De l'air enfin de l'air !

Quand Ashen travaille, Izzye est libre. Quel bonheur ! Parfois, elle se demande comment elle fait pour apprécier un être comme lui... Elle qui déteste être contrôlée.

Bref aujourd'hui comme la journée était belle, mais pas trop chaude, elle partit courir sur la plage histoire de se dépenser un peu. Elle enfila un short et un simple maillot de corps avant de quitter le bâtiment. Ici, comme elle était entourée de bipèdes la dragonne préférait garder son apparence humaine. Toute fois, elle s'ennuyait vraiment des nuages et du plein air. Courir sur la plage était un petit compromis au moins elle avait l'air frais de la côte qui lui remplissait les poumons.

Après trois quarts d'heure Izzye quitta la plage pour remonter vers le lycée. Elle ralentit le pas lorsqu'elle s'approcha du jardin. Elle n'était peut-être pas dans la spécialisation de la botanique, mais elle aimait bien la nature. Ça lui rappelait un peu ses origines.

Arrivée au jardin, la dragonne aux allures d'une jeune femme se laissa tomber au pied d'un arbre. Elle reprit doucement un rythme cardiaque normal et avala quelque gorgée d'eau. Elle était bien et elle ferma les yeux un moment.

Il faisait beau, l'air était bon, les oiseaux chantaient, le cadre était parfaitement favorable à une sieste en plein air, si on omettait un léger détail : tous les élèves qui traînaient par ici. La petite lutin s'était installée sur une branche tout en haut d'un grand arbre. Les coudes posés sur ses genoux, le menton dans ses mains, elle regardait ce fourmillement de vie en baillant. Elle s'ennuyait. Ces gens étaient bruyants lorsqu'ils passaient près de son arbre, mais aucun d'eux ne parvenait à la distraire. Elle était sous sa forme enfantine, vêtue d'une robe style victorienne qui lui arrivait aux genoux, pleine de jupons noir et rose. Ses cheveux étaient tressés en deux grosses nattes à l'arrière de sa tête.

Elle poussa un énième soupire lorsqu'un groupe de jeunes agité passa sous elle sans même la remarquer. Puis soudain, une mauvaise idée lui vint à l'esprit, et un sourire enfantin se dessina sur son visage. Elle fouilla ses poches pour vérifier qu'elle avait bien ce qui lui fallait, et sauta en bas de l'arbre après s'être assurée que personne ne traînait dans le coin. Elle disposa ses pièges sur le chemin parmi les cailloux et remonta en vitesse sur son perchoir en prenant soin de dissimuler son aura. Elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant de voir une jeune femme approcher, mais son sourire s'effaça vite pour être remplacé par une moue contrariée. Elle avait finalement atteint son arbre pour s'installer à son pied sans même déclencher le piège : elle avait marché juste à côté ! La petite croisa les bras et se mit à secouer une branche du pied, en espérant que quelque chose lui tombe dessus. C'était embêtant les gens comme ça, ils avaient la chance d'éviter tout un tas de problèmes, et ils s'en rendaient même pas compte !

Pendant qu'elle était occupée à regarder la femme en dessous d'elle, un grand vacarme se fit entendre à quelque pas de là, très vite suivit d'un cri de surprise. Enfin ! Quelqu'un avait marché sur ses pétards ! Oui, des pétards, c'était pas très effrayant, mais Elisabeth n'avait que ça sur elle pour le moment. Et puis le jeune homme qui était tombé dessus était coincé, chaque fois qu'il posait un pied au sol il faisait exploser un nouveau pétard. Ça risquait même de le brûler à force. Mais le meilleur moment, ce fut quand il paniqua tellement qu'une queue et des oreilles apparurent, et qu'il se changea brusquement en chien avant de disparaître à toute allure.

La petite lutin était morte de rire. Elle ne pensait plus du tout à dissimuler sa présence, elle riait tellement et tellement fort qu'elle tomba de sa branche, et se raccrocha par les jambes, la tête en bas quelques branches plus bas en se tenant les côtes. Comme quoi, il fallait pas grand chose pour la rendre heureuse.

Les doux rayons du soleil caressaient le visage de la dragonne. C'était agréable, et même le brouhaha habituel du jardin semblait lointain à ses oreilles. Enfin, jusqu'au moment où un énorme bruit la fit sursauter. Elle se redressa rapidement et regarda au tour d'elle cherchant la cause de ce qui semblait être des coups de feu. Izzye se détendit finalement lorsqu'elle aperçut un jeune homme désemparé juste en face d'elle. Le pauvre semblait avoir des pétards sous les pieds et à chaque pas qu'il faisait l'un d'eux se déclenchait. La jeune femme à la chevelure de braise roula les yeux. Quelle blague enfantine...

Le pauvre jeune homme était tellement affolé qu'il disparut rapidement sous une apparence canine. Izzye soupira et regarda le sol. Ce piège ne semblait pas être le seul qui était disposé sur le sol et elle semblait les avoir évités sans le vouloir. La dragonne ne voyait pas ce qu'il y avait de drôle dans cela, mais de toute évidence quel qu'un était d'avis contraire.

Quel qu'un riait à gorge d'éployer. Izzye fronça les sourcils et leva la tête vers la cime de l'arbre où elle s'était reposée. Une jeune fille, jeune, c'est le cas de le dire... Elle ne semblait pas avoir plus que 12 ans, était perchée sur l'une des branches comme une chauve-souris. Cette dernière se tenait le ventre et riait aux éclats. Son rire était presque contagieux et un sourire se dessina sur le visage d'Izzye avant qu'elle se ravise... Si elle avait été la victime de cette farce, elle n'aurait pas du tout rigolé. C'était puéril ...

-Je ne savais pas qu'il y avait une garderie ici...

Lança Izzye, sur un ton dégouté, à l'égard de la gamine. Elle regardait cette dernière de ses yeux émeraude qui rendaient une certaine rigidité d'esprit. Il faut dire qu'à plus de 20 000 ans Izzye avait passé l'âge des gamineries.

Satisfaite d'avoir réussi son maléfique piège enfantin, la petite lutin avait complètement oublié celle qui avait réussit à y échapper, alors qu'elle se trouvait encore sous elle. Elisabeth s'était accroché à sa branche sans la moindre difficulté, puisqu'elle passait son temps à faire ce genre d’acrobaties. Les jupons de sa robe restaient parfaitement en place malgré qu'elle avait la tête en bas, et la petite fille ne se préoccupait de rien d'autre que de son hilarité. Sa bonne humeur était maintenant revenue, et elle mit encore quelques instants à se calmer, se trémoussant sur sa branche.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Elisabeth trouva en face d'elle la femme aux cheveux rouge, celle qui avait bien faillit gâcher son plaisir. Mais elle ne lui en voulait pas puisqu'en fin de compte elle s'était bien amusée ! Cette femme lui faisait les gros yeux, comme à peu près tous les adultes qui l'avaient surprit à faire une bêtise. Intérieurement, la petite lutin s'amusa énormément de cette réaction, mais elle n'en montra rien, et se mit à battre des cils, comme apeurée de s'être fait découverte. Elle lâcha la branche d'une jambe, puis de l'autre, et en une pirouette elle se retrouva tout normalement au sol. Les mains jointes derrière son dos, elle se pencha légèrement en avant vers la femme, même si elle devait lever la tête pour la voir.

« Mais c'est le but même d'une école. »

Elle se redressa ensuite avec un sourire qui ne s'accordait pas du tout à sa petite bouille de gamine, et se mit à se dandiner légèrement de gauche à droite.

« Et puis c'est si ennuyeux ! »

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