J'étais épuisé. Vraiment. Et ça n'avait rien de joyeux dans ma tête. J'étais même plutôt dans ce que l'on pourrait qualifier d'état de décomposition avancée mental. J'avais envie de tuer, de rire, de manger, de voir des champignons pousser, de faire l'amour et de dormir. Mais pas de rêver, surtout pas de rêver. Et il y avait une chose qui faisait rêver dans ma pensée précédente. Faire l'amour. Je pouvais toujours courir pour avoir ça. Et lui avec vous me diriez. Sauf que moi, le lien était en train de me rendre à moitié cinglé si bien que je pensais faire de la corde à sauter avec des chauve-souris pour essayer de me calmer. Sauf que ça n'avait aucune chance de fonctionner et j'étais bien parti pour continuer à être plus dysfonctionnel que jamais.

Rangeant un dernier livre, je regardai autour de moi. Presque fini. J'avais presque fini. Faire le travail d'un mois en moins d'une semaine. Je ne savais plus depuis quand je ne m'étais pas lavé, manger... Bien qu'au final, je n'en avais pas réellement besoin, j'avais tellement l'habitude de ses petits rituels quotidiens... Ils m'ancraient dans la réalité, m'empêchaient de partir dans des délires trop grands. Trop puissants. Le genre de délires qu'un certain vampire ne pourrait pas suivre. Ou pas vouloir suivre, qui savait... Je ne me rappelai pas la dernière fois que j'avais dormi non plus et cela, par contre, j'en avais besoin. Mais entre les archives, l'inventaire...

Du coup, impossible de savoir si je remerciais les Directeurs pour les vacances îliennes qu'ils nous avaient offertes ou pas. D'un côté, Eirik aurait peut-être eu le temps de décoléré... D'un autre, il savait être tellement rancunier que j'en doutais sérieusement. La preuve, il en voulait à son frère pour des choses passées depuis longtemps... Et pas question de se réconcilier, non, c'était tellement plus viril de se bastonner avec lui pour finir par se faire à moitié tuer par un dragon en furie et madame Feuillage.

-Et dire que l'on a pas discuté de tout cela...

J'allais tellement le tuer. Ou me faire tuer pour être resté. Je me frottai le torse en allant pour un énième café, souhaitant qu'il me fasse tenir debout pour le reste de la journée... Ou de la nuit, je ne savais plus là... Regardant par les grandes vitres, je remarquai que c'était la nuit. Eh bien encore une nuit blanche, soit. Mais il fallait que tout soit prêt pour la rentrée, d'une façon ou d'une autre. Si seulement ce foutu lien voulait bien me foutre la paix !!! Non ! Pas de vulgarité. J'allais bien. J'allais très bien...

-Les oiseaux volent en mangeant des papillons colorés tandis que les serpents nichent dans les arbres pour mieux les dévorer...

Oui, valait mieux que je chante que je ne m'énerve ou j'allais tout envoyer bouler et me cacher dans la première dimension que je trouverai agréable. Tant pis si je passais pour un lâche mais j'avais l'impression que mes nerfs étaient des biscottes qui s'effritaient. Et ça n'avait rien de joyeux.

Et puis là, j'entendis la porte s'ouvrir et sans regarder qui c'était, je marmonnai.

-La bibliothèque est fermée pour inventaire, veuillez sortir avant que je ne vous y force et croyez moi, je suis d'humeur à faire mal.

Pour le coup, même monsieur Dragon s'en prendrait une, et ce même s'il finissait par m'enfermer dans une lampe pour ça. Je m'aperçus que mes mains tremblaient autour de ma tasse de café. Dans quel état étais-je ? Pourquoi le lien ne voulait-il pas me lâcher hein ?! Je savais que Eirik était en colère contre moi, à la fin !

-Quoique vous vouliez, laissez un mot dans la boîte des retours des prêts, je verrai si j'ai le temps d'exaucer votre souhait.

Je gloussai après avoir dit cela. Ouais, un bon vœu me redonnerait de l'énergie pour un moment sauf que je n'avais pas le temps de chercher une personne assez folle pour vouloir passer un pacte avec moi. Et je levai enfin la tête pour voir qui était là...

Et je levai la tête...

Mais sans doute que je devrais simplement passer dans une autre dimension alors que mon vampire me souriait de façon hypocrite. Il était clairement de mauvaise humeur. Sauf que pas de pot pour lui - ou pour nous - je l'étais aussi. Je n'avais pas fini de travailler, ce n'était pas le moment pour que monsieur débarque pour me faire son mélodrame de pucelle avariée... Oui, je savais que ce n'était pas cela qu'on devait dire mais j'emmerdais les expressions là.

J'eus envie de rire quand il me disait être dans le même état d'esprit que moi. Oh, il n'avait aucune véritable idée de l'état dans lequel j'étais. Le lien, la tristesse, la colère, le stress... Je me sentais même capable de le tuer et de me suicider ensuite pour avoir la paix.

-Je suis sur mon lieu de travail, Eirik. Et je pense que comme je ne te dérange pas quand tu prépares tes cours, je mérite d'avoir la paix alors que je finis l'inventaire de la bibliothèque.

Ma voix était aussi froide que la sienne alors que je posai mon mug de café pour serrer mes mains tremblantes l'une contre l'autre. Il avait l'oeil assez avisé pour avoir remarqué dans quel état j'étais mais il poursuivait comme si je cramais une forme politique. Avais-je déjà dit que j'avais envie de le tuer. D'ailleurs, il disait carrément qu'il s'en fichait. En fait, mon amant était un suicidaire de première et franchement, un jour, il allait y passer. Et si c'était bel et bien le cas, je ferai en sorte de porter moi-même le coup de grâce. Je me le promettais.

-Vouloir réconcilier les membres de ma famille, c'est allé trop loin ? Ou c'est toi qui est allé trop loin en voulant jouer à qui chie le plus à droite ?

Tiens, il semblait que j'avais déjà abandonné l'idée que la rencontre puisse bien se passer pour en venir directement à ce qui allait sûrement donner des coups. Merveilleux, comme quoi, je m'habituais à sa folie, pas vrai ? Je sortis de derrière mon comptoir pour me planter devant lui, me sentant étrangement plus cadavérique que lui. Assurément le manque de sommeil. Et qu'est-ce qu'il était beau cet abruti. Oui, en ce moment, il ne pouvait pas être autre chose qu'un abruti à venir me prendre le cerveau. Il essayait de profiter d'un moment de faiblesse, comme le prédateur qu'il était.

-En gyldig forklaring ? Jeg ønsker bare å ha det jeg aldri hatt en familie. Men det er greit , jeg forstår at du ikke ønsker å gi meg en. Det er så gøy å kjempe mot hverandre for å terrorisere og ende opp med å hate.

Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais changé de langue tout de suite mais au final, que cette conversation se passe en norvégien n'était pas si problématique. Au contraire, la langue donnait plus de sens et de poids puisque c'était sa langue maternelle. Maternelle... De toute façon, il les rejetait tous, ce sale rancunier. Même le dernier. Et pour quoi ? Pourquoi à la fin ?! Pourquoi se faire du mal encore et toujours ? Qu'est-ce que ça lui apportait ?

J'étais déjà prêt à esquiver ses coups, je le connaissais bien assez pour savoir qu'il aurait envie de me dominer physiquement. Mais pas de cacao pour lui, il n'allait rencontrer que de la fumée à attraper. Je n'allais pas faire la victime, pas cette fois. Et pourtant, j'avais prévu de me laisser punir mais ce qu'il avait fait était juste parfaitement dégueulasse et révoltant. Pas étonnant que Tarô ne veuille jamais le voir. En plus s'il était sensé faire ça à quelqu'un qui devrait aimer alors à moi, que ferait-il de pire ?

-Hvorfor foretrekker  du å ødelegge alt ? Hva det betyr for deg, Eirik ? Føler du deg virkelig glad sånn?

Je voulais savoir avant qu'il ne me provoque de trop et que j'essaie de lui faire du mal. Parce que je ne doutais pas que ça arriverait. En fait, je ne pensais même pas qu'il me répondrait vraiment. Il n'avait pas l'anus pour ça.


(HRP : Les répliques en français pour t'éviter d'avoir allé à traduire :

Spoiler:

Si tu peux faire pareil pour moi ^^)

-Comme c'est surprenant.

Bien sûr qu'il s'en foutait ! Et bien il le paierait un de ces quatre, quand il aurait besoin de bosser, je ferai exprès de faire le plus de boucan possible ? Comment ça c'était gamin ? Parce que c'était adulte, ce qu'il faisait ce sale vampire là ?! Parce qu'il ne fallait pas se leurrer, hein, il voyait très bien que j'étais épuisé et il s'en amusait ! J'allais lui en mettre une, j'allais forcément lui en mettre une.

Quant à la suite, elle n'avait bigrement rien de surprenant et j'avais envie de lui rire au nez. Oh, mais j'avais bien compris qu'on n'était pas une famille. Même que la plupart du temps, j'étais plus un jouet qu'un compagnon, là aussi, j'avais bien saisi. Par contre...

-Je vais me gêner, je l'ouvre si je veux et si tu voulais quelqu'un qui reste à sa place, fallait trouver un esclave. C'est con, t'as choisi le mec qui peut te prendre la tête de toutes les façons possibles et qui t'énerve une fois par jour minimum.

Des enfants ? Non mais qu'est-ce qu'il pouvait être con quand il voulait, c'était pas possible. En plus, on était en relation avec des gosses, on en avait pas besoin de plus ! Et puis hors de question qu'il ait un enfant, qu'on soit bien clair. Je les tuerai tous les deux si ça arrivait. Et non, ça n'avait rien d'une plaisanterie. Par contre, qu'il dise n'en avoir jamais eu... Oui et non. Il avait souffert, je l'avais bien compris mais j'étais certain que Tarô l'aimait. Même s'il ne l'avouerait jamais. Parce qu'on ne défendait pas quelqu'un qui nous faisait du mal juste pour le faire. Tarô tenait à lui et vice-versa. Le problème c'était que sa rancœur l'empêchait de le voir.

-Jeg sa ikke det ! Men dritt på slutten, våkn opp ! Den tiden er over, er du elsket! Men du foretrekker å holde jævla bitterhet i stedet for å se hva du er villig til å gjøre for deg broren din ! Det er ikke en helgen, men du, du ! Til slutt sier du mer voksen deg, men du er den samme gutten som ble forfulgt av hans familie ! Jeg vet at ikke endres, men jeg trodde ikke det ville være for opplagt hjem ! Du er fortsatt barnets gråt og venter på å bli elsket.

Et en plus, il me prenait pour un idiot fini. Je savais qu'il était en train de jouer avec le lien. Comme il était conscient que je n'allais pas me laisser atteindre physiquement, il passait par cette chose qui était sensé nous aider à rester lier, pas à nous déchirer. Se rendait-il seulement compte d'à quel point c'était cruel et mesquin ? C'était petit, la vengeance d'un gosse ! Et dire que c'était moi qui écopait normalement de cette remarque, je voulais bien voir comment il allait s'en sortir. Sûrement par une valse, éludant purement et simplement parce qu'il n'aurait pas le dessus.

Mais en tout cas, je ne lui ferai pas le plaisir de montrer une quelconque souffrance. Ça lui ferait trop plaisir.

En fait, j'attendis qu'il finisse et après qu'il l'ait fait, je me passais la main sur le visage. Avant que sans prévenir, une main de fumée lui mette une bonne baffe. Je remis mes yeux dans les siens, le toisant, le considérant presque comme une moule à faire frire là. Sa bulle d'eau me faisait mal mais ce n'était pas pour autant que je n'allais pas lui dire ce que je pensais !

-Vi er et par, og det spiller ingen rolle om du liker det eller ikke . Så nei, jeg vil ikke bli borte selv om du hadde truet med å drepe meg eller du hadde. Et par er alt eller ingenting. Så jeg vil ikke forlate deg alene, selv om jeg måtte lide. Jeg bryr meg ikke om dine instinkter for dominans eller beskytter. Hvis jeg ønsker å prøve å beskytte deg, vil jeg gjøre det, punktum.

Et avant qu'il le comprenne, je changeai de dimension et je finis en boule de fumée dans son corps. Oh, il pouvait encore m'atteindre avec son eau mais qu'il s'y tente, j'allais lui faire comprendre ce qu'avait subi Sword. Et oui, j'aurais mal mais vu ce qu'il m'avait déjà fait là, ça ne serait pas grand chose. Il fallait ce qu'il fallait et même si ne m'avait pas réellement écouté, je le connaissais, ça allait lui passer par dessous le pied, au moins, pour une fois, il aurait mal physiquement à cause de moi.

En plus, j'étais bien dans ses poumons et je pouvais continuer à lui parler quand même.

-Bien essayé ta bulle d'eau. Dommage que ton pouvoir ne peut pas me poursuivre dans les dimensions, tu n'es pas assez puissant pour ça.

Et je cisaillai lentement l'intérieur d'un de ses poumons, sentant sa douleur dans le lien. J'étais définitivement masochiste, là.

Traduction:

Oulà, il était en train de péter une chevrotine lui aussi vu comment il riait. Je ne voyais tout de même pas ce que j'avais dit ou fait d'amusant, il m'énervait là ! J'essayai de lui montrer que je pouvais le faire du mal et monsieur se marrait comme un méchant de cinéma bis ! Ou Y, je ne savais plus. Et je m'en fichais ! J'en avais marre qu'il ne me prenne jamais au sérieux à la fin ! Si j'étais dangereux ! Si je pouvais le protéger. Mais bien sûr, le vampire qui m'abritait présentement contre son gré avait des choses à redire, encore !

Et j'avais raison sur pas mal de choses, c'était bien sa rancœur qui l'étouffait et qui lui donnait envie de faire vivre un enfer à Tarô. Se venger de toute sa famille sur le dernier représentant qui ne pouvait pas lutter contre lui ! Non mais franchement, comme c'était lâche et presque pathétique ! C'était comme si j'allais taper sur un cadet que maman aurait fait pour me venger d'elle. Tarô n'était pas responsable à la fin, il avait juste suivi les préceptes familiaux, comme n'importe quel enfant le ferait ! Et j'eus l'impression de prendre une baffe quand il parla de maman. Il ne pouvait pas comparer, ça n'avait rien à voir. Lui, il avait été voulu...

-Tu n'as pas le droit... murmurai-je tout bas, trop bas pour qu'il m'entende vu ma forme.

Il n'en avait bien sûr pas fini et donc monsieur me pensait toujours aussi incapable de tuer. Sauf que pour son existence, je le ferai.

-Sword a bien failli mourir avec ce que je lui ai fait, il doit le fait d'avoir survécu aux Directeurs tellement je l'avais découpé à l'intérieur ! Bien sûr que je peux te protéger ! Et...

Et je ne pus dire la suite, il utilisa à nouveau le lien et il était tellement présent dans mon esprit que je lui obéis avant même d'avoir compris ce que je faisais. Le coup que je pris me plia en deux, évidemment, la douleur physique plus mentale faillit me faire tomber dans les prunes. Et puis la douleur mentale surpassa le reste et non sans raison. Ce qu'il me disait était si cruel, je n'étais même plus sûr de savoir respirer. Le coup de poing me fit à peine réagir physiquement bien que j'étais certain - même ainsi déconnecté de mon corps - que j'avais la mâchoire fracturée au minimum.

Enfin le coup de grâce. Quoique... J'étais en vie... Tout en ne m'étant jamais senti aussi mort à l'intérieur. Et étrangement sali aussi. Sans le vouloir, je perdis complètement empire sur mon corps, révélant ma vraie forme de djinn, un amas d'yeux et de fumée sombre qui regardaient partout et nulle part à la fois à la recherche de vœux. D'une voix complètement atone, je lui dis après un long silence.

-Tue-moi alors.

A quoi bon continuer ? A quoi bon essayer ? Il m'avait déjà déchiré, détruit comme maman n'avait jamais réussi à le faire en quelques secondes. Je n'en pouvais plus. Je ne voulais plus. Que ça s'arrête, tout de suite, maintenant.

-Tue-moi.

Il venait de se calmer subitement. Mais je ne comprenais pas pourquoi. Au contraire, qu'il finisse d'être en colère et qu'il le fasse. Il n'avait pas de raison de se gêner, j'étais son jouet, il pouvait bien finir de me briser comme il le souhaitait. Je ne compris pas plus que le lien cesse de me faire souffrir. Le seul avantage, c'était que je n'avais plus envie de vomir. Pas qu'il y aurait eu grand chose vu comment j'avais pris soin de moi ces derniers jours. Je n'étais plus énervé. Je n'étais plus rien en fait.

Mes yeux ne se posaient même pas sur lui, au contraire, tout dans ma posture montrait la soumission. Il avait voulu gagner, c'était fait. J'étais à sa merci et je n'avais pas du tout envie de me battre pour... Pour quoi d'ailleurs ? Survivre ? Je pensais l'avoir déjà assez fait jusque là. Alors qu'il en finisse. Il se mit à balbutier sans que là encore je le comprenne. Pourquoi hésitait-il tout à coup alors qu'il avait été si sûr de lui et de son droit de me dominer jusqu'ici ? Je n'avais pourtant rien dit d'étrange. Juste émis une prière à laquelle il ne répondrait pas, ça par contre, c'était limpide.

-Quelle voix ?

Elle était comme d'habitude sauf qu'elle ne portait pas d'émotion. Rien. Comme à l'intérieur, elle n'avait rien pour elle. Comme à l'extérieur aussi. Et au final, c'était peut-être bien de n'être rien. Au moins, on ne souffrait plus. J'obéis à son injonction, retrouvant ma forme humaine de rouquin sans savoir, les yeux toujours sur le sol. Ce que j'avais froid... Je remarquai du coin de l'oeil que je tremblais. Rien de surprenant, ce n'était pas avec ce qui venait de se passer que mon état allait s'améliorer. Au contraire.

Et comme il était le maître et moi le jouet, je me devais de répondre à ses questions. Sauf que je ne voyais pas exactement quoi dire. En fait si, mais ce serait mal pris. Encore que, il me punirait encore si je mentais alors...

-Je vous crois capable de me détruire sans m'offrir la grâce de me tuer en tout cas.

C'était ce qu'il venait de faire.

-Puis-je finir de ranger la bibliothèque ?

Il n'y avait plus rien à dire, il avait tout réglé en quelques mots plus assassins qu'un poignard dans le cœur. Peut-être mentait-il, peut-être pas, mais le simple fait qu'il le dise me suffisait. Je voulais qu'il s'en aille. Je voulais être tout seul. Je voulais aller provoquer n'importe qui qui voudrait bien mettre fin à mes jours aussi. Sauf que c'était son privilège... Et que si j'essayai, il se mettrait en danger juste pour me prouver que c'était à lui de le faire.

J'eus un vertige... Il me fallait vraiment du café.

-Je rentrerai ensuite.

Je m’assiérai à vos pieds et je ne dirais rien. Je tiendrais juste ma place comme un bon chien. Comme vous auriez voulu que je le sois depuis le début.

Devais-je réellement m'en rendre compte ? Pour quoi faire ? Pour voir à quel point l'envie de vivre m'avait déserté ? Pour voir à quel point j'avais envie de me faire tuer ? Et puis nouvelle projection contre l'armoire des livres rares. Mais elle tint le coup, alors que mon corps... En fait, j'avais l'impression qu'il m'avait fêlé plusieurs côtes mais ce n'était pas comme si je n'étais pas réparable. Ou remplaçable. Et bien sûr, Eirik se mit de nouveau à hurler. Pourquoi se retenir ? Je n'allais pas répondre à sa question rhétorique, ce serait comme le prendre pour un idiot et déjà que ma mâchoire restait à moitié en fumée à cause de son coup précédent, je n'allais pas de suite lui donner envie d'achever ma tête... Quoique si, je voulais bien. Mais pas avec ses poings si possible. Finir mort par passage à tomber par un amant furieux, ça n'avait rien de glorieux. Note, c'était passe partout dans les rubriques de faits divers, non ?

-Comme vous voudrez.

Je n'avais plus du tout la force de me rebeller de toute façon. Il m'aurait dit de lécher ses chaussures que je l'aurais fait juste pour arrêter tout ça. Je ne voulais plus qu'il me parle, qu'il me touche, tout. Je ne voulais plus rien de lui. Je voulais juste arrêter d'avoir mal au point d'avoir cette envie risible et ridicule d'adolescent de m'ouvrir les veines pour appeler à l'aide. Surtout qu'au final, je ne voulais pas qu'on m'aide. S'il ne m'aimait pas, je ne voulais plus rien. Sentir son front contre le mien m'aurait fait trembler normalement, surtout vu la situation mais j'étais déjà en train de le faire depuis le début.

Et comme s'il n'y en avait pas eu assez, Eirik se lança dans les insultes. Oh, je me doutais que c'était pour me réveiller mais là... Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, il pourrait même me dire que le nord est au sud que je serais d'accord juste pour qu'il cesse d'être si proche de moi. Lui rendre son Djinn... Il me cassait pour me demandait ensuite d'être comme d'habitude. Comme si c'était possible comme si ce qu'il disait ne m'atteignait jamais.

-Je vous connais assez pour savoir que vous vouliez me faire mal et que vous étiez content d'avoir réussi.

Qu'il ose me dire le contraire. Sa joie malsaine s'était fait sentir dans le lien avant qu'il ne cesse parce que j'avais imploré pour qu'il en finisse avec mon existence. Qu'il tente de se cacher mais je savais. Et peu importait ce qu'il voyait, c'était brisé, en morceaux... Et je n'avais aucune envie de réparer et mon corps et mon esprit de sa folie de dominateur. Je finis assis sur lui sans bien comprendre pourquoi. Ne devrais-je pas être à ses pieds ? Oh, c'était pour pouvoir mieux me faire la leçon. Soit, qu'il fasse.

Mais il était gonflé de me dire que je devais prendre soin de moi alors qu'il avait joué avec le lien pour que je me sente mal. Ma santé plus importante ? Alors pourquoi me parlait-il au lieu de me mettre au lit en s'assurant que je n'avais rien de cassé ? Ce qu'il disait n'avait strictement aucun sens. Ses actes comme ses mots étaient illogiques. Et l'on me disait que l'on ne pouvait pas me suivre... Étais-je sensé répondre ?

-Vous venez de me casser la mâchoire et d'au moins me fêler les côtes. Alors je tends à croire que ma santé n'est pas si importante.

Ça allait être encore trop honnête pour lui, je le sentais. Mais qu'allait-il pouvoir me faire de plus ? Me violer ? Ça ne serait rien puisque j'avais l'impression que c'était déjà fait.

-Quant à ma santé mentale, il y a de nombreuses années que j'ai cessé de tenter de la faire diagnostiquer. Voulez-vous rentrer à présent ?

Puisque je n'avais pas le droit de finir mon travail, autant que l'on vide les lieux. La bibliothèque ne méritait pas qu'il la retourne sous sa rage. Sans compter que ça en rajouterait à ce que j'aurais à faire.