Moi sur le terrain de sport.

Est-ce que l'ineptie de la chose était tangible ou c'était juste moi qui me faisait des idées à propos de ce qu'il se passait là pour moi ? Bon, pour bien comprendre ce qu'il m'arrivait, encore, j'avais reçu un message. Et ce message, Eirik n'en savait rien. D'ailleurs, ça valait mieux pour l'auteur parce qu'il aurait pété une plomberie mon vampire mais peu importe ! Ahem... Le fils de monsieur Dragon m'avait envoyé un SMS ce matin là. Dont je me serai largement passé ! Pourquoi ça devait tomber sur moi, hein ?

Sans doute parce qu'il avait un moyen de pression facile... Fichu Dragon !

Bref. Je devais donc punir Maksimilian. Oui, ça me paraissait complètement ridicule mais si, je le devais. J'avais osé appeler le bébé Dragon pour comprendre le pourquoi du comment et il avait pris le temps de m'expliquer en prenant son petit-déjeuner gargantuesque - des ventres ces animaux, des sans fonds ! - mais ça restait tirer par les cheveux pour moi. Et puis Maks' n'avait pas de raison de m'obéir en plus. Le pauvre... Mais j'étais mal s'il ne le faisait pas.

Alors j'étais sur un terrain de sport.

A regarder mon portable pour voir si l'ange déchu allait venir et me répondre.

Pitié, Maks'...

Je ne voulais pas finir dans une lampe, moi !

Je me sentais ridicule en tenue de sport en plus. La mienne était plutôt moulante... Heureusement qu'Eirik n'était pas là... Ou pas... Si si, sinon, il s'en serait pris au bébé. Et le papa aurait fait mal, très mal... Je soupirai. Et me mis à taper du pied.

-Maks' à la fin... Pourquoi as-tu écopé d'une punition, hein ?

-Ah, te voilà, enfin toi !

Mais c'était qu'il avait pris son temps ce petit ! Alors là, il allait passer une mauvaise matinée. Après tout, c'était de sa faute cette histoire, quelle idée de se mettre à dos un Dragon, hein ? Est-ce que je le faisais moi ? Non ! Pourtant, je payais les pots cassés avec lui. Alors qu'il me dise de ne pas faire une tête de décédé quand il se montra enfin, c'était un peu fort de chocolat ! A moins que ça ne soit de cappuccino... De café ? Quant à être content... Je jurais que s'il n'était pas venu de lui-même, il aurait vraiment passé une TRES mauvaise journée. Et pas matinée.

Inspirant profondément, je le regardais. Il avait la bonne tenue, ce qui n'était pas un mal.

-Crois-moi, en me réveillant, je n'avais pas du tout prévu de faire du sport. Malheureusement, quelqu'un a choisi pour nous et on va lui obéir tous les deux. Surtout toi, et ce même si je dois être implacable.

Je passai ma main dans mes cheveux. Le pauvre, il ne se doutait pas de ce qui allait lui tombait dessus. Le pire, c'était que pour le moment, Maks' prenait bien la chose mais il allait vite déchanter. A sa place, je serai juste en train de pleurer pour qu'on me laisse tranquille. Je savais que je passais pour un énorme gentil, cependant, là, un Dragon m'attendait au tournant. Je soupirai lourdement et je plantai mes yeux dans les siens.

-C'est même très sérieux en fait. Et non, Eirik n'est pas là, et il ne doit pas savoir ou il aura encore tellement de problèmes qu'il pourrait en mourir.

Sans plaisanterie. S'attaquer à bébé Dragon, c'était avoir monsieur Dragon et madame Feuillage sur le dos. Du suicide.

-Ce matin, monsieur Bébé Dragon m'a envoyé un SMS pour te punir. J'ai appelé pour davantage d'explication et il m'a dit que tu avais hérité de deux heures de colle avec lui mais que comme il n'était plus enseignant maintenant, il ne pouvait pas te les faire faire. J'ai donc la tâche de m'en occuper. Et ne me regarde pas comme ça, je n'ai pas le choix, il a le moyen de me prendre ma liberté ce sale petit écailleux.

Oui, j'étais assez énervé et stressé pour laisser entendre une insulte pour une fois. Et encore, c'était gentil comme insulte.

-Je peux savoir ce que tu es parti faire pour énerver un Dragon, toi ?

Je tapai du pied. Argh...

Ah, il commençait à comprendre que la situation était plus critique que ce qu'il voudrait. Et bien sûr, et là dessus, il ressemblait fortement à Eirik, son premier réflexe pour calmer son stress fut d'allumer une cigarette. Du coup, sans me gêner, je détournai sa fumée à moi tout en me rapprochant de lui puisqu'il avait tant envie de s'asseoir. Mais ce n'était pas mon cas, j'étais trop inquiet pour en avoir juste envie. En plus, nous n'étions pas là pour cela mais il valait mieux en finir avec les explications avant de passer au reste.

-Non, je ne vais pas te surveiller, je vais faire pire.

Enfin, à mon sens, c'était pire. Mais peut-être que lui, ça allait l'amuser, qui savait ? En tout cas, je le vis rager en sachant qui était l'auteur de ce moment dont nous nous serions passé tous les deux. Les bras croisés, je me rendis compte qu'il ne se souvenait même plus de pourquoi il devait être collé. C'était le comble ça ! Je jurais que ce bébé Dragon avait juste décidé de nous rendre fous ce matin là simplement parce qu'il le pouvait. Vicieux, vicieux ! Les Dragons étaient juste des vicieux !!!

-Eirik n'est pas un Dragon ! Certes il peut me tuer ou me faire souffrir mais...

Je balayais le sujet d'un geste. Avant de me passer une main dans les cheveux.

-Certaines sortes de Dragons sont capables d'enfermer les Djinns dans des lampes comme les Génies et donc de les obliger à répondre aux vœux des gens qui brosseraient l'objet. S'il fait ça, je perds ma liberté, je pourrais être à jamais prisonnier. Bien sûr, je pense qu'il bluffe mais je ne tenterai pas le purgatoire alors toi et moi, on va faire ce qu'il a décidé, point.

Je lui donnai l'un de mes pires points faibles mais Maks' ne me laissait pas le choix et je préférerai qu'il participe de son plein gré plutôt que de devoir le retenir dans une zone de fumée où il serait encore plus vulnérable à mes futures attaques. Parce qu'il était temps de lui expliquer ce qu'allait être ces deux heures de colle, pas vrai ? Le plus simple, c'était de sortir mon arme. Je levai la main, ma fumée forma rapidement ma lame bien-aimée. C'était quelque chose de la retrouver.

-Je te présente Rapière.

J'enlevai les derniers lambeaux de fumée d'un geste large.

-Ta punition, c'est de te battre contre moi pendant deux heures.

Je regardai Maks' dans les yeux. J'étais parfaitement sérieux. Même si ce n'était pas moi qui avait choisi, encore une fois.

Epée d'Ambroise:

Heureusement qu'il allait coopérer ! Enfin, c'était bon de savoir que je n'allais pas lui botter le cul contre son gré. Par contre, il avait vraiment pensé que je lui ferai vivre un truc aussi basique que des tours de terrain ? Je n'avais pas envie de m'ennuyer et de courir moi aussi. Donc, j'avais choisi quelque chose de radical et qui en plus, pourrait rendre service à Maks'. Qui osa rire quand je lui donnais le nom de mon arme. Le vilain, elle allait lui faire passer deux heures de torture.

J'étais certain qu'il pensait en plus que j'étais juste bon. Il allait être surpris. J'avais fait une guerre magique avec. Autant dire que ça n'avait pas été de tout repos en plus d'être une épreuve mentale que je ne ferais pas tous les jours. Je roulai les yeux en tout cas quand mon ami s'énerva.

-Du calme. De un, les élèves n'ont pas le droit d'avoir des armes, mais bon, je ne vais pas te dénoncer. De deux, la boîte à côté du banc, là. Elle contient trois lames, tu peux choisir celle que tu veux. Et ensuite, on commence.

Il avait vraiment pensé que j'allais l'attaquer alors qu'il était désarmé ? C'était une blague ? Non parce que y'avait aucun risque que je me permette une chose pareille alors que je me refusais à tuer. Enfin ça, il ne le savait pas. En tout cas, quand il eut choisi.

-Si tu te poses la question, c'est aussi à moi, toutes ces armes. J'ai beaucoup voyagé. Et maintenant...

J'attaquai. Coup d'estoc, suivi d'un recul pour une attaque de taille. Et j'enchaînai, j'enchaînai. Sans lui laisser la moindre pause, sans réagir quand je le blessai. J'y allai fort mais aucune des estafilades que je lui faisais subir n'étaient dangereuses ou réellement handicapantes. Bien sûr, il aurait pu lui aussi me blesser plus d'une fois mais pas de chance pour lui, il affrontait de la fumée et je profitai largement de mon avantage. Même quand il vola, il ne put m'échapper, au contraire, il m'était encore plus facile de le malmener.

J'avais mis une alarme sur mon portable en même temps que j'avais commencé le combat, aussi, quand la première heure sonna, je le lui fis savoir et accélérai le rythme. Il n'y avait plus seulement des coups d'épées, coups de poings, de pieds... La seule chose que je me retenais de faire, c'était d'utiliser ma fumée contre lui. Il devait vraiment se rendre compte maintenant d'à quel point je pouvais être dangereux si je le voulais bien. L'envoyant au sol malgré sa vélocité à laquelle j'étais presque habitué avec Eirik, je dis.

-Allez, debout ! Je sais que t'en as encore à revendre. Utilise ta foudre si tu veux, ça ne me fait pas peur. Peut-être même que tu pourras enfin me toucher avec ça.

Rapière ricanait. Non, ça n'était pas une lame normale. Une épée magique démoniaque. Elle contenait une très ancienne âme d'un Seigneur des Enfers qui avaient renoncé à un corps pour vivre juste pour le combat et le meurtre. Je l'avais reçu pendant mes fameux combats dans la guerre mondiale magique. Cette épée n'était pas faite pour être rassurante.

-Utilise tout ce que tu as, Maks'. Tu ne réussiras pas à me tuer de toute façon.

Ce n'était pas pour le sous-estimer, il était même assez doué. Mais on ne tuait pas de la fumée avec une lame, tout simplement. Je me remis en garde, l'air presque froid. Il fallait être en condition de combat, et c'était tout. Et je sentais qu'il pouvait faire bien mieux.

-Viens, Maks'.

Amusant, il avait suffi que je lui donne l'utilisation d'utiliser sa foudre pour qu'il prenne en confiance. Le pauvre, s'il savait. Il eut l'impression de me toucher alors que je le regardais jouer avec mon clone de fumée. Perché au-dessus de lui, je me retins de rire alors qu'il essayait de me faire une réplique percutante. Oui, je n'avais pas la vitesse physique d'un vampire mais mes pensées elles, elles étaient bien trop rapides pour lui. Et c'était là qu'allait se jouer toute la différence dans ce qui allait suivre. Parce que je ris alors que mon clone de fumée explosait, étendant une brume sur tout le terrain de sport.

-Oh mais je n'avais pas compté me gêner, Maks'. Sauf que maintenant, je vais être un cauchemar pour toi. Car toi, tu as un corps à protéger. Ce qui n'est pas mon cas.

Le laissant se rendre compte que pendant tout ce temps, j'avais été au-dessus de lui, je laissai ma fumée créait des tas de double de ma personne. Le voilà face à cinq Ambroise Poitiers. Allait-il trouver le bon car je nous fis disparaître dans le brouillard que j'avais formé.

-Ceci s'arrêtera quand tu m'auras touché. Je ne tricherai pas, tu auras mon sang sur la lame. Mais comme je sais que tu vas avoir bien dû mal à me trouver...

Déjà, le brouillard avait la propriété de répercuter les sons, ce qui faisait que même si je parlais, il ne pouvait déterminer ma position. Ensuite, il y avait mes clones, dont un très proche de lui. Mais certain qu'il allait penser que ce serait un double qui commencerait cette nouvelle danse de lames, je plongeai sur lui pour une attaque avant de finir de nouveau dans le brouillard, laissant la place à un double, puis un autre, puis je revins...

Tout en sachant que je ne pourrais pas jouer à cela longtemps avec lui. Ma fumée allait finir par l'empêcher de respirer correctement et le mettre à terre. C'était cela qui était dommage, j'étais et je resterai toxique pour un être vivant. Poursuivant mon manège, l'ange déchu entre mes griffes eut droit à de nouvelles blessures. Et sa foudre ne faisait que me chatouiller. C'était étrange de me dire que j'étais si puissant en fait... Avant de secouer la tête. Je ne voulais pas m'en rappeler, je l'oubliai pour une bonne raison.

-Alors, Maks' ? Vois-tu les différences ?

Parce que si, quand même, j'avais fait en sorte que mes clones soient légèrement différents de moi. Il fallait qu'il ait une vraie chance.

Tout de suite. Ce petit n'était vraiment pas observateur, surtout. J'étais même certain qu'il ne saurait pas voir si son ami prenait ou perdait du poids. Or les elfes en hiver avaient tendance à en perdre mais peu importe. Il préférait s'énerver et s'insurger contre ce que je lui disais alors que je prononçais des choses sensées. Ah, les élèves, ils devraient savoir souffrir en silence des fois. Il me connaissait pourtant bien assez que j'aimais les blagues et qu'il aurait dû se baser la dessus pour savoir... Il y avait quand même un clone avec une boutonnière !

Nul en observation.

En tout cas, Maks' cessa de jouer avec sa fumée mais il se mit néanmoins à essayer de me trouver d'une autre manière. Pas très efficace mais il était bon qu'il essaie encore et encore. Quand il se rendit enfin compte que ma fumée était plutôt toxique pour son corps. Il était temps quand même, n'importe qui se serait méfié non ? Il s'envola à nouveau et je restai parmi mes doubles dans la brume épaisse et mouvante. Je pourrais m'amuser à faire une liane pour le ramener au sol mais je voulais voir ce qu'il allait faire.

Et je ne fus pas déçu. Voilà une action brave mais inutile, par contre ! Pas que je me rendis inconsistant pour éviter tous ses éclairs qui tombèrent tout autour de moi. En fait, je faillis même en prendre un. Mais avec un portail, je l'évitai sans mal, dissipant ma fumée, ou plutôt la ramenant à moi alors qu'il se posait sur le sol, clairement épuisé. J'étais plutôt fier de lui, même s'il n'aurait eu aucune chance de pouvoir me faire du mal. Il s'était battu comme un dinosaure féroce.

Alors je l'applaudis de là où j'étais, assis sur le banc où il s'était installé plus tôt pour fumer sa cigarette. Sans mal, je lui repris la lame qui réintégra son emplacement dans la mallette. Tout sourire, je sortis une sucette et la lui lançai après avoir fait disparaître Rapière.

-Pas mal du tout, Maks'. En fait, elle était plutôt amusante cette punition.

J'en sortis une pour moi, la déballai et commençai à lécher, les yeux sur lui alors que ma montre bipait la fin des deux heures.

-Ta punition est terminée. Comment te sens-tu ? Avoue que ça fait du bien de se défouler.

Moi-même, je me sentais un peu plus léger même si j'en voulais encore à ce sale bébé Dragon pour son tour. Je n'avais pas besoin d'être aussi stressé à la fin. Et il avait intérêt à tenir parole, je n'avais pas envie qu'une guerre éclate dans Esperanza. Surtout que la bataille serait vite réglée puisque pas mal de personnes mourraient. Et malheureusement, je ne parierai pas sur la survie de mon vampire face à un Dragon et un esprit sylvestre. Enfin... Je m'étirai longuement, les yeux encore sur Maks'.

-Tu ne m'en veux pas trop ?

Je fis un sourire tout mignon.

-C'était un bon entraînement non ? Et si je peux me permettre une remarque, il faut vraiment que tu sois plus observateur. Plus instinctif.

-Moi sadique ? Pourquoi dis-tu cela ? Et oui, je suis gentil !

Il voulait me faire bouder ou quoi ? Si je m'étais réellement donné à fond, non seulement, il serait en sang mais en réalité, il ne serait même plus là pour en parler. Je ne lui avais donné que de légères estafilades, à peine quoi faire sentir une vraie douleur pour quelqu'un habitué à un entraînement à l'épée. Parce que j'avais pu le voir, il savait y faire. Bien sûr, il n'était pas du tout à mon niveau mais quand même, l'on ne pouvait pas dire qu'il était à la traîne non plus. Et puis, il n'avait pas vécu une guerre, le petit Maks'.

Et il aimait les sucettes. De toute façon, il faisait bien de le manger après la débauche d'énergie qu'il venait sciemment de faire pour essayer de me toucher. J'avouais tranquillement alors qu'il venait me rejoindre.

-Tu as failli me toucher avec ta foudre plus tôt mais si tu n'as pas réussi, c'est parce que j'ai fait un portail pour aller et venir jusqu'au banc. Mais tu sais faire dans l'impressionnant.

Après tout, ce n'était normalement pas tous les élèves qui sauraient être capables de faire une pluie d'éclairs. En plus, ils avaient été beaux. Rien à voir, l'esthétisme d'une attaque ne garantissait pas sa puissance ou sa précision mais je cherchais toujours à trouver les choses plus ou moins belles ou charmantes. Je savais que j'étais désespérant mais bon. Je doutais que l'on puisse me refaire maintenant. Au contraire. Et puis, au final, je me supportais bien comme ça.

-Oh, il m'a laissé un autre message pour toi, à te donner après le combat. "Retrouve moi à Félisiz dans la rue des Belles Rêveuses demain matin". D'après ce qu'il marmonnait, il avait besoin de toi.

Je léchai encore ma sucette en observant l'ange déchu qui préférait poser ses yeux sur la voûte céleste. Il avait raison de toute façon, le ciel était bien une chose qui pouvait consoler. De toute façon, je n'aimais pas être sous terre mais je ne le ferai pas savoir. On connaissait déjà mon poing faible à l'eau alors celui au souterrain... Pourtant, j'avais vécu dans une grotte, on me dirait mais ce n'était exactement pareil dans mon esprit. Il ne fallait pas chercher.

-Alors vivement que tu saches.

Je me permis de frotter les cheveux de Maks' avec un sourire. Il avait la force et la conviction, il saurait y arriver, même si ça pourrait lui prendre encore pas mal de temps.

-Ma fumée ? Je suis de la fumée, mais contrairement aux Génies, sur le long terme, ma fumée a tendance à être toxique comme un organisme vivant. Donc même si j'apparais comme avoir un corps, ce n'est pas... Comment expliquer... Je force mes molécules à le composer, de même que le sang. Quant à ma vraie forme, tu ne risques pas de la voir.

Déjà qu'Eirik l'avait vu et que je trouvais ce fait toujours aussi embarrassant que la nuit où cela était arrivé. Enfin, peu importe, mon vampire ne me demanderait sûrement pas de la lui montrer à nouveau. M'étirant encore un peu, je finis par me lever après avoir donné un jus de fruits au brun pour être sûr qu'il ait tout ce qu'il lui fallait en sucre. Puis je regardais le terrain de sport avec une sorte de sourire moqueur et dégoûté.

-J'ai toujours détesté courir. Dis-moi, comment va ta vie ces derniers temps ? On ne s'était pas vu depuis un moment.

Saël ? C'était qui Saël ? Je ne connaissais personne de ce nom. En même temps, tout le monde me dirait que je ne retenais pas les prénoms alors ça ne serait pas tellement étonnant que je ne reconnaisse pas. Rien que le nom de Maks', je ne m'en souvenais pas en entier. Trop long. Rien à voir avec les consonances mais quand ça semblait trop compliqué pour mon cerveau, il abandonnait alors que j'étais certain que ça se prononçait facilement. Et à côté de ça, j'étais capable de me souvenir du mot amyloïdose et de ce que cela signifiait sans mal. C'était juste n'importe quoi.

-Je ne connais pas ce Saël, je crois... Pour ton meilleur ami, je pensais que vous aviez déjà roulé dans le lit l'un avec l'autre.

C'était comme ça qu'on disait, non ? Et puis c'était quoi cette critique ?! Je n'étais pas désorganisé !! Au contraire, même, il n'avait pas honte de me sortir un truc comme ça ? A moins qu'il me cherche des haricots. Et il allait les avoir sur la tête et même dans les oreilles !

-Je suis presque un maniaque, alors, hein... Tu exagères, la preuve que je suis organisé, j'ai pensé à te prendre une lame ! Et même trois ! Il ne faut pas ranger mon système de pensées avec la façon dont je gère le reste de mon existence.

Ce serait comme dire que du chocolat, c'était forcément noir et amer tout le temps, partout, parce que c'était comme ça. Or, y'avait le chocolat au lait et le chocolat blanc. Enfin bon, je n'allais pas monter sur mes hamsters, ça ne servirait à rien et puis, il devait juste chercher à me taquiner. Même si ce sujet était un peu difficile pour moi parce que j'essayais d'être moins perdu avec moi-même parfois mais que je n'y arrivais pas. Sans doute que je ne le pourrais jamais. J'avais été brisé, trop de fois, les réparations étaient inutiles, on ne pouvait plus rien changer à cela.

Quant à Eirik... J'eus un soupir doux avec l'envie de me prendre un cachet. Mais non, pas devant un élève, jamais.

-Ça peut aller. On a eu d'autres problèmes à la fin de l'année scolaire... Il a failli me tuer... Il a failli mourir aussi. Mais on est là et on essaie de balayer le sol pour se retrouver... Je ne sais pas combien de temps cela prendra. Je suis tellement... fragile.

Peu importait combien je voudrais qu'il en soit autrement. Mais ce serait toujours le cas. Il pourrait me tuer. Je pourrais le tuer... Le pouvoir justement. Je ne savais plus si j'aimais les conséquences ou non qu'offrait la puissance, quelle qu'elle soit. C'était horrible de se dire qu'il était si facile de détruire l'autre. Des mots, des gestes... Un regard. Et je me perdais dans de sombres pensées ma foi. Sûrement que l'idée de finir enfermé dans une lampe encore une fois m'avait bien secoué.

-J'espère que ton couple n'aura pas autant de difficulté que le mien. C'est facile de dire je t'aime. C'est difficile de tout garder debout et de savoir encore construire. Alors sois prudent, hein. Rien n'est acquis.

Sourire en coin. Je regardai Maks'.

-Sache être heureux et profite de chaque seconde.

Eh ben, sa relation avec son ami restait vraiment compliqué on dirait. Mais ça finirait par s'arranger, les gens détestaient quand c'était trop complexe pour rien. J'étais certain que la prochaine fois, j'aurais des nouvelles différentes de cette histoire. Quant à être un mystère ambulant, il exagérait. Je ne me trouvais pas si surprenant à la fin. Oui, j'avais parfois des monologues qui semblaient incohérents mais ce n'était pas ma faute si personne ne voyait les liens logiques que je faisais entre une poule et la voûte céleste.

-Je dirais que je compense justement la diffusion de mes pensées par des rangements assez carrés pour que tout ne soit pas un foutoir. Et puis, je ne vis pas tout seul. Eirik m'en voudrait si notre maison était un gigantesque bordel.

Ah, tiens, il était le premier à qui je disais que j'habitais enfin avec mon vampire. Je ne savais pas si Maks' le relèverait mais bon, son inconscient le retiendrait sûrement. Puis mon cher ami élève me surprit. Ouah, mais c'était qu'il se faisait sage ce petit. Se frotter tous les jours à un elfe arrangeait sa façon de voir les choses, c'était intéressant de constater qu'il évoluait, tout en ayant peur de perdre cet homme pour lequel son cœur battait atrocement vite.

J'écoutais la suite en me retenant de sourire, pour ne pas l'irriter et rater sa petite "leçon". Ah, les enfants... Quoique, j'osais penser cela mais j'en étais toujours un. En même temps, les adultes étaient tellement tristes en plus d'avoir des avis trop arrêtés à mon goût. Cependant, nous n'étions pas dans la même catégorie d'enfants. Il avait encore une innocence que j'avais perdu. Et je lui souhaitais de tout cœur de la garder. J'essaierai de le protéger de mon côté.

-Oui, il tient à moi. C'est juste que ce n'est pas facile tous les jours, tout simplement. C'est un râleur face à un mec enjoué qui a mille pensées à la seconde et qui peut sortir tout et n'importe quoi sans prévenir. Il n'en reste pas moins qu'on s'aime. On s'apprend encore cependant et tu verras que toi aussi, tu auras bien des choses à apprendre.

Je lui frottai gentiment la tête.

-Comme comment ton elfe aime son café ou son thé le matin. Les petits détails sont ceux qui rendent les plus heureux, étonnamment. Parce que tu sais que ces choses là, tu es les seuls à les voir mais qu'elles importent quand même.

Je me levai, récupérai ma mallette pleine de mes lames. Il était temps de rentrer et Maksimilian devait se soigner et se reposer après cela. Il semblait bien tenir la douleur mais il n'en restait pas moins qu'elle finissait par saper les forces et le moral sur le long terme. Lui tapotant une dernière fois l'épaule, je lui donnai dans le mêmes temps des antidouleurs, cela lui rendrait service. Puis je me dirigeai vers la sortie.

-Je sais que tu es là, sacripant. Et la prochaine fois, évite d'avoir des ennuis avec le bébé Dragon ! Merci !

J'allais enfin pouvoir m'occuper de ma bibliothèque. J'espérai qu'il n'y avait pas eu de grabuges en mon absence...