Un long frisson de peur parcourut le dos de Lawrence alors qu'il regardait le bâtiment devant lui. Il était à nouveau à cet endroit. Devant lui se dressait le Centre.
La nouvelle de l'existence de son fils le poussait à revenir là, pour que le meilleur en soit tiré. Saël était un soutien inconditionnel à cette heure. Le Néphilim lui avait tout dit et l'avait même emmené ici. Pour que le passé reste le passé quand ils repartiraient. Le Chanteciel essaya encore vaguement de se souvenir de la façon dont il avait pu s'évader de cet endroit mais ce qui lui revenait, c'était...
Saël m'en avait dit pas mal sur Vivien. Un artiste... Me proposant même de venir dans un cours d'art où je n'avais normalement pas ma place. Je me sentais plus léger à l'intérieur ne me rappelant son air surpris face à mon interdiction. Il s'était sûrement attendu à ce que je lui dise de s'éloigner en comprenant quel sorte d'affection il portait à Vivien mais non. Au contraire. Je n'arrivais pas à voir mieux que lui pour prendre soin de mon enfant.
Jamais je ne l'aurais mis dans les mains de Ryan Drade par exemple.
Il était un bon choix, quoiqu'il en pense. La preuve, il était prêt à prêter sa maison, il faisait ce qu'il fallait pour que je ne passe pas en mode esclave... Il saurait être doux avec mon petit. C'était certain qu'il l'était déjà.
-Je déteste cet endroit. C'est étrange à dire parce que je ne déteste quasiment rien... Mais il recèle tant de peines et de violences...
Les portes étaient grandes ouvertes, comme une gueule béante d'un animal mort. Du peu qu'il voyait de là où il était, Lawrence savait qu'il allait trouver bon nombre de choses cassées à l'intérieur. Après une dernière hésitation, il entra dans ce lieu de misère, prit les escaliers, essayant d'ignorer où il se trouvait. Le chemin se fit dans un silence étrange, comme si l'endroit était hanté et que pourtant des voix résonnaient encore. Il poussa finalement la porte d'une chambre. La sienne. Complètement stérile.
-Ils ont tout enlevé... Dommage... Ça doit être au sous-sol. Comme le pire.
L'elfe se tourna vers le professeur qui l'accompagnait.
-Tout le monde est parti dès que vous avez ouvert les portes. Je me demande s'ils vont survivre...
Et plutôt que s'attarder davantage, Lawrence repartit dans le sens inverse... Quelques minutes plus tard, ils étaient à l'entrée des laboratoires. Il y faisait froid, ce qui l'étonna... Avant de se rendre compte que tout l'établissement était glacial en réalité. Avançant prudemment, il commença à voir les sculptures de glace de Saël. Sans savoir s'il avait envie de rire ou non. Oui, c'était mérité qu'ils meurent... Mais... Il n'y avait rien de glorieux dans tout cela.
Il chercha les clés du coffre fort des laboratoires, la trouva par terre près de la console centrale.
-Eh bien, c'est une chance que vous ne les ayez pas emprisonnées sur quelqu'un.
Lawrence déverrouilla la lourde porte d'acier, resta planté devant, un peu plus pâle du coup.
Qu'est-ce... Non, c'était une blague, ils avaient prévu de réellement continuer...
Devant lui, le long des murs... Le Chanteciel ne réfléchit même pas et s'empara du premier objet lourd qu'il trouva près de lui et se mit à détruire tous les échantillons de créatures dans les éprouvettes. Le verre brisé, les fluides se répandirent sur le sol dans des éclaboussures disgracieuses, salissant l'elfe par la même occasion. Sûrement qu'il détruirait la tenue qu'il avait sur lui, de toute façon, elle n'était pas elfique. Il s'arrêta seulement quand il eût fini de tout casser, le souffle court, et une douleur diffuse dans les bras. Ce fut seulement là qu'il remarqua les dossiers en plus et lâchant la chaise qu'il avait utilisé pour son carnage, il se mit à chercher le sien et celui de Vivien.
C’est peut être étrange a dire mais absolument pas étonnant, qui aimerait un endroit comme celui-ci, il est froid, sans vie, enfin, surtout maintenant. Je conçois que Law ai eut envie d’y revenir pour achever cette partie de son passé mais je n’ai encore aucune raison de me mêler de ses réflexions et me contente de le suivre en laissant le siège derrière nous, il nous servira pour le retour après tout.
Je ‘ai toujours rien dit alors qu’il s’avançait, observant mes glaçons… a la réflexion, j’aurais du leur dire de courir et le prendre dans la glace a ce moment, pas en fait des blocs de glace a part entière mais juste des statues mouvantes, s’aurait été plus rigolo comme retour. Enfin, pour moi, j’i bien consciences que pour Law ça n’a rien de drôle comme jeu, et le laisse donc faire son tour tranquillement et retrouver ce qui devait être sa chambre.
-On garde rarement trace de ses échecs.
Et c’est comme ça qu’ils doivent le voir... j’aurais put faire plus délicat, j’en conviens mais être ici réveille mon coté démon et j’adore ça.
-Non, lorsque j’ai ouvert les portes, ils sont relativement peu à avoir quitté leur cellule, je dirais que ça c’est vidé après mon second passage, quand ils ont compris qu’ils étaient réellement libre d’aller ou bon leur semblait.
Je suis bien placé pour le savoir, j’ai rassuré bon nombre de ces êtres et les ait guidé vers d’autres pays ou ils ont put trouver une de mes « familles », je les ai confié a des familles qui prendraient soin d’eux et pourraient ainsi leur permettre de reprendre une vie plus ou moins normale. Après je ne vais pas le lui dire, déjà qu’il me prend pour un gentil, si je lui dis ça il risque de tenter la position koala et … ce n’est pas mon truc avec tout le monde ça, juste avec… Vivien.
Pourquoi une chance ? J’aurais put les décongelés, après ce serais dommage, ça les tuerais, là, ils ne sont pas morts, pas encore. En réalité, en les prenant dans la glace comme je l’ai fait, je ne les ais pas tuer, j’ai forcé leur cœur à se mettre sur pause, mais si je les décongelais ou qu’ils décongelaient d’eux même, ils finiraient immanquablement par mourir, leur système ne repartant pas correctement, sauf avec le soutient de créatures magiques, mais quel genre de créature voudrait faire ça.
-ça n’aurait pas été un problème pour moi.
Pour ce qui est de la suite, je ne peux pas dire que ça ai été une surprise, je me suis appuyer sur le bord de la porte et l’ai observé pendant qu’il détruisait tout ce qui pourrait l’être. J’espère que ça le soulagera.
-Tu as ce que tu voulais ?
Je me suis enfin approcher et ai déposé, juste, le bout des doigts sur sa nuque pour qu’un filin de glace se repende sur lui et détende ses muscles… je sais ce que c’est que de forcer sur ses muscles, encore plus après mon … ma discussion avec Ishirama, version argent, d’ailleurs, il va falloir que je lui envoie un message a l’autre mongole.
-On y va ?
J’ai tendu le bras vers lui pour lui proposer mon soutient, même si je doute qu’il le prenne, je sais que parfois … un contact, même simple, ça soulage.
-Je te ramène chez toi, Lawrence.
Ce n’est pas ici chez lui, et c’est bien qu’il puisse le savoir.
Pourtant, c'était les échecs qui permettaient aussi d'avancer parfois. Lawrence savait que si le professeur Ryan Drade n'avait pas tenté d'entrer dans son esprit, il ne serait pas à ce point acharné à le rendre inviolable. Il était encore loin du compte à pour le moment, mais il ne permettrait plus si facilement que l'on joue avec son esprit. Déjà que l'on l'avait privé de beaucoup concernant son propre corps, sa propre vie, que son mental était abîmé... Il n'accepterait pas que cela puisse encore arriver. Pas alors qu'il pouvait réellement changer les choses maintenant.
De plus, il pouvait être fier d'être vu comme un échec pour ces gens.
-Je vois... Vous les avais aidés. Mais je ne vous direz pas merci encore une fois, vous allez mal le prendre.
L'elfe n'avait pas de doute à ce sujet, Saël avait encore été un type bien. Le pauvre, heureusement que le Chanteciel ne prévoyait pas de ruiner sa réputation à l'école. Non, pas du tout même. Si le Néphilim tenait à passer pour un monstre, pourquoi l'en empêchait. Au final, cela ne regardait que lui et Lawrence avait très bien accepté le fait que le blond veuille être tranquille. Il le méritait.
Tout comme Lawrence méritait de pouvoir casser toutes ces éprouvettes. Pouvait-il dire qu'il se sentait mieux ? Pas vraiment, non. Il continuait de ressentir une sorte de vide qui finirait bien par s'en aller mais pour le moment, il se devait de faire avec. Il trouva les photos, sentit Saël se rapprocher. Le bout de ses doigts sur sa nuque le fit frissonner alors qu'il montrait les clichés de Vivien au blond. En train d'apprendre à lire. En train de jouer. En train de faire les exercices exigés par les scientifiques. Son fils ne regardait jamais l'appareil, ils ne le prévenaient donc pas en les prenant, ce qui rendant son enfant encore plus... innocent. Même s'il était nu. Il en déchira certaines par contre. Parce qu'ils avaient osé aussi le prendre dans ses moments de souffrance.
-Oui, parfaitement trouvé. On peut détruire cet endroit et s'en aller.
Je laissai une photo à Saël, rangeant toutes les autres dans mon sac. Il méritait bien de garder un cliché de Vivien avec tout ce qu'il faisait pour nous. Un petit demi-elfe tout mouillé dans son bain. Je n'étais pas encore tout à fait sûr de si le Néphilim craquait complètement pour mon fils mais... Il était en tout cas complètement sensible à sa douceur. J'observai une dernière fois cette pièce entièrement saccagée par mes soins, n'ayant aucun regret. Juste du vide. Et je sortis.
Lawrence se dirigea vers la console des scientifiques et tapota dessus plusieurs secondes. L'ordinateur offrit un peu de résistance mais finalement, le programme d'autodestruction s'enclencha, ce qui lui tira un sourire un peu... étrange sur lui. Un sourire cruel et satisfait.
-Allons-nous en maintenant. Nous ne voulons pas en finir avec nos existences de suite.
L'elfe remonta à la surface après un dernier regard pour les statues de glace et ne s'arrêta que quand il fut près des grilles de l'enceinte. Le parc était inutilement grand... Peut-être à cause des laboratoires excessivement grands. Il s'appuya contre le mur, un peu sonné de savoir que tout cela aller exploser. Il avait presque le compte à rebours dans son esprit. Tic-tac... Et puis les premiers bruits sourds vinrent. Des morceaux de béton volèrent mais Lawrence ne bougea pas de là où il était, bien assez loin du massacre. Le feu se mit à se propager, léchant la carcasse.
-Oui, là, de suite, je me sens bien mieux. Un enfer disparaît... Mais peut-être me direz-vous que je ne sais pas grand chose de l'enfer...
Le Chanteciel regarda le Néphilim.
-Comment cela fait d'être déchiré entre deux origines si opposées ? La question ne se veut pas indiscrète... Mais Vivien est à demi-elfe.
Il revint à la belle combustion de l'immeuble, les flammes se miroitant sur ses prunelles même à cette distance.
-Je lui dirai que cet endroit n'existe plus. Plus personne ne souffrira ainsi ici.
Je vais surtout me fâcher, je n’ai pas de raison de mal le prendre, je n’ai aucun merci à recevoir, j’ai fais ce qui devait être fait. Une fois qu’il a eut enfin terminé son jeu de démolition, il a trouvé ce qu’il voulait et m’a même donner un petit cadeau dont j’aurais put me passer. Heureusement pour lui, il est parti, me laissant rosir en toute discrétion alors que je rangeais la photo dans une de mes poches… c’est idiot, qui voudrait un souvenir de cet endroit et encore plus d’un enfant dans un bain, dans cet endroit ?!
J’ai suivit finalement par suivre mon petit élève et me suis poser tranquillement derrière lui, nous avons laissé l’endroit exploser et lorsqu’enfin Law m’a demander un truc un peu particulier… je n’ai jamais ressenti le besoin de faire battre mes deux natures, elles sont une partie de moi alors…
-Je ne suis pas déchiré par mes origines Law.
J’ai frotté un peu ma nuque … il ne parle pas vraiment a la bonne personne.
-Elles sont chacune une part de moi c’est vrai, mais elles l’ont toujours étés. Ce ne sont pas deux voix dans ma tête qui me disent quoi faire ou non, c’est un sang commun qui coule dans mes veines.
Je ne vois pas trop comment le décrire mieux …
-Vivien n’est pas torturé par sa double origine, il a grandi avec, il vivra avec, ne te tracasse pas pour ça, c’est naturel pour lui, même s’il a encore a apprendre, ça lui sera presque aussi naturel que d’être un elfe l’est pour toi.
Je suis retourné au siège que je lui avait préparé et l’ai invité a s’assoir pour que nous puissions enfin rentré.
-Ça le soulagera. Et puis, c’est toujours bon pour un enfant de voir son père comme un héro capable de tout pour protéger son enfant.
Pas déchiré par ses origines... Lawrence ne savait pas si ce fait le rassurer ou non. Mais avec une chance, il n'aurait pas à faire pour son fils, alors il se contenta d'hocher la tête, écoutant Saël qui se faisait presque poétique dans ses explications. En plus d'être clair, ce qui était un avantage certain. Et puis le blond était le mieux placé pour aider Vivien s'il le fallait. Il avait confiance en cet homme pour cette mission.
-Il n'y a vraiment pas meilleur que vous. Je ne pourrais pas le confier à un autre, même Maksimilian. Et pourtant, je l'aime beaucoup.
Ça brûlait, brûlait. Chaque craquement, chaque effondrement me faisait du bien. J'aurais été presque impressionné par la force des flammes, comme si elle émanait de mon être même alors que non... Mais pour une fois, j'appréciais vraiment le feu pour son côté destructeur. Quant au fait que la destruction du Centre allait soulager Vivien... Eh bien tant mieux, je ne m'en plaignais pas. J'étais même heureux de pouvoir lui offrir ce réconfort. C'était fini. Plus jamais quelqu'un ne pourrait dans ce bâtiment. Je me sentais tellement plus en paix.
-Je n'ai rien d'un héros, monsieur Néri. Et mon acte est un peu égoïste. Mais rentrons et allez le retrouver... Je serai heureux que nous pourrons nous voir enfin. Je suis presque impatient.
Lawrence s'installa soigneusement dans le fauteuil de glace et se laissa emporter. Le retour à Esperanza lui fit du bien. C'était presque un retour à la maison, une vraie maison où des gens vous attendaient et vous aimer. Comme son petit-ami. Une fois sur la presqu'île, il descendit de son "trône", remercia le Néphilim pour son temps. Il l'embrassa rapidement sur la joue, lui serra la main et s'en alla vers sa chambre. Il avait encore besoin de réfléchir.