Ce chemin que nous traçons

Moins d’une heure auparavant il vivait une vie on ne peut plus banale.  Jehan avait encore du mal à y croire. Ses parents, son frère, sa sœur et lui revenaient d’un repas de famille chez l’une de ses lointaines « tantes ». Ce fut on ne peut plus ennuyeux, ou du moins ça l’avait été pour presque tous les membres présents à l’évènement. Jehan, lui, s’était plutôt bien amusé, occupé qu’il avait été à distraire sa jeune cousine de six ans. Il était resté avec les « adultes » un petit moment, acceptant de répondre en souriant que oui, j’ai des projets pour l’avenir, non, je n’ai pas de petite-amie et oui, il fait assez beau aujourd’hui. Les questions s’étaient succédé ainsi et même si toutes n’avaient pas grand intérêt, échanger des banalités et des plaisanteries avec des gens qu’il connaissait à peine ne le dérangeait pas. Jusqu’à ce qu’ils en arrivent à parler des monstres. Ses parents, son frère et sa sœur n’en parlaient pas beaucoup, de manière générale. Mais l’influence du reste de leur famille aidant, les langues s’étaient déliées et tous commençaient à hausser le ton. Jehan s’était fait la réflexion que d’un certain point de vue, c’était assez amusant : tous étaient d’accord sur le fait que les non-humains étaient un fléau, pourtant ils arrivaient quand même à  se crier dessus. L’adolescent n’eut donc aucun mal à passer inaperçu et à s’éclipser doucement. Pourtant, les mots de protestation lui brûlaient les lèvres. Mais quel intérêt y aurait-il ? Il avait beau se le répéter en boucle, il ne pouvait se mentir à lui-même. Voir sa famille proche se montrer si intolérante lui brisait le cœur, mais rien ne le retenait d’exprimer son opinion sinon sa propre lâcheté. Depuis des années, sa couardise l’écœurait et le mensonge le rongeait d’une culpabilité bien trop douloureuse. Mais Jehan n’était pas du genre à s’attarder sur des sentiments négatifs tels que l’auto-flagellation et l’amertume. Selon lui, c’était stérile. Il était donc tout simplement parti, murmurant du bout des lèvres qu’il allait voir comment se portait sa cousine. De toute façon, ce n’est pas comme si qui que ce soit faisait attention à lui à ce moment-là. Et puis, jouer au chevalier et raconter une histoire à l’enfant s’étaient avérés être des activités beaucoup plus distrayantes. Finalement, il avait donc passé une bonne après-midi.
En rentrant, il était loin de s’imaginer que le soir même, tout serait différent.

Il avait bien lu et relu le mail. Cela lui avait d’abord semblé invraisemblable mais finalement…Eh bien, si les vampires et les licornes existaient-bien qu’il n’ait jamais entendu parler des secondes, il croyait dur comme fer à leur existence- alors pourquoi pas un tel établissement ? Maintenant, la question se posait : avait-il envie d’y aller ? La vie qu’il menait jusqu’à présent était agréable, il ne manquait de rien. Ses parents ne lui refusaient rien-puisque lui-même ne ressentait pas le besoin d’en demander beaucoup- et ils lui donnaient toute l’attention et l’affection nécessaire. Pourtant, Jehan n’eut pas besoin d’y penser longtemps pour prendre une décision. L’adolescent n’avait pas pour habitude de beaucoup réfléchir avant d’agir, ce qui par le passé l’avait déjà mis dans des situations plutôt inconfortables, mais qu’importe ! L’idée d’être entouré de personnes avec lesquelles il n’aurait pas à mentir était suffisante pour le faire trépigner d’excitation.
Il s’apprêtait à cliquer sur le lien quand il s’arrêta soudainement. Non non, nul changement de cœur, juste une petite pensée raisonnable. Il ne connaissait pas le fonctionnement de l’école, mais il y avait bien une chose dont il était sûr : mieux vaut prévenir que guérir. Donc, malgré sa nature étourdie, il se releva en vitesse, manquant de peu de trébucher sur…rien en particulier si ce n’est son autre pied, et attrapa un sac à dos, contenant déjà un livre ou deux, dans lequel il enfonça quelques vêtements.

Cette fois, ce fut sans une deuxième pensée qu’il cliqua sur le lien et traversa le portail, le cœur sans crainte. Les autres monstres ne l’avaient jamais effrayé, pour la bonne raison que….eh bien, tout simplement rares étaient les choses qui en étaient capables ! Le changement, d’ailleurs, n’en faisait pas partie non plus.
Le jardin dans lequel il se trouvait était magnifique. La luminosité de cette fin d’après-midi rendait la vue encore plus douce. C’est l’esprit serein que l’adolescent avança de quelques pas, doucement, prenant le temps de profiter de l’instant présent plein d’espoir et de félicité. Finalement, n’étant pas quelqu’un de contrariant, il finit par suivre le panneau indiquant le chemin à suivre. A la vitesse d’un escargot, étant toujours en mode "balade" (aussi appelé le mode "touriste"), Jehan atteignit enfin sa destination : l’Accueil. Sans hésitation, il ouvrit la porte et s’immobilisa, la laissant se refermer doucement derrière lui. Cependant, elle se rouvrit presque aussitôt, rentrant ainsi directement en collision avec Jehan. Ce fut soudain, mais sans surprise. Ce n’était pas la première fois que la force des choses le faisait rencontrer une porte, et ce ne serait certainement pas la dernière vu qu’il n’avait toujours pas retenu la leçon disant qu’il était fortement conseillé de ne pas rester dans leur trajectoire. Projeté en avant de quelques pas, Jehan évita la chute de justesse, retrouvant promptement sa stabilité.

Ce chemin que nous traçons

Ouch ! Eh bien…Il aurait très certainement une bosse. Mais comme dit précédemment, ce n’était pas la première fois, loin de là, et ce ne serait sans doute pas la dernière. Et comment en vouloir à son frère face à un si beau sourire. Bon, il est évident que même si ça avait été quelqu’un d’autre, Jehan n’aurait dans tous les cas tenu aucun grief et se serait même excusé de sa propre bêtise.

Reflétant comme un parfait miroir l’expression de Dorian, d’abord surpris, un sourire ravi mais timide étira bien vite ses lèvres. Seule la stupéfaction lui permit de garder un calme apparent. Si elle ne l’avait pas paralysé sur l’instant, il aurait déjà engouffré son frère dans une étreinte affectueuse mais étouffante en souriant comme un maniaque. Mais le revoir si soudainement…cela avait été capable de le rendre muet, sans mot ni souffle. Voilà qui était surprenant, et rare, pour quelqu’un comme lui.

Quelques années étaient passées depuis la dernière fois que les deux garçons s’étaient vus, réellement vus, en chair et en os. Pourtant, Dorian ne lui paraissait pas si différent. Son doux sourire était toujours le même, non moins éclatant aux yeux de Jehan. A son tour, l’adolescent se sentit soudainement complètement stupide. Dans un geste évident d’embarras, il passa sa main dans ses cheveux blonds. Geste prestement avorté lorsque la vive douleur que cela provoqua lui rappela que oui, se prendre une porte fait mal.
Tiraillé entre l’envie de sauter littéralement sur son frère et de ne plus jamais le lâcher, et celle d’éclater d’un rire hystérique témoignant de son ravissement le plus intense, Jehan se décida finalement pour la première option. Ce n’est donc que grâce à l’intervention de cet étranger que Dorian échappa à une suffocation certaine. Le claquement du tiroir le fit sursauter et se retourner brutalement, persuadé qu’il était que la pièce était vide avant leur arrivée. Son sac, momentanément oublié, tomba au sol sans qu’il n’y prête vraiment attention. Légèrement ahuris, et quelque peu embarrassé -car l’homme l’avait sans doute vu se manger royalement la porte-, le blond ne mit cependant pas longtemps à se remettre, la surprise laissant place à un sourire poli.

« Bonsoir ! Oui, sans problème, le chemin était bien indiqué ! »

Généralement, Jehan n’avait de toute façon aucun mal à trouver l’endroit qu’il désirait. Si le karma était une chose en laquelle il croyait, il penserait qu’il s’agissait de ça. Mais non, il avait juste bien souvent une chance insolente et un bon sens de l’orientation. Or, dans le cas présent, Jehan se fit la réflexion que la seule explication pour que quelqu’un ne trouve pas l’accueil pourtant parfaitement indiqué serait une malchance incroyable. Non, les mots « incroyablement stupide » ne lui traversèrent pas l’esprit.
Inconsciemment, Jehan se rapprocha doucement de son frère, jusqu’à ce que son bras ne touche le sien. Sans même y penser, sa main agrippa délicatement le poignet de Dorian dans un geste instinctif d’affection.

Maintenant qu’il faisait face à celui qui les avait interrompus, Jehan prit le temps de l’observer de haut en bas avec la subtilité d’un éléphant sous cocaïne. Bien que l’homme soit agréable à regarder, les intentions de l’adolescent n’étaient évidemment ni libidineuses, ni critiques. Il était simplement curieux. C’était après tout la première personne - mis à part son frère - qu’il croisait dans cet établissement extraordinaire.

« Vous ne ressemblez pas vraiment à un secrétaire. » Fut le premier constat qui lui passa par la tête.
Il regretta immédiatement ses mots, mais il était trop tard. Sa langue était plus rapide que sa réflexion, inutile de lutter. Sur le point de s’excuser, il rajouta simplement, plus timidement :

« …Sans vouloir vous offenser. »

Car qui sait ? Peut-être que cet homme était vraiment le secrétaire et qu’il souffrait vraiment de ne pas être pris au sérieux pour ce rôle ? Ou peut-être pas. Au moins il s’était retenu de dire qu’il trouvait ses yeux absolument fantastiques. Ce qui aurait bien sûr été on ne peut plus sincère et désintéressé, mais absolument déplacé.

Trop absorbé par la présence de son frère à ses côtés, ainsi que par l’apparence de l’homme et sa soudaine apparition, l’idée qu’il se trouvait enfin face à une personne pouvant se montrer utile quant  à leur intégration à l’école et toute question concernant leur nouvelle situation ne l’effleura absolument pas. Il n’avait vraiment pas l’esprit pratique.

Ce chemin que nous traçons

Son sourire s’agrandit face à sa propre bêtise et l’amusement du professeur. Effectivement, l’auto-défense et le combat semblaient bien mieux convenir à cet homme qui n’avait définitivement pas une allure de secrétaire. Jehan accepta les papiers, et plus tard son sac, d’un hochement de tête et un sourire. Car oui, Jehan est un jeune homme très souriant. Mais nul besoin de s’inquiéter, ses zygomatiques sont bien musclés depuis le temps.

« Merci à vous, Professeur, de nous accueillir. »

Il était reconnaissant à Ryan, qu’il n’appellerait certainement jamais ainsi puisque rien que l’idée d’appeler un homme plus âgé et une figure d’autorité par son prénom…Non, cela le mettait définitivement mal-à-l’aise. Il lui était sincèrement reconnaissant de les avoir accueillis ici alors que ce n’était vraisemblablement pas sa fonction. Mais de manière plus générale, sa gratitude éternelle allait à tous les professeurs et ceux qui leur avaient permis à son frère et lui-même d’intégrer cette école.
Jehan alla donc sagement s’asseoir à l’emplacement prévu à cet effet que leur avait indiqué le professeur. Bien que cela ne lui plut vraiment pas, il n’eut pas d’autre choix que de lâcher son frère, sa main se resserrant brièvement sur son poignet en un geste d’affection avant de s’en éloigner avec reluctance. Tant pis, il était au moins réconfortant de se dire qu’il aurait tout le temps de le coller plus tard. Quand ils seraient seuls.
Une fois tranquillement assis à la table, il survola brièvement le règlement. Brièvement dans le sens où il ne prit le temps que de lire les grandes lignes, se disant qu’il lirait le reste avec plus d’attention plus tard. Ou jamais, qui sait, il oublierait certainement.
Il allait finalement s’arrêter sur la section des spécialisations, qui d’ailleurs lui prendrait certainement un bon moment de réflexion, lorsqu’une simple pensée se rappela à lui et le plongea dans un effroi soudain. Il releva son visage des documents et posa des yeux affolés sur son frère, puis sur le professeur.

« Qu’en est-il de ma famille ? Est-ce que j’ai le droit de la contacter ? Ils vont se demander ce qu’il s’est passé, je suis parti sans les prévenir ! »

Tout aussi soudainement, il regretta ces paroles. Anxieux, il fit particulièrement attention à ce que son regard de se détourne pas vers Dorian. Il savait que le sujet des parents n’était pas le meilleur à évoquer considérant le passif de son frère, et le blesser était bien la dernière chose que voulait Jehan. L’angoisse que ses mots puissent provoquer un quelconque sentiment négatif chez son jumeau le fit augmenter son déjà anormalement haut débit de parole. En temps normal, l’adolescent combinait déjà sa nature bavarde avec une tendance à parler exagérément vite. La nervosité avait la fâcheuse habitude d’empirer cet état de fait. Les mots qui se bousculèrent donc hors de ses lèvres étaient à la fois hâtés par l’irrépressible envie de changer d’un sujet qu’il regrettait d’avoir aborder.

« Et pour les cours, est-ce que cette école a un programme particulier ? Je veux dire, par exemple des cours d’auto-défense…Ce n’est pas courant ! Et puis, je me demandais, quelles races y a-t-il dans cette école ? Et des humains, il y en a beaucoup ? »

Sans doute aurait-il pris plus de temps pour y réfléchir, pour mieux les formuler si la situation avait été différente. Mais cela restait des questions dont les réponses l’intéressaient réellement. Et encore…Ce n’était qu’un échantillon des centaines d’interrogations qui le rendaient si impatient de découvrir l’école.

étant donner son absence l'absence de Jehan depuis le mois de décembre, son compte a été supprimer. Libre a vous de continuer ce rp. Dorian, si tu souhaite apporter des modifications a ton personnage sache que cela est possible.

bonne continuation.

Continuer sans le frère disparu ? Cela va être compliqué pour ce rp. Par contre je pense que pour mes prochains rp je dirais que mon frère a eu des regrets envers sa famille d’accueil et a préféré repartir, me laissant seul ici. Donc j'aurais beaucoup de peine et de rancœur envers lui ? Dans ce cas je deviendrais psychologiquement instable, etc. Donc pas besoin de modifier mon histoire Je modifie juste mon futur !

ok ça marche rp archiver alors.