C'était qu'elle avait tenté de m'échapper, ma foi. Mais peu importe sa vitesse, ça ne servait à rien quand je pouvais remplir la pièce de fumée plus vite que sa vélocité vampirique. En vérité, il aurait simplement suffi que je me laisse "exploser" et elle aurait fichu. Mais la voir essayer de fuir m'avait amusé et puis c'était une partie de ma vengeance. Je n'avais pas fait exprès de gâcher mon chocolat sur elle, c'était pour l'elfe de mon ami normalement. Alors ce qu'elle avait fait, c'était juste de la méchanceté gratuite. Et personne ne m'en voudrait de la remettre un peu à sa place.

Par contre, son air plutôt intrigué face à mon pouvoir me fit vraiment me demander combien de créatures elle avait bien pu rencontrer. Pas assez, sinon, elle n'aurait pas aussi facilement pensé qu'elle pouvait me traiter comme ça sans aucunes représailles ensuite. J'ouvris la porte de sa chambre comme si c'était parfaitement normal que je me permette de mettre les pieds dans la chambre d'une fille. Techniquement, ça ne l'était pas mais de ce que je savais, le croque-mitaine ne se gênait pas pour gâcher le sommeil de tous dans leurs chambre filles comme garçons alors pas alors pas de raison que je le fasse. En plus, je n'avais aucune idée perverse.

J'avais assez de ce que me donnait Eirik.

-Si vous trouvez cela bien comme moyen de transport, qui suis-je pour dire autre chose... A par votre futur bourreau pour quelques minutes.

Elle semblait essayer de m'énerver mais elle ne devait pas se douter que c'était tout de même un peu compliqué de pouvoir me faire sortir de mes bocaux de confiture. Ou de mes volets de fenêtres... Ou de mes gonds de portes... Argh, fichues expressions idiomatiques ! Aucune importance. Par contre, il fallait tout de même que je la remette à sa place. J'étais quand même un adulte ici, en charge d'une partie de son éducation et je ne pouvais pas décemment la laisser s'en sortir sans punition. Il fallait juste que je ne sois pas trop dur... Et que je n'oublie pas qu'elles étaient deux dans ce corps...

Ce qui me compliquait un peu la tâche.

-Et je ne vous permets pas de me tutoyer. Je reste un responsable et vous êtes une élève.

Si Maks' avait le droit, c'était en dehors de tout trait scolaire et j'étais sûr qu'il en était conscient. Tandis qu'avec cette partie de la personnalité de mademoiselle Andar, donner la main, ce serait se faire manger l'oeil. Ou l'épaule... Le bras... La jambe ? Pfff, peu importe là encore, je me comprenais. Je refermai soigneusement la porte et me diriger vers la salle de bains tout en retirant avec des mains de fumée les chaussures et chaussettes de la demoiselle. Elle voulait un bain, elle allait en avoir un. Mais plutôt humiliant.

Je n'entrai pas dans la pièce, fermant même la porte quand elle fut dans la cabine et je laissai ma fumée faire. Comme celle que j'allais utiliser n'était pas rattaché à moi, je ne sentirai rien en la "touchant". Organisées, des dizaines de mains la dépouillèrent de ses habits tandis que deux la maintenaient coller au mur par les poignets au-dessus de sa tête. De l'eau chaude, pas trop non plus, se mit à dévaler sur sa peau, nettoyant sûrement le chocolat. Et alors que des mains commençaient à la laver comme si elle était un gros bébé, d'autres se mirent à la chatouiller, même sous la plante des pieds.

Je devais rester concentré pour que les mains ne s'effacent pas à cause de l'eau mais ça en valait la peine.

-Voyons combien de temps vous allez apprécié la douche.

Assis sur le lit, je savais déjà que je ne raconterai pas cela à Eirik... Une main vint lui mettre une bonne fessée mais je faisais attention à ne pas exagérer. Un c'était une fille, deux c'était une élève, trois j'avais sommeil, quatre il me restait des bonbons, cinq le ciel était beau ce soir, six les insectes avaient trop de classes, sept... Quel était le point de départ déjà ?

-Vous excusez-vous ?

Tout de même, la partie méchante avait un sacré cran pour m'inviter à venir me doucher avec elle. Elle était aussi un peu cinglée parce que je lui avais tout de même dit que j'étais en couple avec un autre vampire. Et que s'il y avait bien une constante chez ceux-là, c'était d'être très possessif, encore plus envers leur Primero, celui qui était lié au sang avec eux. Eirik n'aurait eu aucun remord à la tuer si elle m'avait touché de façon déplacé. Déjà que ça ne l'aurait pas dérangé tout court juste parce qu'elle m'avait plus ou moins ennuyé. Clairement, je ne pourrais pas lui raconter tout ça...

Je me sentis rougir quand elle me cria de continuer, du coup je cessais tout de suite la fessée. Pourquoi toutes les personnes autour de moi trouvait ça excitant de se faire taper hein ? Il n'y avait que moi qui n'était pas réellement masochiste mais qui faisait des efforts ? C'était pas croyable ça tout de même, elle avait vraiment un grain d'haricot rouge sec dans le cerveau cette deuxième personnalité. Je préférai la première.

D'ailleurs, après ça, elle cessa de se faire entendre et puis... Mais c'était quoi ce hurlement ?! Je sursautai violemment et me levai du lit, très perplexe tout en réfléchissant. Et quand la boule à facettes se fit, je me passais une main sur le visage en marmonnant.

-Non, pitié, elle n'a pas fait...

Mais quand j'entendis les excuses, cette voix complètement différente, je compris que si, la deuxième personnalité s'en était retourné à l'intérieur pour faire souffrir la première. De suite, je fis disparaître mes mains de fumée, sûr qu'elle allait glisser sur le sol de la cabine de douche, la pauvre demoiselle.

-Ce n'est pas de vous que je voulais des excuses, mademoiselle Andar... Je suis navré qu'elle se soit repliée en vous. Mais les méchants sont toujours comme ça, des lâches quand ils voient qu'ils ont perdu et qu'ils ne veulent pas l'assumer.

J'étais à présent debout devant la porte, un peu bouleversé bien que cela ne s'était pas entendu dans ma voix. Après tout, j'étais persuadé que l'autre ne dormait pas réellement, le changement s'était fait trop vite. En fait, ce n'était pas exactement un dédoublement de personnalité tel que le connaissait les psychiatres humains puisque l'une avait conscience de la présence de l'autre et vice verso... Ou vice versa... Recto versa... Recto verso... Ah, ce n'était pas grave et pas le moment ! J'avais sûrement une vampire en pleurs derrière la porte.

-Je suis aussi navré pour vous que votre autre personnalité agisse comme une sale peste inconsciente. Je voulais la punir mais j'ai mal choisi la punition... Je ferai bien plus attention la prochaine fois.

Il faudrait juste que je n'oublie pas que même s'il y avait deux personnalités, il y avait deux corps. Je fouillais dans le placard, il n'y avait pas encore ses vêtements personnels mais au cas où, il y avait toujours une tenue de service. J'ouvris la porte, lui déposa le pyjama sur le bord du lavabo sans bien sûr jeter un coup d’œil à l'intérieur. Déjà que je l'avais blessé sans le vouloir... Grrr, c'était rageant quand même.

-Sortez quand vous vous sentirez mieux...

J'allais lui chercher du thé et des petits gâteaux avant de revenir à sa chambre. Ça pourrait la consoler un peu. Je mis le tout sur le bureau, soupirai à cause de la pluie. Je n'étais pas prêt à affronter ce déluge, alors j'allais faire de mon mieux pour qu'elle aille mieux elle.

Vraiment, ce n'était pas juste. Je m'assis en tailleur contre le lit en attendant, une tasse de thé entre mes mains pour réchauffer me doigts.

Quand elle sortit enfin de la salle de bains, elle avait l'air... complètement atteinte moralement. Bon sang, son autre personnalité était vraiment très vilaine et j'aurais voulu avoir y penser plus tôt qu'elle agirait de cette manière. Les méchants fuyaient toujours, je le savais normalement. Et quand elle fondit en larmes... Je me mordis la lèvre et laissai ma tasse de thé pour m'approcher d'elle lentement. Je m'agenouillai pour finir à sa hauteur tout en faisant venir un gant humide pour essuyer le sang qu'elle était en train d'étaler. Visiblement, elle s'était fait du mal... Bien que je pensais savoir pourquoi, ça ne me réconfortait pas. Je lui donnai mon mouchoir en tissu, tout propre.

-Tenez... Shh, ne vous mettez pas dans un tel état, mademoiselle Andar... Ne la laissez pas gagner en vous effondrant.

Je préférais ne pas la toucher parce que bien évidemment, c'était en partie cela qui l'avait "aidée" à être dans un aussi sale état.

-Ecoutez, il est clair qu'elle a été très offensé par votre souhait, ce qui est malheureux pour vous... Mais vous devez vous calmer parce qu'actuellement, je ne doute pas qu'elle soit ravie que vous soyez ainsi. De plus, je sais à présent combien il me faudra être prudent.

Je fis venir la tasse de thé et la lui tendit.

-Ne désespérez pas. On finit toujours par savoir trouver une force dans son handicap, quel qu'il soit.

Quoi ? Qu'est-ce que j'avais dit de mal pour qu'elle me regarde comme ça ? Déjà qu'elle avait ri... Par ailleurs, elle avait réellement peur de ma fumée maintenant... La pauvre, ce n'était pas ce que j'avais voulu mais quelque part, c'était sans doute mieux puisqu'elle était toxique même pour les vampires à long terme. C'était aussi pour cela que j'évitais de trop prendre ma forme de fumée autour de Eirik. Il avait beau s'envoyer des cigarettes toute la journée, ça n'aurait jamais les mêmes conséquences que moi sur son organisme.

En tout cas, je n'étais pas fou... Ou du moins, je n'étais pas assez fou pour qu'elle se mette à m'observer de cette manière ! C'en était presque vexant et j'avais presque envie de la taper sauf que bien sûr, j'en avais déjà assez fait comme ça. Je la laissai donc boire son thé en sirotant le mien, mangeant les petits gâteaux que j'avais apporté tout en laissant le silence prendre place. Elle avait l'air sérieusement secoué mas finit par soupirer de lassitude. Et je me sentais tendu, il allait se passer un truc pas net, je le sentais venir gros comme une maison.

Parce que d'un seul coup, elle me fonça dessus à quatre pattes comme un animal ou un bébé et se blottit littéralement contre moi. J'écarquillai les yeux de surprise alors qu'elle s'excusait et s'endormait sur moi. Par les graines scientisme de l'espace... Heureusement que Eirik n'était pas là, il lui aurait purement et simplement tordu le cou à la petite. Je restai raide, me méfiant un peu parce que son autre personnalité pourrait avoir envie de montrer de nouveau le bout de son nez et je n'en avais pas tellement envie.

-Je sens qu'avec vous, la vie va devenir compliqué mademoiselle Andar.

Avec quelques difficulté, je réussis à la mettre au lit, laissant ma fumée tout ranger. Surtout la salle de bains, il était clair que quand je l'avais laissée seule, elle avait voulait tout détruire pour se calmer. Finalement assuré que tout irait bien maintenant qu'elle était dans un profond sommeil et bien au chaud - j'avais rajouté deux couettes sur elle pour être sûr de ce fait, en plus des couvertures habituelles - je notai quelque chose qu'elle pourrait lire à son réveil.

"Mademoiselle Andar,
Je vous ai laissée après que vous soyez tombé endormie sur moi, non sans avoir tout rangé. Faites bien attention à vous et sachez que vous avez mon soutien. Si vous avez besoin de conseils de la part d'un vampire, je vous conseille d'aller voir Shintarô Ishirama ou Eirik Ishirama, respectivement professeur de musique et professeur d'histoire.
En ce qui concerne votre seconde personnalité eh bien... Qu'elle se rappelle qu'elle n'ait pas toute puissante ici, loin de là. Et qu'il y en aurait qui n'aurait aucun scrupule à vous faire souffrir toutes les deux.
A la prochaine,

Ambroise Poitiers, bibliothécaire d'Esperanza."

Et je préférai filer avant d'avoir à affronter une nouvelle crise... Très sérieusement, je préférai quand c'était moi qui les faisait.


[RP terminé]