J'avais eu comme une fringale... Ça m'arrivait beaucoup ces derniers temps, à croire que travailler comme je le faisais me prenait beaucoup d'énergie. En fait, ça devait être le cas puisque de ce que je savais, maman n'avait pas d'emploi hormis être un djinn. Qui était déjà un emploi à plein temps en réalité. C'était comme d'être un démon, à mes yeux, ce n'était pas seulement une race mais aussi une fonction. J'avais d'ailleurs sérieusement étudié le sujet à une époque et j'avais fait une petite thèse dessus... Elle devait être perdu quelque part dans le reste de mes études terminées.

Mais pour en revenir à la situation présente, j'avais eu faim. Et comme j'avais entendu parler d'un cours de cuisine qui avait eu lieu plus tôt, je m'étais dit qu'il y aurait certainement quelque chose à manger. Pas mal de créatures dans l'établissement n'avait pas l'air très sucré et de ce que j'avais ouï, ils avaient fait des choux à la crème. Et mon estomac avait parlé pour moi. Sans compter que franchement, il était un peu tard dans l'après-midi et que j'avais oublié de déjeuner. Comme souvent en fait.

J'étais donc aller dans la salle arrière et j'avais ouvert les frigos. Content de trouver des choux à la crème... Et non pas des choux-fleurs à la crème. Quoique c'était bon mais présentement, je n'avais pas tellement envie de légumes, même verts. Quelque chose me poussait à me méfier d'eux... Je faisais des rêves bizarres -pas que je rêvais normalement... Ça voudrait dire quoi rêver normalement en plus ?- où des légumes essayaient de me manger ! Une vengeance de leur part ?

Avec mon plateau, je revins dans la salle de cuisson où je pourrais m'asseoir pour manger. Sauf que là, je restai perplexe. Eirik avec un surveillant. Eirik en train d'embrasser un autre homme. Mon vampire en train de vouloir se nourrir. Je penchai la tête en déposant le plateau. Ce qui sembla faire assez de bruit pour faire signaler ma présence au neigeux... J'avais envie de jouer avec ses cheveux... Tiens, je faisais des rimes !

-Bonjour ! Tu veux un chou à la crème ?

J'en pris un et mordis dedans, mâchonnant sans complexe avant de me lécher la lèvre pour enlever le surplus qui était resté dessus. Je saisis ensuite la chantilly que j'avais trouvé et j'en rajoutai avant de mordre à nouveau dedans. C'était amusant quelque part de voir comme l'autre jouait les sangsues alors que c'était Eirik le buveur de sang. Je me demandais ce que mon vampire pouvait faire ou dire pour les exciter de cette façon...

-Il a l'air plus facile que moi à exciter... Je devrais être jaloux tu crois ?

Je continuai à sourire détendu. Enfin si, quand même, la situation était un peu bizarre mais je voulais voir si ça allait vraiment me faire tout drôle de voir Eirik allait plus loin avec le surveillant.

-Continue si tu as faim, je vais m'étudier moi-même. Je veux savoir si j'aurais envie de le taper ou de te taper ou si je vais juste me sentir comme un voyeur pervers... Je peux être pervers, moi ?

Je penchai la tête pour réfléchir à cette idée. Sans doute que je pouvais dans la bonne occasion et le bon contexte. Je plongeai mon index dans la chantilly, suçota mon dos en réfléchissant encore. Je regrettai de ne pas avoir pris le coulis de cerise. Je repartis le chercher et je revins, les lèvres barbouillées de rouge, la bouteille à la main. J'espérais quand même ne pas trop perturber Eirik, les repas, c'était important.

Hum, j'avais comme l'impression de l'avoir énervé. Je ne savais pas trop pourquoi cependant... M'étais-je trop distancié de mes possibles émotions en le voyant avec un autre et que du coup, ça le contrariait ? Tout de même, si c'était ça, il avait la pomme d'api. C'était plutôt tant mieux que je sache faire la part des choses non ? A moins qu'il adorait l'idée que je puisse être jaloux... Sauf que, comme je savais qu'il ne m'aimait pas... Ça pourrait paraître bizarre -à tous les coups, ça l'était sûrement- mais le fait qu'il ne soit pas amoureux ou quelque chose d'approchant ne me donnait pas l'envie d'être jaloux... En fait, en y réfléchissant, ce n'était pas qu'il touche un autre le problème, mon souci aurait résidé dans la possibilité qu'il puisse aimer quelqu'un comme ou même plus que moi. Mais comme on en était pas là.

-Ça te ferait peur que je devienne un pervers ? Pourtant, ça a l'air de plaire à beaucoup de gens la perversité...

Tout en continuant mon repas improvisé, maintenant assis sur une chaise haute, j'observai Eirik faire monter... Faire monter quoi en fait ? Une proie était meilleure quand elle était excitée ? Parce que le sexe du surveillant semblait vouloir percer son jean. J'eus une image très étrange en tête et je l'éloignai au plus vite tellement elle était sale.

-Désolé d'être lent à réagir... Peut-être parce qu'il faut que je m'habitue...

A l'idée que mon vampire ait envie de moi. J'avais beau le savoir intellectuellement, émotionnellement, c'était pas encore ça.

-J'aime pas qu'il joue avec tes cheveux.

Je continuai à dévorer la chantilly, plongeant mon index dedans régulièrement. C'était drôle, j'avais l'impression qu'Eirik exagérait la mise en scène. Essayait-il de faire l'acteur pornographique ? Ça serait quelque chose de le voir dans un tel film. Mais ça serait aussi plus sanglant non ? Pourquoi était-il aussi gentil ? Il n'avait même pas vraiment l'air du prédateur qu'il pouvait être et franchement... Eh ben j'étais déçu et presque boudeur. Où était passé son air si féroce ?

-En fait, je m'ennuie, t'as l'air d'un chat qui a perdu ses dents. T'as même pas l'air un peu méchant.

Tant pis s'il le prenait mal, mais je m'ennuyais. J'avais pensé être fasciné, au final, je regardai une espèce de scène érotique mal jouée. J'allais sûrement aller chercher un autre truc à manger s'il continuait.

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Oh oh... J'avais eu raison en me disant que j'allais me rajouter des ennuis et ils ne tardèrent pas du tout. Eirik n'avait vraiment pas apprécié ma remarque. Pourtant, je n'avais pas essayé d'être méchant, juste de dire la vérité. Voir le surveillant partir me fit ressentir un truc mais je n'eus pas du tout l'occasion d'analyser ce que c'était parce que je venais d'être littéralement hypnotisé. Là, il était tellement... lui. Je ne voyais pas comment expliquer ça autrement mais j'adorais quand Eirik était... Eh bien lui.

Sans même en avoir réellement conscience, j'avançai ma main pour caresser sa joue, me blesser sur une de ses canines. Ça n'était pas bien prudent de ma part mais j'avais ressenti le besoin de lui montrer qu'il était bien mieux comme ça. Son masque gâchait tout des fois. Heureusement, même si c'était souvent à mes dépends ensuite, j'arrivais à le faire sauter. Comme quand je jouais à saute-moutons avec les nuages quand j'étais sous forme de fumée. C'était l'un de mes jeux préférés.

-Là, tu es tellement beau. Tu parais tellement plus... Tout.

Pas sûr qu'il comprenne mais comme je me comprenais, ça m'allait bien. Même son sourire qui aurait dû me faire trembler ou au moins me faire savoir à quel point j'étais dans les ennuis ne me gêna pas. Au contraire, il pouvait continuer à sourire comme ça longtemps ! Comme le chat de Cheshire ! Ça me rappelait que je n'avais toujours pas fait la chasse à mon main coon. Hum, peut-être après...

Et puis je fronçai les sourcils et enterra mes doigts dans ses mèches. Là, il était méchant. Il savait que j'avais un faible pour ses cheveux. Bon, aussi pour ses flancs mais je n'allais pas lui dire, il ne pourrait plus entrer dans les ascenseurs... Il ne pourrait plus passer les escalators... Il ne pourrait plus passer les portes... Quelque chose comme ça.

-Qui ça ?

Et la suite me choqua. Il avait vraiment trouvé quelqu'un d'autre. Ma main retomba sur la table comme inanimée. Peut-être que je m'étais évanoui. J'avais envie de pleurer même si techniquement, ça m'était impossible, juste que j'en connaissais l'envie et que si j'avais été un djinn plus puissant, j'aurais pu. Qu'est-ce que j'avais si mal fait ?

-Si c'est ce que tu veux...

Tiens, j'avais la voix cassée maintenant... J'étais malade ? Dans ce cas là, je ferai mieux de rentrer alors. Je me levai doucement et je contournai la table entre nous. Je le saisis par le cou et je l'embrassai. Si c'était la dernière fois que je le voyais, autant avoir un souvenir.

-Je veux que tu sois heureux, moi... Si je ne suis pas suffisant, tant pis pour moi...

J'avais dû rater un épisode, non ? Je réclamais un dernier baiser et Eirik me retenait. Il faudrait savoir à la fin ! J'aurais dû me débattre mais étant donné l'estime de soi que j'avais, j'en étais incapable en fait. Je voulais juste me changer en fumée dans un coin -une toute petite boule invisible- et attendre que ça passe. En tout cas, j'étais coincé entre lui et la table et je ne comprenais plus vraiment où il voulait en venir. Je voulais un hippopotame vert qui fumerait avec moi... Sauf que mon... Ah ben non donc le vampire soupira. Parce que j'avais fait autre chose aussi ?

Attends, il avait fait ça pour me faire payer mon audace ? Quelle audace ? Je n'étais pas du genre courageux, moi, j'étais même du genre à me planquer en premier, tant pis pour les autres. Après, je n'avais pas si facilement peur vu que je passais mon temps à être ailleurs mais quand j'étais apeuré, c'était pour de vrai.

-Mais les inconnus s'en souviennent pas non ? En général, ils sont même morts...

Je ne voyais pas pourquoi Eirik se forcerait à garder des proies en vie. Bon, le surveillant, il était plus ou moins obligé, normalement, on était pas sensé pouvoir tuer dans l'école. Même si j'avais entendu une histoire bizarre à ce propos...

-Je pensais que tu aimais que je sois honnête... J'aurais dû mentir ?

Je ne savais pas mentir correctement mais s'il voulait que j'apprenne, d'accord. Même si ça n'avait aucun sens pour moi qu'il veuille que je mente. Je jouai lentement dans ses mèches, de plus en plus perdu. Et fatigué maintenant. C'était de sa faute à lui, il me faisait faire des bonds comme les ballons... Je crois qu'on appelait ça du yo-yo... Ou du ukulélé ? Je me blottis contre lui quand même, s'il n'aimait pas et qu'il voulait me jeter à travers la salle, il n'aurait pas de mal.

En tout cas, j'aimais le voir sourire... C'était bizarre comme idée. De toute façon, tout était de sa faute !!!

-Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir.

Parce que ça faisait mal.

-Plus toi, je suppose... Je ne sais pas comment expliquer ça. Je dirai que tu parais plus... libre ? Comme une reine des neiges. Et c'est pas des conneries, t'as intérêt à être heureux ou je te tape !

Ou pas en fait. C'était moi qui aurait mal si je le tapais, j'en étais sûr. Il trouverait un moyen. J'esquissai une moue boudeuse, il avait été méchant pour... Pour rien ! Mais ça, je ne le dirais pas, il serait capable de recommencer. C'était pas juste... Pas que je m'attendais à ce qu'il soit juste en réalité.

-Non, je n'ai pas eu envie de le taper. Envie qu'il s'en aille, je crois mais pas de le taper. On ne soigne pas la bêtise des gens en leur tapant dessus.

Et puis, valait mieux qu'il ne puisse pas tuer dans l'établissement, sinon, le nombre de personnes à côtoyer serait des plus réduits. Et tout le monde deviendrait suspicieux, paniqué, prêts à tuer pour se défendre. Ca ne donnerait vraiment pas une super ambiance de travail. Enfin, sauf pour les sadiques... Je me demandais si ça pouvait me faire quelque chose ou non que l'école puisse prendre un tel chemin si les directeurs oubliaient de surveiller les gens. Et en fait non, à tous les coups, je m'amuserai encore à étudier. Ce que j'étais vilain à vouloir étudier.

-Et un souvenir des plus périssables, je suppose. Tu veux de la chantilly ?

Bon, elle n'était pas à moi, mais comme j'avais mis mes doigts dedans, je ne pouvais pas la remettre dans le frigo en mode ni vu, ni connu. Par contre, je ne voyais pas du tout en quoi je pouvais être mignon quand j'avais mal... Eirik était juste un sadique. Et j'avais encore plus envie de bouder. En fait, je devrais juste le planter là et rester dans mon coin. Non, sortir en boîte ! Mais j'en avais pas la foi. C'était vraiment, vraiment pas juste.

Et en plus, il se moquait de moi. Désolé de pas avoir la force d'un Godzilla. Je le mordis par dessus son débardeur, même pas fort en plus. Il me payerait ça un jour quand je serai un djinn si puissant qu'il en pleurera, na ! Est-ce qu'un vampire ça peut pleurer ?

-Et si j'avais pleuré, t'aurais fait quoi ?

Je doutais quand même qu'il aurait gardé son air arrogant. Il se serait sûrement plus agacé. En tout cas, moi il m'agaçait avec ses questions. Je voyais très bien ce qu'il essayait de faire. J'étais naïf, pas stupide. Je gonflai les joues comme un certain Rondoudou mais je ne pus pas continuer longtemps puisqu'il m'embrassa. Et oh bon sang, ça, c'était nettement plus intéressant que ses questions. Tellement plus. Je m'accrochai encore plus à lui en me disant qu'il serait parfaitement mangeable avec du chocolat sur les abdominaux. Il faudrait que je lui en parle.

Et pour l'embêter, je me frottai un peu à lui avant de reculer, gonflant à nouveau les joues.

-T'es juste méchant ! Alors je réponds pas et puis c'est tout.

Je tirai la langue, parce qu'au point où j'en étais, j'en ressentais le besoin. Dans ma tête, tout restait mélangé. J'étais triste, fatigué, outré, soulagé, agacé... Beaucoup trop d'émotions, j'avais l'impression d'en prendre autant que de pensées. Et vu que j'étais en plein calcul de neutrons dans une masse de... Avec l'idée de vérifier si les insectes étaient des créatures à "sang" chaud ou non, les conséquences du sport intensif sur un corps de loup-garou, l'extinction des pandas parce qu'ils refusaient de se reproduire.

Je passai une main dans mes cheveux, les rendant encore plus rebelles.

-Pourquoi tu veux que j'ai mal ? J'ai été sage...

Oui, je le prenais vraiment comme une punition que je ne méritais pas du tout.

Bon, comme ça, si quelqu'un s'apercevait que la chantilly avait disparu... Et les choux à la crème, on ne dirait pas que c'était juste de ma faute. J'avais un complice maintenant. Un complice qui me moqua de ma façon de le mordre. Si y'avait pas eu ce morceau de tissu, je lui aurais laissé une belle marque pour le narguer un peu. Il était impossible aujourd'hui ! Prendre soin de moi, prendre soin de moi... J'avais quelques doutes présentement, Eirik avait quand même était plutôt méchant sans raison. Du coup, je ne savais toujours pas si je devais être honnête ou pas avec lui. Argh, c'était trop trop embrouillé tout ça.

-Je ne peux pas pleurer. Je ne suis pas assez puissant pour supporter mes larmes. Mais ça veut pas dire que j'en ai pas eu envie.

Et il osait avoir l'air boudeur parce que je m'éloignais et que je ne répondais pas. J'avais subitement envie de lui renverser le bol de chantilly sur la tête. Au moins là, il aurait eu une bonne raison de me punir. Pas que j'en avais envie de lui donner des raisons de le faire mais ça aurait été plus logique que ce qu'il avait fait plus tôt. Je me sentais un peu plus agacé mais je l'oubliais un peu devant son air choqué maintenant.

Air que je ne comprenais pas trop. Normal que quelque chose qui ressemble à une punition soit une punition non ? Comment on disait ? Si c'est noir et blanc comme un putois, que ça ressemblait à un putois et que ça puait comme un putois, ben c'était un putois. Point. Fallait bien appeler un chat un chat. Je frissonnai à sa caresse si légère sur moi puis le regardai s'éloigner. En fait, il était aussi lunatique que moi. Même si l'adjectif ne m'allait pas si bien que ça, en fait.

-Je ne t'ai pas manqué de respect, je t'ai juste dit l'impression que j'avais. Si j'avais eu l'impression que tu ressemblais à un schtroumpf et bien je l'aurais dit. Sauf que comme t'es pas bleu, ben c'est pas vrai.

Et il revint vers moi après avoir réfléchi... Bien que comme j'avais perdu le fil, je ne savais pas à quoi il avait pensé. Ah, donc, il ne voulait pas que je mente. Mais je n'avais pas menti ! Mes émotions ?

-Je... Je suis honnête ! Mais la plupart du temps, je ne comprends pas de suite mes émotions. Je n'ai pas l'habitude d'y faire attention parce qu'en général, j'ai juste mal.

Et j'étais plutôt fatigué d'avoir mal donc, j'ignorais mes émotions jusqu'à ce qu'elles soient bonnes. En général. Et encore, c'était un peu plus compliqué. Sans doute que j'avais peur aussi, mais pouvait-on m'en blâmer, j'avais tellement pris de coups aussi bien physiques que mentales. Même avec lui.

Il souriait... Pourquoi il souriait ? Il voulait vraiment que je le tape, c'était pas possible autrement !!! Il n'avait jamais été aussi agaçant qu'aujourd'hui, vraiment. Et je commençai à avoir mal à la tête avec toutes les émotions qui tournaient dedans. Je voulais du calme là ! Mais c'était mal parti avec son... Il était si enthousiaste maintenant. Qu'est-ce que j'avais pu faire pour ça ? Et il riait maintenant. Je gonflai encore les joues. Moi aussi j'aimerais bien rire mais difficile quand on ne sait pas où est la plaisanterie. A moins que ça ne soit moi la blague, tout simplement.

Et ça semblait être le cas puisqu'il me dit que j'étais irrécupérable. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Je cherchai en vain ce que j'avais fait pour qu'il soit aussi hilare et heureux. Parce que bon, même si c'était à mes dépends, j'aimais le voir comme ça. Du coup, il fallait bien que j'ai idée du comment pour le refaire.

-Merci.

Je ne voyais pas vraiment quoi répondre d'autres à ça. Je le regardai s'installer, prendre un chou pour le plonger dans la chantilly et le mangeait. Ça me fit sourire, comme quoi, lui aussi, il pouvait aimer le sucré. Je me suis rapproché du coup, puisque notre petite... dispute, dirais-je, était finie. Et non, je n'avais pas l'habitude puisque je n'aimais pas ressentir. D'ailleurs le fait que je sois toujours coincé avec un tas d'émotions contradictoires me fatiguait encore. Vivement que ça s'arrête.

-J'ai entendu des élèves qui disaient qu'ils avaient eu des choux à la crème à faire en cours mais que beaucoup les avait laissés parce qu'ils n'aimaient pas ça. Alors, je suis venu aider le professeur à se débarrasser de ceux en trop... Sans le prévenir.

Mais comme personne n'en voulait, c'était pas grave, pas vrai ? Je m'approchai encore sur une signe d'Eirik, finit entre ses jambes. Je mordis dans le chou qu'il me présenta, mes yeux bleu-vert d'eau dans les siens. Et je posai mes mains sur ses cuisses, sagement.

-Ça n'est pas du vol si personne n'en veut, pas vrai ? Et je n'aime pas le gaspillage.

Je me léchai encore les lèvres, il ne fallait jamais perdre une miette de sucre. Je me mis à babiller un peu sur ma journée tout en mordant encore dans le chou et finit par sucer les doigts de mon vampire pour en enlever toute la crème. Le tout en lui parlant de la question qui m'obsédait aujourd'hui.

-D'après toi, les insectes, c'est chaud ou c'est froid à l'intérieur ? C'est à "sang" chaud ou à "sang" froid ?

Il fallait vraiment que je trouve la réponse à ça. Mais là, je lui léchai la lèvre inférieure et prit un chou pour lui en proposer. Non sans les ingrédients supplémentaires que j'avais pris.

-Avec le coulis de cerises, c'est encore meilleur.

Oh... La preuve qu'Eirik s'intéressait à des choses assez éclectiques pour pouvoir répondre à ma question. Et comme à chaque fois que je parlais des pensées peut-être un peu farfelues qui me passaient la tête, ça eut l'air quand même de le perturber un peu, comme s'il se demandait comment je pouvais m'embêter à réfléchir à des trucs comme celui-là. Sauf que je n'y pouvais pas grand chose, j'étais juste comme ça maintenant. Et je doutais de pouvoir être normal... Je n'aimais vraiment pas ce mot, il avait si peu de sens.

-De toute façon, c'est juste tout un monde les insectes. Y'a tellement de vocabulaire pour eux tous seuls que c'est un autre dictionnaire qu'il faut apprendre.

Puis j'eus l'impression de le perturber encore mais sans bien savoir pourquoi. En tout cas, impossible pour moi de remarquer que je réussissais à le faire passer par un panel d'émotions qu'il n'hésitait pas à me montrer. Il était aussi extraverti que moi j'étais lunatique. Ou désordonné dans ma tête. Après, techniquement, il ne changeait pas si vite d'expression que ça. Il changeait juste à la vitesse d'un vampire. En tout cas, le fait que je lui lèche les doigts avaient l'air de lui avoir donner des idées sans que je sache lesquelles.

Je le regardai se nourrir de son chou, lui laissant tranquillement mon poignet qu'il avait tenu à saisir sans que je comprenne là aussi pourquoi. Son regard avait changé, un peu plus sombre peut-être et j'essayai de comprendre ce que j'avais encore fait. Parce que c'était forcément à cause de moi. Quand il eut fini son chou, il lécha mes doigts, comme je l'avais fait pour lui et ça me fit frissonner. C'était son piercing, ça, c'était piège comme petit truc.

-Ah bon ? Oh, peut-être à cause de l'élève. Une élève un peu bizarre... Elle a commencé à déplacer des tas de livres avec sa télékinésie. Elle m'a tout dérangé !

Et ça, ça ne m'avait pas ravi du tout.

-Mais j'ai entendu parler d'un enseignant qui se disputait avec une nouvelle, un aide-bibliothécaire m'a raconté. Elle m'a dit qu'elle s'était... déshabillé.

Je rosis. Je ne comprenais pas ce qui avait pu passer par la tête de la jeune fille pour qu'elle se dévêtisse dans la bibliothèque. C'était même pas un lieu où je penserai à avoir du sexe. Les pauvres livres. Je regardai Eirik, l'air un peu interrogateur maintenant.

-Elle a essayé de te draguer ?

Si c'était le cas, il faudrait quand même que je me présente à la demoiselle. Parce que si elle travaillait ici et qu'elle se montrait trop entreprenante, fallait bien que je montre que je pouvais pisser plus loin.

-Non mais qu'elle fasse s'envoler des livres, d'accord, ça peut arriver. Mais qu'elle en prenne pour les ranger elle-même sans les remettre à leur place correcte mais au hasard dans le rayon et en plus sous mon nez...

Je ne l'avais pas vraiment digéré. A croire qu'elle n'était jamais entré dans une bibliothèque et qu'elle ne savait pas que les livres s'y rangeaient dans l'ordre alphabétique. Enfin, valait mieux que je n'y pense pas, ça avait tendance à me faire faire de la fumée noire. D'ailleurs, j'avais déjà commencé mais je m'arrêtai au plus vite pour ne pas faire tousser Eirik. Quoique ça pourrait être amusant pour l'embêter un de ces quatre. Mais présentement, je trouvais qu'on s'était assez embêté l'un l'autre. Bien que je doutais qu'il s'arrête de son côté.

La suite me laissa un peu pantois. On s'était réellement déshabillé dans ma bibliothèque. Heureusement pour cette fille que j'étais occupé ailleurs parce qu'elle aurait réussi à me rendre furieux. Non mais quel manque de respect !!! Et en plein milieu des élèves en plus ! Je n'en revenais pas et du coup, je refaisais de la fumée noire. La bibliothèque, c'était sacrée, point ! Pas besoin de s'expliquer en long, en large, en travers, en diagonale, en trois dimension et avec la théorie des cordes !

-Quel toupet ! Elle a eu de la chance, je l'aurais viré et pas gentiment.

Rien qu'au son de ma voix, on sentait que j'étais énervé maintenant mais pour de vrai cette fois. Je n'imaginais pas réellement quelle réaction violente j'aurais pu avoir mais vraiment, je ne l'aurais pas loupé. Et je devais avoir l'air ridicule à être aussi rouge et à faire de la fumée noire en même temps. Et bien sûr, mon vampire avait envie d'en rajouter un peu. Bien sûr que non, ça ne me plairait pas qu'on le drague.

Je me ficherai de lui le jour où on me draguera. Bon, y'avait peu de chance que ça arrive mais au moins, on serait à égalité lui et moi si ça advenait. Chacun son tour ! Ohhh... Il était chou quand il était perdu. Je l'embrassais partout sur le visage.

-T'es trop mignon ! Mais il faudra que j'aille la voir pour comprendre ce qu'elle voulait. Parce que si elle le refait, je risque de très mal le prendre.

Si c'était pas déjà fait en fait. Puis je fis un sourire à Eirik.

-Tu veux pas un autre dessert ? Je sais bien que je ne peux pas te nourrir entièrement mais je peux jouer la mignardise, non ?

Et lentement, je dégageai mon col pour mettre la peau de ma gorge à la lumière. Y'avait la marque de ses crocs dessus, je ne l'avais pas effacé.

Je commençai à regretter qu'on soit dans la salle de cuisine, c'était vraiment pas le meilleur endroit pour se câliner. Il ne manquerait plus que le professeur en charge de la salle revienne ou que des élèves débarquent et ce serait un moment très gênant. Surtout que j'avais envie de me blottir tout contre Eirik. Et que je me gênais à peine, fallait le dire. Mais après tout, les élèves devaient simplement s'occuper de leurs affaires. J'espérais juste que le professeur n'aurait pas envie de nous taper.

En plus, mon vampire me câlinait la taille. J'étais sûr qu'il avait des idées derrière la tête, autour, dedans, partout. Et je ne les pensais pas chastes du tout bien que je ne savais pas bien jusqu'où elles pouvaient aller. Et valait mieux pas que je sache, je préférais rester sur le fait qu'il était tout mignon tout rose. Ça me donnait envie de le dorloter... Aimait-il les massages ? Je lui poserai la question un de ces quatre.

Et puis je me mis à rire. Evidemment que si elle se déshabillait devant moi, mon cher vampire trouverait quelque chose à redire. Il avait raison puisque j'étais bisexuel... Hum, je doute que ce fait lui soit connu par contre. Faut dire qu'il m'a plus ou moins sauté dessus. Quoique c'était peut-être juste son côté tactile qui avait joué.

-C'est vrai que moi je suis bisexuel. Mais comme je suis fidèle aussi... Et que je t'appartiens de mon plein gré, elle pourrait faire un strip-tease que je m'en ficherai complètement.

En fait, je pensais plutôt que je paniquerai si elle me faisait le coup. Parce que ça n'aurait aucun sens à mes yeux qu'elle fasse ça. Vu que je n'étais pas séduisant...

-Ou plutôt, je risque de partir très vite. C'est gênant une femme qui se déshabille. Surtout sans qu'on sache pourquoi... Elle ne voudrait quand même pas comparer la taille de son clitoris à la taille d'un pénis, hein ?

J'oubliais ma question quand Eirik sourit. Il était si content de voir sa marque sur moi ? Eh bien, la possessivité... Je l'avais compris mais je n'avais pas imaginé que c'était à ce point. Par contre, je ne comprenais pas bien cette histoire de confiance. Il avait l'impression de quoi ? Devrais-je lui rappeler que je pouvais me changer en fumée n'importe quand donc, s'il ne s'arrêtait pas, je l'arrêterai moi. Je n'étais pas suicidaire.

-Hum...

Ce fut un de ses bruits trop sonores que je me permis alors qu'il buvait. Et il ne but pas tant que ça, entre un demi et trois-quart de litre de sang. J'avais la tête qui tournait un peu mais ça me fit juste pouffer.

-On dirait que t'as mangé des groseilles. Dis... J'ai commencé à réaliser des vœux un peu vilains, mais c'est pas grave, hein ?

Je repris un chou à la crème. Autant que ça m'aide à aller mieux, non ? Ce serait dommage que je sois fatigué parce que je m'étais privé de manger alors qu'il y en avait à portée.

Ah ? Donc on avait ça en commun Eirik et moi ? Ma foi, après tout, pourquoi est-ce qu'il se retiendrait de taper dans toute la nourriture disponible juste à cause d'une histoire de mâle et femelle ? Il n'y avait aucune raison à cela et il avait bien raison de profiter de tous les mets qui puissent lui être disponible. Par contre son histoire de standing me donnait un peu envie de rire, il parlait comme ma maman qui disait qu'elle n'était jamais avec un homme qui ne pouvait pas dépenser cinquante milles dollars dans une journée. Je ne savais pas trop ce qu'elle entendait par là, la seule chose que je savais, c'était qu'elle était toujours très belle, très bien habillée, coiffée, parfumée.

En tout cas, le fait que mon vampire coupe court à son discours voulait un peu tout dire. Il essayait de prévenir une possible jalousie ou méfiance de ma part. Lui aussi aimait plutôt qu'on se câline qu'on soit en train de se prendre bêtement la tête. Mais après, il n'avait pas besoin de prendre autant de précautions. On ne pouvait pas réellement comparer une femme à un homme. Et il m'avait choisi moi. C'était tout ce que je devais retenir.

-J'ai décidé de commencer pour toi. Parce que si je suis plus puissant, j'ai plus de sang sans forcément peser plus lourd. Et comme t'as besoin de sang, eh bien j'ai enlevé quelques limites.

Je finis enfin la plaque couverte de choux à la crème et la moitié de la chantilly avait disparu avec un tiers du coulis de cerise. Mais je me sentais mieux le ventre plein. Bien que j'avais la tête qui tournait encore un peu. Oui, j'avais vraiment besoin d'être plus puissant que maintenant.

-Même les directeurs m'ont dit que je l'étais pas assez, ils m'ont dit qu'ils allaient m'envoyer un rendez-vous pour un entraînement spécial. J'espère que ce sera amusant. Je suis supposé y aller avec des gens mais je ne sais pas qui.

Je posai ma tête sur son torse et fermai les yeux pour bien respirer son odeur. Tant qu'il n'y avait pas de bruit dans le couloir, tout allait bien. S'il le fallait, je me changerai en fumée pour ne pas qu'on soit surpris. Je ne voulais pas gêner Eirik. Et il ne fallait pas que je m'endorme non plus mais c'était tentant. Le lien entre nous était tout apaisé, du coup... Alors que des crevettes roses avec des petits parasols commencèrent à me venir à l'esprit, j'ajoutai pour lui.

-Donc, j'ai réalisé des vœux un peu... mauvais selon la morale humaine. Y'a un papa qui voulait que sa fille soit amoureuse de lui. Un homme qui voulait un harem. Une paysanne qui voulait de l'or pour faire marier sa fille à un dragon...

Je soupirai d'aise.

-Je me demande en quoi pensent-ils que ces choses vont les rendre heureux.

Mon engouement envers les directeurs ? Là, c'était moi qui ne le comprenait pas. Bon, de ce que j'avais entendu un peu partout chez le personnel, les professeurs et les Hiddens -je préférais vraiment le mot gardiens- les directeurs avaient peut-être une technique de recrutement un peu brutale et sournoise des fois. Mais à moi, ils ne m'avaient rien fait donc je n'avais aucune raison de les détester. En fait, le fait qu'Eirik semble le vouloir me laisser un peu perplexe. Chacun était comme il était et même s'ils n'étaient pas gentils avec tout le monde, moi, je n'avais pas à me plaindre.

-Ils m'ont donné un travail, une maison et j'ai pu te rencontrer grâce à ça. Franchement, je serai ingrat de les trouver méchants avec moi. Non ?

En tout cas, incroyable comme mon vampire pouvait passer du sourire à la moue boudeuse juste à cause d'une phrase comme celle-là. A moins qu'il ne soit très rancunier, je n'en avais aucune idée.

-Comment ils t'ont recruté toi ? Parce que moi, ils m'ont proposé le poste, m'ont montré la bibliothèque et j'ai signé mon contrat.

En faisant quand même attention aux petites lignes, je n'étais pas stupide. Naïf, ailleurs, oui. Mais idiot, quand même pas. Et puis, comme j'en étais conscient de mes défauts, ça voulait dire que c'était parce que je m'aimais comme ça que je n'avais pas changé depuis le temps. A moins que ça ne soit simplement parce que je ne voulais pas me casser en devenant un adulte tout grincheux. Peu importait, la solution était inutile puisque à mes yeux, il n'y avait pas de problème.

Pour l'entraînement, j'avais hâte de voir ce qu'ils allaient me réserver quand même. Ce serait quelque chose et j'espérai que mes coéquipiers seraient gentils comme des canaris. Je perdis un peu le fil de mes pensées quand Eirik commença à me caresser les cheveux, l'écoutant parler à propos des vœux que j'avais exaucé. J'avais posé la question, c'était vrai mais en réalité, la réponse ne m'intéresserait pas tant que ça. Pour moi, et j'étais forcément réaliste sur la question, à partir du moment où on faisait appel à un djinn, c'était qu'on était un peu fous.

Je ne me serais jamais appelé pour résoudre mes soucis si j'avais été d'une autre race. Enfin, ça n'avait aucune importance. Mon vampire me fit juste beaucoup sourire avec le "problème psychologique" du papa. Oui, il devait aussi avoir ça en lui. Le baiser plutôt fougueux qu'il me donna me fit un peu tourner la tête. Wouah... Encore ?

-Parce que d'habitude, tu n'as pas de raisons de me venir me voir ?

Fallait avouer que sa phrase était bizarre. Mais j'étais rose de plaisir, il était fier ! J'avais donc une bonne raison de continuer. De toute façon, c'était normal que je ne choisisse pas les vœux que j'exauce alors il était plus que temps que je fasse sauter cette contrainte inutile. Peut-être que ma maman sera fière elle aussi. J'entendis des pas dans le couloir.

-Dis, puisque y'a quelqu'un qui vient et que tu es tout content... Tu ne veux pas m'en montrer plus chez moi ?

Là, j'étais rouge par contre. Ça se serait pas tous les jours que je proposerai ça à haute voix.