Nous étions au bon endroit, sur une étendue de vallons et de collines à l'herbe noire et pleine de griffes. L'arrivée n'allait pas lui plaire, mais je m'en moquais complètement. Le ciel était vert malade au-dessus de nous, le soleil si pâle qu'on pouvait se demander si l'on pouvait l'appeler ainsi. Quant à nos souffles, ils dégageaient une bonne dose de buée, preuve du froid qui régnait ici. D'ailleurs, je n'étais pas habillé pour la saison des lieux mais comme nous allions nous battre, ça n'allait pas être un problème. Ma fumée était partout, rampant sur le sol alors que j'attendais qu'il se reprenne.
-Prêt ? Je n'ai jamais eu autant envie de te cogner qu'aujourd'hui. Qui sait, peut-être qu'on a finalement bien besoin de ça pour mieux se comprendre, toi et moi. Et puis tu meurs d'envie de te défouler.
J'agitai Rapière.
-Alors viens.
Il allait tellement regretter de m'avoir énervé une bonne fois pour toute. Ce que j'ai fait à Sword, ça n'était rien à côté de ce que j'avais envie de lui faire. Je libérai complètement mon arme, ses coupures allaient être bien douloureuses pour monsieur j'étais maître de l'eau. Sois maître autant que tu le souhaites, tu ne sauras pas m'attraper. Je te l'assurais.
Et je lui en donnais la preuve très vite. Des doubles, des apparitions dans la brume toxique que j'avais levé. Il pouvait la laver autant qu'il le voulait, elle reviendrait. Je m'étais trop bien nourri ces derniers temps pour même sourciller. Et tant qu'il ne me tenait pas moi, il n'avait aucune chance que le combat s'arrête. J'abattais Rapière sur lui sans regret, sans remord, pour trancher, pour faire mal. Et le voir saigner me ravissait.
J'eus un rire fantôme dans ma brume...
-Tu me voulais méchant... Tu me voulais cruel. Aimes-tu le résultat ?
J'esquivai encore... C'était si facile... Et s'il essayait de sortir de mon champ de brume, il ne serait qu'encore plus vulnérable... Il ne savait pas où il était...
Il ne savait pas ce qui l'attendait dans les ombres des bois...
Alors comment dire....Eirik était totalement stupéfait. Le roux était-il réellement en train de lui péter une durite? Parce que là, ça y ressemblait beaucoup. Il ne le laissait même pas parler, c'était presque...Emouvant...Son Djinn était en train de réagir, enfin réagir à tout ce qu'il pouvait dire et ça émoustillait tout particulièrement le blanc. Pourquoi? Il n'en savait rien, mais en tout cas, ça le laissa sur le cul. Par contre, que celui-ci fasse apparaitre son arme...Ça, c'était mauvais signe. Qu'il pète une durite d'accord, mais voulait-il vraiment en venir au combat? C'était du grand n'importe quoi. Du coup, le vampire fit un pas en arrière pour observer son amant. Seulement, avant même qu'il n'en place une il n'était déjà plus dans le cinéma.
Pour la troisième fois aujourd'hui le blanc était surpris. Ambroise venait-il réellement de le transporter dans une autre dimension sans lui en parler? C'était qu'il devenait vraiment...Bordel, non! Ce n'était pas le moment de penser à des choses mal placé. Ambroise était sérieux, il se devait donc de lui rendre la politesse. Il était en rogne après tout, autant l'un que l'autre d'ailleurs. Ce n'était donc clairement pas le moment de penser à le prendre sur le sol! Le professeur secoua donc la tête avant de plonger son regard dans celui de son partenaire.
" Je suis si fière de toi... "
Parce que clairement c'était le cas. Au début de leur relation le Djinn n'aurait même pas fait le tiers de ce qu'il faisait en cet instant. Mieux, il ne l'aurait même pas blessé, mais là il l'attaquait ouvertement. Sur le coup, il ne fut pas assez rapide pour esquiver les coups de sa foutue lame, mais le blanc guérissait aussi tôt. Tout en se mouvant, il jeta des coups d'oeil au terrain et soupira. Ce n'était pas du tout à son avantage, le seul était la température à la limite. Du coup, le vampire utilisa sa vélocité pour se déplacer aussi rapidement que ça lui permettait. Chaque clone n'étant pas un problème. Il éliminait juste ce qui le gênait et ce n'était pas des clones qui l’empêcheraient de trouver Son amant. Par contre, la fumée toxique, c'était petit, mais bon il devait faire avec.
Pour le coup, le vampire utilisa même son eau comme des lames fine et tranchante. Chacune détruisant tout sur son passage. Il devait le trouver et vite, parce que certes ça lui plaisait, mais il allait bien trop loin.
" Tu m'excites tout particulièrement mon mignon, alors montre toi...Montre-moi ce qui tu sais faire avec cette lame."
Provocation? Oui, un peu, le blanc voulait juste voir son Djinn dans tous ses états.
Fier de moi ? Décidément, si j'avais eu des doutes sur le fait que Eirik avait quelques petits soucis mentaux sur certaines choses, là, ils étaient complètement levés. J'étais en train de lui faire mal et il était content. Content ! Pouvait-on faire réaction plus illogique ?
En tout cas, il utilisait toutes les armes qu'il avait à sa disposition. Sa vitesse, sa guérison rapide, son eau. Mais non seulement il ne me trouvait pas mais en plus, il se fatiguait tout seul. Même ses jolies lames d'eau tranchantes ne servirent à rien. Oh, elle effacèrent ma fumée quelques secondes mais celle-ci était déjà de retour. Il tuait mes clones ? Peu importe, je pouvais en faire toujours plus, c'était juste histoire de voir à quel point il devait avoir envie de me tuer et comment.
Toujours enregistré des informations, cela pouvait servir.
-Comment peux-tu penser à du sexe dans un tel moment, satyre ?!
Sachant très bien que c'était de la provocation, j'apparus quand même devant lui, la pointe de Rapière vers lui. J'étais torse nu, ma veste et mon haut, comme mes bottes d'ailleurs, reposant je ne savais trop dans quel arbre alentour. Mais pas perdu.
-Tu crois que je ne vais pas risquer de t'embrocher pour tes conneries ?!
S'il avait lancé une attaque, je l'avais parfaitement esquivé pour venir lui taillader la joue puis le ventre. Puis dans un mouvement d'humeur, je lui plantai ma lame à peine deux minutes plus tard dans la cuisse, traversant tout son muscle. Il pouvait guérir vite, certes, mais ce genre de dégâts prenaient quand même du temps. Sans compter la perte de sang qui allait l'affaiblir et bientôt appeler les potes qu'il y avait dans les bois.
-Tu devrais te préparer à courir, quand les loups-garous vont te sentir, ça va être ta fête. Et je vais bien rire.
Moi l'aider ? Pas question, monsieur était meilleur que moi, pas vrai ? Qu'il le prouve. Surtout que pas de pot pour lui, ce n'était pas de simples loup-garous mais des squelettes. A Sinistralia, bien des choses étaient aussi mortes vivantes que lui. Et tout aussi grognonnes.
-Tu devrais bien t'entendre avec eux, ils te ressemblent.
Les premiers grognements se firent entendre. Eirik aurait de l'avance, peu mais l'orée de la forêt était tout de même à un kilomètre de nous.
-Vois ça comme un entraînement pour ton cadeau de Noël !
Et j'éclatai d'un rire sadique, bien visible sous son nez. Mais toujours impossible à attraper.
Bon, ce qu'il faisait ne servait clairement à rien, mais voir Ambroise ainsi valait tous les efforts du monde. Surtout qu'en plus il le trouvait horrible de dire qu'il avait envie de lui? Mais que pouvait le blanc contre ça?! Absolument rien, alors qu'il ne lui dise pas des choses pareilles! Surtout que c'était bien le gamin qui apparaissait devant lui torse nu non?! Et après c'était lui le satyre?! Du grand n'importe quoi oui! Seulement, les propos du roux le firent sourire de nouveau. Il était tellement adorable, mais qu'il l'embroche, qu'il montre enfin ses côtés les plus sombre.
Et pour le coup, Eirik avait absolument envie de voir et pour défier son amant, deux lames d'eau s'abattirent sur lui. Bien sûr, comme il l'avait prévu, le roux esquiva sans mal et lui taillada la joue et le ventre. Sur le coup, le professeur grimaça, mais ne quitta pas des yeux son cher amant. Il pouvait faire mieux et il le savait parfaitement. Eirik prit donc un élan pour s'avancer et Ambroise fit enfin une chose qui avait le mérite d'être radical. Lui planter la jambe sérieusement?! Sur le coup, Eirik grogna de manière plus qu'audible en lançant un regard meurtrier au petit. Ca il allait lui payer une fois sur son terrain de jeu à lui. Surtout qu'il entendait déjà les loups...
" Courir? Tu me prends pour qui? Qu'il vienne et on verra ce qu'on pourra en tirer. Et rit autant que tu veux, au moment venu tu me le payeras Ambroise et crois-moi tu ne t'en remettras pas."
Ça c'était même une certitude. Néanmoins, le blanc n'était pas encore assez en colère pour montrer à Ambroise son côté "étrange". Il lui lança donc un simple regard las avant de se tourner pour voir arriver les squelettes.
" Maintenant barre toi, j'ai à faire avec tes conneries."
Et vu le nombre il n'en avait pas fini. En tout cas, le blanc ne se fit pas prier et attrapa le premier facilement grâce à sa vélocité et il lui broya le cou. Ensuite, il créa son Dragon d'eau pour en éliminer d'autre. Bien sûr, certains réussir à le toucher, mais il les démonta tout de même. Le vampire donnait son maximum et pour le coup, il remerciait les dieux de lui avoir donné l'occasion d'apprendre à se battre avec les siècles tout en utilisant son don comme un prolongement de ses membres. Combien de temps ça lui prendrait, il n'en savait rien, mais il s'amusait comme un petit fou. Si seulement, ils étaient vivant...Mais bon ne pas trop en demander et toujours se contenter de ce que l'on avait comme disait si bien sa mère.
Oh, ce regard meurtrier... Comme si j'allais trembler, non mais franchement. Il ne ferait même pas peur à maman là et ce n'était pas un compliment. Je lui avais dit de se méfier et d'arrêter de me prendre pour un imbécile en plus de ne pas m'énerver mais non, monsieur n'écoutait jamais ce que je lui disais. Et maintenant que je pétais mon câble et que je lui faisais le mal que je lui avais promis, il n'était pas content, encore. De la pure bêtise de sa part.
Par contre, je voulais bien m'avouer à moi-même que son grognement était plutôt sexy.
Et mince, voilà pourquoi je refusais de réellement faire attention à ces réactions. Déjà qu'il se comportait comme un pervers, si je me mettais à y réagir, tout ceci n'aurait plus de sens. Je reniflai donc à sa réponse.
-Je t'ai à peine embrocher la cuisse. Doit-on reparler de tout ce que tu m'as fait toi ? Parce que la liste est longue et même si je ne suis pas tout bleu dans cette histoire, il n'en reste pas moins que tu as fait des choses que peu de gens te pardonneraient. Et tu le sais. N'importe qui d'autres seraient partis. Je suis encore là. Alors même que tu es en train de me changer en quelque chose que je hais.
Heureusement que je ne m'aimais pas, déjà. Sinon, j'aurais baissé dans mon estime. Quoique... Avais-je justement encore de l'estime pour moi-même alors que je me baignais dans ce qu'il tenait tant à ce que je vois. Il arrivait à me faire mélanger l'amour et la haine comme maman ne l'avait jamais fait. J'en avais envie de vomir mon cœur.
-Ils ne sont pas à moi, ils font partie de ce monde. Bon entraînement à toi.
Je finis sur l'arbre où était mes affaires alors qu'il les affrontait. Et très sincèrement, son sourire faisait tiède dans le dos. Comment pouvait-il être si heureux de faire du mal ? Enfin, au moins, il savait se battre en symbiose avec son eau, ce qui n'était pas si mal. Je me rhabillai parce que même si je n'étais pas fatigué, j'en avais déjà marre de tout ça... J'en avais marre qu'on se fasse mal et qu'il ne sache pas voir que...
Est-ce que je lui faisais autant de mal qu'il m'en faisait ? Que quelqu'un me donne la réponse...
En tout cas, quand il eut fini de s'occuper de la meute, ce qui lui prit quand même un bon quart d'heure, je reparus devant lui, Rapière toujours à la main. Vu son humeur, il serait parfaitement capable d'avoir envie de me tuer encore. Il voulait que je paie, il l'avait dit.
-Bien défoulé ou tu as encore besoin de plus ?
A côté de lui, j'étais impeccable, comme si Sinistralia ne m'avait rien fait. Mais c'était plus compliqué. Un vivant comme moi ne pouvait pas y rester longtemps en vérité. Ce monde dévorait le moindre être non mort vivant. Et bientôt, il allait m'attaquer, sans l'ombre d'un doute.
Bon, le roux n'avait pas faux sur toute la ligne. Bien au contraire, le blanc le savait parfaitement. Combien de personne avait-il perdu à cause de son caractère? Il ne comptait, même Shintarô commençait à le laisser. Pourtant, Ambroise lui était toujours là et pourtant, il en avait fait des belles. Déjà le maltraiter, ensuite le blesser psychologiquement, sans parler du fait de le pousser à devenir mauvais...Eirik était conscient de tout ça, mais que le petit lui balance ainsi, ça lui faisait comme un pincement au cœur. Etait-il réellement si détestable? Il n'en savait rien, mais pour le moment il préféra soutenir le regard de son amant, sans répondre. Il ne devait pas devenir mauvais, pas encore...
Puis de toutes manières, il ne pouvait pas s'attarder sur son amant pour le moment. Les loups arrivaient et il s'occupa d'eux. Ça lui prit un petit moment, mais au moins, il avait réussi sans trop de mal. Encore heureux qu'ils étaient mort ces cons, sinon, ça n'aurait pas donné la même chose. Il n'aimait vraiment pas les créatures mortes, franchement pas de sang...C'était du grand n'importe quoi, mais tant qu'il n'y en avait plus c'était le principal. D'ailleurs, le petit réapparut assez rapidement devant lui et le blanc s'étira avant de avant de reposer son regard sur le roux.
" Défoulé oui, mais sincèrement Ambroise, ne pose pas des questions aussi bête. Je ne me lasse jamais de tuer ou faire du mal...Mais bon, disons que ça suffira."
Parce qu'ils avaient bien mieux à faire et surtout lui. Son eau attrapa le Djinn sans prévenir bloquant chacune de ses articulations. Il pouvait s'enfuir s'il le voulait, le professeur le savait, mais pour le moment, il voulait juste s'approcher sans que cette lame soit pointer sur lui. Le blanc se retrouva donc devant le roux et lui caressa doucement le coup. Il était si beau...Le Norvégien en devint même naturel face à cette vue.
" Ce que je veux...Beaucoup de chose. J'hésite encore entre te tuer, te prendre sauvagement contre un arbre...Et bien d'autre chose. Seulement, je pense que je me contenterais de rentrer. J'ai besoin d'un bain et bien que cette endroit soit particulièrement plaisant, je pense que notre monde suffira pour que tu vide enfin ton sac....Après je verrais ce que tu mérites...Qui sait, je serais peut-être clément."
Et le Norévgien sourit de façon malsaine. Clément ou non, le rouquin serait puni sans aucun doute.
-Tant mieux parce qu'il n'y en aura pas plus. Et puis c'était un entraînement. Tu auras de quoi t'amuser réellement avec ton cadeau de Noël.
Quand le moment serait plus propice. Parce que présentement, plutôt que de lui faire des cadeaux, j'étais tenté de le laisser là et de ne pas revenir de sitôt. Il ne mourrait pas lui en plus, contrairement à moi. Le fait qu'il dise qu'il ne saurait être lassé de faire du mal me fit souffrir. Parce qu'il ne se rendait pas compte d'à quel point il disait la vérité en cet instant. Donc, il ne serait jamais fatigué de me voir à terre à cause de lui... Mince, j'avais les yeux qui picotaient, sûrement le fait que je me vide de mon énergie...
-Je ne te laisserai pas me tuer. Ou plutôt, je ne te laisserai pas me tuer aujourd'hui. Un autre jour peut-être.
Quant à ses envies de satyre retrouvant la nature sauvage, qu'il les garde, je n'avais pas du tout envie qu'il me touche. Autant parfois il savait m'allumer comme personne ne l'avait jamais fait. Autant présentement, j'avais l'impression que je rendrais mon estomac s'il le faisait. Et mine de rien, je n'avais pas envie de repeindre l'herbe avec mon contenu gastrique.
Et pendant ce temps, il avait terminé son petit discours que je pourrais qualifier sans mal de baratin inepte et totalement hors de propos. Il pensait encore à me punir ? Et il pensait que je voudrais de sa clémence à cause de cela. Il n'aurait aucune chance de pouvoir lever la main sur moi ou quoique ce soit d'autre. On allait encore se disputer mais quelque part, c'était inévitable, il faisait tout pour cela. Et très franchement, même si j'avais fui pour que cela s'arrête un peu, s'il tenait à ce qu'on se déchire encore et encore...
-A qui penses-tu faire peur ? Je me permets de te faire remarquer que je pourrais te laisser là et que l'une des seules autres personnes d'Esperanza qui pourrait venir te chercher, c'est Sword.
Je nous ouvris un portail en laissant tomber Rapière qui disparut dans de la fumée. Puis je franchis le portail après lui, nous étions dans sa demeure. Et j'y avais froid. Je ne me sentais pas accueilli, chez moi. Il mettait de plus en plus de distance entre nous sans même le voir. Et il se demandait pourquoi je fuyais. Je m'installai dans un fauteuil en laissant mon pouvoir allumer le feu de cheminée. Et je ne bougeai plus, ne prenant même pas la peine de le regarder. S'il tentait de m'approcher, je le repousserai.
-J'attends. Va donc prendre ta douche.
Je me fis un bon thé bien fort avec l'envie de m'en aller chez moi, de vérifier qu'un certain mouton allait bien et surtout, de barricader pour qu'il ne puisse plus entrer. Autant dans ma maison que dans mon corps ou mon cœur. Ça devenait récurrent cette envie qu'il ne me touche pas.
Je fermai les yeux.
Pour les rouvrir en sentant sa présence. Je me retins d'esquisser un sourire moqueur et je l'invitai à s'asseoir dans son cher fauteuil.
-Vider mon sac donc. Voilà ce que j'ai à dire. Tu vas me perdre. Et c'est la première fois que je le pense en un an. Tu arrives à me faire regretter le fait que tu ne m'aies pas tué dès le début.