En ce vendredi matin, le cyber café était bondé de monde. Personne ne pouvait commencer sa journée sans café.
Une longue file d’attente s’était formée devant le comptoir du service à la clientèle. Les clients, impatients, voulaient absolument leur commande. Ils allaient même jusqu’à bousculer leur entourage pour être le premier servi.
Cela déplaisait beaucoup à Aleksandryna, qui était tout aussi pressée que les autres. Devant la furie des clients, elle avait peur qu’on tâche sa robe en dentelle blanche.
La blondinette tenait particulièrement à cette tenue puisqu’elle attirait le regard sur ses longues jambes, son arme fatale. De plus, avec ses cheveux coiffées en chignon romantique, ses accessoires discrets mais brillants et sa fière allure la rendait particulièrement élégante et irrésistible au regard. Aleksandryna portait le tout avec classe. Les têtes ne se gênaient pas pour se retourner sur son passage et ainsi l’admirer.
Vint alors son tour et celle-ci s’avança vers le caissier et commanda.
« Alors pour moi ce sera un café sans sucre, sans lait chauffé à 65 degrés Celsius.»
La commande de la blondinette était tout particulièrement capricieuse. Parce qu’au lieu de simplement demander un café noire et chaud, il fallait que tout soit détaillé. Sinon Mme Le Nombril du Monde n’aura jamais le café parfait.
Le caissier soupira intérieurement, sachant très bien que ce genre de client ne laissait peu, ou même, pas de pourboire.
Ainsi, Aleksandryna paya son café, le reçu et, contre toutes attentes, laissa un pourboire. La blondinette tourna les talons pour aller à son cours.
Seulement, lorsque celle-ci prit une gorgée de sa boisson chaude, sa Majesté la trouva trop froide.
Furax et humiliée qu’on ait pas été à la hauteur, Aleksandryna se retourna pour rejoindre le comptoir, d’un pas pressé accompagné de sourcils froncés et de poings serrés.
Cependant, un obstacle hasardeux se mit au travers de sa route. Ce fut un individu qu’elle heurta. À cause du choc, elle tomba par terre et échappa son café sur sa tenue.
C’était la goutte qui faisait déborder le vase.
Tout le cybercafé s’était arrêté pour contempler le spectacle. Enragée, Aleks fusilla du regard l’individu. Son regard était à en donner des frissons au malheureux.
« NON MAIS ÇA VOUS ARRIVE DE REGARDER OÙ VOUS ALLEZ! », rugit Aleksandryna furibonde. Le malchanceux, qui avait été au travers du chemin de sa Majesté, devait agir au plus vite pour éviter le pire.
► Aleksandryna
« Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. » ► Frank Herbert
Bon... Je me demandais quand même comment j'avais fini là. Parce qu'il fallait dire que la nuit avait été un peu brumeuse pour moi. J'avais beau en avoir fini avec l'inventaire, je n'en avais pas terminé avec l'indexation des nouveaux ouvrages et ils avaient eu la bonne couleur de tous arrivés en même temps. Quelle joie pour moi. Entre lecture et classement, je m'étais complètement perdu et je n'avais plus de café. Habituellement, je me serai servi aux cuisines mais... Eh bien je ne savais pas bien ce que je faisais là. Mais voir tous ces gosses courir après leurs boissons me donnaient envie de sourire.
Aussi, je ne regardais pas du tout où j'allais, m'étant peu aventuré dans ce lieu. J'avais mes propres morceaux de technologies, à la maison comme dans la bibliothèque et moi, je pouvais chercher absolument tout ce que je voulais sur mon poste non bridé, contrairement à tous ceux dissimilés çà et là dans mon lieu de travail. Tout ça pour garder le calme et la sérénité de mon endroit préféré. Si seulement les petits savaient restés sages mais ce n'était pas leurs trucs quand ils étaient en bandes mal bridés.
Et alors que j'étais tout simplement droit comme un I, planté dans la salle dans mon éternel manteau de cuir rouge, mon pantalon en cuir et mon col roulé blanc-argent. Qui ne reçut aucune goutte de café contrairement à la tenue de la jeune blonde qui venait de me rentrer dedans. Et qui se mit à hurler comme une banshee. Plus que son regard tueur - avec Eirik, mon cher amant, j'avais l'habitude - ce fut sa voix stridente qui me fit grincer des dents alors que l'on ricanait autour, prenant certainement l'incident comme l'une de mes blagues habituelles.
-Plait-il, jeune dame ? Je me permets de vous souligner que vous parler à l'un des membres du personnel de l'établissement. Et même si je suis l'un des plus gentils, je vous conseille de descendre les octaves.
Non mais quand même, il ne fallait pas exagérer. Je n'allais pas me laisser marcher sur les pieds par une blondinette qui ne regardait pas où elle allait. Surtout que je n'avais pas bougé depuis plusieurs minutes à regarder tout autour de moi. Si elle avait su m'éviter la première fois, elle aurait dû savoir le faire la seconde.
-Ceci étant dit, ravi de vous rencontrer. Ambroise Poitiers, le bibliothécaire. Qui êtes-vous ?
Peu de chance que je retienne son nom pour plus de dix minutes mais je pouvais bien essayer. La demoiselle était jolie. Loin d'être charmante mais ravissante. Sans mal, ma fumée recueillit les perles de café de sa tenue qui finirent par terre. Je ne pouvais pas faire mieux mais ce n'était déjà pas si mal. Je fis signe à l'un des employés qu'il faudrait nettoyer le sol avant que quelqu'un glisse.
-Vous commencez mal votre journée en tout cas.
Mes yeux vert d'eau l'analysaient lourdement. Ce genre de petite, il fallait toujours s'en méfier.
(HRP: Merci d’avoir répondu aussi vite:3 Au plaisir d'écrire ensemble ♥)
Euh pardon?... Baissez des octaves! Pour qui se prend-il celui-là?
Les pensés d’Aleksandryna auraient plutôt dû se retourner vers elle. Non mais c’est pas vrai, pour qui ELLE se prenait?
Enfin bref... La rusalka dévisagea la tête rousse. Son ton hautain la dégoûtait. En se releva, elle lâcha un regard de dédain qu’elle offrit à l’homme.
« Je suis la seule qui déciderai si j’ai à descendre d’octaves, monsieur », grogna éloquemment la sirène.
Aleksandryna croisa ses bras sur sa poitrine attendant des excuses. Celle-ci n’en faisait qu’à sa tête. Le statut social n’était pas une raison, pour elle, de modifier sa manière de s’exprimer. À vrai dire, c’était même très rare qu’on entendait pas Aleks japper. En effet, elle sortait une voix beaucoup plus mielleuse pour une faveur ou pour ceux avec qui elle partageait une relation plus intime.
Au lieu de recevoir des excuses, Aleksandryna reçut des… présentations? Ce fut suffisant pour écarquiller les yeux d’Aleksandryna. Les traits de cette dernière témoignaient de sa confusion. Était-ce le but de Poitiers d’autant la déstabiliser?
Avec son air toujours aussi bête, Aleksandryna regarda de haut Poitiers et haussa un sourcil.
« Je suis Aleksandryna très cher Poitiers. Sachez que vous n’aurez pas fini d’entendre parler de moi!», répondit la naïade, impérieuse.
Aleksandryna balaya du regard le cybercafé, les clients, et le service à la clientèle, avaient toujours leur tête rivée sur la scène. Surtout que la fumée que dégagea Poitiers attira encore plus les curieux. Celle-ci avait retiré le café sur la robe d'Aleks. Cette attention avait tout bonnement surpris la sirène. Ambroise aurait pu laisser la tâche et se moquer d'elle, mais non... Une personne normale et agréable l'aurait simplement remercier. Malheureusement, Aleksandryna ne fait pas partie de ce genre de personnes.
Or, la soudaine allusion de Poitiers dévia les pensés de la principale intéressée.
Non ? Sérieusement? Il venait juste de le comprendre! Poitiers a besoin d’un prix pour cette remarque tellement utile!
« Non c’est le meilleur début de journée que j’ai jamais eu! », répondit Aleksandryna avec un sourire ironique. Le rire qui accompagna ce dernier sonnait clairement faux.
Aleksandryna roula les yeux et soupira bruyamment. Qu’est-ce qu’elle était désagréable!
« Merci de vous en informez Poitiers. »
La naïade soupira bruyamment à nouveau.
► Aleksandryna
« Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. » ► Frank Herbert
Oulà, encore une élève avec un sale caractère... Je n'en croisais pas si souvent, à cause de ma réputation donc, elle devait être nouvelle dans le coin. Il fallait dire que pour leur amour-propre, il valait mieux en effet m'éviter parce que leur rappeler qu'ils ne méritaient pas un piédestal, ça m'arrivait de le faire parfois. Enfin bon, si sa voix n'avait pas été irritante pour mes oreilles, je m'en serai un peu fichu qu'elle crie. Eirik me criait si souvent dessus que j'avais appris à ne même plus faire attention au ton, juste aux dires.
Hum, je m'égarai... Même si je l'avais surpris on dirait. Pourquoi, qu'avais-je dit de si étrange ? Elle aurait... Ah, c'était peut-être ça. Fouillant dans l'une de mes poches, je lui tendis une sucette à la cerise. Après tout, j'étais aussi connu pour donner des bonbons pour consoler des incidents que je pouvais produire. Sans doute attendait-elle sa part. Prenant la main de la demoiselle, j'y déposai la friandise et je la relâchai rapidement.
-Pourquoi dites- vous cela ? Ah, vous êtes mannequin ? Je ne m'intéresse pas à la mode de cette dimension, je préfère celle de la planète de Guaji où les teintes de bleu sont si saisissantes que l'on pourrait croire que l'on a cueilli des morceaux de l'espace-temps de Wrahu avec un arrosoir. Ou les teintes rouge pourpre du...
-Monsieur Poitiers, vous êtes en train de vous perdre ! chanta un groupe d'élèves qui me connaissaient bien.
Ce qui était vrai puisque je ne savais plus du tout mon point de départ. C'était une histoire de café, de blondinette qui se présentait... Ah oui, elle s'était présenté ! Euh... Quel était son prénom déjà ? Mince, j'étais encore passé à côté d'une chance de montrer que je pouvais m'en souvenir. Je laissais entendre un rire embarrassé alors qu'elle me disait que finalement, elle aimait son début de journée. Oh, je ne l'aurais pas cru pourtant mais après tout.
-En tout cas, vous avez bien raison, tous les débuts de journée sont toujours bon ! Surtout quand l'on est content d'avoir survécu à la nuit.
Bien que je ne me souvenais pas d'avoir risqué quoique ce soit la nuit dernière. En même temps, Eirik ne l'aurait pas permis. Une personne du cyber-café s'avança avec un balai serpillière pour nettoyer le café à nos pieds aussi je poussais la jeune blonde à s'écarter de la flaque en lui évitant possiblement de glisser. Ce serait bête qu'elle salisse encore sa robe toute seule. Laissant ensuite de l'espace entre nous - en fait, elle me faisait un peu penser à ma maman et ça... C'était mauvais.
-J'aime toujours savoir comment se porte les nouveaux arrivants. C'est très important, après tout, sans vous, nous n'aurions pas de travail. Bien que des fois, vous nous compliquez sérieusement la tâche.
J'entendis des rires, certains se reconnaissaient là-dedans. Par contre, pourquoi avais-je l'impression d'être sur une scène et d'avoir un public. A moins que ce soit elle qui en ait un. Mais je ne me souvenais pas de l'existence d'un club de théâtre, sinon j'y serai allé cent fois au minimum. Bon, qu'est-ce que... Ah, on me rapportait un café, quelle gentillesse. Je remerciai la jeune fille, lui donna une guimauve. Elle gloussa et repartit en le mangeant alors que je savourai mon breuvage.
-Sinon... Hum... Ça paie bien le mannequinat ?
HRP:
Comme tu viens d'arriver, tu aurais peut-être un peu de mal mais mon Djinn est assez... dissipé. Ses pensées vont dans tous les sens et se souvenir des noms, ce n'est pas du tout sa spécialité. Bon courage ^^
Aleksandryna était éberluée par ce personnage. Il l’étourdissait avec tous ses commentaires.
Non mais qu’est-ce qu’il veut que je fasse avec une sucette! Qu’il se la mette où je pense!
À ce que la sirène pouvait constater, c’est qu’il ne comprenait pas le deuxième degré… Aleksandryna avait l’impression de valser avec Poitiers.
« Vous aimez vos matins à ce que je peux constater... », mentionna Aleksandryna avec dédain. Elle savait que probablement Poitiers ne comprendrait pas, à nouveau, son ironie. Peut-être que ces paroles n’auront, au final, aucune utilité…
Si ça payait bien le mannequinat? Qu’est-ce qu’elle en savait? En y repensant Aleksandryna aurait pu être un bon mannequin. Elle avait le physique et la fierté mais ce n’était pas un domaine qui l’intéressait. Elle préférait largement la musique. Peut-être qu’un jour, pouvoir vivre de sa passion, pourrait bien lui rapporter...
Aleksandryna finit par se décrisper avec Poitiers. Peut-être par le fait qu’il pensait qu’elle était mannequin (il faut dire que les flatteries font toujours effet sur Aleksandryna) ou peut-être que le charme de celui-ci avait déteint sur la naïade.
La rusalka sourit, intriguée par Poitiers.
« Je ne suis pas mannequin Poitiers. Je vous avoue que ça ne m’aurait pas déplu mais je suis meilleure pour chanter que pour poser. »
Elle lâcha un rire franc. Ce fameux Poitiers était peut-être moins désagréable qu’elle ne le pensait.
« Vous avez l’air connu ici à ce que je vois... »
► Aleksandryna
« Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. » ► Frank Herbert
Non, pas forcément, cependant, je pouvais complètement ignorer le fait que l'on essayait de m'insulter, d'ironiser ou de se moquer de moi ou de mes propos. Et cela, elle ne l'avait pas compris. Bien que je n'allais pas en prendre ombrage, si elle saisissait mon manège, elle allait encore s'énerver alors jouer sur mon côté ludique et décalé était la meilleure chose à faire avec elle. Dommage, je n'avais même pas retenu une seule syllabe de son prénom. A tous les coups, il était trop long.
-Surtout quand je me réveille dans les bras de mon vampire. Mais shhh, il ne faut pas le lui dire., lui chuchotai-je.
Elle m'apprit ensuite qu'elle n'était pas mannequin mais chanteuse. Elle allait donc être dans les classes de Tarô ? Le frère de mon amant... Je sentais que ça allait être quelque chose leur rencontre, j'avais presque envie d'être là pour voir ça. Ce serait tellement amusant de voir le vampire roux se prendre la tête avec une telle impétueuse jeune fille.
-Oh, n'en soyez pas si sûre, après tout, avec les nouveaux appareils photos, les modèles peuvent bouger et cela donne des clichés bien plus naturels et...
Les regards alentours me firent savoir que j'allais encore me perdre. Mine de rien, c'était pratique, je devrais tous les garder ces petits, ils me servaient bien tous ensemble. Après, ils étaient tout de même capables de tous mes donner des ennuis en me demandant des tas et des tas de bouquins. Surtout en la période des examens, comme avant le début de l'été. J'avais même eu envie de tous les mettre dehors... Heureusement que j'étais gentil, pas vrai ?
-Bref, pensez-y. En plus, les chanteurs aiment bien être sur leurs pochettes d'album de nos jours.
Je bus une gorgée de mon café tout en commençant à faire la queue.
-Parce que je suppose que vous voulez quand même votre café, venez.
Son rire était vraiment plus beau que ses cris, c'était bien mieux pour les oreilles. Je remarquai que les élèves qui m'aimaient bien me laisser passer et je distribuai des bonbons parce qu'ils étaient choux quand même. Ce faisant, je rigolai et eux avec moi. Je sentais que j'allais me faire dénoncer sur toutes les blagues que j'avais pu faire et en effet, ça ne tarda pas. L'un parla du pot de peinture que monsieur Bleu avait reçu, un autre parla de ma blague sur une ancien infirmière qui avait été recouverte de restes de cadavres après une explosion, la luge dans les couloirs, les bonbons surprises, les brouillards pour les élèves en retard...
J'eus encore un rire.
-Oui, j'aime faire des blagues. Très souvent. Mais je fais toujours attention à ce que ça ne soit pas humiliant et je nettoie toujours les dégâts, même sur les vêtements.
Je compris alors que j'avais mon petit fan club alors que nous étions à nouveau devant le comptoir de commande.
-Je vous en prie.
A la tête du serveur, je sentais que la demoiselle blonde n'allait pas être tendre avec lui.
Se réveiller dans les bras d’un vampire? Oh voilà des confidences… Un détail un peu trop croustillant pour Aleks. Est-ce que les autres élèves étaient au courant… Il n’y a qu’une manière de le savoir!
Aleksandryna écouta Poitiers divaguer à propos du mannequinat. Faire les pochettes de ses albums? Il est vrai qu’un visage comme celui d’Aleksandryna pourrait bien vendre après tout.
« Parce que je suppose que vous voulez quand même votre café, venez. »
Poitiers avait deviné le désir d’Aleksandryna avant même qu’elle puisse le penser. Or, elle le suivit dans la file d’attente.
Dis donc je devrais faire toutes mes files d’attentes avec Poitiers tout serait moins long…
En effet, certains élèves avaient la gentillesse de le laisser passer.
« Oui, j'aime faire des blagues. Très souvent. Mais je fais toujours attention à ce que ça ne soit pas humiliant et je nettoie toujours les dégâts, même sur les vêtements. »
La remarque de Poitiers sur les vêtements eut droit à un coup de coude taquin de la part d’Aleksandryna. Pour ensuite rouler les yeux et rire de bon coeur.
Tout un personnage ce Poitiers!
Rendus au comptoir, ce dernier laissa passer Aleksandryna, qui constata que c’était le même caissier qui l’avait servi plus tôt. Elle lui chanta donc la même chanson. Un café sans sucre et sans lait chauffé à 65 degrés Celsius mais, cette fois-ci, elle avait rajouté des paroles. Aleksandryna voulait son café gratuit...
« J'ai déjà acheté un café trop froid…Il était simplement à la température de 60 degré Celsius! J’exige donc un café gratuit pour vous faire pardonner. Si mon premier café avait été à la bonne température, je n’aurais pas été humiliée. Merci! », roucoula méchamment Aleksandryna.
Le serveur arqua un sourcil. Pourquoi devrait-elle avoir un café gratuit? Qu’elle le paye comme tout le monde…
« Je suis désolé mademoiselle mais ce ne sera pas possible… », lâcha timidement, celui-ci.
Insultée, Aleksandryna fusilla du regard le caissier.
« Monsieur, je n’ai pas le temps de vous chanter des paroles stupides pour que vous puissiez me donner ce que je vous ai demandé! Je suis déjà en retard! », grogna Aleksandryna.
Ne voyant aucune autre solution, Aleksandryna prit alors une profonde inspiration…
► Aleksandryna
« Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. » ► Frank Herbert
Elle osait me donner un coup de coude comme si nous étions déjà bons amis. Drôle de personnage, vraiment, mais qu'elle ne s'y trompe pas. Je pouvais être ami avec des élèves mais quand c'était les heures scolaires, sur mon lieu de travail, rien ne pouvait me faire fléchir. Et si je voulais mettre quelqu'un dehors, il finirait forcément dehors, ami ou pas. On ne dérangeait pas ma bibliothèque adorée.
Pour en revenir à la demoiselle, très extravertie ma foi. Prompte à rire comme à se mettre en colère... Elle allait se faire autant d'amis et d'ennemis. La preuve avec ce qu'il se passait sous mes yeux alors qu'elle pouvait enfin commander. A 65 degrés Celsius ? Euh... C'était tellement précis que je trouvais ça excessif. D'ailleurs...
-Pourquoi 65° ?
J'étais certain de ne pas être seul à me poser la question, après tout, c'était tellement bizarre comme chiffre... Ne serait-ce que par curiosité, les autres autour avaient dû aussi se poser la question. Ce que les femmes étaient compliqués quand même... Sauf que je ne pouvais pas dire que mon vampire était question de simple. Il passait pour simple mais sous la surface... Et je m'étais perdu dans mes réflexions pour remarquer que la jeune fille allait encore piquer une crise. Argh, nos oreilles allaient encore prendre, courage, fuyons tous ! Ou pas, j'étais un membre du personnel en même temps, c'était mon boulot de régler ça... Au moins un peu.
-Doucement, doucement... On va tous rester calmes, ça n'est pas une situation de crise et une heure de colle ne fait de mal à personne.
Je ne comprenais toujours pas pourquoi elle n'avait pas été à la cafétéria. Ça aurait été tellement plus simple. On venait au cyber-café pour y rester non ? Pas pour juste prendre un café. A moins qu'elle n'ait justement choisi ce lieu là pour avoir ses 65 degrés tant espérés ?
-Pour que tout le monde soit mécontents, autant que vous soyez payé moitié tarif, dis-je au caissier. -Après tout, si la matinée était censée être mauvaise, autant continuer sur la lancée non ?
Je me pris un regard torve du caissier qui devrait voir que j'essayais de nous sauver l'ouïe. Mais si ça ne lui plaisait pas, il pouvait s'en charger tout seul, hein. Je bus une gorgée de mon café en me retenant de me masser les tempes. La journée allait être longue... Et les élèves étaient comme décidés à ne rien arranger. Je gardai un œil sur la marmite à moins que ça ne soit la casserole... à côté de moi. Quelle créature était-elle ? Je n'arrivai pas à le dire.
-Je sais que la solution ne vous plait nullement mais je ne vais pas vous inviter. Ce serait un traitement de faveur que je ne peux me permettre.
« Parce que je veux boire le plus chaud possible, et boire plus chaud que 65° est cancérigène! Tout le monde sait! », soupira lourdement Aleksandryna.
Bien sûr qu’une heure de colle n’a jamais fait mal à personne! En tout cas, elle ferait mal à ma réputation!
Aleksandryna fusilla du regard Poitiers, regrettant déjà de l’avoir apprécié trop vite. Pourtant, ce n’est pas une retenue qui l'empêcherait d’obtenir son café gratuit.
Alors que la rusalka prenait une inspiration pour chanter des paroles enchanteresses, elle fut interrompue par Poitiers.
Qu’est-ce qu’il veut encore, celui-là?
PARDON! Payer la moitié du CAFÉ! Il en était hors de question. Déjà qu’Aleksandryna avait eu la gentillesse de laisser un pourboire plus tôt, elle n’allait pas sortir davantage de sa poche.
« Pourquoi vous ne me laissez pas chanter, Poitiers? Vous savez ma voix fait des miracles. Mon chant est bien plus agréable que mes cris. », mentionna Aleksandryna, presqu’en plaisant.
La rusalka fendit son visage d’un sourire forcé et piteux. En effet, Poitiers apprécierait tout probablement entendre une voix aussi séraphique.
« Ça vous ferait oublier ma crise de plus tôt. Ça serait ma manière de m’excuser. », plaisanta la naïade.
Elle se retourna vers le serveur, charmeuse, et glissa un clin d’œil à Poitiers. La sirène chanta d’une voix mielleuse et dans un langage poétique de lui offrir un café.
Il ne restait plus que l'ensorcellement fasse effet sur le pauvre caissier...
► Aleksandryna
« Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. » ► Frank Herbert
Tout le monde, tout le monde... Vu la tête des élèves alentour, je pouvais certifier avec un label prenium qu'elle était l'une des rares à savoir un truc pareil. Je n'y avais même pas pensé de mon côté, en fait, la seule question qui m'était venu en entendant cette température, c'était quelle créature pouvait-elle bien être pour ne pas se brûler en buvant cela. Une qui avait un sacré caractère encore mais je ne la pensais pourtant pas lier au feu.
Et vu ses réactions, je n'allais pas tarder à avoir plus d'indices. Parce que clairement, avoir une heure de colle ne la tentait pas du tout, ce qui n'était pas si surprenant, quels élèves aimaient se faire punir ? Je me demandais comment elle pensait exactement. Elle semblait attendre quelque chose des gens, comme s'ils devaient la saluer comme une princesse tout en ayant un caractère exécrable. Ou en tout cas, qui se rapprochait de l'exécrable.
Les femmes étaient définitivement trop compliquées 85% du temps.
Et puis sa réplique me fit tiquer. Son chant... Oh par le ciel, de l'hypnose sonore. Elle pensait réellement que j'allais laisser passer ça ? Parce que dans un certain sens, c'était illégal ce qu'elle voulait faire là et je ne pouvais pas accepter cela. Enfin, elle devait le savoir que c'était considéré comme mal ! Le vol, c'était mal ! Et oui, j'étais mal placé pour dire ça à cause des vœux mais je n'y pouvais rien, c'était comme ça que mon pouvoir travaillait. Pas que les Dragons seraient contents et d'accord avec moi...
-Le problème c'est que vous voulez utiliser vos pouvoirs pour persuader ce pauvre caissier qui fait juste son travail, jeune fille. Il s'agit d'un commerce ici, ce que vous voulez faire est illégal.
En plus qu'elle soit persuadée que je veuille l'entendre.
-Je n'ai guère besoin de vos excuses, j'ai l'habitude d'être agressé. Vraiment, vous ne devriez pas faire cela...
Mais bien sûr, elle ne m'écouta pas. C'était sans doute un peu de ma faute, je n'avais rien d'imposant comme monsieur Dragon ou de menaçant comme monsieur Démon. Ce qui n'était donc pas à mon avantage. Cependant, avant que sa voix ne puisse avoir un quelconque effet sur effet sur le caissier qui avait commencé à gronder - elle énervait donc un loup-garou - je lui fis des boules quiès avec ma fumée. La voix de la jeune blonde était bien plus belle quand elle chantait. Mais en rien rassurante.
-Il ne vous a pas entendu. Soyez raisonnable, mademoiselle, je ne peux pas vous laisser faire alors soit vous payez, soit vous allez à la cafétéria pour avoir gratuitement ce que vous souhaitez même si je doute que cela pourra être aussi précis. Vous ne pouvez pas lui faire perdre son travail pour cela.
D'autant que la responsable montrait enfin le bout de son front. Sûrement qu'elle avait été appelé et elle n'avait pas l'air ravie de la situation. Elle jaugea l'élève, lui colla son café au lait dans les mains sans beaucoup de douceur.
-Madame est servie et est invitée à ne pas revenir de sitôt, ça fera des vacances. Les caprices, c'est pas ici qu'il faut les faire. Oust !
Aïe ! Je doutais qu'elle apprécie un tel licenciement.
« Très bien, je n’avais pas l’intention de revenir de toute manière. Votre service à la clientèle est médiocre. »
Aleksandryna arracha le café des mains de la responsable. Par la suite, la naïade la regarda droit dans les yeux et lui offrit un sourire arrogant et la remercia de l’attention. C’était sa façon de provoquer la supérieure. La sirène ne tarderait pas à assouvir sa vengeance.
Aleks tourna alors les talons et en roulant des hanches, s’apprêtant à faire une sortie bien remarquée. Cette dernière bue une gorgée et se retourna pour contempler son public.
« Au fait, le café est trop chaud...», roucoula la rusalka.
En voulant le jeter, une partie de la boisson chaude fut renversée par accident, coulant au bord de la poubelle.
« Bonne journée! »
Elle balaya une dernière fois le cybercafé et offrit son air le plus charmeur au public pour ensuite reprendre son chemin.
Tout le monde devait s’attendre à ce qu’elle devienne une banshee, mais non. Sa Majesté voulait surprendre ses admirateurs.
Malgré qu’Aleksandryna avait été expulsée du cybercafé, elle était satisfaite d’avoir eu sa dose d’attention pour la journée.
Tel que promis, on avait pas fini d’entendre parler d’elle... ► Aleksandryna
« Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes. » ► Frank Herbert
Une vrai princesse capricieuse. Je ne voyais que ces mots là pour la qualifier. Pourquoi certaines femmes pensaient que leur beauté leur donnait des passe-droit ? Ça me dépassait. En tout cas, elle me donnait toujours l'impression d'être au théâtre, tenant son public en haleine. Même si la plupart des étudiants se moquaient un peu de son tourniquet - à moins que ça ne soit manège, enfin bref - il y en avaient quand même pour la regarder faire. Et j'étais certain que ça lui plaisait.
Quand elle fut enfin sortie, la responsable me demanda de jouer un tour à cette "pimbêche" comme elle disait. Sauf que je ne pensais pas que ce soit une bonne idée, au contraire. Lui répondant que j'y réfléchirai, je partis à la suite de la demoiselle, non sans jeter un œil triste vers la poubelle. Je n'aimais pas que l'on jette ainsi de la nourriture. Et elle ne s'était pas gêné, il fallait le dire. La rattrapant enfin, je lui fis savoir qu'elle aurait une heure de colle avec moi.
-Parce que comme je l'ai dit, je ne peux cautionner votre comportement. Je vous ferai parvenir où et quand. Sur ce, mademoiselle, je vous conseille de surveiller vos humeurs ici. Vous n'êtes pas toute puissante et certains ne sont pas patients... Je doute que vous m'écouterez mais vous voilà prévenue. Au revoir.
Je m'en retournai à ma chère bibliothèque et au calme qu'elle allait m'offrir avant l'affluence des élève. Décidément, je tombai sur de sacrés personnages quand je m'éloignai de mes rayonnages.
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Sujet: Café froid (Libre) 
Sam 29 Oct - 0:58
