Je n'avais pas du tout protesté. Non, c'était agréable de se faire porter, de se sentir en sécurité comme ça. J'avais souris tout le temps qu'il avait fallu à Eirik pour nous ramener à l'établissement, me faisant presque bercer par les balancements, même s'ils étaient normalement trop rapides pour ça. Un vampire pouvait réellement courir très vite, tout le paysage avait été flou pour moi, cela m'avait d'ailleurs fasciné un temps mais très vite, j'avais préféré me reposer contre mon amant. Me moquant quelque peu de l'endroit où ils nous emmenaient tant que c'était loin de David et Alphonse.

Alors quand Eirik s'arrêta devant chez moi, je fus tout de même un peu surpris. Les travaux étaient finis ? Sans doute que oui, après tout mon vampire avait engagé pleins de gens pour que ce soit fait au plus vite... Mais je sentais qu'il devait tout de même y avoir une certaine forme de désordre dans ma maison. Et la confirmation vint dès que j'ouvris la porte. Evidemment, ils avaient réparé, mais pas nettoyer. J'aurais pu éternuer face à la couche de poussière qui se souleva au courant d'air. Et avec un petit soupir amusé, je me mis au travail, laissant ma fumée récolter le maximum de poussière et la jetait dehors par les fenêtres que j'ouvrais peu à peu. Cela faisait rentrer l'air frais mais au moins, il permettait de mieux respirer.

-Ils ont tout de même mis un sacré foutoir... Tu veux un verre d'eau ?

J'allais dans la cuisine pour voir si l'installation fonctionnait réellement. L'eau qui coula au début était un peu trouble mais cela s'arrangea très vite, je lui laissais un verre sur la table basse du salon. Dans le même temps, je nous préparais un feu de cheminée, ma doudoune toujours sur le dos. J'allais voir le reste de la maison, ma chambre était restée inviolée, à mon grand soulagement. Puis je revins auprès d'Eirik en marmonnant :

-C'est étrange... C'est tout vide sans les livres... C'est comme si l'âme avait disparu.

Je n'étais pas certain qu'il comprenne mais il avait fallu que je le dise. Dès que possible, je rapatrierai mes ouvrages dans cette dimension. Refermant les fenêtres pour laisser le feu de cheminée réchauffer agréablement la pièce, j'enlevai enfin ma doudoune en me laissant tomber dans le canapé.

-Merci pour les réparations... C'est pour ça que tu as choisi de venir ici ?

Je me sentais moins stressé et oppressé maintenant que nous étions que tous les deux et j'envoyai quasiment paître le lien comme d'habitude. Ce qui voulait dire que je sentais qu'il était là mais que je ne m'en préoccupai pas du tout. Par contre, je vins me coller à Eirik parce que j'avais envie de profiter de lui, tout simplement. On travaillait énormément ces temps-ci et comme j'avais tendance à oublier de rentrer, il était toujours grognon après m'avoir envoyé un message pour me rappeler de sortir de la bibliothèque. Et difficile d'être détendu alors que c'était ma faute...

-C'est chouette d'être juste tous les deux... J'ai fait une blague à Maks' avec Sword... On l'a réveillé en lui faisant croire qu'il était dans une pièce hanté. C'était très amusant...

Je jouais avec ses doigts sans m'en rendre compte.

Il se sentait bien chez moi, vraiment ? Il méritait un baiser pour ça, un baiser que je lui offris sans attendre avec un sourire lumineux. Comme quoi, il pouvait être trop adorable mon vampire, même si c'était au moment où je m'attendais le moins. En vérité, j'aurais pensé qu'il serait encore énervé après ce qu'il s'était passé mais finalement, il avait l'air d'avoir tourné la page pour se concentrer que sur nous ce qui m'allait très bien.

-Tant mieux parce que toi aussi, tu peux venir ici autant que tu en as envie.

En plus, il était tout doux, ça me donnait presque envie de ronronner comme Glacier sauf que bien vite, il se raidit... Pourquoi, je n'avais rien dit de mal, je lui parlais juste de la raison pour laquelle j'avais été en retard ce matin...

-Sword n'est pas un petit emmerdeur, c'est mon ami.

Et puis c'était quoi ce regard noir ? Que se passait-il encore que je ne savais pas ?

-Et je te l'ai dit. Ce matin, je voulais faire une farce à Maks'. Et Sword m'a vu passer au-dessus du cimetière alors il m'a suivi. D'ailleurs, il est vivant Sword maintenant, c'est trop bizarre ! Et il a les cheveux bleus. Par contre, il a l'air plus sain autant physiquement que mentalement bien qu'il doit être toujours masochiste, j'en suis certain... Mais il saigne maintenant alors ça doit plaire à Tarô, pas vrai ? Enfin, je suppose.

J'étais en train de me perdre dans mes réflexions puisque je n'avais pas encore pu penser à ce qu'il s'était passé pour le draco-liche plus draco-liche. Le changement pouvait être impressionnant et du coup, je me demandais comment c'était arrivé, sauf que pour avoir tous les détails, il faudrait aussi que je parle à monsieur Dragon et évidemment, je n'étais pas encore assez fou pour aller voir monsieur Dragon. Même si Eirik me disait qu'il était gentil.

Je revins à la réalité en me rendant compte que je n'avais pas fini mon explication. J'eus un sourire penaud et repris.

-Donc il s'est proposé de m'aider et on a fait une blague à deux à Maks'. Il ne fait plus dans la nécromancie maintenant, il joue avec l'air, c'est marrant ! Après on a discuté et il est reparti après que Maks' ait accepté de faire un tableau de lui pour décorer sa maison. C'est tout. Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse de toute façon ?

Oui, tiens, à quoi s'était-il donc attendu ? Je me mis à califourchon sur lui, mes mains sur ses épaules. Incroyable comme il pouvait être une vraie girouette quand même, en moins d'une seconde, il était passé du bien-être à grognon. Et pour pas grand chose en plus. Sword n'avait rien de dangereux pour moi, rien du tout. Je l'observai donc d'un air pensif, rangeant une de ses mèches après l'avoir fait tourner autour de mon doigt.

-Tu n'aimes pas beaucoup mes amis...

En fait, Eirik était un peu trop seul à mon goût.

Eirik avait vu Sword et il ne m'en avait pas parlé ? Pourquoi ? Hum, vu la tête qu'il faisait et vu la teneur de la discussion, ça n'avait pas du bien se passer entre le dragon et lui. Je me demandais bien de quoi ils avaient pu discuter quand même. De Tarô ? Quelque chose n'allait pas avec Tarô ? J'avais envie de froncer les sourcils mais déjà que mon vampire avait l'air en colère, si je prenais une expression toute pareille, ça allait mal finir, j'en étais certain. Et je n'avais pas envie qu'on se dispute alors qu'on revenait chez moi, ce serait bête.

-Pourquoi est-ce que ça t'arrange ? Parce que comme ce n'est plus un nécromant, il ne peut plus te contrôler ?

Il aurait donc voulu que je fasse ma blague à Maks' tout seul ? Mais... Mais pour une fois que quelqu'un voulait bien faire une blague avec moi, ça aurait été triste que je ne sois pas d'accord ! En plus, on avait vraiment bien rigolé. En fait, il avait envie de jouer les rabats-joie mon amant ! Le seul aspect positif, c'était qu'il n'ait pas pensé que j'avais fait des trucs sexuels avec Sword. Rien que l'idée me répugnait. Et puis, on avait été avec un élève alors raison de plus pour ne rien faire de bizarre ou de sale.

Par contre, je ne voyais pas en quoi Sword pourrait empirer les choses... Et surtout quelles choses, hein ? Il le faisait exprès d'être flou, pas vrai ? Ça devait l'amuser quelque part de me voir à moitié cinglé. Tsss, un jour, j'allais lui refaire une de ces blagues. Il fallait que j'y réfléchisse sérieusement.

-Et quels ennuis pourrait-il me donner ? Je suis sage, moi ! Et puis franchement, je ne suis pas la meilleure proie de l'école, y'a beaucoup plus détestable que moi dans le coin, non ?

Ah, au moins, il ne perdait pas son côté tactile dans toute cette histoire. Mais ce qu'il me disait me faisait un peu peur là. Pourquoi ne devais-je pas écouter Sword ? C'était mon ami et il n'avait pas de raison de me faire du mal. La preuve, tout c'était très bien passé ce matin, on avait bien rigolé. Parce que là, Eirik allait jusqu'à me supplier, ce qui me fit frissonner. Qu'est-ce que pourrait dire le dragon qui serait si grave ? Il ne parlait pas de mensonges... Je sentais que quand ça viendrait, j'allais être très mécontent de ce que j'allais apprendre.

-Tu ne m'as jamais supplié avant... Bon d'accord, je vais essayer de ne pas l'écouter, mais c'est plus difficile à faire qu'à mordre... Tu es sûr que ça va ? T'as l'air tout stressé maintenant...

Je me penchai pour laisser des baisers papillons sur son visage.

-Et moi qui avais pensé que la rencontre avec Alphonse serait le pire de ma journée pour toi... Quoiqu'il semble que David t'ait vraiment bien pris la tête. Je n'aurais pas pensé voir ça. Alphonse a le don de ne pas bien choisir les gens. Heureusement pour lui que je l'ai choisi...

Je lui massai doucement les épaules, mes mains finirent peu à peu sur son torse, juste histoire de le détendre. J'avais presque envie de voir ce que le lien me dirait de son état mais je ne voulais pas être influencé ou avoir mal à la tête. Du coup, pas question.

-C'est pas comme si j'allais arrêter de t'aimer en tout cas.

Et je lui fis un clin d’œil en riant.

La tristesse... qu'il m'apporterait. Donc, j'avais raison de penser que le truc que Eirik voulait me cacher était énorme et pas bon du tout. Quand même, il se fichait un peu de moi, là. Je lui avais avoué mes envies suicidaires et lui, quand il avait l'occasion de me parler de quelque chose de si lourd pour lui, il préférait éluder et me dire de ne pas écouter une personne qui pourrait me renseigner sur la chose. C'était quand même quelque chose...

Pourtant, très bien, je n'allais pas creuser le sujet aujourd'hui et quand ça viendrait, je me prendrai le coup le plus dignement possible. De toute façon, j'étais déjà assez triste pour la journée, non ? J'émis un petit soupir alors que son souffle frais continuait de me caresser le cou. En fait, il rendait notre vie plus compliquée tout seul.

-Je ne vais pas te dire que je vais l'éviter parce que ça n'est pas vrai. Cependant, je te jure que je te laisserai me raconter les choses avec ton point de vue.

C'était le moins que je puisse faire, je l'aimais cet brute de vampire bien que j'étais conscient que pas mal de personnes se demandaient ce que nous faisions ensemble alors que nous étions si différents. Mais j'étais bien avec lui, il me rattachait au monde alors que j'avais tendance à m'en détacher pour devenir du raisonnement et de la logique pure. Il m'était finalement nécessaire et tant pis si personne ne comprenait parce qu'à mon avis, il n'y avait rien à comprendre au final.

-Je t'ai rarement vu aussi stressé par ce que je pourrais entendre sur toi... Je ferai attention, chéri. Détends-toi.

Et je ris quand il me parla de la torture qu'il aurait aimé faire vivre à David. Lui arracher la langue ? En fait, ça l'aurait tué puisqu'il se serait étouffé avec son sang... Il faudrait un jour que je prenne le temps de voir quelqu'un mourir comme ça, ça doit être intéressant. Tiens, retour de l'intelligence fraîche.

-Bah, ce n'est pas le premier qui n'aurait pas de respect pour moi, je suis toujours tellement bizarre pour les humains... Et il semble qu'ils aient forcément besoin de se moquer ou d'insulter ce qui est différent à leurs yeux. J'ai toujours pris ça pour une certaine forme de peur car à quoi cela pourrait-il bien leur servir de haïr ou de mépriser quelqu'un d'autre ?

Je me mordis la lèvre parce que je sentais que j'étais bien parti pour faire du discours à rallonge et franchement, je n'avais pas envie de soûler Eirik mais de le détendre. D'ailleurs, j'avais peut-être un bon moyen pour faire ça. Je me levai de ses cuisses et je le tirai pour l'emmener dans ma chambre. J'allais rapidement à la salle de bains pour récupérer un flacon avec un sourire malicieux non sans avoir remarqué une sorte d'ombre dans son regard. A quoi pensait-il encore ?

-Enlève ton haut ! Je vais te masser. Et puis comme ça pour une fois, je vais pouvoir te toucher comme je veux !

Je n'avais aucune idée perverse en disant ça mais c'était vrai qu'habituellement, c'était Eirik qui faisait ce qu'il voulait de moi. Alors pour une fois, je voulais que ce soit mon tour. Je me mis sur le lit après avoir enlevé mes chaussons lapins et je l'attendis.

Et puis, je me disais que ce serait bien qu'on parle de ça... Et s'il était détendu et pas en train de me regarder, j'aurais peut-être moins de mal... De lui dire qu'il me faisait peur des fois... Je refusai d'être nerveux mais ça n'allait vraiment pas être simple...

-Si tu es sage, tu pourras te choisir une récompense !

En même temps, ça ne me semblait pas si surprenant, Eirik avait toujours plutôt l'air prédateur et inaccessible. Je doutais que peu de gens puissent penser qu'il soit aussi tactile en réalité et prêt à s'abandonner entre mes mains comme de terre humide... Il était beau quand il était aussi détendu, quand il se laissait simplement aller. D'ailleurs, quand je pouvais, j'aimais le regarder dormir parce que dans son sommeil, il avait ce côté doux qu'il ne montrait que rarement au final.

Même à moi. Il devait trouver que ça le rendait vulnérable.

En tout cas, puisque j'avais le champ libre, j'abandonnai parfois quelques baisers sur sa peau, pas gêné par l'huile que j'utilisais. Il ne devait pas s'en douter mais c'était de la qualité, provenant d'une autre dimension avec des vertus vraiment relaxantes. Si à la fin, il avait encore des nœuds, c'était qu'il avait voulu les garder. Mais ce serait plutôt improbable vu combien il me donnait l'impression de fondre. Ses soupirs me donnait encore plus envie de m'appliquer. D'ailleurs, je ne comptais plus faire que son dos...

-J'aime te toucher. Mais en général, tu as tendance à me submerger et j'oublie des fois de te faire du bien. Et après, j'ai l'impression d'avoir été égoïste.

Et puis j'eus un petit rire. Il se sentait gâté, réellement ? Voilà qui était plaisant à entendre. Cependant, du coup, je n'avais pas du tout envie de gâcher le moment. Pour une fois qu'on était juste bien tous les deux... Et puis ce n'était pas comme s'il n'y aurait pas d'autres occasions. Non, je ne voulais plus du tout gâcher le moment.

-Non, je suis content que tu sois venu avec moi et qu'au final, ça ne se soit pas si mal passé que ça. Et au final, tu ne détestes pas Alphonse, pas plus que tu n'as envie de le tuer... Ça me soulage.

Je parlerai de ma peur une prochaine fois. De toute façon, quelque chose me soufflait qu'il l'avait senti dans le café à ce moment là. Et il avait agi en conséquence donc... Ça pouvait attendre un peu. En plus, je l'avais compris aujourd'hui, maintenant, il fallait que je sois sûr d'en quelles occasions il me faisait peur.

Je passais mes mains sous lui pour ouvrir son pantalon et commençai à le descendre.

-Au point où j'en suis, je vais masser partout.

Des mains de fumée lui enlevèrent chaussures et chaussettes, le pantalon finit au sol avec le reste.

-Tu peux écarter un peu les jambes, chéri ?

Je reprenais de l'huile pour continuer.

Un vilain défaut ? Ca pouvait être un défaut que de vouloir faire fondre son compagnon sous ses caresses et le rendre ivre de plaisir ainsi ? Bon, ben alors j'allais même me mettre à aimer ses mauvais côtés alors. Et dire que je pensais ne faire que les accepter, voilà un truc qui pourrait s'avérer embêtant ma foi. Ce n'était pas du tout gentil de sa part de me faire un coup pareil. Mais le jour où Eirik serait complètement en règle selon moi... Hum, valait mieux pas que ça arrive en somme.

-J'aime quand tu me touches... Je ne m'étais jamais senti autant désiré que sous tes mains. C'est juste que des fois, je ne suis pas sûr de réussir à te dire que j'ai tout autant envie de toi.

Je n'avais pas l'impression d'avoir une gestuelle très lisible et compréhensible en fait. Et puis, c'était toujours plus facile pour les femmes d'utiliser leurs corps pour dire ce genre de choses. Vraiment, des fois, je les enviais pour ça.

Enfin, je sentais au dernier bout de tension qui l'abandonnait qu'il n'avait plus "peur" que je lui pose des questions ou que je me mette à parler de sujets qui pourraient se montrer lourds. Et ma peur était bel et bien un sujet qui montrait une très sale ambiance. Je clignai des yeux à sa question, m'obligeant à me rappeler de ce qu'il avait dit. Oh, non, Alphonse ne poserait plus les yeux sur moi de cette façon, pas alors qu'il m'avait vu amoureux. Si l'amour ne le dérangeait pas dans les livres, dans la réalité, il le haïssait et de m'avoir vu dans cet état avait dû le dégoûter un peu.

-Pourquoi Roïs ? Il voulait me trouver un surnom parce qu'il trouvait que crier "Ambroise" dans un orgasme, c'était trop long.

Tiens, c'était peut-être une mauvaise idée de lui dire la vérité au mot près. J'aurais peut-être dû réfléchir à quelque chose mais je n'aimais pas lui mentir. Et puis mince, c'était dans le passé, et lui aussi avait eu sa dose d'amants. Même aujourd'hui, de ce que je savais, il en avait encore. En tout cas, j'avais pu le déshabiller comme un papillon qui sortait de sa chrysalide et je m'étais mis à masser ses cuisses énergiquement avant de prendre un mode plus doux maintenant que la chair et les muscles étaient plus mous.

-Hé ! Même pas vrai d'abord !

Je doutais que la vraie raison lui plaise, mais là encore, il demandait alors il allait avoir la vérité.

-C'est parce que m'occuper de toi m'empêche de penser à toutes ces bêtises qui me hantent quand je suis... comme ça.

Bien que je ne m'occupais pas de lui uniquement quand mes idées de suicide venaient faire le cha cha cha dans ma tête. Mais là si en l'occurrence. Sauf qu'il n'aurait pas de raison de se plaindre, tout était à son bénéfice. Et puis je ne comptais pas déposer des baisers sur ses cuisses. De toute façon, il n'aimerait pas que je touche à ses fesses et si je commençais, je m'emporterai pour finir sous un vampire en colère et excité.

-Et puis tu ne peux pas dire que ce n'est pas plaisant. Je suis sûr que Tarô aimerait aussi. Et Maks'... Et Erato... Quoique Erato réagit un peu bizarrement quand on la touche mais elle a la peau très douce, j'en ai été ébahi.

Rien à voir avec le début de conversation.

-Dis, ce n'est pas à prendre mal, c'est juste une question mais pourquoi tu ne veux pas que je te prenne ?

Et je demandai ça alors que je lui massai les chevilles...

Et moi qui avait cru que l'on allait passer une après-midi confortable et calme à deux, voilà qu'il tenait finalement à parler de sujets qui pouvaient fâcher un peu alors que moi, je l'avais évité. Et puis encore, encore, ce n'était pas comme si je ne l'avais pas prévenu lors de notre dernière dispute que j'étais suicidaire. Ce n'était pas réellement une chose sur laquelle j'avais le contrôle - d'ailleurs, ceux qui disaient que l'on pouvait avoir un contrôle total sur son corps et son cerveau sont stupides à mon avis - et l'entendre demander comment il devait le prendre...

Non mais franchement, il avait de ces questions des fois et je n'en revenais presque pas qu'il ait presque le culot de m'accuser de cette manière si bien que ma réplique fusa de mes lèvres sans que je puisse la retenir :

-Parce que je dois le prendre comment moi, d'avoir peur de toi ?

Mince, ça allait tourner au carnage maintenant cette histoire. Mais quel chieur il pouvait être ce satané vampire ! Incapable de juste savourer le moment, il avait fallu qu'il me braque et après la matinée que nous avions eu, rien de surprenant à ce que je sois de suite sur la défensive alors que ça n'était normalement pas mon genre. Maman m'avait plutôt appris à encaisser sans rien dire alors que Alphonse m'avait appris à essayer de m'élever pour le combat... En fait, j'étais vraiment un sacré paradoxe parfois...

-Ça n'a rien à voir avec toi. C'est juste... C'est la façon dont je fonctionne mais je me soigne. Et toi, au lieu de me laisser me soigner en prenant soin de toi, tu le prends comme un affront... Ce qui serait normal si tu étais en cause sauf que non.

Je me tortillai pour sortir de son étreinte, être ainsi sous lui allait me donner un net désavantage et s'il avait envie de me frapper, il était certain que je ne pourrais rien éviter. Mais je me figeai en entendant la suite de ses propos, n'en revenant pas qu'il ose me dire une chose pareille pour ensuite me faire du chantage derrière. Je le repoussai sèchement, les yeux brûlants d'irritation maintenant. Son chantage était inutile, j'avais répondu à sa fichue question. Par contre...

-Une position de faiblesse... Donc selon toi je suis faible...

Le pire, c'était que j'étais certain qu'il pensait que c'était le cas alors qu'il me serait si facile de le tuer en m'infiltrant en lui pour détruire ses nerfs, ses muscles, ses poumons, son cœur, son cerveau... Rien ne m'arrêterait. Et il me balançait ça...

-Comment oses-tu penser que j'utiliserai le sexe pour prendre l'avantage sur toi ? Non, mieux, comment oses-tu utiliser le sexe comme une arme ?! On est sensés faire l'amour, pas se disputer sur une soi-disant histoire de dominant/dominé ! Si je veux te faire l'amour, c'est pour te montrer que je t'aime, pas parce que j'ai envie d'être le maître ! Comment peux-tu faire des amalgames pareils avec l'âge que tu as ?! Tu me prends pour quoi ?!

Furieux, je sortis de la chambre pour aller dans la cuisine et me faire un thé. Non mais quel abruti quand il s'y mettait ! Ce n'était pas compliqué de voir que je ne cherchais pas à avoir sa place, cependant il fallait forcément qu'il le prenne comme un affront qu'on tente de le prendre. Etre pris n'était pas forcément se soumettre ! Il y avait des dominants qui étaient les receveurs, la position sexuelle n'avait vraiment rien à voir avec le caractère ! La façon dont il pensait était en train de me faire fumer !

Et dans le même temps, j'avais peur de la réaction qu'il allait avoir, évidemment. Je versai l'eau chaude dans la bouilloire, regardant l'eau prendre peu à peu une couleur verte. Ça aurait été trop beau que l'après-midi reste un bon moment, pas vrai ?

Il lui en avait fallu du temps pour me venir après, aussi surprenant que cela puisse me paraître. En fait, j'avais même eu le temps de me calmer et de commencer à cuisiner pour le soir. Sa mine me laissa quelque peu perplexe. Ce que j'avais laissé entendre l'avait touché à ce point ? En tout cas, il avait l'air trop calme, même éteint et je n'aimais pas ça du tout. Je me mordillai la lèvre alors qu'il s'asseyait de façon presque mécanique... J'en posai ma cuillère en bois pour me diriger vers lui sans tout de même oser le toucher.

Et il commença à parler. Bien sûr, je décortiquai déjà ce qu'il me disait et quelque part, ça me rassurait qu'il ne me prenne pas pour aussi faible que je pouvais le paraître. Ma gentillesse devait sûrement agir contre moi parfois mais au final, il fallait bien se dire que fou de rage, peu de choses pourraient m'arrêter. Parce qu'il faudrait déjà pouvoir me saisir...

-Je trouve cela un peu triste que pour toi, domination marche avec position sexuelle. Après, je ne le prends pas si mal. Mais ne dis plus que c'est une faiblesse d'être dessous. Parce qu'à mon avis, il faut avoir du courage pour se donner comme ça à quelqu'un.

Par contre, l'aveu qui vint ensuite me choqua. Comment ça, il ne le faisait plus qu'avec moi ? Pour se nourrir, la plupart du temps, il utilisait bien les rapports sexuels pour ravir sa proie, non ? Je vins poser une main légère sur son épaule même si clairement, je ne savais pas quoi penser de ce qu'il venait de dire. Parce que si je n'étais pas à côté de la plaque, il était en train de me signifier que j'étais... son seul repas. Et si c'était bel et bien vrai... C'était... Quand est-ce que ce point avait changé ? Je n'avais rien vu venir, moi !

En le voyant baisser la tête, je m'agenouillai près de lui, mes mains finissant sur ses genoux. Je n'avais pas voulu l'accabler, je ne voulais pas qu'il se sente ainsi.

-Eirik... Je... Ça n'arrive pas souvent. Pas tout le temps. C'est juste quand tu es tellement en colère et imprévisible qu'il m'arrive d'avoir réellement peur. Parce que je sais que je ne saurais pas me défendre, nous le savons tous les deux. A moins que je ne finisse dans une fureur sans nom, je serai capable de te laisser me tuer. Et ce qui me fait peur la dedans, c'est que tu puisses en souffrir ensuite.

Non, je n'avais pas peur pour moi, je me respectais mais je ne m'aimais pas assez pour avoir la moindre réelle crainte pour ma vie. Cependant, lui, il resterait et il se pourrait que ma mort l'affecte à un point où il pourrait tout détruire, y compris lui-même. Je ne voulais pas de ça, j'espérai que si j'en venais à disparaître, il saurait être capable de continuer sans moi et sans perdre la raison. Je lui fis un peu relever la tête pour un baiser très tendre, juste pour dire "je t'aime".

-Alors je suppose que tu dois le prendre comme de l'amour au final. Et comprendre que je n'aime pas avoir peur pour toi de cette façon. Je ne veux pas qu'on se perde comme ça.

Je me mis à caresser ses cheveux pour le rassurer un peu plus. J'étais là. Mes démons et les siens aussi mais on était normalement suffisamment fort à deux pour les surpasser. Il nous fallait juste du temps et de la communication. Et surtout...

-Quand tu vois que je ne veux pas parler de quelque chose, chéri, laisse-moi le temps. Tu m'en as demandé alors fais en sorte qu'il y ait un juste retour des choses. Parce que je ne voulais pas te dire les choses comme ça.

Au final, pouvait-on réellement dire que Eirik dominait ? A mon sens, physiquement, sans aucun doute, au niveau du caractère aussi. Mais intellectuellement, j'étais le meilleur des deux et puisqu'il fallait qu'il y en ait un qui sache être raisonnable alors je le serai. Même si je n'aimais pas me sentir aussi adulte, j'avais tout le temps en dehors de ma relation avec lui d'être un enfant. La preuve avec Maks'. Je me relevai pour déposer un baiser dans ses cheveux, je lui servis une tasse de thé.

-Ça va aller ? Tu veux en parler ?

Compliqué, compliqué... Sûrement parce qu'il voulait que ça le soit parce que Eirik détestait la simplicité. Ou en tout cas, c'était l'impression qu'il donnait. Cependant, pour une fois, avec la tête qu'il faisait, je voulais bien croire que c'était plus grave que d'habitude. Franchement, de voir qu'il avait réussi à se sentir en fâcheuse posture me surprit. Regrettait-il ce qu'il avait fait, ou avait-il juste peur de mes futures réactions ? Je commençai à angoisser. Et encore plus quand il utilisa le mot "sérieusement".

-Comme... Comme si on était pas sérieux depuis tout à l'heure.

Ma boutade était complètement inutile mais ça me faisait du bien de la prononcer. Et puis c'était quoi ce sourire, pourquoi j'avais l'impression que tout allait s'écrouler ?! Il ne pouvait pas faire sa tête d'hypocrite habituelle pour m'aider un peu. Mon cœur n'allait pas tenir avec le rythme cardiaque qu'il était plus ou moins en train de m'imposer. J'essayai pourtant de respirer le plus normalement possible.

Je le laissai partir chercher des cigarettes, espérant tout de même que ce n'était pas une tactique de sa part pour s'enfuir après m'avoir balancé tout ça. Je mis la préparation du dîner en pause, me servit un verre de tequila que je bus cul sec. Et dire que j'évitais l'alcool d'habitude mais là, je pensais qu'il était nécessaire que j'en ai un peu dans le nez pour supporter la suite. Et si c'était aussi grave que ça ne se laissait présager, j'irai me droguer pour planer un peu. Et le premier que ça emmerdait, je le prendrai par les pieds.

Quand il revint, j'étais dans le salon, les bouteilles de tequila et de vodka sur la table. Autant avoir les minutions sous la main. J'avais renforcé le feu de cheminée et j'étais prêt à écouter... Ou en tout cas, j'espérai être prêt. Bien enroulé dans mon plaid.

-Je pense qu'il y a de quoi, ta colère te rend réellement insensé de ce que j'ai pu voir. Et bien sûr assez violent...

Je ne pouvais pas nier que je savais ce qu'il voulait dire par là, j'en avais fait les frais plus d'une fois. Mais qu'avait à voir Sword avec toute cette histoire ? Et Tarô... Bon sang, je commençais à avoir une idée de la chose...

-D'accord, montre-moi.

Je le sentis envahir mon esprit et franchement... Une partie de ce qu'il me montra ne me choqua pas du tout. Après tout, j'avais vu des empires faire la guerre. Certes, il avait tué et torturé tous ces humains tout seul mais au fond, à la vitesse où il avait dû aller, il n'avait sûrement pas pu laisser des blessures à leurs âmes. J'en étais certain...

Cependant, le pire vint. Le vrai. Tarô... Je ne voulais pas voir ça... J'aurais voulu pleurer mais je ne pouvais pas. Je tentai de ne pas comparer la situation de Tarô à celle que j'avais vécu avec ma mère mais c'était difficile. Pourquoi Eirik ? Je ne pouvais pas poser la question puisque j'avais une part de la réponse. A l'époque, il avait été incapable de faire taire sa colère. Et du coup, il l'avait retourné même contre une personne qu'il aurait dû protéger de sa vie. C'était horrible et j'avais froid devant ces images du passé. Quand ce fut enfin fini, je restai en partie choqué, une larme m'échappant enfin, marquant le soulagement que je ressentais à ne plus voir tout cela.

-Je me fiche de ce que tu as fais à ces humains... Vraiment, je m'en moque complètement. Mais Tarô...

Je frissonnai violemment en le regardant.

-Même si je sais un peu pourquoi, je ne comprends pas ? Pourquoi... Pourquoi l'amour n'est-il jamais assez fort pour que ce genre de choses n'arrive pas ?

J'avais envie de retrouver Tarô pour lui faire un gros câlin. Tout en sachant qu'il n'en voudrait pas, il pourrait même prendre ça pour de la pitié alors que c'était juste... qu'on était pareils. Des personnes qui étaient censés nous aimer et nous protéger nous avaient fait du mal. Et ils continuaient. Parce que je doutais que Tarô évite toujours Eirik juste pour la forme...

-Est-ce que tu continues ? Est-ce que tu lui as encore fais du mal depuis que tu es enseignant ici ?

Peu importe que la réponse me plaise ou pas, j'avais besoin de le savoir.

La colère l'envahissait plus vite ? Mais normalement, il aimait tout le temps, donc il aurait mieux fait de dire qu'elle couvrait l'amour plus vite de ses vrilles toxiques... Enfin, j'étais en train de chipoter pour pas grand chose, au moins, il me donnait une réponse honnête tout en se remettant à fumer. Décidément, il était incroyablement stressé bien qu'au final, ça devait être plutôt normal. Si Tarô et lui étaient si proches et que cela n'existait plus parce qu'il s'était conduit comme un fou furieux... Avait-il peur de me perdre en ce moment même ?

Je me servis de la tequila que je bus cul sec alors qu'il reprenait, me servis un troisième shoot tout en lui servant de la vodka. Ça pourrait lui servir après tout.

-Ça peut se comprendre, pour une fois qu'il pouvait te rendre la pareille, il n'a pas pu s'empêcher j'imagine...

Même si cela n'aurait pas été une de mes réactions, j'étais sans doute trop cérébral et puis depuis le temps, j'aurais pardonné. C'était bien comme ça que maman m'avait eu à chaque fois, je lui avais pardonné et elle recommençait. Le pire étant qu'elle ne cherchait pas du tout à se faire excuser. Je savais qu'elle était fière de ce qu'elle m'avait fait subir. C'était bien la seule différence que je voyais entre ses actes et ceux de mon amant. Et sûrement la raison pour laquelle j'arrivais à rester près de lui présentement. Même s'il avait eu des regrets plutôt tard que tôt, au moins ils les avaient. Et c'était déjà ça.

-Je comprends que Sword veuille le protéger. Tu ne peux pas lui en vouloir, même si je sais qu'il n'est pas si doux que ça lui non plus avec Tarô. Je suppose que de toute façon, Tarô ne saurait pas vivre sans violence maintenant, il est trop habitué...

Je trouvais ça triste mais au final, j'étais dans le même cas. Je me retins de secouer la tête, mon verre de tequila entre les mains. Je reposai mes yeux sur mon cher amour alors qu'il enchaînait les questions pour moi. Et je souris parce que c'était si rare de le voir si peu sûr de lui et aussi à côté de la plaque.

-Tu te trompes sur toute la ligne. Non, je ne veux pas en savoir plus, non je ne vais pas te virer et non non et non, je n'ai pas encore plus peur de toi. Avoir des réponses aident à aller mieux, tu sais.

Je posai ma main droite sur sa joue, caressant ses lèvres de mon pouce.

-Bien sûr, je ne serai jamais d'accord avec ce que tu as fait à Tarô. Mais pour autant, ce n'est pas à moi de te pardonner à ce sujet mais bien à lui. Peut-être que tu ne l'auras jamais... Cependant, je ne mettrai pas mon nez là-dedans. Il est juste bon que tu aies su me dire tout ça avant que ça ne vienne de Sword.

Je comprenais davantage pourquoi mon ami et mon amant ne se supportaient pas du tout... Tant pis pour les repas de famille. En y réfléchissant, il avait dit quelque chose de très intriguant, il fallait juste que je me rappelle exactement... Ah voilà !

-Que veux-tu dire par foutu pacte, d'ailleurs ?

Je ne savais pas si je devais rire ou non en le voyant aussi bougon envers tout ce qui touchait Sword. Après tout, mon ami n'était pas tout le temps dangereux, assez souvent certes et encore il semblait s'être calmé en redevenant vivant. Par contre, me balancer que Tarô aime la violence... Mouais, après tout, je ne le connaissais pas assez pour être certain que ce n'était pas le cas. Il faudrait vraiment qu'un jour, on se retrouve lui et moi pour une conversation en tête à tête sur tout et n'importe quoi. Pas que la discussion serait simple cependant, la dernière fois qu'on s'était vus, c'était à Halloween et j'avais été loin d'être gentil. C'était bien pour ça qu'il ne fallait pas m'énerver...

Et puis Eirik me prit la main et je me sentis rougir en l'écoutant. Bien sûr, je savais pourquoi il me tenait, son côté tactile devait l'exiger. Mais le compliment... Ou en tout cas, je le prenais comme tel.

-Alors ravi que tu vois tous les jours un peu plus ma valeur.

Bien que très sincèrement, je ne la voyais pas moi. Il fallait donc que l'un de nous deux le fasse. Je notai dans un coin de ma tête que j'étais bon pour racheter une bouteille de vodka, le stress comme le soulagement faisait boire mon vampire de façon exponentielle... Bien que cela ne soit techniquement pas possible puisque la bouteille avait un fond et que je n'étais pas assez fou pour lui prendre des bouteilles sans fond d'alcool. Je n'allais pas lui donner de mauvaises habitudes. Déjà qu'avec l'âge qu'il avait, il en avait plus que je ne saurais le dire... Enfin, tout le monde avait ses petites manies...

-Ah revoilà ton sourire hypocrite et ton air supérieur. Ils ne s'étaient pas fait la besace si longtemps que ça.

Je taquinai son nez pour l'embêter un peu. Encore plus quand il m'expliqua cette histoire de pacte.

-Tout de même... Tu ne veux pas que les gens mettent leurs fronts dans notre relation mais tu mets toute ta tête dans celle de ton frère. Je ne vais pas dire que je me porte garant de Sword, mais je doute que Tarô soit un tel imbécile.

Je savais que les deux frères étaient plus impulsifs que cérébraux mais il leur arrivait quand même de réfléchir. J'obligeai finalement Eirik à s'asseoir dans le canapé pour finir sur lui. Là, c'était bien plus confortable. Je calai ma tête dans son cou, soufflant légèrement dessus sans y penser. Et je me détendis enfin un peu, content qu'on ait réussi à communiquer même si cela ne nous avait pas réellement mis dans un bon état.

-Merci d'avoir été aussi honnête avec moi. Mais tu as gâché le massage alors pour la peine, c'est à toi de m'en faire un plus tard.

Je lui mordis gentiment l'oreille.

-Quant à Sword et Tarô, attend un peu de voir... Et occupe toi de moi.

Parce que je le méritais un peu. Na !