Comment ça, je pouvais effectivement m'excuser ? Je n'avais rien fait de mal techniquement. En fait, tout était de la faute des potions. Et puis, il râlait, il râlait, mais au final, c'était moi qui avait tout pris et qui avait fini dans les pommes. Incroyable comme avoir été inquiet le rendait de très mauvaise humeur ensuite. En fait, je constatai que mon vampire était nul pour gérer ses émotions parfois. Et toujours quand c'était avec moi... Une vraie constante, il méritait presque des points pour ça. Hum, s'il avait conscience de la moitié de ce que je pensais, il me punirait... Ou il le prendrai très mal.

En plus, il avait l'air plus sérieux, genre "je vais te refaire la tête comme j'aurais dû la refaire quand je t'ai trouvé". Devrais-je avoir peur ? Ça me donnait encore plus envie de me cacher et de ne plus jamais - jamais ! - sortir de sous ces draps. En tout cas, il n'avait pas l'air d'être content que je me cache mais ça n'allait pas changer grand chose. J'étais bien là où j'étais.

-Non... T'as l'air de vouloir me taper. J'ai fait de mon mieux.

Et voilà qu'il se mettait à être véhément. Oh, comme si je ne savais pas que je m'étais évanoui, hein ? Je me connaissais bien assez pour savoir quand je faisais un black-out, merci. En plus, il se mettait à être carrément grossier... Non mais franchement, je ne voyais pas à quoi cela lui servait, nous étions des personnes civilisées. Du coup, je retirais la tête de sous les couvertures en faisant la moue parce qu'il était quand même vachement pas sympa d'être aussi... énervé. Parce qu'il était inquiet.

-Je m'en souviens oui. Et je sais bien que je ne le ferais plus. Je n'aurais jamais cru que ce serait aussi puissant, prenant, fou ! En fait, les Directeurs sont un peu cinglés. Mais c'est normal pour des gens sympas.

Et en plus, il me tournait le dos ! Hé, c'était lui le dominant, c'était lui qui devrait savoir se contrôler un minimum ! Non, mais je rêvais et j'avais presque envie de faire la tête. C'était son cadeau de Noël, j'avais voulu qu'il soit très content... Et voilà.

-Alors là, si tu fais la tête le soir du réveillon... Je te jure que je te prends le cul !

Bon, en fait, ça ne risquait pas d'arriver puisqu'il ne me permettrait jamais d'effleurer même son intimité pour pouvoir lui faire sentir tout mon talent dans la chose. Pff, c'était un peu nul, d'ailleurs, j'aurais tellement aimé qu'il puisse... Enfin, valait mieux pas que je me laisse à penser à ça le soir de Noël, ce genre de cadeau miracle, c'était pas pour moi. Mais j'aurais aimé prendre soin de lui de cette façon.

Je m'approchais et me collais à lui. Et je lui mordis gentiment l'oreille.

-Je vais mieux, Eirik. Et quand je serai plus puissant, je saurais tenir encore plus et plus longtemps. Et plus de potions... Dis, c'est quoi mon cadeau ?

Puisque j'arrivais à penser à autre chose que me faire ravager de plaisir... Je fis bouger le matelas en sautillant presque dessus.

-Je veux savoir ! Je veux savoir maintenant !!!

Et comme s'il m'avait entendu, Glacier vint sauter sur le lit et miaula pour avoir un peu d'attention.

Ah, j'avais été certain que ça le ferait réagir que je lui dise cela, je ne m'étais pas trompé. Je me retins de rire alors qu'il râlait à ce sujet. Je savais bien qu'il ne se laisserait pas faire, merci, je n'étais pas complètement à côté de la plaque à ce sujet, pas plus que je n'espérais quoique ce soit d'ailleurs. Par contre, comme j'étais presque désespérément honnête avec lui à ce sujet, je me permis une légère moue avant de marmonner.

-Dommage, j'aurais aimé te faire l'amour au moins une fois. J'aurais tellement pris soin de toi.

Oh non, il repartait là dessus. Oui il était le dominant mais il n'était pas parfait, moi non plus et j'avais plus ou moins compris que je l'excitais à un point auquel il n'était jamais arrivé avant moi. C'était aussi flatteur que gênant, je ne voyais pas en quoi j'étais meilleur mais tant que je l'étais pour lui, ça m'allait. J'eus presque envie de me coller à lui en ronronnant comme Glacier quand il me dit combien il aimait me faire l'amour... Si je n'étais pas en train de me réparer, je lui serais sauté dessus. Le vilain, j'avais encore de la potion en moi, c'était juste mon état à moitié de fumée qui faisait que je pouvais me contrôler un peu.

-Promis, plus de potions. Je vais bien, chéri. C'est surtout la fatigue mélangée au plaisir, pas la douleur qui m'a fait sombré. Et présentement, je n'ai pas mal du tout puisque c'est en fumée.

Je me laissai aller à fermer les yeux sous sa caresse, l'était tellement chou mon vampire quand il voulait. Ah, enfin il se redressait pour me donner mon cadeau ! Et il en avait même un pour Glacier ! Je l'embrassai passionnément et ouvrit le premier paquet. Un livre. Ça me tira un sourire mais j’écarquillais les yeux très vite. C'était l'écriture d'Eirik... Pas aussi belle et nette que maintenant mais donc ça voulait dire que c'était quelque chose qu'il avait fait lui-même. Je ne reconnaissais pas la langue ou du moins, je ne la parlais pas plus que je ne pouvais l'écrire. En réfléchissant tout en déballant le cadeau de Glacier, je finis par dire....

-C'est nordique donc... tu as écris en viking ?

Le cadeau pour mon chat me fit sourire un peu plus. Et puis ça avait eu le mérite de le faire rire que mon Main Coon vienne réclamer son présent. Je passais soigneusement le collier à Glacier qui miaula et vint se frotter à Eirik avec un miaulement de satisfaction.

-Je crois qu'il te dit merci.

Je pris son dernier cadeau et je rougis ensuite violemment. Vraiment ?! Il m'offrait un collier comme ça ? J'avais envie de rire mais il prendrait ça pour une moquerie alors qu'en réalité, je le trouvais atrocement mignon de vouloir me faire porter quelque chose qui ferait savoir à tout le monde que j'étais à lui pour peu qu'ils voient la plaque. Ah, mon vampire était vraiment quelque chose quand même. Je me penchai sur lui pour un bisou amoureux.

-Merci mon chéri. Tu me le mets ?

Ça serait plus symbolique que ce soit lui qui l'accroche. Je lui donnai le collier et lui tournai le dos pour qu'il le fasse tout en appelant son deuxième cadeau avec un filin de fumée. Je déposai la boîte sur lui une fois le collier autour du cou, la petite plaque de métal froide m'avait un peu fait frissonner.

-Joyeux Noël !

Dans le paquet, je lui laissai une de mes études historiques sur l'évolution des populations de Mésopotamie. J'avais un peu remonté le temps pour la faire donc elle était plutôt très précise. En tant qu'historien, ça pourrait l'intéresser. Et quelque chose d'un peu plus personnel dans un autre emballage : un bracelet en platine entremêlant sa pierre de naissance et la mienne (la topaze bleue). J'espérai que ça lui plairait vraiment. J'avais eu un mal fou à la faire faire et je m'étais pris beaucoup de temps à l'avance pour ça... En jouant encore avec les dimensions d'ailleurs.

-J'adore notre Noël.

Je donnai son cadeau à Glacier, un nouvel arbre à chats dans lequel il alla s'installer.

Je ne m'étais donc pas trompé, c'était bien son écriture et... Bon sang, une nouvelle écriture à apprendre, à traduire, à aimer. Si ce n'était pas la nuit, je serai déjà en train de travailler dessus mais je devais calmer mon enthousiasme et attendre au moins jusqu'à demain, le vingt-six pour avoir l'air poli. Même si j'étais excité comme une puce. Et en plus, c'était des souvenirs d'Eirik et ses frères ! Oh, j'avais tellement hâte que je faisais encore bouger le matelas sous moi pour m'éviter de me lever pour sautiller dans tous les sens. Je voulais savoir, je voulais lire ! Main... Non, le vingt-six. Je serai patient et fort, le vingt-six. Je refermai le livre pour avoir un peu moins de tentation.

-Je vois très bien. Je vais apprendre tellement vite qu'on pourra aussi parler dans ce langage. Je me souviens de ton choc quand tu as vu que je pouvais parler norvégien.

Il émit un petit rire et montra l'étude en essayant de ne pas paraître gêné.

-S'il n'y a pas de nom d'auteur, c'est parce que c'est moi qui l'a fait. J'ai voyagé dans les dimensions et le temps parce que je m'intéressais beaucoup au concept de calcul en base soixante des babyloniens. Du coup, ça a donné ça... Je ne l'ai jamais publié mais si ça peut te rendre service et te plaire...

J'avais tout de même rosi mais bon, je doutais que ça fasse autre chose que faire sourire Eirik. Moqueusement. Et puis, il pouvait être lancé après ce qu'il venait de me dire. Comment étais-je censé oublier que j'étais à lui ? D'accord j'avais une mémoire défaillante sur les gens mais impossible que je l'oublie lui. Le lien lui-même ne me laisserait pas faire une telle chose. Ce qu'il était possessif et jaloux... Le pire, c'était que je m'en accommodais facilement de ce fait puisqu'au fond, je côtoyais peu de gens dont il pourrait l'être. Sauf Alphonse.

Je mis soigneusement le bracelet à son poignet. Et tomba la question à laquelle j'aurai aimé échapper. A croire qu'Eirik savait quand il fallait fouiner pour pouvoir être mécontent... Me recouvrant un peu plus, je m'aperçus alors que la potion avait complètement disparu de mon corps à mon grand soulagement. Je gigotai, essayant de trouver un moyen doux de faire passer la pilule. Je fis venir du champagne et deux coupes et je les remplis, toujours sans répondre... Puis avec un sourire, je dis :

-Eh bien... Je... Ben...

Comme si c'était le moment de bafouiller. J'inspirai à fond et dis d'une traite.

-J'airemontéletempspourassisteràtanaissanceenutilisantmescompétencesdevoyagedanslesdimensions!

Et je me mis à caresser Glacier en buvant mon champagne après avoir fait tinter mon verre contre le sien. Je savais que ça ne serait pas suffisant donc je pris encore quelques secondes pour prendre un peu de courage et m'expliquer.

-Comme tu ne me l'avais pas dit et que je tenais à un cadeau vraiment personnalisé, eh bien je n'avais pas trop le choix. T'étais très mignon bébé.

Est-ce que ça allait passer ? Techniquement, ça n'était pas une bêtise, n'est-ce pas ?

Ah, il n'explosait pas. Ou du moins, il n'explosait pas de suite. Était-ce une bonne chose, je ne le savais guère. Et puis au fond, ça aurait été stupide de ma part de lui mentir, il savait quand j'essayais de lui cacher quelque chose. Pour la nuit-matin de Noël, je n'avais pas besoin d'ennuis mais d'amour, de câlins et ce fut bel et bien pour cette raison de que mit mon nouveau livre sur la table de chevet pour venir me coller tout contre lui, passant mes bras autour aussi. Tout content d'être là où j'étais, je  voulus bien commencer à expliquer.

Bien qu'à mon sens, il n'y avait pas grand chose à dire en réalité. En fait, je ne voyais pas pourquoi il craignait tellement que je remonte le temps pour le voir. Je ne serais pas intervenu dans quoique ce soit, ça aurait pu le changer et je voulais mon Eirik, point.

-Oui, j'ai remonté le temps pour te voir naître. Et si, tu étais adorable.

Je l'embrassai sur la tempe tout en lui caressant le dos pour essayer de faire catapulter son inquiétude... Ou envoler... Peu importe. Eirik ne devrait pas être inquiet de ce que j'aurais pu voir. Vraiment pas. Surtout qu'il n'avait pas vu grand chose.

-Je ne suis pas resté longtemps, juste pour te voir naître. Je suis à peine arrivé une heure avant ta venue au monde. Ta maman était vraiment très belle. Fatiguée aussi. Enfin, je m'égare... Je suis resté jusqu'à ce qu'elle t'ait récupéré dans ses bras... Je t'ai laissé un bisou sur le front aussi et je suis reparti. Je n'ai même pas vu tes frères aînés.

Ou peut-être qu'il avait été là mais je m'en fichais complètement, c'était mon vampire que j'étais venu voir et rien d'autre. Je vérifiais que le bracelet était bien en place et je posai ma tête contre son torse. Après avoir fini ma flûte de champagne. Je fis venir la bûche pâtissière que j'avais prévu pour l'occasion et j'en coupais plusieurs bouts avant de lui en proposer une bouchée pour le dérider un peu. En plus, la crème aux fruits rouges était légère et tellement bonne. J'essayai de ne pas faire le glouton mais c'était mal parti.

-Je te promets que je ne voulais pas fouiner et que je ne l'ai pas fais. J'ai plus ou moins compris que tu as toi aussi un rapport douloureux avec ton passé et je ne veux pas te faire mal. Mais tu sais, pouvoir voir la personne que l'on aime naître, c'est... indescriptible en fait. Je suis réellement heureux de l'avoir vu.

Je lui fis un tendre baiser sur les lèvres malgré la crème. Pas que ça devrait le déranger d'ailleurs.

-Je suis heureux que tu existes.

Et je fis finalement le gros gourmand, mangeant et mangeant alors que mon corps se faisait à nouveau totalement solide. Comme quoi, le sucre des gâteaux, ça pouvait être une super bonne idée.

-Peut-être que je devrais te montrer la mienne... Mais de ce que je sais, c'était beaucoup moins heureux.

Franchement, s'il m'en avait voulu, j'aurais trouvé ça un peu étrange quand même. Mais bon, comme la question ne se posait pas et qu'il n'y aurait jamais de punition à ce sujet, j'étais plus que tranquille pour finir de manger mon bout de bûche. Enfin, la moitié quoi. J'en avais sans doute trop pris mais c'était du sucre et ça n'était pas étonnant que j'aie besoin de retrouver des forces après la nuit de folie qu'on avait eu. Mon postérieur restait encore un peu sensible même s'il était réparé, j'en étais conscient. Mais je voyais aussi que de toute façon, Eirik n'avait aucune envie qu'on remette encore le couvert. Sûrement encore inquiet de m'avoir vu m'évanouir.

-Ça m'aurait embêté que tu t'ennuies... Mais au fond, je suis sûr que tu aurais trouvé quelque chose, tu es très débrouillard.

Et puis, à sa manière de le dire, il donnait presque l'impression d'être content que je le mette en colère une fois par semaine. C'était étrange de le penser mais peut-être qu'il avait besoin de ça pour être moins stressé en fait, qu'en savais-je ? En tout cas, je le laissai m'enlacer et me faire des papouilles bien que lui ne verrait pas la chose ainsi. Je me détendis quand il avoua ne pas vouloir voir ma naissance, c'était tant mieux, je n'aurais pas voulu qu'il s'énerve encore contre maman en fait. J'avais tendance à oublier l'inimitié entre eux. Pire, j'avais tendance à oublier ma promesse bien que je la tenais inconsciemment.

-Je ne suis pas un môme...

Il fallait bien que je râle pour la forme. Enfin, s'il était heureux comme ça, c'était très bien, je n'allais pas m'en plaindre. Je renvoyais tout à la cuisine en faisant attention à mettre le champagne dans le frigidaire et je me couchai contre lui pour un bon câlin en bonne et due forme. Je m'installai à moitié sur Eirik, bien couvert par les draps et baillai. Je lui souhaitai encore joyeux noël et je m'endormis. J'avais encore besoin de récupérer.

Mais je pouvais dire que c'était le meilleur Noël de ma vie.