Comme toujours, je passais mon temps auprès de ceux qui en avaient le plus besoin. Et il me semblait bien qu’en dehors de mes précieuse plante, ma présence n’était pas requise. Mais je n’en m’en attristais pas au contraire. Je vaquais donc à mes occupations habituelles. D’abord inspecter la teneur en humidité des pots. SI le besoin s’en faisait sentir arroser. Vérifier la couleur des feuilles, le développement des pouces. S’assurer qu’aucune maladie ni parasite venaient importuner mes protégées. EN parlant de parasites, j’avais dû faire face à une invasion d’insectes ses derniers temps. Bien que la serre ne procure pas un abri chauffé, c’était tout de même à l’abri du gèle, du vent et des prédateurs. J’avais donc vu un nombre impressionnant de mouches voleter çà et là.
Ca n’aurait pas été un problème si ces volants n’étaient pas aussi agaçant. Venant se poser sur moi, pondant leurs œufs partout, et se permettant de faire leurs déjections sur les surfaces les plus visibles. Bref un vrai calvaire. J’avais donc décidé d’installer aux endroits stratégique des plantes qui avaient pour but de capturer ses indésirables. Les plantes carnivores étaient parfaites. Seulement voilà… C’était des plantes tropicales et la chaleur de la serre n’était pas spécialement optimale pour permettre à celles-ci de se développer convenablement. Sans compter le taux d’humidité qui était proche de zéro. Il avait donc fallu que je procède à quelques ajustements.
Dans un coin de la serre, j’avais utilisé des tubes de bambou pour créer un réseau qui ferait tout le tour du bâtiment. J’avais percé tous ses tubes et avait prévu d’y faire circuler de la vapeur d’eau. Cela réglerait le problème de la chaleur et de l’humidité en même temps. Sauf que j’avais un problème de poids sur les bras. Comme produire cette vapeur. L’eau n’était pas un problème car la serre était pourvue en eau courante, non, le problème était tout autre. Il me fallait une source de chaleur.

Pour obtenir de la vapeur d’eau, il fallait faire chauffer cette eau. Et il était hors de question que je m’approche d’une flamme. C’était impensable, inimaginable. Je ne le supportais tout simplement pas. J’étais en train de me torturer les méninges pour trouver un moyen quand j’entendis la porte de la serre s’ouvrir et se refermer. Entre les pots et les fleurs, je vis un reflet bleu et je souris. Il s’agissait sans doute de Lawrence. Nous passions pas mal de temps ensemble et ça semblait lui faire autant de bien à lui qu’à moi. C’était toujours un plaisir. Je reposais un assemblage de bambou et contournait le plan de travail pour aller le saluer. Je me fis la réflexion que peut-être Cassandre pourrait m’aider. Une réaction chimique pouvait peut-être me produire la vapeur que je désirais tant sans causer de dégât à mes chères petites et surtout… Sans flammes…

Je me dirigeais vers la silhouette.

- Le suilon Celeb….

Je laissais ma salutation en suspend et pour cause. Si les cheveux abordaient bien la bonne couleur, le reste ne collait pas du tout. Je clignais des yeux déstabilisé. Certain trait me rappelait mon frère ainé chanteciel, c’était indéniable, mais je n’avais pas affaire à un elfe. Certes ces oreilles m’indiquaient une affiliation à notre race mais, il lui manquait cruellement quelque chose.
Je revenais de ma stupéfaction avant de lui sourire avec douceur. S’il n’était qu’à demi-elfe, il était entièrement un élève…

- Bonjour jeune homme. Je suis le professeur Valareir, Ciryiel.

Je ne me souvenais pas qu’on m’est fait mention d’un nouvel adhérant à mon enseignement.

- T’es-tu égaré ?

Tout le monde était le bienvenue dans la serre, c’était une évidence. J’étais très curieux par rapport à ce jeune élève. Il ressemblait énormément à Lawrence tout en étant différent. De plus, il semblait plus jeune que nous. Vraiment, plus jeune. Ma voix était douce chaleureuse et rassurante.

Mon sourire s’étendit. Il me dévisageait et j’en faisais de même ce qui était assez amusant. Si pour ma part je le détaillais autant c’est du à sa ressemblance avec Lawrence… Il se présenta enfin et son sourire dont il me gratifia m’enchanta.

- Bienvenue à Espérenza Vivien.

Comme toujours j’avais incliné la tête en avant et porter mon point droit sur mon cœur. Les mèche de mes cheveux avaient glissées sur l’avant de mon visage. Je relevais la tête pour voir qu’il s’était rapproché. Oh ! Eh bien voilà donc la raison de son regard insistant. Je secouais doucement la tête. Il était commun que les demi-êtres ne connaissent qu’une partie de leur patrimoine. Je le vis rougir. Il semblait remplit d’innocence et de candeur à l’image d’un nouveau-né. Encore bien plus que notre ainé.

- Tu ne me déranges nullement. Ni part ta présence, ni par ton comportement.

Je le gratifiais d’un sourire doux et d’un regard protecteur. Je remarquais qu’il serrait sa veste autour de ses frêles épaules. Oui il ne faisait pas chaud et j’essayais de voir pour arranger cela. En attendant j’avais pris soin de me vêtir de mon long manteau. Je vis sa main s’approcher de moi mais sans me toucher car il suspendit son geste. Son aura passait par un spectre de couleur impressionnant et à une vitesse extraordinaire. Il était perdu. Et au vu de sa déclaration je comprenais un peu pourquoi. Cependant, il avait piqué ma curiosité. Je ris légèrement.

- Tu es fin observateur.

D’un coup d’épaule, je fis glisser mon manteau et je l’en couvris. C’était plus fort que moi, je ne voulais pas que mes élèves attrape le mal. Et celui-ci me semblait, à l’image de Lawrence, bien fragile. Je lui saisis la main avec douceur. Je n’aime pas vraiment avoir un contact avec des inconnus. Mais j’étais un professeur avant d’être un elfe, avant d’être un prince. Alors je faisais des efforts pour combattre certaines vieilles habitudes. De plus, il ne se dégageait de lui aucune menace.

- Je suis bien réel comme tu peux le sentir.

Mes doigts remontèrent le long de son bras et passèrent dans son dos et je l’emmenais dans un petit coin ou deux fauteuils en osier de ma fabrication étaient installer ainsi qu’une table. C’était devenue une habitude de recevoir du monde ici alors j’avais fait un petit coin dans ce but. Je l’invitais à prendre place dans un des fauteuils et m’installais dans celui d’en face. Je m’excusais de ne rien avoir à lui proposer à boire en dehors d’un verre d’eau, cependant si il le désirait je le lui offrirais volontiers.

- Tu es arrivé il y a peu… D’où viens-tu ?

Il avait évoqué son père il y a peu et j’étais très intéresser d’en savoir plus.

J’observais avec attention le chatoiement de son aura. Elle semblait un peu se calmer ce qui me satisfaisait. J’avais saisit sa main et serré légèrement ses doigts. Ils étaient fins et graciles. Je ne doutais pas une seconde que sur une lyre, ils feraient des merveilles. Il m’informa qu’il avait de nombreuses questions. J’avais donc hoché la tête avant de le conduire dans mon espèce de boudoir. Cependant j’avais également des questions et je m’en étais permis une d’ailleurs. Je l’écoutais avec une attention toute particulière.
Mon collègue avait donc été dépêché pour aller secourir cet enfant. Je ne l’avais pas encore rencontré mais au vu de l’aura de Vivien à son évocation, il me semblait qu’ils avaient fait un bout de chemin ensemble. J’avais d’ailleurs sourit avec bienveillance. C’était une bonne chose qu’il est trouvé un point d’encrage ici. Seulement mon sourire s’envola comme une nuée d’étourneaux affolés. Ils avaient fait quoi ? Comment avaient-ils osé ? Mes doigts s’étaient enfoncés dans les accoudoirs du fauteuil brisant les brins d’osier. Je sentais une puissante colère bien enfouis en moi remonter avec une vitesse inquiétante. Mon fauteuil se couvrait d’épine très fine mais également très grande et tranchante.
L’histoire de Lawrence m’avait déjà ébranlé, mais là c’était la goutte d’eau. Comment avais-je pus me fourvoyer à ce point ? J’étais tellement naïf. Les anciens avaient raison, depuis toujours. Ca me coutait tellement de l’admettre. Mon orgueil d’elfe se prenait un sacré coup. La race humaine était immonde et vile. Jamais nous ne devrions nous ouvrir à eux. Je ressentis le besoin urgent de retrouver mon foyer, ma forêt, mes arbres, mon peuple. Je devais impérativement retourner là-bas.
Je relevais vivement les yeux sur le demi-elfe. Non… Je me levais avec violence et m’approchait du plan de travail sur lequel j’avais posé mes tubes de bambou et tapais du poing dessus. Il n’y avait pas 40 ChanteCiels qui sortaient d’un centre horrible et qui avait subi les manipulations de ses êtres dégoutants. Les directeurs étaient forcement au courant, c’était sans doute pour ça qu’ils avaient envoyé Néri le chercher. C’était vraiment une bonne chose.
Mon humeur était au plus noire et les ronces sortaient de toute part. C’est quand un pot se fracassa au sol, heurté par une branche que je m’aperçus du débordement dont je faisais preuve.

- Oh !

Je fermais les yeux et inspirais profondément. Les plantes se tortillèrent en rebroussant chemin, retournant à la terre dont je les avais sortis.

- Pardonne-moi. Je me suis laissé emporter.

Comment leur dire. Devais-je le faire d’ailleurs ? Par tous les liens de la nature ! Je ne me voyais pas annoncer à Celeborn la venue d’un fils. Quant à Vivien… Ils étaient tous les deux encore fragile. Ce n’était peut-être pas le meilleur moment. Et puis, leur rencontre devrait sans doute se faire sans l’intervention de personne extérieur. Je m’accroupis devant lui et le scrutais. Je fini par lâcher un profond soupir. Je devais avant toute chose, répondre à ses questions. Il avait répondu aux miennes. Mes yeux avaient repris leur vert doux et je lui souris. Je l’avais sans doute un peu effrayé.

- Je vois que tu sais déjà beaucoup de choses. Je connais très peu les ChanteCiels, cependant j’ai la chance d’en connaitre un.

Inutile de préciser qu’il était ici et qu’en plus c’était son père. Enfin pour l’instant. Je lui racontais donc qu’effectivement, son peuple était beaucoup moins nombreux par rapport aux autres races. Que les elfes noirs restaient entre eux sans jamais côtoyé les notre car ils étaient maudit et qu’une guerre entre leur peuple et les autres était en court depuis des millénaires. Si l’un deux franchissaient nos frontières, il était abattu sans sommation il en était de même pour nous. C’était une bien triste histoire que celle de leur origine cependant, elle serait le sujet d’une autre conversation. Je lui expliquais combien les elfes de sa race aimaient chanter l’aubade et lui rendre hommage. Que leur toit n’était que le ciel et qu’ils supportaient très mal l’enfermement.
Ma voix était douce et posé et un sourire était présent sur mes lèvres. Je lui expliquais également que pour nous les elfes et ce de manière générale, nous étions comme connecté à la nature. Que pour nous elfes Sylvestres, nous étions très proche du flux de vie végétal, et que la plupart était capable de communiqué avec les plantes.

- Ne pense pas ne pas posséder ce lien. Même si tu es une de leur création, ton père t’as forcement transmit cela. Il est là.

Je posais ma main sur son cœur. Je ne doutais pas une seconde qu’au fond de lui il le sentait. Et puis il lui ressemblait tellement. Il était déjà très indépendant et avait une volonté d’acier. En peu de temps il avait fait en sorte de trouver un emploi ce que peu ici essayait de faire sachant qu’ils avaient tout ce dont ils avaient besoin à l’école.

- Tu as ta place ici, plus que nulle part ailleurs. Et tu es déjà bien entouré.

Je ne pouvais pas vraiment ignorer qu’il était le fils de mon précieux frère ainé. Et la volonté que j’avais de veiller sur Lawrence se décuplait pour englober également Vivien. Ces deux précieux êtres dont les Hommes avaient essayé de souiller la pureté et qui malgré tout n’en étaient sorti que plus beau et plus fort. Ma main avait glissé sur sa joue avec douceur.

Impressionnant… Sans doute oui. Il était à double tranchant. Il pouvait être magnifique et faire de ce qui m’entoure un paradis mais si je me laissais dominer à mes noires humeurs, ça virait à l’enfer. Je ne pouvais pas me laisser aller. Il me fit rire.

- Tu as tes propres capacités. Nous sommes tous différents. C’est ce qui fait notre intérêt.

J’avais toujours pensé que si nous étions tous sortis du même moule, parfaitement similaire, sans défaut, alors il n’y aurait pas de beauté. Certes il n’y aurait pas non plus toute cette violence et toute cette haine, mais rien n’allait sans l’autre… J’étais persuadé qu’il trouverait sa propre force. Je secouais doucement la tête.

- Sache tout d’abord que je suis ravi de ton existence. Cependant, je ne supporte pas qu’on touche au mien pour leur nuire…

Inutile de déballer le reste. Lawrence avait dû avoir une bien triste existence, de même que Vivien. Il avait à présent un nouveau départ à prendre. Et autant que possible, je m’efforcerais que leur histoire ne trouve aucun autre échos dans le futur… Jamais. Notre peuple voyait d’un très mauvais œil les hybrides. Nous pensions que nous ne pouvions pas mélanger notre sang a d’autre races car nous leur étions supérieur et que nous perdrions notre pureté. Ceux qui se détournait et engendrait des demi-elfes étaient toujours sévèrement puni si ils étaient découvert. Quant à leur progéniture, on s’assurait qu’il ne retrouve jamais leur racine.
Quand était-il de son cas ? Il n’y avait personne à blâmer. Et comme tous les demi-elfes, il n’avait pas eu droit au chapitre dans cette histoire. Mais plus je le regardais et plus je distinguais cette pureté qu’on pensait perdre. Elle était autant en lui qu’en son père ou moi-même. Même si on ne pouvait pas se trompé sur le fait qu’il restait malgré tout un hybride…
Jamais un enfant ne devrait porter le poids des choix de ses parents. Alors, pour ma part, je ne le renierais pas. Surtout pas quand les parent en question n’avait pas eu de choix du tout…
Je voyais bien que j’avais troublé l’enfant. Mais si il voulait avancer sereinement, il fallait qu’il sache qu’il n’avait pas à se soucier d’où il venait. Juste de qui il était et de qui il voulait devenir.

Sa main était venue attraper une mèche de mes cheveux. Je ne l’en empêchais pas et je lui souris de plus belle. Si l’on m’avait laissé le choix, je n’aurais pas choisi de naître en tant qu’héritier. J’aurai voulus que mon existence soit plus simple et j’aurai choisis ce que j’ai pu faire ici. J’aurai voulu m’occuper des enfants, chez moi, les aider et les guider. Les voir grandir et s’épanouir. Je ne le pouvais pour mon peuple, mais j’avais la chance de pouvoir le faire ici…
Je n’eus pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’il était venu se blottir contre moi. Pris de court je restais un instant pétrifié. Je ressentais quelque chose. C’était loin et je pensais m’être assuré de l’avoir enfouis suffisamment profondément pour que cela ne revienne plus. Je m’étais trompé.
Il me serrait légèrement, comme si il savait que ce contact pouvait m’importuner. En d’autre circonstance et avec n’importe qu’elle autre être vivant en dehors de Celeborn et Cassandre, je l’aurai repoussé sans violence. Je penchais la tête, mais troublé, je ne vis pas ses cheveux bleus. Je revivais un moment lointain de mon passé. Elros….
Oui, l’étreinte de Vivien m’avait rappelé mon jeune cousin Elros. Nous étions très proches, comme des frères. Bien qu’il soit beaucoup plus jeune que moi. Combien de fois avais-je séché ses larmes, guérit ses blessures ? Combien de fois avais-je serré son corps contre le mien ? Tout cela me revenait si fort à présent…
Je posais une main sur le sommet de sa tête et mon autre bras était venu serrer sa taille, si fine. Elros était loin et je n’avais jamais imaginé qu’il puisse me manquer autant. Le jeune garçon aux cheveux bleu l’avait faire ressurgir, mais bien que cela me soit douloureux, je pense que c’était également nécessaire.

- Reviens quand bon te sembles je serais là…

Il releva la tête et je retins un rire. Tel père, tel fils. Cet adage n’avait jamais eu si belle démonstration. J’avais l’impression de revenir quelques temps en arrière.

- Naturellement.

C’était une évidence même. Ces cours principaux et son travail DEVAIENT être sa priorité. Je n’aurai pas permis qu’il en soit autrement de toute façon. Je le regardais rire et hochais la tête. Je posais mes lèvres sur son front avant de me relever lentement. Je geste souvent anodin n’avait pas la même signification chez nous. Il signifiait « je t’accepte comme membre de ma famille ». Je ne faisais pas cela par piété, non, je pense que ça s’apparentait plus à de l’égoïsme. J’en avais besoin…Je l’invitais à reprendre place dans le fauteuil. Je me dirigeais vers l’évier. Je confectionnais un gobelet de bois dans lequel je fis couler l’eau avant de la lui rapporter.

- Je suis née au cœur de la grande forêt sacrée. Son emplacement est introuvable sur les cartes et seuls ceux qui y sont nés peuvent la trouver. Mon père, est le dirigeant de notre peuple. On peut le qualifier de roi, même si il dirige sous les sages recommandations du conseil des anciens.

Je lui expliquais que père ne pouvait réfuter les décisions des anciens. Il devait soumettre ses décisions à leur jugement et s’en remettre à leur sagesse. Qu’ils étaient des elfes très vieux et très puissants et qu’ils maintenaient les barrières magiques autour de notre forêt pour qu’elle reste loin de la portée des hommes. Que c’était aussi pour cette raison que nous ne côtoyons que très peu les autres elfes. Quand dehors des grandes réunions de circonstance, il était rare de les rencontrer. Que nous avions appris à vivre en autarcie, en préservant la vie de la forêt. S’assurant de ne prendre que le nécessaire et de faire preuve d’humilité devant les cadeaux qu’elle pouvait nous offrir.
Je crois que dans mon discourt, on pouvait sentir combien j’aimais mon peuple et combien il m’était difficile d’en être séparé.

Alors que je le tenais contre moi et que je retenais un rire. Il me remercia. Le temps nous l’aurions, il en avait toujours plus que nécessaire. Cependant les chants des ChanteCiels… Ne valait-il pas mieux que Lawrence se charge de cela ? J’étais loin d’être le mieux placer pour retransmettre la beauté de leur interprétation. Malheureusement, je ne pouvais pas l’envoyer dans les bras de son père alors qu’il ne savait même pas qu’ils étaient au même endroit. Et je ne pouvais non plus mentir…

- Tu les apprendras, c’est certain.

Après lui avoir donné l’eau qu’il m’avait demandé et raconter ce qu’il en était de chez moi, je l’écoutais. Un sourire triste se dessina sur mon visage et mon regard se perdit dans la contemplation d’une de mes plantes. Rentrer était une solution. Mais j’avais peur de ne plus avoir assez de conviction pour revenir ici. Quant au fait d’être pardonné je doutais vraiment que Père et Mère me tienne rigueur d’avoir ma propre opinion. Non, le problème était essentiellement le grand conseil des anciens. Si je me présentais de nouveau au sein de la forêt sacrée, ils me rejugeraient en tenant compte du fait que j’enfreignais les règles en revenant, ce qui ne jouerait pas en ma faveur. Je ne répondis rien, préférant garder une réserve.
Je le regardais se lever et faire un tour d’horizon de la serre. Je crois que je le couvais un peu du regard. Je me levais à mon tour et m’approchais de lui pour poser ma main sur son épaule.

- Vivien… Ton père est un ChanteCiel, un elfe. Il est fort possible que l’existence qu’il est mené durant son enfermement eu été éprouvante. Cependant, connaissant les nôtres, il ne te tiendra pas rigueur de quoi que ce soit. Ni lui ni toi, n’êtes responsable. Il faudra simplement lui laisser le temps…

Je ne doutais pas un seul instant de combien Lawrence serait déphasé par cette nouvelle. Il en souffrirait sans aucun doute. Savoir que son fils avait subi les mêmes affres que lui-même, sinon pire. Il aurait besoin de temps et de soutient. Il savait qu’il pourrait venir me trouver s’il en éprouvait le besoin.
Je passais une main dans les cheveux en bataille du garçon en souriant. J’observais un instant son aura dont les couleurs étaient éblouissantes.

- Je suis certain que tu l’as déjà trouvé.

Après avoir retrouvé la liberté, il n’avait pas sombré dans la folie. Pourtant un être ayant vécu enfermé durant toute son existence aurai bien eu du mal à rester cohérent, à garder une stabilité mentale. Vivien était fort et il avait déjà trouvé son ancre dans ce monde. Il avait déjà la bouée qui l’empêchait de couler. Il pourrait savourer sa liberté tant que ce phare éclairerait ses ténèbres.

- J’ai été ravie de te rencontrer et je serais heureux de partager du temps avec toi dans un avenir proche, j’espère.

Je lui souris avec bienveillance. J’espérais être encore là pour le voir grandir…