Lawrence descendait vers Félisiz les mains le long du corps, bien couvert par son léger manteau elfique. Toujours vêtu comme les siens d'ailleurs. Ce jour-là, il avait attaché ses longs cheveux bleus, les emprisonnant dans une longue tresse qui se promenait sur son épaule quand elle ne courait pas le long de son dos. Perdu dans ses pensées, il laissait ses pas le menait machinalement bien que cela ne serait que la deuxième fois qu'il se rendait à la nouvelle ville.

Quant à ses pensées, elles se faisaient presque brumeuses, il essayait toujours de savoir où il allait avec Maksimilian. Son meilleur ami. Qu'il avait embrassé et caressé dans son lit. Qu'il avait fait jouir. Ses joues se colorèrent de rose alors qu'il secouait la tête. Qu'attendait-il de tout cela ? Était-il réellement capable de s'investir dans une relation alors qu'il marchait parfois sur une corde raide avec son côté esclave ? Et surtout, était-il amoureux ?

Il était déjà là. Et même s'il ne voulait pas le montrer, je voyais bien qu'il était stressé. Qu'espérait-il ? Je me disais qu'il avait sûrement envie de plus... Rien qu'à la façon dont il me regardait, il y avait tellement de tendresse dans son regard. Tellement d'envie aussi. Il pensait tout cacher mais je n'avais pas de mal à le lire présentement. Sûrement parce que je voulais tout voir, le dépouiller de son armure... Je l'avais vu sans et je le préférais sans.

-Bonjour, Maksimilian. Je n'ai eu aucun mal, je te rassure. Je vais bien, merci et toi ?

Je m'avançai lentement vers lui et sans hésitation visible, je lui pris la main. Pour le rassurer un temps soit peu. Puis de l'autre, je lui pris ce bâton à cancer et je l'éteignis contre la poubelle toute proche avant de la jeter à l'intérieur. Puis je déposai un baiser sur sa joue.

-Je suis content que tu aies bien voulu de ce moment. Cependant, comme je vais être vraiment proche de toi, tu fumeras plus tard. En tant que chanteur, je ne peux pas m'encrasser les poumons, tu sais.

Et le Chanteciel tira son ami, l'entraînant vers le marché de Noël tout proche. Il voulait du vin chaud avant qu'ils ne commencent cette conversation des plus sérieuses. Payant les deux boissons, il poussa ensuite l'ange déchu à finir sur un banc à l'écart sans pour autant qu'ils perdent de vue la foule animée qui se pressait pour trouver ses cadeaux. Il but lentement une gorgée, se réchauffant les doigts sur son gobelet.

-Tu sais... Ça m'avait fait vraiment beaucoup de bien... Même si j'étais faible à cause de ma maladie... Je n'avais jamais pensé que mon corps avait réellement besoin de ça.

Il fallait bien commencer quelque part et Lawrence s'était dit que ça ne serait pas si mal de déjà faire le point sur ce qui s'était passé. Il but une nouvelle gorgée, se lécha les lèvres alors que les épices le réchauffaient à l'intérieur aussi. Inquiet aussi des idées qui avaient pu naître dans l'esprit de son ami parce qu'il s'en était un peu éloigné, il poursuivit, ses yeux remplis de reflets sur quelques enfants qui riaient non loin d'eux.

-Je ne regrette absolument pas, pas plus que je ne t'en veux. Que l'on soit bien d'accord sur le sujet, j'étais consentant, ça n'avait rien d'un abus.

Il se sentit encore rosir.

-Cependant, j'avais besoin de réfléchir. Et toi aussi, je suppose. A moins que tu aies toujours su ce que tu voulais.

Lawrence souriait tendrement. Bien sûr que Maksimilian avait prêté attention à ses désirs. Qu'il avait voulu prendre soin de lui. Il le savait bien, mais de l'entendre le dire le fit frissonner tout en déployant une douce chaleur dans son corps. A tous les coups, il n'allait pas cesser de rougir de si tôt puisque la conversation commençait à peine. Il était cependant étonné que son ami préfère ne pas relever qu'il lui ait dit qu'il en avait eu besoin. Tout en le remerciant silencieusement, ça avait été gênant à dire.

Buvant encore, il posa finalement ses yeux sur l'ange déchu pendant sa réplique. L'elfe était d'une certaine façon rassurer que le brun ait fait le tri dans son esprit également. Qu'il sache avouer ses peurs également, même si c'était à demi-mots.

-Oui, je sais lire en toi. Mais tout de même, avant cette matinée là, je n'aurais pas su croire que...

Le Chanteciel marqua une hésitation.

-Que tu es amoureux de moi. J'ai bien vu qu'on avait un lien très fort et je n'aurais pas invité n'importe qui à venir en vacances chez moi, nous en sommes conscients.

Il le savait forcément, déjà qu'il était sûrement l'une des seules personnes qui puissent me toucher sans mal. Sans que je sombre dans toutes ces bêtises que l'on m'avait enseigné. Et puis il y avait eu ce baiser dans la salle de classe alors qu'il m'avait dessiné. Bien sûr, il avait presque semblé anodin à l'époque, plus quelque chose qui tenait du pur désir. Contrairement à ce matin là. Où il avait été bien plus doux. Rien que son regard...

-Je ne veux pas te perdre en tout cas.

L'une de mes mains était encore venue se poser sur lui. Quant à ses yeux bleu nuit, il m'en refusait l'accès alors qu'il fermait ainsi ses paupières. Je serrai doucement son poignet, me rapprochai de lui pour enlever cet espace vital presque... inutile. Parce que je ne mentais pas, je ne voulais pas le perdre. Et je ne voulais pas perdre de cela.

-Alors je veux essayer. Je veux être ton petit-ami... Si tu le désires aussi

Lawrence n'avait jamais eu autant l'impression de sauter dans l'inconnu qu'à ce moment précis. Il avait beau savoir que Maksimilian l'aimait, cela ne voulait pas dire que celui-ci ne fuyait pas l'amour dès qu'il le rencontrait. Il savait combien le brun était fragile et sensible mais se refusait de le montrer en général. Il doutait même que le professeur Néri ait su l'obliger à montrer une tendre émotion, puisque l'ange déchu préférait s'énerver en le voyant.

Posant son gobelet vide près de lui, le Chanteciel prit dans ses deux mains l'une de celle de Maksimilian.

-L'on devra sûrement être patients l'un avec l'autre mais... Ça peut marcher. Et je veux passer Noël avec toi.

Il osa un doux sourire alors que les enfants riaient encore autour, ses cheveux balayés par une douce brise caressaient ses joues.

L'elfe ne trouvait pas ses propos si embrouillés mais il supposa que le moment était si stressant pour l'ange déchu qu'il avait du mal à capter chaque mot et à les prendre pour ce qu'ils étaient. Lawrence ne cachait rien dans ses déclarations, il essayait même de ne permettre aucun doute sens, surtout qui aurait pu être négatif. L'instant était bien trop important pour qu'ils les fassent souffrir ainsi. Aussi, il attendait que Maksimilian gère un peu son angoisse.

Et puis le gobelet du brun lui tomba des mains. Heureusement, le fond de vin chaud de celui-ci ne tâcha que le bas du pantalon de l'ange déchu alors qu'il roulait sur le sol. Lawrence avait pensé que la nouvelle choquerait son ami mais là, c'était presque comme s'il annonçait l'apocalypse. Il aurait bien froncé les sourcils mais cela marquerait une tension chez lui et il n'avait pas envie de la montrer. Étrange pudeur que celle-là, n'est-ce pas ?

-Maksimilian, tout de même, penses-tu que je le proposerai moi-même si c'était au-dessus de mes capacités ? Tu me sais prudent, enfin...

En fait, c'était presque vexant qu'il puisse penser que je faisais ça sans avoir réfléchi. Je m'étais plus d'une semaine au moins, et oui, je savais quelles conséquences cela auraient sur ma vie et ma personne, oui. J'eus une sévère envie de le rabrouer face à ce manque de confiance flagrant mais en sachant qu'il essayait par la même de se protéger, je ne pouvais pas. Je connaissais sa fragilité et c'était bien pour cela que j'avais pris autant de temps à penser à ce que pourrait être notre relation.

-Maksimilian, j'y ai réfléchi pendant une semaine, je sais ce que je fais. Donne-moi un petit peu plus de crédit que cela.

Et pour donner un peu plus d'impact à ses dires, Lawrence fit quelque chose qu'il ne referait pas de si tôt. Il donna une petite tape sur la joue de Maksimilian avant de venir effleurer ses lèvres des siennes. C'était le mieux qu'il pouvait faire en public, trouvant cela assez gênant de s'afficher puisqu'il n'était généralement pas à l'aise avec les contacts tout court. Rose, il ne baissa pas pour autant les yeux.

-Donc, sommes-nous ensemble ou pas ?

Que ce stress cesse enfin pour nous deux. D'autant que sa panique n'avait absolument rien de plaisante pour moi. Je n'étais pas un sadique.

Lawrence se pencha une courte seconde pour attraper le gobelet entre les pieds de l'ange déchu, attrapa le sien. Il les mit l'un dans l'autre, attendant que Maksimilian se reprenne, réponde. Il ne savait pas ce qu'il ressentait hormis du stress mais au moins, dans quelques secondes, ce serait enfin fini.

Quelque part, il était soulagé de ne pas avoir à dire les mots finaux.

Il en avait fallu du temps à Maksimilian pour se détendre et sourire enfin mais Lawrence pouvait le comprendre, il avait bien vu que le brun avait voulu s'éviter un quelconque espoir qui pourrait être déçu. Quand l'ange déchu prit sa main, l'elfe se sentit sourire un peu plus, l'air enfantin de son petit-ami était adorable. Lawrence avait l'impression de lui avoir offert Noël avant l'heure. Ce qui l'allégea... Il ne faisait vraiment pas d'erreur, si voir le brun si bien lui faisait du bien alors ils étaient tous deux sur le bon chemin.

-Je ne me sens pas plus facile à vivre. Tu vas devoir jongler avec mon côté esclave, le fait que je ne suis pas très tactile et je ne montre pas si facilement mon affection. En ce qui concerne mes sentiments, je suis pudique...

Vraiment, l'elfe ne se voyait pas comme quelqu'un de pratique. En plus, il n'avait pas cette joie de vivre et cette optimisme que laissait voir l'ange déchu. Ils n'étaient pas non plus des contraires mais ils se heurteraient forcément sur certaines choses. Le Chanteciel se sentit rougir un peu plus quand Maksimilian se rapprocha de lui, le cœur battant bien plus vite qu'au cours de leur discussion. Il posa sa main sur la hanche du brun, pensant comprendre ce qui allait venir...

Oh... On s'était déjà embrassé. Mais là, c'était si différent. C'était bizarre de se dire qu'une décision prise à deux, celle d'être un avec lui au fil du temps changeait tout. Et puis sa tendresse me faisait fondre, bien que je savais qu'il n'était pas toujours si doux. Je m'étais réveillé avec quelques ecchymoses de notre étreinte sexuelle. J'en avais rougi, comme je rougissais maintenant. Ce qui ne m'empêcha pas de lui répondre, avec toute la douceur suave dont j'étais capable. Malgré la gêne. Parce que ça prouvait qu'on était bien liés ainsi.

-Oui, j'ai besoin d'acheter quelques cadeaux, comme tu t'en doutes. Je voulais te prendre des pastels, puis je me suis dit que ce n'était pas très personnel comme présent.

Lawrence se leva à son tour, souriant joyeusement à ce que disait le brun.

-Tu finiras par y croire. De toute façon, cela a toujours été toi avec moi, non ?

Et prenant doucement la main de Maksimilian, le Chanteciel l'entraîna vers les étals colorés, essayant de se souvenir d'à qui il devait faire des présents. Son petit-ami évidemment, mais ensuite... Son prince... Sword, éventuellement... Monsieur Ishirama, pour sa patience. Dorian. Ses parents. Cela faisait tout de même une belle liste et il voulait vraiment que ses cadeaux aient une valeur, pas qu'ils soient juste fait parce qu'il le fallait. Surtout qu'il ne voyait pas la chose ainsi.

-A qui comptes-tu faire des cadeaux ? Ne devrais-tu pas inclure monsieur Néri ? Pour qu'il soit plus gentil avec toi.

L'elfe taquinait son petit-ami bien sûr, il le voyait mal le faire même si lui comptait offrir quelque chose. Parce que l'homme était l'un de ses protecteurs les plus actifs, il en était conscient. Peu importe que l'ange déchu à côté de lui le voit ou non.

-Y a-t-il quelque chose de précis qui pourrait te faire plaisir ?

-Ça aurait été bateau, même mais c'est une des premières choses qui me soient venues.

Vu ce qu'il disait, il en avait même bien trop. Lawrence avait bien fait de poser la question, cependant, la suite n'allait pas l'aider, il le sentait. Il se souvenait avoir entendu quelques personnes s'offrir comme cadeau de Noël à leurs amants, à faire ce que bon leur semblait. Sauf que ça, c'était tellement hors de question. Pas qu'il n'avait pas confiance en Maksimilian mais il avait encore et toujours ce ressenti... Le fait que le brun était frustré et qu'il ne faudrait pas grand chose pour qu'il craque. Or, il n'était pas prêt. Il avait trop peur de perdre le contrôle de lui-même.

-Nous n'avons qu'une personne en commun, c'est amusant. Pourtant, nous passons énormément de temps ensemble, dès que nous le pouvons. Cela prouve bien que nous faisons des rencontres intéressantes... Il est bon quelque part que nous n'ayons pas les mêmes amis.

Le Chanteciel ne montra rien mais intérieurement, il eut une courte seconde de jalousie. Son petit-ami venait de dire le nom d'une personne qui l'avait effectivement dragué. Bien qu'il ne pensait pas que l'ange déchu saurait le tromper, le fait que ce Caleb soit assez important pour avoir un cadeau l'angoissa un peu. Il savait que c'était risible et la marque du fait qu'il avait très peu confiance en lui mais cela ne voulait pas dire qu'il pouvait si facilement ignorer le sentiment.

-Pourquoi l'amant de Monsieur Poitiers serait si en colère ? C'est un simple cadeau. Ce serait comme si je t'en voudrais d'en offrir un à ce Caleb.

Il n'y avait aucune rancœur dans ma voix, non, je m'efforçai d'être tranquille. Après tout, Maksimilian en avait vu des gens me draguer et il ne m'avait fait aucune scène alors je ne me permettrai pas de lui en faire une. Ce serait si irrespectueux et puéril. Je lui souris tendrement, pour le rassurer un peu plus sur mon état d'esprit. Je ne voulais pas déjà tout gâcher, surtout pour si peu. Pour rien même. Et j'éclatai même de rire à ce qu'il dit ensuite. Ce pauvre professeur Néri devait avoir les oreilles qui sifflaient.

-Il en a une blanche et une noire, meleth nîn, c'est donc un Néphilim. Mi-ange mi-démon.

Je ne lui dirais pas ce que cela signifiait s'il ne me posait pas la question, enchaînant.

-Je crains que quelque soit ce que tu feras, tu seras coincé. Je le vois bien te punir avec la présence ou l'absence d'un présent. Mais fais bien comme tu veux. De mon côté, je vais lui en faire un.

L'elfe paya rapidement le cadeau pour ses parents, content d'avoir déjà un casse-tête en moins. Les deux sorciers seraient sûrement ravis d'avoir des graines tropicales. Ils en cherchaient toujours plus pour connaître les qualités curatives de toutes les plantes. Pour Ciriyel, une idée se dessinait dans son esprit. Il allait offrir des fleurs qu'il aurait fait pousser lui-même à son prince. Pour le remercier de ses précieuses leçons, rien ne valait le fait qu'il pratique son don en cadeau. Bien, deux de moins...

-Très bien, très bien, ne m'aide pas. Mais tu vas donc devoir te débrouiller aussi. J'ai trouvé pour trois personnes. Me reste Sword, monsieur Néri, Dorian... Que je n'ai plus beaucoup vu ces temps-ci.

Cela l'attristait un peu. Il ne pouvait que souhaiter que son ami allait bien. Le connaissant peu, il ne pouvait qu'aller sur un présent plus conventionnel. Il trouva un ouvrage pour le brun animorphe sur les animaux les plus méconnus. Peut-être que cela pourrait aider le jeune homme.

-Tu t'intéresses aux pierres précieuses toi ? Rassure-moi, ce n'est pas pour le Dragon, hein ? Il serait vexé.

Ce serait comme lui dire que ses pierres ne valaient pas mieux que ces pauvres petites qu'il avait sous les yeux. Et l'elfe ne doutait pas de la qualité de ce que pouvait faire l'ami de son petit-ami. Il expliqua à Maksimilian que si ce n'était pas une pierre très rare ou d'une autre dimension, cela ne conviendrait sûrement pas.

-Ah, voilà pour monsieur Néri !

Un costume de mère Noël. Le Chanteciel pouffa.

Fous ? Lawrence en doutait, il était bien assez patient pour supporter des personnes plutôt contraires à sa propre personnalité. Il se pensait même capable de parler de sexe avec n'importe qui. La barrière, c'était de ne pas le toucher. Cela ne devait pas être grand chose, la plupart des gens se rencontraient sans même avoir l'idée de s'effleurer. Par contre, l'elfe tiqua un peu à propos du professeur d'histoire ? Vraiment, il aurait fait ça à un élève ? Il se demanda s'il ne fallait pas sauver le bibliothécaire alors... Ce genre de relation était malsaine, rien ne disait que le vampire ne s'attaquait pas à son amant aussi...

-Es-tu sûr que c'est une bonne chose ? Ne devrait-on pas en parler à un autre professeur ? S'il peut être aussi facilement violent, cela est sûrement dangereux pour le bibliothécaire, non ?

Le Chanteciel, se mordilla la lèvre, un peu plus grave du coup. S'il devait chercher l'aide d'un adulte, ce serait... pas son professeur de musique en tout cas. Éventuellement, monsieur Néri malgré ce que disait Maksimilian mais l'homme n'aurait pas tellement de raison de défendre un inconnu. Il n'était pas bonne poire. C'était cela aussi le problème, il y avait peu d'enseignants auxquels il se fierait les yeux fermés, sauf... Ciryiel. Son prince était assez doux et fort pour une mission comme cela. Il lui en parlerait peut-être.

Lawrence retrouva un semblant de sourire quand son petit-ami parla encore du Néphilim.

-Allons, tu dis cela comme si je suis toujours de son côté. Le fait étant juste que tu te comportes de façon particulier enfantine quand il est là. Tu boudes, tu te mets en colère. Il est même très doué pour te faire sortir de tes gonds.

Un peu trop même. J'avais même l'impression que le professeur blond avait mieux compris mon petit-ami que moi sur certains points. Peut-être parce que j'avais encore une sorte d'innocence qu'il n'avait certainement plus. Il avait une façon de regarder le monde, les gens... Elle disait beaucoup, beaucoup trop. Quant à Dorian, il était bien vrai que l'établissement était bien grand. Ce qui n'empêchait pas le fait que je m'inquiète pour lui, la perte de son frère l'avait beaucoup affecté.

-Il ne devrait pas rester seul. Même s'il a besoin de faire son deuil.

Lawrence rosit un peu quand il eut ce baiser du brun. Maintenant qu'il avait plus ou moins le champ libre, celui-ci se montrait plutôt tactile. Heureusement qu'il était plus ou moins habitué à son contact.

-Je ne laisserai personne te tuer de toute façon. Surtout pour avoir offert un cadeau. C'est même plutôt ridicule qu'il soit si jaloux, notre professeur. Il sera rassuré puisque tu m'as, non ?

Et l'elfe rit, rit encore. Non mais franchement, allait-il même savoir s'arrêter alors que Maksimilian en rajoutait ? Probablement pas. En tout cas, il n'aurait jamais acheté cela pour le Néphilim, il savait bien que cela serait retombé sur l'ange déchu et même si quelque part, c'était amusant, il n'aimait pas tellement que l'on se moque du brun. Il fallait dire que celui-ci avait beaucoup cumulé en une année, ne serait-ce déjà qu'à cause de ses groupies.

-Non, je ne vais pas le faire, je voulais juste t'embêter en disant cela, pas besoin de me supplier.

L'elfe se pencha pour l'embrasser sur la joue.

-Par contre, tu laisses entendre des choses étranges sur ce Caleb... Dois-je m'inquiéter ?

Ah, voilà ce que je pouvais offrir à Sword... J'avais entendu dans les couloirs qu'il s'intéressait à l'artisanat en ce moment. Ce n'était pas bien d'écouter les rumeurs mais plusieurs personnes auraient été vus avec des cadeaux fait main de sa part. Dont Dame Astrapi... Du coup, des livres et des morceaux pour débuter ses œuvres ne seraient pas un mal. Je payai rapidement tout en me creusant encore la tête. Maksimilian allait vraiment être le plus compliqué.

-Je vais plutôt prendre ceci pour monsieur Néri. Pas très original mais je ne le connais pas assez pour faire mieux.

L'elfe montra des livres sur l'art elfique. Qu'il ouvrit pour le feuilleter lentement.

-J'ai même envie de le lire pour voir... J'en sais tellement peu. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, le professeur de botanique est un elfe sylvestre. Et je prends des cours avec lui, nous sommes même plutôt proches. Il voudrait te rencontrer aussi, qu'en penses-tu ? Je dois préparer Yule avec lui.

Lawrence avait du mal à croire que tout le monde soit au courant mais que personne ne dise rien. Ça paraissait même complètement invraisemblable comme idée. Pourtant... Non, il ne saurait se faire à l'idée. Tant pis si c'était trop bizarre pour lui, il n'agirait seulement que s'il avait la preuve de ses yeux que le Djinn était en danger. C'était sans doute mieux ainsi... Il espérait juste que ça ne serait pas trop tard, souffrir par amour, c'était aussi beau que sordide. Il ne comprenait pas que le bibliothécaire en soit capable. Il ne se permettrait pas de tomber ainsi de son côté.

Même pour Maksimilian.

Qui avait du mal avec le sujet de Caleb. Décidément, l'elfe allait finir par se poser quelques questions. L'ange déchu aimait énormément l'homme, il n'arrivait pas à le cacher, rien qu'à sa façon de parler du petit dragon suffisait à savoir qu'ils avaient un sacré lien. En même temps, ils avaient passé tout l'été ensemble... Mais bon, Lawrence ne se permettrait pas de s'inquiéter, hors de question. Pas alors que Maksimilian l'aimait de façon si visible.

-Il est certain qu'il faut que je rencontre ce Caleb quand même. Pour me faire une idée de sa personne.

Ça devait être quelqu'un de bien pour que Maksimilian ait déjà tant d'affection pour lui. Il semblait même vouloir le protéger, bien que je ne puisse en être sûr sans les avoir vus agir ensemble. Quant à mon prince... Ce fut avec enthousiasme que j'expliquais à mon petit-ami ce que nous allions faire pour Yule. Ils allaient faire des guirlandes avec des branches, récolter du gui... Ma joie devait être palpable, cela faisait si longtemps que j'attendais l'occasion d'être un elfe véritable. Bien que je me doutais que tout le monde devait me prendre sans mal pour l'un des miens.

-Fêter Yule chez Caleb ? Eh bien... Je suppose que cela peut se faire. Cependant, cela ne risque pas d'être dérangeant ? Ne doit-il pas s'amuser avec ses parents ?

Lawrence se souvenait que le jeune Dragon était le fils du professeur de français. Qui était l'amant de la belle Hidden blonde capable de solliciter la Nature. Le Chanteciel était encore impressionné par ce qu'elle avait fait à Pâques. Il attendait toujours l'occasion de pouvoir lui parler de cela. Heureusement qu'il avait trouvé son prince pour l'aider déjà. Enfin, il s'écartait de ce qu'il devait penser.

-Il n'a pas de petite-amie ? Ou un petit-ami ?

Cela serait étrange d'être en couple s'il est seul...

-J'ai tout ce qu'il me faut. Tu me ramènes à Esperanza en volant ?

Que je sois dans tes bras ?

Lawrence était un peu rose, mais il tenait à passer encore un bon moment contre Maksimilian. Et puis, ce serait bien qu'ils se fassent un câlin, aussi, non ? Ou il pensait trop ? Voilà, voilà, maintenant qu'il était en couple, il se posait des questions stupides. Il vérifia ses achats et serra son sac contre lui. Il avait envie d'un moment rien qu'à eux. Après toutes ses circonvolutions, il avait juste envie de profiter enfin de son petit-ami pour ce qu'il était pour lui.

Lawrence trouvait cela un peu triste que le dragonneau soit tout seul. Vraiment. Surtout que son père était juste à côté mais cela devait être le choix de Caleb sûrement. Il ne voulait pas déranger alors que son parent pouvait profiter de son amour. Il aurait fait la même chose de son côté en tout cas. Même si de toute façon, il n'avait pas à se poser la question en ce qui concernait ses parents adoptifs, ceux-ci allaient à une congrégations de sorciers et clairement, il valait mieux qu'il ne soit pas là.

-Tu peux lui assurer que nous serons là. Après tout, si nous ne pouvons pas le faire en famille, prenons les amis. Et puis, c'est souvent plus amusant avec eux.

Trop jeune ? Huit ans ! Effectivement, Lawrence trouvait cela plus que jeune. C'était un enfant. Et du coup, il s'en calma littéralement. Aucune chance qu'il se sente en compétition avec un garçonnet. Il ne devait même pas savoir ce qu'était réellement l'amour romantique à son âge. Il avait bien fait de se dire que le Dragon ne représentait pas un quelconque problème. Mais il fallait avouer qu'en avoir la confirmation, c'était tout de même bon pour l'esprit.

Et en plus, Maksimilian acceptait de le ramener en volant. Le brun semblait même heureux de sa demande, ce qui poussa le Chanteciel à rosir un peu plus. Il serra soigneusement l'ange déchu, lui faisant complètement confiance pour la suite des opérations. Quitter le sol lui donna une petite bouffée d'angoisse mais son petit-ami le tenait si fermement que ça irait.

En plus, le ciel était magnifique. Bien sûr, l'air était frais, mais au moins, il m'empêchait de m'endormir parce que finalement, j'étais plutôt détendu dans l'étreinte de Maksimilian. Le retour fut tout de même plutôt rapide mais quand il se posa, je ne le lâchais pas de suite. Au contraire, je restai lové contre lui pour un moment tendre. Dans ma chambre, sur mon lit. Ça allait devenir une habitude. Je pensais que j'allais l'aimer, d'ailleurs, cette habitude.

La suite et fin de la journée se passa comme pour tous les amoureux lors de leurs premiers moments rien qu'à eux. Bisous, câlins, mots doux... Et Lawrence ne risquait pas de s'en plaindre.