Je l'avoue, mon humeur avait connu des jours meilleurs. Et je l'avoue aussi, je n'avais même pas envie de faire l'effort de la contenir ! Tout avait commencé alors que j'avais passé une nuit très courte. Ayant étudié toute la soirée pour terminer un devoir dans cette chose inexplicable qu'étaient les mathématiques, j'avais l'intention de faire la grasse matinée pour compenser. Mais ça, c'était sans compter mon voisin de chambre, qui sans aucune considération pour mon ouïe fine s'était mis à faire un véritable vacarme aux premières lueurs du jour. Je n'avais pas voulu m'avouer vaincu pour autant, j'étais allé frapper à sa porte, et m'étais fait purement, et simplement ignorer... !

J'avais déjà bien les nerfs à ce moment-là, et plutôt que de provoquer un scandale en enfonçant la porte et électrocutant l’importun, j'avais décidé d'aller prendre l'air. J'avais envie de respirer, de faire un sieste tranquillement installé à l'ombre d'un arbre, profitant des sons de la nature, après quoi j'aurais tranquillement dessiné sur le calepin que j'emportais toujours avec moi... J'avais à peine trouvé un arbre à mon goût qu'une averse se déclencha, me trempant jusqu'à l'os, et me forçant à courir me mettre à l’abri dans le bâtiment le plus proche. Est-il utile de préciser que le dessin sur lequel je travaillais depuis plusieurs jours venait d'être ruiné ?

De retours aux dortoirs, j'étais allé prendre une bonne douche pour me réchauffer, puis une fois changé, direction le réfectoire. Les odeurs de nourriture ont doucement commencé à égayer mon humeur, sans compter que l'ambiance était plutôt bonne et détendue. J'étais allé me servir un plein plateau de tout ce que j'aimais pour le déjeuner, sauf qu'en partant à la recherche d'une place où m'installer, quelqu'un donna malencontreusement un coup de coude dedans, le renversant. Sur moi. Je vais finir par croire que le sort s'acharne.

Le garçon qui m'avait bousculé avait blêmit d'un coup en me regardant, bégayant des excuses, et sans les écouter, j'avais ramassé le plateau, tourné les talons, et tout jeté dans la poubelle à la sortie de la pièce en partant. Je suis passé une nouvelle fois à ma chambre, me changer, encore, et je suis ressortit. Cette fois, il ne pleuvait plus, mais je m'en moquais pas mal, puisque j'avais surtout besoin de me défouler. J'avais profité d'une longue balade en forêt, reprenant même ma véritable forme pendant un moment, et ça m'avait évité de craquer. Bref, j'étais un peu plus détendu en revenant vers les jardins. J'allais bientôt avoir mon seul cours de la journée, et je n'avais pas l'intention d'être en retard.

Bien sûr... ça aurait été trop beau si ça s'était arrêté là. Mon portable dans ma poche s'est soudain mis à sonner, et c'est sans trop me pressé que je l'ai sortit pour constater que c'était mon agent qui cherchait à me joindre. Il est vrai que j'avais hésité à répondre, mais finalement ma conscience professionnelle avait prit le dessus, et j'avais décroché pour entendre l'homme totalement hystérique, m'expliquant qu'il y avait un problème avec ma galerie, et que ma toute nouvelle exposition était foutue. Cette fois, ça m'a achevé. Je n'ai pas été capable de réagir pendant que l'agent déblatérait tout un tas de conneries, au point même de s'en prendre à moi, comme si c'était ma faute si il avait mal géré la sécurité des locaux, et provoqué la perte des mes œuvres...

Je ne lui ai pas répondu. J'ai tout simplement éloigné l'appareil de mon oreille sans dire un mot, j'ai soigneusement raccroché... avant de balancer le portable de toutes mes forces, sans prêter attention à si la voie était dégagée ou non. Mes oreilles et mes crocs étaient sortis sans que je n'y prête trop attention, en revanche, je me retenais, bien que difficilement, pour ne pas charger l'air d'électricité.

RP mis aux archives pour cause de disparition d'un des protagonistes !