J'étais assez soulagé que Daeron n'ait pas relevé que j'ai faillit me gameler, c'était déjà bien assez gênant comme ça. Puis j'ai pas pu m'empêcher de rigoler en entendant sa façon de prononcer son nom. Sa façon toute simple de le sortir, c'était comme dire tout naturellement que c'était un mot péjoratif. J'ai pas répondu quand il a annoncé qu'il allait lui péter une jambe, mais j'ai continué de sourire. Perso, je trouvais ça plutôt gentillet. À moins qu'il n'ai l'intention de broyer correctement chacun de ses os de façon à se qu'il mette un bon moment à guérir ? C'est possible, et ça m'amuserait beaucoup de voir le résultat.

Par contre, même si Daeron avait prit la peine de répondre à ma question, je la trouvais quelque peu... minimaliste.

« Fais gaffe, à trop parler tu pourrais choper une crampe. »

Bon, même si ça y ressemble fortement, c'est donc pas un terrain. Du coup, c'est quoi le but de tout ça ? Les deux timbrés s'ennuient vraiment à ce point ? La moindre des choses, ce serait quand même de nous dire ce qu'on fout là. J'ai l'impression que Daeron s'en fout un peu puisqu'il est dans son environnement, mais moi j'aime pas trop me réveiller dans un environnement inconnu, surtout quand je me suis même pas murgé avant. Enfin, encore une fois, il semblait pas vouloir s'attarder sur le sujet, et cherchait à nouveau à m'embarquer plus vite.

Ma main... Daeron me prend par la main... Pourquoi Daeron me prend par la main ?! J'ai comprit qu'il voulait avancer vite, et c'est vrai que je refuse qu'il me porte, mais c'est sacrément perturbant ! Remarque, je préfère ça plutôt qu'il n'ignore une fois de plus mon avis et me trimbale en sac à patate. Par contre j'avoue que sa question m'a un peu surprit, et je haussais un sourcil, me laissant entraîner à travers le cimetière.

« J'avais... très faim... et ils étaient sur ma route... »

J'ai pas envie de préciser que ça voulait dire que j'avais complètement perdu la tête. J'avais pas forcément envie de bouffer les élèves, mais la faim me rend forcément agressif. J'ai tiré une moue détachée en enchaînant :

« Si ils sont trop stupides pour se pousser, je vois pas en quoi je serai responsable. »

Ceux qui sont pas capable de remarquer quand ils sont chassé ne méritent même pas qu'on s’apitoie sur leurs sorts. Le cimetière fut rapidement traversé, et devant nous se dressait un grand bâtiment en pierres. Quelles marches menaient à une grande double porte au bois rongé par la mousse, pourrissant lentement avec l'eau dont il était gorgé. On les avait pas encore atteinte que je ne m'étais pas gêné pour faire geler l'eau, et donc exploser lentement les portes dans un son beaucoup plus agréable. Il y avait une odeur de renfermé qui s'échappait de la bâtisse, mais tant pis, de toute façon, j'imagine que c'est le seul chemin, et je suis pas fan des cimetières, surtout depuis que j'ai rencontré un certain cadavre, j'ai l'impression qu'il pourrait débarquer et me gâcher la journée à n'importe quel moment. Une fois arrivé dans le hall, j'ai pas pu m'empêcher de m’exclamer :

« Ah ! Ça me semble familier, ça ! »

J'ai ricané en observant un peu les lieux qui me faisaient beaucoup penser à chez Daeron, et puis en voyant les débris qui traînaient un peu partout, j'ai bien été obligé d'ajouter :

« En moins bien rangé. »

Ouais, parce que dans le fond, Daeron est plutôt ordonné. La seule fois où j'ai vu sa maison en bordel, c'était quand je m'était retrouvé avec ses pouvoirs, et que j'avais tout foutu en l'air. Il me semble que ça doit faire à peu près... un an... Sérieusement ?! Je sais pas précisément quel jour on est, mais ça ne m'étonnerait pas d'apprendre que c'est Halloween aujourd'hui. Pourquoi les deux abrutis tiennent tellement à fêter ce genre de choses... ?

J'ai pas eu l'occasion de rester dans mes pensées encore bien longtemps, alors que j'avais commencé à m'avancer sur le parquet craquant, une latte sur laquelle j'avais posé le pied avait émit un son bien plus fort, et j'avais juste eu le temps de faire un léger bond en arrière, retombant en sécurité alors que je voyais une crevasse s'ouvrir juste là où je me tenais un instant plus tôt. J'avais beau voir le fond, ça restait profond, et mon estomac s'était immédiatement serré d'angoisse alors qu'une longue suée froide avait parcouru mon dos.

C'est sûr que comparé à lui à certains moments, même un muet se montrerait bavard. Enfin, c'est pas le genre de remarque que je ferais à voix haute. Je me doutais un peu que j'aurais eu des questions à propos des élèves, parce que le sujet semblait l'amuser. Ou surtout l'idée que j'ai pu en forcer en fait.

« Ça dépend ce que t'appelles violer. »

J'ai roulé des patins de force, ça oui, j'ai fortement insisté sur quelques personnes, usant de divers stratagèmes, et il est même fortement possible que j'en ai contraint purement et simplement quelques uns dans le tas, mais j'en ai pas vraiment gardé le souvenir. Après, concrètement, comme c'est moi qui suis prit, on peut pas parler de viol à proprement parler. Par contre, si je les avais tué...

« Sais pas, pas fait attention. »

Je me fous totalement d'eux. Morts ils ont encore moins d'intérêt d'ailleurs mais bon, oui, il est fortement probable que j'ai tué des élèves récemment, surtout que ça n'a pas été ma seule excursion dans l'école. Par contre sa question suivante, j'avoue que j'ai pas tout de suite fait le rapprochement, et que ça m'a ensuite bien amusé. Nan, je m'étais jamais approché de chez Sword, et j'en ai vraiment pas envie, mais même si il refuse de voir la ressemblance, elle est bien présente, ne serait-ce que dans l'ambiance. Enfin, j'ai pas insisté là-dessus, ça me faisait bien marrer dans mon coin.

Puis vint ma presque chute, et la petite blague qui n'a bien sûr pas trop tardé après que Daeron m'ait tiré en arrière. Mon cœur battait encore à cent à l'heure, l'adrénaline pulsant furieusement dans mes veines, alors que je savais parfaitement que c'était irrationnel ! Bref, Daeron se foutait de ma gueule, et je tournais la tête en levant le menton.

« De ça ?! Pff... ! »

J'ai pas le droit de mentir, merde !

« M'en faut plus que ça... »

...Pour l'avouer. Enfin, je voulais très vite changer de sujet, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit lui qui en prenne l'initiative, et encore moins à ce qu'il m'a dit. Mes sourcils se sont froncés, pendant que je me demandais ce que mon tuteur avait bien pu lui vouloir. Je ne l'avais pas vu depuis la dernière fois dans la grotte. Qu'est ce qu'il avait pu vouloir lui raconter ? Si déjà là j'étais surprit, la suite me laissa vraiment perplexe. Il est allé voir Daeron pour ça ?!

J'ai pas vraiment eu le temps de trouver quoi en penser, ni quoi dire, que je me suis sentit attiré contre un mur, et la main de Daeron qui attrapa mon menton faillit bien me faire déjà oublier ce qu'il venait de dire. Son visage s'est approché du mien, et j'ai sentit son baiser sans être capable de définir si j'étais plus allumé ou frustré. Ma tête s'était tournée, et mes lèvres avaient pu frôler les siennes avant qu'elles ne se retirent, juste une caresse brève qui m'avait fait soupirer.

Ma tête s'était basculée en arrière pendant qu'il s'aventurait dans mon cou, et j'ai senti sa main à ma taille alors que j'essayais de me concentrer sur ses mots, et ce qu'il voulait me dire. Il voulait que je sois obéissant, et bien malgré moi, ça m'allumait quand il me disait ça. Puis quand mon bassin se retrouva contre le sien, sans aucune chance de pouvoir cacher les réactions de mon corps, mes yeux se sont fermés, et mes mains se sont accrochées à lui. Non, je n'ai absolument aucune envie de voir mon tuteur, encore moins de me laisser faire par ce type, mais alors surtout pas le laisser me toucher ! Seulement là, on va dire que ma concentration commençait à s'effriter à une vitesse affolante.

J'avais comprit que Daeron allait m'ordonner quelque chose, seulement je ne peux pas vraiment dire que je m'attendais à quoi que ce soit, et sa dernière phrase m'embrasa tout entier. Un violent frisson me parcouru, et mon souffle se coupa pendant quelques secondes. Mes mains s'étaient crispées sur lui, et quand je me remis à respirer, ce fut pour laisser échapper un léger gémissement. J'aimais l'idée qu'il impose encore plus sa possessivité sur moi, et à ce moment précis, j'avais envie de tout perdre de ma liberté, qu'il me possède entièrement. Mon corps, mon âme, mon cœur, je voulais qu'il prenne tout. C'est d'une voix rendue chaude et faible par l'excitation que je lui donnais la seule réponse valable :

« Oui... »

Je laissera certainement pas ce type me toucher, ni aucun autre si c'est ce qu'il veut. Ça risquait d'être problématique pour mes repas, mais j'étais très loin de pouvoir penser à ce genre de choses.

« Je laisserai... personne d'autre... »

Et j'oubliais la fin de ma phrase. Je le veux. Je le veux tellement, il va définitivement finir par me rendre dingue ! Mon bassin venait de lui-même se presser plus contre lui, entamant quelques frottements sans que je n'en ai réellement conscience, et encore moins le contrôle. Je voulais être un bon poisson obéissant, mais là, j'étais surtout crevant de désir.