Il faisait particulièrement froid aujourd'hui mais il ne neigeait pas encore. Pourtant, j'avais hâte, il y avait tellement d'activités à faire en hiver et je voulais profiter de toute malgré le fait que je pouvais tomber facilement malade. Je voulais ce beau tapis blanc qui me rappelait les seuls vacances au ski que j'avais eu avec mon papa. Je ne savais pas exactement combien de temps il avait passé à batailler avec ma maman à ce sujet mais ça avait été...

Mais cette année, Noël, je le fêterai avec Eirik et j'espérai qu'on s'amuserait bien. Avec sa possessivité et son refus de me voir malade, j'étais bien plus couvert que je ne l'avais jamais été en cette saison. Et ce, même sur mon lieu de travail plutôt calme ce jour là. Plus les vacances approchaient, plus j'avais du mal à tenir en place. Je voulais que la neige tombe que je puisse enfin faire de la luge dans les couloirs. En réalité, j'avais même mille et un rêves pour ces fêtes de fin d'année et les joies que je devrais pouvoir connaître.

Alors que j'allais prendre ma pause, je reçus un coup de téléphone de l'accueil me disant que quelqu'un m'attendait au portail. Quelqu'un ? Pas Alphonse, j'espérais, Eirik le tuerait le pauvre... Et puis je ne me souvenais pas lui avoir dit où je travaillais. Réfléchissant à ce sujet, je me dirigeai donc vers l'entrée de l'école. Et à la moitié du chemin, je sus qui. Je commençais à paniquer, pourquoi, pourquoi maintenant ? Je sortis mon portable pour envoyer un message à mon vampire et je continuai ma route jusqu'à la voir.

J'avais un sourire sur les lèvres qui ne tromperait personne et surtout pas elle quand je la vis. Elle était toujours aussi belle... Elle me toisait avec ses somptueux yeux rouges tandis que sa chevelure rousse flottait dans le vent. Sa tenue était quelque peu inattendue, maman était davantage tournée vers les tenues arabes mais ce style européen ne lui enlevait aucun petit bout de sa magnificence. Elle esquissa un sourire mauvais et je me ne pus que me dire que je préférai celui d'Eirik à celui de ma maman.

-Bonjour maman, sois la bienvenue. Tu es toujours aussi belle. Comment vas-tu ?

Il y eut comme une dizaine de secondes de flottement comme si elle envisageait l'idée de me répondre ou non.

-Qu'est-ce que tu fais debout devant moi ?

Immédiatement, je baissai les yeux et me laissai tomber sur les genoux. Ça pouvait paraître lâche à quelqu'un qui passerait par là ou tout simplement ridicule, mais je savais ce que je risquais si je n'obéissais pas de mon plein gré et je n'avais pas tellement envie de souffrir alors tant pis pour ce que pourrait en penser d'autre, je ne voulais pas être puni ici, en public.

-Pardon maman, je ferai plus attention.
-Voilà qui est mieux.

Elle me tendit sa main sur laquelle je déposai un baiser tout en douceur avant de me prendre une gifle qui ne me faisait bien plus mal au cœur qu'au corps.

-Ainsi donc, c'est là que tu travailles... Je me demande bien pourquoi tu as été engagé dans un établissement qui semble aussi prestigieux.

Comme elle n'attendait pas de réponse de ma part, je reste les lèvres scellées tout en imaginant des manchots et des pingouins en train de danser au sommet du Mont Blanc. Il fallait que je puisse me distraire mais pas trop non plus parce que si je ratais un de ses questions, j'allais être mal, encore. Et puis je sentis une aura que je connaissais très bien à présent. Comment allait-il réagir ? Sûrement mal... Mais j'osai espérer qu'il ne commencerait pas de suite une dispute avec ma maman.

-Tiens donc, un être en approche.

Et maman se mit à me caresser les cheveux comme si j'étais... son petit singe. Et sûrement que je l'étais à ses yeux.

Maman d'Ambroise : Kalaya:

Et dire que j'avais cru qu'au départ, Eirik aurait tout de même un peu de retenue. Mais en réalité, pas du tout. Son aura sonnait comme un véritable cri de guerre, je sentis maman me griffer le cuir chevelu avant de me relâcher. Sans lever les yeux, impossible de dire si elle était amusée ou autre. Je n'étais même pas sûr de vouloir savoir. Eirik se rapprochait vite, au point que j'avais l'impression qu'il était en train de courir. Mais en même temps, s'il le faisait vraiment, ce serait plutôt bête de sa part. Il ne fallait jamais donner des munitions à ma maman. Elle n'hésitait jamais à tirer.

-Intéressant...

Bien sûr qu'elle trouverait ça intéressant... En tout cas, quand Eirik s'arrêta près de moi, je ressentais tout le mépris qu'il éprouvait envers ma maman. C'était lourd, massif et il n'avait pas l'intention de s'en cacher, c'était clair. Là, j'étais certain que maman souriait. Qu'un homme puisse oser lui montrer une telle façade ne ferait que l'amuser. La voix de mon amant fut implacable en tout cas et je détestais la situation parce que je ne savais pas à qui obéir. Bien sûr, le lien me poussait à obéir à Eirik mais des années d'éducation me poussait à avoir peur de ma maman.

-Je ne veux pas...

Je ne pus finir ma phrase que déjà Eirik me remettait debout sans que ce soit malgré moi, néanmoins. Le chemin menant au portail était assez dur et mon pantalon ne m'avait pas protégé d'un sale caillou qui faisait sa vie là. Je me mis derrière mon vampire, action un peu puérile.

-Quelle politesse, quelle habilité dans l'art de manier les mots... Comme c'est pitoyable.

Je grimaçai en entendant ma mère dire ça. J'essayais de calmer un peu le jeu.

-Maman, je te présente Eirik Ishi...
-Tais-toi.

Evidemment. Je serrai la veste de mon vampire, essayant de trouver comment calmer le jeu.

-Un vampire et un sang pur. Comme quoi, quand tu veux, tu n'es pas totalement pathétique. Et je suis sa mère quant à être une "mégère" comme vous le dites si bien, je ne trouve pas. Il est vivant et en bonne santé, non ?

Maman avait l'air presque détaché en disant cela. C'était tout elle, quand il s'agissait de moi, il y avait peu d'émotions impliqués en elle. Surtout une sorte d'affection qui se muait très vite en envie de faire souffrir.

-Et je viens voir mon fils quand je veux, vampire. Qu'il vous appartienne ou pas. Le peu de droit que vous avez sur lui, je pourrais facilement vous les enlever. Il suffirait de quelques manœuvres de vœux et le tour serait joué.
-Maman, s'il te plait...

Je savais qu'elle en était capable. Je serrai encore plus fort la veste d'Eirik pour le retenir au cas où. Elle était tellement plus puissante, le simple fait qu'elle se balade dans cette tenue en plein hiver le prouvait. Je ne voulais pas qu'Eirik risque sa vie.

-Je t'en prie, ne fais pas de bêtises... Maman, je te promets que j'ai été très sage.

Traumatisé ? Il y allait un peu fort, j'étais juste... très bien éduqué ? Peut-être un peu trop docile et soumis avec maman mais c'était maman. Il n'y avait pas d'explication à donner, elle m'avait mis au monde, elle pouvait plus ou moins faire ce qu'elle voulait de moi quand j'étais enfant. Plus maintenant, par contre, c'était vrai. J'étais bien plus à Eirik qu'à elle désormais et l'idée me réchauffait un peu. Parce que maman regardait Eirik avait une sorte de mépris insolent qui faisait descendre la température alors que pourtant, elle ne maniait pas la glace.

-Pourquoi aurais-je honte face à un sauvage qui n'a clairement reçu aucune éducation. Au moins ce petit crétin sait se tenir à carreaux quand il le faut.

Je tiquai un peu, je détestais quand elle s'attaquait à mes facultés mentales. Déjà que je ne pensais pas comme tout le monde et que j'avais parfois du mal à m'y retrouver... Je n'avais jamais accepté les remarques à ce sujet et émis d'un ton boudeur.

-Je ne suis pas crétin.

Elle ne m'adressa même pas un regard, trop concentré sur Eirik qui n'en avait visiblement pas fini. Je regrettai presque de l'avoir appelé parce que j'avais l'impression qu'ils allaient s'étriper là, devant tout le monde.

-Je ferai ce que bon me semble. Cependant, je vais vous le laisser assez longtemps pour que cela fasse très mal quand je vous le reprendrai.

Je souhaitais de tout cœur qu'elle n'y arrive pas, pour une fois que j'étais heureux, je ne voulais pas qu'elle gâche tout parce qu'elle était... elle. Je ne la comprenais pas, si elle avait quelque chose à me reprocher, pourquoi ne me le disait-elle pas tout simplement ? Peut-être que depuis tout ce temps, j'aurais pu améliorer les choses... Je laissai Eirik me forcer à le lâcher, je ne pouvais pas avoir l'air de le combattre devant maman. Il se montrait depuis le début comme le dominant, si je mettais réellement son autorité en cause, elle allait le descendre et là... Même si j'avais beaucoup de mal avec les propos d'Eirik. Je n'aimais pas du tout qu'ils s'insultent... Je sursautai un peu quand mon vampire me réprimanda. Evidemment...

-Je sais...

Et j'étais fatigué de savoir que la situation n'allait pas s'arranger. Il fallait que je réussisse à les traîner chez moi et que je mette le fameux parfum que j'avais acheté. Avec ça, ils s'enverraient sûrement des pics mais au moins, ils ne se tueraient pas l'un l'autre. Je faillis glapir quand Eirik me choppa par la nuque pour me remettre devant lui. Que je parle de... Mais maman n'allait pas me laisser parler ! Elle ne le faisait jamais.

-Vous voulez qu'il s'exprime ? Eh bien Ambroise, vas-y mon petit, dis-moi tout. Maman t'écoute.

J'avais juste envie de courir loin d'ici en entendant ça. Elle arrangea sa tenue d'un air nonchalant, attendant que j'émette quelque chose. Je jetai un œil à Eirik qui ne lâcherait sûrement pas le morceau. Je me léchai les lèvres. Je n'étais pas courageux. Mais pour une fois, j'allais faire un effort. Parce que mon vampire me le demandait.

-Je veux rester avec Eirik et je veux rester le sien. Je l'aime et je voudrais que tu ne gâches pas tout pour une fois. Je sais que tu me détestes autant que je t'aime mais s'il te plaît... Je ne t'embêterai plus jamais s'il le faut... S'il te plaît... Sois juste une vraie maman pour une fois.

J'avais les larmes aux yeux mais je refusais de pleurer. Elle me regardait sans laisser paraître la moindre émotion.

-Tu ressembles tellement à ton père. Aussi sentimental que lui. Tu promets de ne plus jamais me contacter ? De ne plus jamais essayer de me voir ?

J'hochai la tête. Si elle tenait tellement à ce qu'il n'y ait plus rien entre nous... J'avais essayé de la rendre fière. Mais visiblement, rien de ce que je pourrais faire ne suffirait. Elle changea alors de visage, jouant un nouveau rôle.

-Mon cher Eirik, je suis contente que mon fils ait trouvé un si beau parti. Félicitations.

J'avais l'impression que je n'allais jamais cessé de saigner de l'intérieur.

-Venez à la maison, il y fera plus chaud. Je te laisserai ma chambre maman et j'irai dormir chez Eirik.

Je m'efforçai à sourire et je pris la main de mon vampire pour l'entraîner avec moi. Juste que ça marche jusqu'à demain. Juste que ça marche...

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