Bien. Je ne pensais pas lui faire acheter les sushis les plus chers qui soient mais fallait quand même qu'il me permette de savourer ce repas que j'avais tant voulu. D'ailleurs, j'avais un peu faim mais certainement pas la force de cuisiner quoique ce soit. J'espérai juste que dans mon sommeil, mon ventre ne se ferait pas entendre parce que sinon franchement, je le voyais déjà se moquer de moi le lendemain matin. Alors que ce serait un petit peu sa faute.

Je l'avais écouté pour finir caler contre lui maintenant que j'en avais fini de le nettoyer, un peu somnolant. Ah, il s'intéressait à l'art alors ? A moins que ce soit un moment pour lui de revoir un paysage proche de son pays natal. De la neige à perte de vue, des maisons en bois laissant échapper de la fumée en permanence...

-D'accord... Je me demande si ce sera un style classique, impressionniste ou de l'aquarelle... J'aime les aquarelles.

Je gémis un peu en sentant ses mains sur moi pour me laver. C'était chouette ça... Il devrait faire ça plus souvent. Peut-être que maintenant que je supportais mieux l'eau, on pourrait profiter de ce genre de proximité plus souvent.

-Je te montrerai quand je l'aurai. Même si je n'ai aucune idée de combien de temps ça pourrait lui prendre en fait. Je lui demanderai quand je lui donnerai ses bonbons...

Et comme si Eirik en était un, je léchai la peau tout proche de mes lèvres pour commencer à me renfrogner avant de relever la tête pour lui jeter un regard torve. J'étais sûr qu'il le faisait exprès, encore ! En quoi mon âge était important ce soir ? Il se sentait pédophile ? Si c'était le cas, c'était bien trop tard pour y remédier. Rien qu'avec la nuit de Noël qu'on avait eu, c'était atrocement fichu. Je me retins de le taper, incapable de m'empêcher d'afficher une moue boudeuse. Il aurait mérité que je le plante sous la douche cet ingrat !

Je tournai le dos en croisant les bras, mais toujours contre lui avec un "humpf" bien senti. J'étais sûr qu'il était ravi de me voir comme ça ! Rappelez-moi pourquoi j'avais décidé d'être à lui, hein ? Hein ? Grr, il fallait que je me calme parce que j'étais en train de le laisser gagner et je détestais cette idée.

-Je dis plus ou moins deux cents ans parce que je n'ai aucun moyen de savoir mon âge réel. Je t'explique, quand je vivais avec maman au Qatar, c'était toujours dans l'année 2012. Et quand j'allais voir papa, c'était toujours l'année 2009. Plus mes nombreux voyages dimensionnelles où je reste plus ou moins longtemps dans les époques. Par exemple, pour l'étude que je t'ai donné, je suis resté vingt ans en Mésopotamie. Alors que pour l'étude de Tarô, je suis resté sept ans dans la France baroque.

Je n'avais donc pas une bonne façon de calculer le temps puisque...

-Du coup, je dis sept ans mais ces sept ans valent-ils sept années que j'aurais vécu dans mon temps ? Ou valent-ils plus ou moins ? Comme je n'ai jamais pu répondre à ces questions, je base mon âge sur ma date de naissance. Sauf qu'évidemment, il y manque le temps de tous mes voyages. Je pourrais être plus vieux que toi sans même le savoir même. C'est juste que de toute façon, vu comment maman m'a abîmé, je garde un côté très enfant puisque je n'ai pas pu en être un quand j'aurais dû l'être.

Ça faisait discussion très sérieuse mais après tout, c'était lui qui voulait que je parle sans détour et que je lui dise tout sur moi et sur comment je me sentais. Sur ce sujet néanmoins, ça avait été assez facile et je ne me sentais pas mal ou bizarre de lui avoir parlé de cela. Je vins planter un baiser sur ses lèvres pour le remercier de m'avoir lavé pendant tout ce temps et je sortis de sous la douche pour ne pas trop poussé mon corps quand même. Sans même me rendre compte que du coup, je tortillai mes fesses toutes nues devant son nez en m'essuyant le dos sur une chanson qui m'était venu.

-Je ne suis pas tout à fait avec ça mais comme je n'ai pas envie de perdre mon temps à compter mes décennies de voyages, on va faire comme si.

C'était sûr que pour l'historien qu'il était, le fait que je brouille autant les lignes temporelles pouvaient lui donner un peu mal à la tête. Ce qui fit que comme moi, il se mit à considérer juste de ma naissance à cette dimension à la date présente parce que c'était plus simple. Sinon, il faudrait un sacré moment pour se faire une idée du temps que j'avais passé hors de cet axe temporel et je pensais très sérieusement que ça donnerait plus mal à la tête qu'autre chose. En tout cas, maintenant, mon vampire avait une véritable réponse à propos de mon âge, cela devrait l'aider à comprendre pourquoi j'étais parfois si adulte à certains instants et enfantin parfois.

Quoi ? Ah, il disait ça mais j'étais sûr qu'il l'aurait fait s'il n'avait pas un peu peur pour la suite. Il essayait de le cacher mais je le sentais. Il ne voulait pas du tout que je quitte sa maison que ce soit pour un soir ou même pour retourner chez moi. Ce qui me perturbait un peu, il s'était donc si facilement fait à ma présence ? Pourtant, je n'étais discret que quand je lisais, le reste du temps je faisais un boucan monstre, parlant à Glacier, à ma fumée, aux objets qui m'embêtaient... Et je ne me dandinai pas ! Enfin, je supposais, comme j'étais bien fatigué, je me souvenais de la chanson mais pas de mes mouvements.

Je me brossai rapidement les dents en me disant que voir mes fesses n'auraient pas dû être aussi érotique pour lui et je lui rejoignis en boxer et tee-shirt, baillant tout ce que je savais. Il n'avait pas pu s'empêcher de fumer en m'attendant, la petite dernière cigarette avant de sombrer dans le sommeil. Je vins carrément m'allonger sur lui, utilisant son torse comme oreiller. Ça me prenait des fois, quand je voulais entendre son cœur dans mon sommeil. Ça ne battait pas souvent mais ça me suffisait. Et je clignai des yeux comme un lézard... Une fourmi ? Un corbeau ? Un hibou ? Un pinson !

-Pour tout te dire, quand tu ne la passes pas sur moi, ça ne me dérange pas. J'avais vite compris que tu étais du genre grognon, ce qui ne veut pas dire que tu ne vas pas être gentil avec moi ou mal me répondre. Du coup, moi, je me demande ce qui t'a mis de si mauvaise humeur pour que tu le fasses ce matin.

Mon portable arriva et j'envoyai un message rapide à Erato alors que Glacier réapparaissait dans sa cage de fumée, je ne l'avais pas libéré là-bas, j'avais préféré attendre de le rejoindre. Il miaula clairement de mécontentement et vint se vautrer sur le lit avec nous. Je laissai mon téléphone sur la table de nuit, m'installai mieux. Bientôt, mon chat se mit à ronronner et je me retins de glousser bien qu'Eirik dut le sentir.

-Et puis, tu ne vas pas aimer mais, quand j'ai fini par vivre avec maman pendant mon adolescence, ben elle était un peu comme ça.

Je déposai un baiser sur sa peau, caressait son flanc où j'avais mon deuxième suçon. Je me sentais sombrer très rapidement dans le sommeil. J'émis un grognement quand mon ventre se fit entendre, je n'avais plus envie de me lever pour le remplir...

'Nuit, chéri...

Je m'endormis complètement, pas pressé de voir le matin venir...