Aliya a pour réputation mauvais caractère. Il est rare de la voir de bonne humeur !
On lui voit toujours une moue boudeuse et pensive, rarement un sourire.
Elle parle peu, et reste la plupart du temps seule.
Il y a toujours quelque chose qui ne lui convient pas.
Mais en réalité, Aliya est loin d'être une solitaire impossible à satisfaire.
La demoiselle est en fait d'une timidité maladive... Alors, pour ne pas avoir à être confrontée au regard des autres, elle préfère s'isoler.
A cause de sa gêne et de sa réserve, elle peut parfois paraître agressive, mais la plupart du temps baisse les yeux et essaye de se comporter comme une personne normale, ce qui n'est pas évident.

Quand on la regarde de loin, Aliya paraît ennuyée et blasée, mais il n'en est absolument rien !
Les rêveurs ne s'ennuient jamais. Elle a énormément d'imagination, mais n'osant rien faire, tellement effrayée du regard que les autres lui porterait, personne ne sait dans quels mondes ni sur quels navires vague son esprit.

Aliya est jeune et pleine d'idéaux romantiques. Un jour, elle le sait, elle tombera amoureuse, et vivra  toutes ses premières fois comme dans un conte. Peut-être est-ce à son prince charmant, ou à son premier baiser qu'elle rêve quand elle part dans quelque merveilleuse contrée, dans un coin de sa tête ? Allez savoir.
Elle est innocente, Aliya, et ne connaît rien a l'amour, et aux ferveurs des sens. Sa mère lui a toujours dit de se méfier. Les Nagas ont beau avoir deux cœurs, si l'un se brise, l'autre ne servira plus qu'a vivre.

Mais une fois qu'on la connaît mieux, on rencontre une fille délicate, un peu secrète, et assez facilement impressionnable, mais des plus agréable.

Aliya est une Naga a grosses écailles, de couleur bleue. Une des race de Naga les plus courantes. Et une des particularités des Naga, est qu'ils ont deux cœurs : un cœur dans la poitrine comme tout le monde, et un autre dans leur queue (si c'était un humain, ça serait au niveau des cuisses).
Les Naga ne se reproduisent qu'à peu près tous les 250 ans. Ensuite, ils grandissent normalement jusqu'à un certain âge (vers les 20-22 ans), âge auquel leur croissance s'arrête et définit leur apparence pour le reste de leur longue vie.
Aliya est donc une de la dernière génération.

Aliya paraît plus grande avec sa queue, mais en réalité, avec ses jambes, elle ne fait qu'un mètre soixante et quelques.
Elle a la peau très pâle, d'un bleu-gris, et pratiquement toute couverte d'écailles ; mais bien souvent, quelques couleurs arrivent à se frayer un chemin sur ses joues. Et puis ce manque de couleur fait ressortir ses grands yeux de chat, presque oranges. Qui sont, pour parfaite ce visage particulier, assorti à un petit nez de matou. Il ne lui reste plus qu'à miauler.
On peut également remarquer quelques écailles s'incrustant sur son visage par-ci, par-là.

Le plus remarquant chez elle est sans doute sa voix.
Elle a une voix si claire, et si pure, on dirait la voix d'un enfant.
Quelques tons en dessous de la normale, mais sans être aiguë. Une étrangeté.
Ses mots se traînent lentement, l'un après l'autre. Et c'est tellement agréable. On dirait une berceuse.
Sa voix est littéralement somnolente.

Quelles étranges créatures que les Naga ! Qui a bien pu avoir l'idée de mélanger un serpent et un chat et de rajouter des oreilles d'elfes ?

Aliya est très mignonne. Mais ce qui la rend vraiment belle, ce sont ses cheveux de sirène. Plus doux que de la soie aux toucher, ils retombent gracieusement, comme les kyrielles d'une muse, sur ses épaules, couvrant son dos comme une cascade qui coule.  

Aliya est née et a grandit dans un village Naga de sorcières.
Malheureusement, est arrivée la triste histoire que nous connaissons tous, et Aliya n'a pu finir son apprentissage pour devenir une vraie sorcière.
Elle sait préparer quelques potions (au nombre de deux, en fait), notamment celle, de base, pour avoir des jambes, dont la durée est au mieux de 12h et sait créer quelques illusions basiques, pour camoufler ses particularités, comme ses yeux, son nez, et ses écailles, qui dureront aussi 12h.
Pour le reste, Aliya ne maîtrise pas grand chose. Elle peut manipuler l'eau, mais n'en ayant ni l'expérience ni les savoirs, ça ne lui est pas d'une grande utilité. Elle peut faire réchauffer l'eau, et encore, pas à grande température, et la mouvoir sur quelques mètres, en pouvant à peine la faire lever.  

Aliya est née dans un petit village Naga au nom déjà oublié.
Elle a été élevée par sa mère, une femme stricte et autoritaire, son père étant parti, comme beaucoup d'hommes à l'époque, faire une bataille perdue d'avance, à laquelle il y laissa la vie.
Les Naga sont comme les vampires, des créatures éternelles, mais pas immortelles.
Sa mère disait souvent à Aliya que les Naga sont des êtes divins, des poètes, qu'à des endroits, il y avait même des temples à leurs noms. Mais après ce que les humains leur ont fait, comment pouvait-elle encore y croire ?

C'était un jour exactement comme les autres. Les Nagas étaient au courant du conflit, ou plutôt de la traque, que les humains avaient débutés contre eux, mais pensaient être en sécurité de tout ça.
Tous vaguaient à leurs occupations, certains sous l'eau, où leur village était bâti, d'autres sur terre. Et là, les humains débarquèrent. Comment avaient-ils découverts l'endroit ? C'était pourtant un lac bien isolé. L'idée vint à tous que quelqu'un avait parlé du village... Mais pas le temps de chercher le traître. On déploya l'armée, mais les humains avaient semé la panique et fait des blessés en jetant de la dynamite dans l'eau.
Aliya ne se souvient plus de grand chose. C'était un tel désordre. L'odeur de la dynamite empestait tout le lac. Les cris des humains et des Nagas se mélangeaient dans un chaos infernal. Le lac est devenu rouge.
Dans l'eau ou sur terre, Aliya n'avait pas à respirer. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait ici. Elle ne savait même pas si sa mère était morte ou vivante.

Elle fût, finalement, l'une des rares à avoir réussis à s'enfuir. Elle ne saurait dire combien de kilomètres elle a nagé et couru ce jour-là.
Un Naga transporte toujours des potions pour avoir des jambes, pour des cas comme ça.
Malheureusement, elle finit par ne plus en avoir. Et même si elle est à moitié comme un serpent, sur terre, elle ne se déplace pas aussi vite qu'un serpent. C'est même d'ailleurs assez pénible de se traîner de la sorte.
C'est épuisée et la queue abîmée, qu'en fin de compte, elle se posa, lorsque la nuit était déjà tombée.
Cette nuit-là, elle ne dormit pratiquement pas. Des cauchemars la hantaient l’œil à peine fermé. Et si elle ne dormait pas, elle s'imaginait des choses, des humains cachées derrière les arbres.
Il faut croire qu'elle a tout de même dormis un peu, puisque le lendemain matin, elle trouva, calée entre sa queue, une enveloppe. Et elle n'avait pas la moindre idée de qui avait pu la déposer ici.

Hésitante, elle finit par l'ouvrir. Et que découvrit-elle ? Une école spécialement pour les monstres, une école secrète sur une île... Ça ne pouvait pas mieux tomber !
Mais et si c'était un coup des humains ?
Non, impossible. Ils sont pas capable d'autant d'imagination.
Et de plus, il était dit que cette lettre était magique. Si ce n'est pas le cas, elle le verra bien assez rapidement.
De toute manière, où pourrait-elle encore aller, à l'heure qu'il est là ? Plus aucun monstre n'est en sécurité, peu importe où.

C'est ainsi qu'Aliya se retrouva dans cette étrange école.
Les débuts étaient difficiles, elle faisait encore beaucoup de cauchemars, et comment oublier son village, et sa mère ?
Heureusement, Aliya n'est pas du genre à désespérer. Même dans un cas comme celui-là, elle réussit à garder espoir. En quoi, elle ne sait pas très bien. Mais c'est ce qui lui permit de débuter une nouvelle vie.