savoir que c'était moi qui arrivait à rendre une personne mieux, plus heureuse, ça me suffisait. Donc, oui, les frissons, les sons que laissaient entendre Eirik me ravissaient tous et j'en voulais toujours plus. Le fait qu'il bouge des hanches pour augmenter son plaisir ne me dérangea nullement, il le faisait de façon respectueuse et je ne me sentais pas du tout utilisé, au contraire.

Cependant, il me décontenança un peu en m'obligeant à arrêter. Pour me faire sourire ensuite. Pour quelqu'un de fatiguer, mon vampire n'avait finalement plus qu'une idée en tête semblait-il. J'aurais aimé qu'il craque autrement mais s'il préférait m'allonger sur mon lit...

-Fais donc ce qu'il te plaît...

Et ce fut ce qu'il fit. Lentement. Très lentement. Comme pour me montrer que lui aussi pouvait passer outre l'impatience et l'empressement. Je me sentais clairement trembler sur les draps, ses lèvres froides savaient faire des merveilles et quand il me prit en bouche, je me cambrai involontairement, serrant les draps entre mes doigts, gémissant tout haut son prénom. Et son piercing ! Je gémis un peu plus fort.

-S'il te plaît, s'il te plait...

Je sentis son doigt se glisser à l'intérieur de moi, sans avoir de mal à bouger d'ailleurs. A cause de ce que nous avions déjà fait plus tôt, certainement. J'écartai davantage mes jambes, m'offrant totalement, impudique. En tout cas, dans ces moments là, je savais l'être...

-Plus...

C'était étrange, je n'avais jamais eu cette impression d'être vide avant. Mais là, non seulement c'était le cas mais j'avais envie de le sentir en moi. Peut-être le lien... Mais je m'en fichais. Je le regardai faire sur et à l'intérieur mon corps, mes pupilles dilatées par le désir.

J'arrivais tellement à le rendre fou... Dans un coin de mon esprit, j'étais presque émerveillé qu'il ait autant envie de moi. C'était enivrant et même s'il était brusque, j'aimais beaucoup ce qu'il se passait. Il avait du mal à se retenir, clairement, il voulait tout et quand il me pénétra, me faisant émettre un gémissement sonore, je sus de suite qu'il serait tout de même un peu moins doux que la première fois. Je risquai de voir des licornes sauvages alors...

Pourtant, ses premiers coups de hanches furent si lents que c'était presque frustrant quelque part. Je le savais -je le sentais !- passionné et je voulais qu'il le reste. J'enroulai mes bras autour de sa nuque, une main prise dans ses cheveux neigeux, l'autre entre ses omoplates, à lui griffer doucement la peau. Enfin doucement au début parce qu'ensuite, vu combien Eirik accéléra le tempo... En caressant mon propre sexe. J'avais l'impression d'être fou et lucide dans le même temps.

-Eirik... Eirik...

Je répétais son prénom presque comme une litanie. Comme si j'avais aussi oublié tout ce que j'aurais dire ensuite. Je devais avoir l'air complètement débauché tellement j'étais perdu dans notre plaisir. Je pouvais m'imaginer, la peau rouge et en sueur, les pupilles dilatées, les cheveux dans tous les sens, le corps tendu vers lui. Et la marque de ses crocs sur mon cou dévoilé. Un coup plus puissant que les choses m'arracha littéralement un cri et je fermai les yeux quelques secondes avant de le regarder à nouveau quand il nous changea de position.

Il perdait le contrôle, m'appelait... J'en frissonnai de plus belle alors qu'il me mordillait l'oreille.

-Oui... S'il te plait... Viens avec moi...

Parce que je n'étais sûr de durer encore bien longtemps et cela se vérifia assez vite. J'étais trop excité, trop de tellement de choses grâce au lien, notamment. Je me rendis dans un nouveau cri de plaisir, finissant incapable de penser, juste de sentir l'extase parcourir mes veines.

Quand je revins un peu à la réalité, j'étais plutôt au chaud contre lui. Le sexe le réchauffait énormément, c'était une bonne chose quelque part. J'aimais l'idée que je lui communiquais ma chaleur. Je ne le relâcha pas, déposa un baiser dans son cou, sur sa mâchoire, sur ses lèvres. Je ne savais pas trop si je serrais en état de me lever le lendemain si je ne me soignais pas mais au final, la question ne se posait même pas puisque mon corps préférait se soigner de lui-même. Je me sentais étrangement bien à savoir qu'il avait laissé sa trace en moi. Décidément, le lien donnait des idées bien bizarres.

-Tu vois, tu n'étais pas si fatigué...

Je ris doucement.

J'acceptai volontiers son baiser chaste, fis un peu la moue quand ils s'installa à côté de moi. Même si ça valait mieux au final, je le savais pertinemment. D'ailleurs, pour quelqu'un qui n'aimait pas forcément faire des câlins, ou qui ne savait pas forcément les faire, Eirik s'améliorait de minute en minute. Coincé dans ses bras, je gardai les yeux clos, souriant contre le haut de son torse. Je ris encore en entendant son explication. Ne pas vouloir me brusquer, c'était presque adorable de sa part. Même si je doutais qu'il apprécie de se faire renvoyer au niveau des lapins, des chats, des bébés animaux, des feux de forêt, des avions et des sandwiches. Oui, je trouvais les sandwiches adorables.

-Je ne cherchais pas à te pousser à bout, je voulais ton goût sur la langue. Mais ce résultat là était aussi très plaisant...

Je lui caressai lentement le dos. Je sentis mon aile apparaître comme ça mais je n'y réagis pas. Eirik l'avait déjà vu de toute façon alors ce n'était pas un problème. Ses doigts continuaient de parcourir ma peau, me tirant quelques frissons çà et là. Surtout qu'il touchait les quelques blessures qu'il m'avait fait. Et qui ne dureraient pas, ne laisseraient aucune marque derrière elles. J'en avais assez à mon goût, je devais l'avouer. C'était comme les vêtements, il fallait pas trop en avoir non plus, sinon, il y en avait qu'on ne mettait pas.

Par contre, sa question me fit totalement redescendre de mon nuage de bien-être. Je me serai pris un seau d'eau que ça aurait été pareil. Quoique le seau aurait été tout de même moins douloureux puisque je n'aurais pas disparu ou fondu comme je le disais si bien. Eirik lui-même avait l'air nettement plus sérieux maintenant. Et il n'avait pas l'air de vouloir lâcher cette histoire pour qu'elle parte loin. Très loin. Se faire broyer par des moulins ou des avalanches.

Je me léchai la lèvre, hésitant mais comme il finirait par le savoir...

-C'est ma maman. Quand j'étais petit, je n'apprenais pas assez vite à son goût comment être un bon djinn. Mais c'est pas grand chose.

Du moins, à mes yeux ça ne l'était pas. Je l'aimais ma maman. Et elle m'aimait aussi à sa façon. Même si elle pouvait être aussi méchante qu'une mégère, qu'une marâtre, qu'une proxénète, qu'une tenancière de bordel, qu'une maîtresse d'esclaves... C'était ma maman. Je l'aimais.

-C'est aussi pour ça que je n'ai qu'une aile. Elle a arraché l'autre.

Ça avait fait très mal d'ailleurs. Combien de terminaisons nerveuses contenaient une aile ? Selon la superficie ? Le nombre de plumes ? Vu qu'arracher une plume faisait mal, je supposais qu'il fallait comptait ça en nombre de plumes... Oui mais c'était comme des poils alors... Et donc, le raison nerveux s'étendait sur toute la peau que cachait les plumes non ? Alors au nombre de plumes ou à la superficie totale de l'épiderme ?

Je commençai à me perdre dans mes calculs...

La réaction d'Eirik me laissa perplexe. Qu'est-ce qu'il avait à se relever comme ça et à s'éloigner ? Était-il dégoûté maintenant ? Je me couvris totalement des draps, ma tête dépassant à peine. Il ne me regardait même plus et il rit. Eh bien oui, pas grand chose. Ça aurait pu être pire. Ça pouvait toujours être pire, je l'avais vite appris. Donc, oui, je considérais ces quelques marques comme pas grand chose. C'était mieux que l'obscurité quand elle m'enfermait dans ma chambre. En tout cas, je n'aimais pas du tout sa réaction à lui, là.

-Ne parle pas comme ça de ma maman. C'est ma maman et je l'aime. Elle ne voulait pas de moi alors j'ai de la chance d'être là avec toi.

Ah ? Il n'était pas stable mentalement ? Vraiment ? J'en avais pas l'impression moi. Peut-être parce que de toute façon j'étais bizarre et que justement ce qui était normal pour les autres, ça ne l'était pas pour moi. Je le vis allumer une cigarette -il fumait bien plus que je ne l'avais pensé en fait, tant mieux pour moi- tout en tripotant ses cheveux. Je ne savais pas s'il était touché par mon histoire ou juste agacé. Moi, ça m'allait très bien d'être comme ça. Et il semblait qu'il m'aimait bien comme ça. Même si je ne comprenais pas bien le lien entre la mentalité de ma mère et la mienne.

Je bougeai pour finalement mettre la tête sur mes beaux gros oreillers et baillai silencieusement en m'étirant. Je commençai à fatiguer pour de vrai maintenant, la nuit était bien avancée en plus. Pourtant, Eirik n'avait pas l'air d'en avoir fini avec mon histoire. Qui n'en était pas une, plus des explications. Des affirmations. Des bouts d'enfance ? Des souvenirs ? Des faits ? Des faits divers ? Ou d'hiver ? Je fronçai un peu les sourcils.

-D'accord pour ne coucher avec personne d'autre ou me laisser taper mais ton frère est un collègue. S'il vient à la bibliothèque, je dois l'aider.

Hors de question qu'une relation fiche en l'air mon travail. J'aimais mon travail. Et en plus, je voulais jouer une farce à... Comment il s'appelait déjà ? Bon ben à monsieur Rouge. Pour ne pas avoir été poli.

-Tous les vampires sont vraiment possessifs alors...

Je remuai un peu, les yeux toujours sur son dos, bien au chaud.

-Heureusement que tu n'as pas envie de taper monsieur Bleu. C'est un élève, il ne faut pas taper les élèves.

Et je me mis à babiller sur les choses à ne pas taper. Les murs, les poteaux, les grues, les canards et les oies, la terre, les diamants, les dragons, oh surtout pas les dragons !