Quand elle avait envoyé ses quelques messages textes, elle avait su d'avance que cela ne plairait pas au professeur de musique. Le vampire était une sorte de coffre-fort et s'il pouvait tout garder pour lui, clairement il le faisait sans y penser à deux fois. Pourtant, cette fois, ça ne marcherait pas du tout et elle n'allait pas reculer. Ce n'était pas elle qui avait commencé et si cela amusait l'aîné Ishirama de se faire des ennemis, pourquoi contrarier ses plans ? Il fallait toujours donner au masochiste ce qu'il voulait sous peine qu'ils soient encore plus agaçants.

Donc, elle attendait là, patiemment, sa longue robe grise et argent jouait dans ses jambes sans trop s'envoler. Elle n'était pas habillée pour supporter le froid, comme d'habitude mais cela n'était qu'un détail. Ce cher Shintarô Ishirama n'avait pas intérêt à trop tarder. Déjà qu'elle n'avait su comment prendre le fait qu'elle devait laisser repartir le petit djinn chez ce vampire aux cheveux blancs. Elle pensait réellement avoir fait une erreur mais dans le même temps, qui était-elle pour séparer Ambroise de son amant sans preuve ? D'où le fait que son impatience croissait irrémédiablement.

Erato tapa du pied, se retenant de prendre sa harpe pour jouer. Vu son humeur, elle risquait d'écharper tous les hommes aux cheveux blancs juste pour avoir l'impression de s'être attaqué au bon. Heureusement, des bruits de pas se firent enfin entendre dans l'escalier menant au lieu où elle se trouvait. Elle se retourna vers la porte encore close et dès qu'elle s'ouvrit.

-Ah, Shintarô Ishirama. Mon cher, vous allez me détester.

La Muse sourit, parfaitement consciente que le début n'était pas du tout avenant.

-Mais nous allons parler de votre frère. Et de vous. Et de votre relation. Et je vous préviens, je n'accepterai pas les "cela ne vous regarde pas". A partir du moment où il avait fait l'intrus chez moi, cette réponse n'était plus recevable.

Des réponses et vite?! Mais elle me prend pour qui?!

feat : Erato Astrapi

Le préambule de Shintarô la surprit quelque peu, bien qu'elle ne comprenne pas exactement pourquoi il ne saurait la haïr. Il était un homme, elle était une femme capricieuse et dominatrice qui ne manquait jamais de faire savoir sa mauvaise humeur à coup de musique pouvant faire souffrir. Et pourtant, il affirmait qu'il ne saurait les détester sa collègue sylvestre et elle. Impressionnant. Même en voyant son humeur, il ne manquait pas d'aplomb ou de franchise, elle pouvait lui concéder ce point.

Aussi, elle esquissa un sourire, bien que la suite ne lui plut pas du tout. Oh si, ils allaient en parler. Elle lui avait cependant donné des signaux qu'elle allait devoir expliquer avant qu'ils ne puissent en venir à la raison de ses retrouvailles qui auraient dû se faire dans des circonstances plus joyeuses. Car en le voyant présentement, il était clair à ses yeux que le roux était plus paisible et plus en phase avec lui-même. C'était une chose rassurante après ce qu'avait laissé entendre l'aîné et intérieurement, elle poussa un soupir de soulagement.

-Mes excuses, à être aussi cavalière, vous ne comprenez guère le pourquoi du comment. Sachez que je ne suis nullement en colère contre vous, bien au contraire mais je le suis envers votre frère. A propos de vous.

Erato s'approcha de Shintarô, repoussant sa chevelure qui voulait entraver sa vue. Elle posa sa main ensuite sur la rambarde, ne quittant plus des yeux le vampire. Il était certain qu'il s'attendait au pire malgré le fait qu'il ne veuille en parler et quelque part, elle le comprenait parfaitement. Sauf que les choses ne fonctionnaient pas ainsi et maintenant qu'Eirik lui avait fait mettre les deux pieds dans le plat, elle n'allait pas se gêner pour fouiller et tout retourner.

-Que je vous explique donc... Quelques jours plus tôt, Ambroise m'a envoyé quelques messages pour me demander à pouvoir dormir chez moi quelque temps puisque votre aîné avait détruit les canalisations de sa maison. J'ai accepté, craignant que l'enfant n'ait subi quelque chose de grave. Il est arrivé avec un bleu sur la joue qui a fini par s'effacer dans la journée mais sans m'expliquer d'où il venait.

Ses doigts la démangeaient, elle voulait jouer mais il fallait vraiment qu'elle se retienne.

-Suite à cela, en écoutant vaguement le petit faire les cent pas chez moi en réfléchissant, j'ai compris que votre frère l'avait frappé. Ce qui m'avait déjà quelque peu irritée. Cependant, quand il s'est présenté alors que son amant lui avait demandé une journée de réflexion, je ne l'ai pas renvoyé de façon cruelle pour ne pas blesser l'enfant. Et c'est alors qu'au fil de notre discussion, il a sous entendu vous avoir assez bien torturé pour que vous scelliez vos sentiments et que je n'aurais jamais dû défaire son travail.

Elle tapa du pied malgré.

-Et nous voilà ici pour en parler. Je veux savoir Shintarô Ishirama et je ne vous laisserai pas partir tant que j'aurais des interrogations. Il ne s'agit pas seulement de vous mais du djinn aussi.

Elle commença à marcher, comme pour faire les cent pas elle aussi, faillit trébucher plusieurs fois tant elle était agacée. Elle siffla quelques notes malgré elles, créant des lames de vent qui laissaient des traces dans l'air. Et les lames en question n'étaient pas petites, faisant comprendre à quel point la Muse était remontée. Et inquiète aussi. Même s'il valait mieux ne pas souligner ce point qui pourrait être mal pris. Une femme comme elle ne pouvait pas s'inquiéter pour des hommes. Alors que personne ne se permette de penser ce mot en ce moment même.

Des réponses et vite?! Mais elle me prend pour qui?!

feat : Erato Astrapi

Son instinct maternel ? Par les dieux, si c'était ça, elle était bonne pour arrêter de côtoyer qui que ce soit. Parce qu'elle détestait être maternelle. Déjà qu'elle n'avait pas réellement compris comment elle avait fait pour élever son fils... Non, le fils de l'homme qui avait réclamé un paiement en nature pour l'avoir sauvée. Dis ainsi, c'était encore plus sordide mais c'était aussi la réalité. Elle n'avait éprouvé aucun plaisir à écarter les cuisses pour ce misogyne de première qui avait voulu la garder à la maison à faire la soupe et éduquer des mioches.

En tout cas, elle avait tout de même noté que le vampire roux s'était tendu en l'entendant parler de son aîné. Elle ne doutait plus que l'histoire était complexe mais ce qui la dérangeait, c'était qu'au lieu de chercher un moyen de se protéger de tout cela, Shintarô évitait juste le sujet. Comme si ça allait arrangeait les choses qu'il fasse comme si elles n'existaient pas. Elle se demandait jusqu'où était allé Eirik Ishirama pour que son cadet soit aussi... fragile. Oui, peu de gens verraient la chose ainsi mais c'était bien cela. Il s'était blindé le roux. Cependant pas de la façon qui convenait pour vivre en ayant vaincu ses faiblesses. Elles étaient là, bien visibles à présent.

En somme, le pire cauchemar de Shintarô avait le visage de son frère.

-Sword est masochiste. Vous comparez ce qui n'est pas comparable, mon cher. Mais si vous souhaitez le faire, regardez-moi dans les yeux et osez me dire qu'Ambroise pourrait se défendre si votre frère irait trop loin. Osez me dire qu'il serait capable de sauver sa vie.

Il s'éloignait un peu du sujet mais puisque Shintarô voulait d'abord aller par là, soit. Erato croisa calmement les bras tout en le regardant fumer, faisant un peu remonter sa poitrine. Pas qu'elle en ait conscience, ce dont ils parlaient était trop important pour qu'elle pense à ces deux mochetés qui l'encombrer.

-Sword et vous, vous savez vous défendre. Vous avez un instinct de survie. En tout cas, heureusement qu'il fait des concessions, mais ça n'a rien de miracles à mon avis. C'était céder ou perdre.

La Muse était presque amusée d'entendre le roux dire que son frère n'avait confiance en personne. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec ce fait. Elle était même certaine que s'il ne pouvait pas dominer le djinn au point où il le faisait, le petit ne serait pas si proche de lui. Mais il revenait au sujet principal. Sujet qui clairement n'était pas une chose que Shintarô voulait aborder. Elle résista à l'envie de le secouer et même de le faire pleurer. A croire que les gens préféraient tous se complaire dans leur malheur plutôt que de saisir une main tendue.

Il y avait vraiment des larmes qui se perdaient dans ce bas monde.

-Cela ne marchera pas. Il saura forcément, Shintarô. Ce que vous tenez tant à cacher est en train de fuir en ce moment même. Si ce n'est pas de votre bouche, de la mienne, si ce ne sont que des rumeurs, ce sera bien pire.

Parce qu'elle était quasiment certaine qu'Eirik ne dirait rien à Ambroise. Non, ça lui ferait perdre trop de choses...

-Par contre, vous exagérez sur une chose, j'interviens parce qu'il m'y a poussé. Il a osé mettre les pieds chez moi pour m'énerver et en plus, il me met sur le dos le fait que vous soyez enfin décoincer. Quelle catastrophe que c'est que vous viviez enfin, j'en pleurerai.

Comme si Eirik lui faisait peur. Il n'avait même pas intérêt à lui déclarer la guerre, ça non. Elle n'avait sans doute pas la force physique mais la force mentale, si, assurément. Et lui trancher la gorge serait d'une facilité déconcertante après l'avoir fait sombrer dans ses pires souvenirs. En réalité, il suffirait qu'il sorte de l'établissement pour être définitivement vulnérable à ses attaques. Sa belle vitesse, son eau, ses crocs ne seraient rien du tout.

-De toute façon, pour avoir osé faire ce qu'il a fait, je vais le punir et ce sera un plaisir de le faire. Personne n'a le droit d'agir comme il l'a fait chez moi.

Elle se saisit enfin de sa lyre, joua quelques notes.

-Quant à Ambroise, j'ai une bonne idée de l'état dans lequel il finira. Encore plus parce que ni lui, ni vous n'auraient été francs avec lui. Il fait partie de votre famille, Shintarô. Et les secrets de famille de ce genre détruisent tout sur leur passage.

Des réponses et vite?! Mais elle me prend pour qui?!

feat : Erato Astrapi.

Le vampire semblait un peu choqué même si personnellement, elle ne voyait pas du tout ce qu'elle aurait pu dire de si surprenant. A moins que le mot "famille" soit une vraie douleur pour Shintarô. Ce qui pourrait être le cas après tout, déjà rien qu'à cause de son frère. Très franchement, elle avait vu tellement de famille dysfonctionnelle mais elle aurait tout de même voulu croire que des frères sauraient se soutenir plutôt que se détruire. Et pourtant... Elle ne pouvait s'empêcher d'être déçue, ils n'étaient pas sympas de lui retirer ses quelques derniers espoirs sur l'amour entre parents.

Mais au moins, le roux était franc et il osait lui parler droit dans les yeux du problème du petit. Il n'ignorait donc pas que le djinn ne pourrait rien faire. Il exagérait tout de même en disant que tout le monde était au courant, au fond le petit était plutôt discret quand il ne faisait pas ses blagues.

-Bon d'accord, je vais essayer d'y croire mais ayant une bonne idée de ce qu'il vous a fait, c'est assez difficile. Et je sais ce qu'il s'est passé, Ambroise réfléchit en parlant à haute voix.

Mais là, tout de même, Erato n'allait pas raconter la chose à son vis-à-vis, il y avait des limites tout de même et ce serait vraiment trop mettre son nez dans les affaires des autres, même pour elle. Cela pouvait sembler paradoxal, elle en était consciente mais au final, c'était Eirik qui était venu l'énerver sur son territoire, il était donc normal et même logique pour elle de se bouger pour lui faire payer. Elle ne se laisserait jamais marcher sur les pieds.

Par contre, le fait que même Sword s'en mêle l'intéressait grandement. Ainsi donc, il serait donc possible pour elle d'en parler au draco-liche... Vraiment intéressant. Qui plus est, s'il voulait bien partager, à eux deux ils feraient passer une très mauvais quart d'heure au vampire blanc. Bien qu'il ne faudrait pas trop en faire non plus à cause du petit... Par le ciel, ce djinn n'aurait pas pu choisir quelqu'un de plus... de moins... Pfff...

-Il n'y a pas grand chose à contrôler là-dedans. Et quoique vous en pensiez, vous méritez aussi d'être protégé. Bien que cela ne soit pas réellement mon but en premier lieu, de plus Sword fera mieux que moi à ce sujet, j'en suis certaine.

Elle esquissa un sourire malicieux et doux à la fois.

-C'est bon de vous savoir heureux avec quelqu'un. J'aime l'amour.

C'était l'un des seuls sentiments positifs qu'elle supportait à outrance, l'acceptant sans peur et sans discrimination. Après, en réalité, que ça rende Shintarô heureux ou pas, ce n'était pas tellement son problème. Il était presque mignon à s’inquiéter pour lui. Presque parce qu'elle ne comprenait toujours pas pourquoi il s'était tatoué la figure, ça la dépassait. Enfin, il faisait bien ce qu'il voulait avec son corps... Elle se refusait à imaginer une seule seconde comment Sword et lui pouvaient bien s'accoupler.

Cependant, ce serait bien aussi qu'il sache ne pas être aussi en dents de scie. Franchement, elle avait rarement vu quelqu'un d'aussi inconstant dans son caractère. Aussi lunatique.

-Inutile de vous énerver alors que je me calme enfin, vous savez. C'était tout à l'heure qu'il fallait l'être pour qu'on hurle tous les deux un bon coup.

Elle émit un petit rire mélodieux.

-Je ne dis pas que vous ne le savez pas. Je préfère juste prévenir, mon cher. Il vaut mieux regarder la réalité bien en face plutôt qu'un mur. Sachant qu'un mur, ça fait mal. Donc, maintenant, il faut attendre le bon vouloir de votre aîné ? Eh bien ça risque d'être long.

Et Erato leva les yeux vers le ciel, sa chevelure argentée flotta quelques secondes dans la brise.

-Il faudra que je demande à Sword ce qu'il compte faire... Mais avant, permettez que je vous taquine avec ma curiosité : c'est merveilleux au lit ?

Il ne fallait pas oublier qu'elle était la Muse des arts érotiques.

Des réponses et vite?! Mais elle me prend pour qui?!

feat : Erato Astrapi.

Oh mais c'était qu'elle avait réussi à le faire rougir ce chez vampire. Pas que ce soit très beau par contre. Adorable d'une certaine façon mais définitivement, elle détestait ses tatouages qui ruinaient un peu l'effet. Cependant, elle revint à la chose qui avait donné cette couleur au roux. Shintarô était vraiment affecté par ses sentiments et en se rappelant comment il avait été avant qu'elle ne l'oblige à pleurer et à quelque part se souvenir des pires périodes de son passé, elle se disait qu'il avait tout de même pas mal évolué. Certes, il s'énervait toujours aussi rapidement mais ce n'était pas un problème en soi, cela prouvait au moins qu'il écoutait ce qu'on lui disait et qu'il en pensait quelque chose. Elle n'avait jamais apprécié l'indifférence.

Le fait qu'il se cache son visage quelques secondes tira un sourire plutôt tendre à Erato qui le réprima sitôt qu'il retira sa main pour parler. Et elle éclata de rire en le regardant l'air de vouloir lui dire juste par ce regard "c'est à moi que vous voulez faire croire cela ?"

-Il semble que je doive encore vous rappeler que je suis la Muse des arts érotiques. Je sais quand il y a de l'amour ou quand il n'y en a pas. Après, je n'irais pas jusqu'à dire que vous êtes le monde de Sword mais il vous aime bel et bien à sa façon. Et je suis sûre que cela vous fait beaucoup de bien.

Et cela signifierait aussi qu'Eirik ne lui en voulait pas seulement à elle mais également au draco-liche. Sauf que le vampire blanc se mettait ainsi deux Hidden à dos. Le pauvre, les ennuis que cela allaient lui apporter étaient presque infinis. Dommage qu'elle ne puisse le pousser au suicide sans qu'il entraîne le djinn dans sa chute. Et puis Shintarô ne leur pardonnerait pas non plus en y réfléchissant, c'était peut-être les deux derniers membres de sa famille pour ce qu'elle en savait.

Au final, malgré tout le mal, Shintarô aimait son frère aîné... Elle ne pouvait pas trouver cela mal, de ce qu'elle avait appris sur les individus, il était parfois difficile de ne plus ressentir, surtout quand c'était sensé être une personne proche de vous. Et elle, elle n'avait jamais été si proche de son père, ce qui expliquait qu'elle pouvait le haïr si facilement. Peut-être éprouverait-elle un peu de peine après l'avoir tué - si tant était qu'elle ait l'occasion - mais elle n'aurait pas de regret par contre. Cela faisait trop longtemps qu'elle avait pris sa décision.

-Eh bien... A sa façon, Ambroise l'a donc enroulé autour de son petit doigt. Mais comme votre aîné est un sauvage, il faut qu'il morde parfois. Ça lui ressemble bien.

Et elle put rire à nouveau. Ah, Shintarô pouvait réellement être amusant quand il s'y mettait. Et dire qu'il était sensé être un vampire de quelques centaines d'années... Elle commençait à se sentir vieille d'une certaine manière. Et elle lui enviait presque le fait qu'il soit amoureux. Presque. Elle avait toujours pensé que ce n'était pas pour elle tout ça.

-Je ne suis pas n'importe quel femme. Et vous ne pourriez pas me choquer, croyez-moi. J'ai vu toute sorte de choses et béni toutes sortes d'unions. Un vampire et un draco-liche n'a rien de tellement hors norme au final.

Erato appréciait trop la réaction du vampire roux pour arrêter.

-Oh, je suis sûre de toute façon que c'est brutal, sauvage et pourtant qu'il y a de la tendresse au moment où l'on s'y attend le moins. Je devine des morsures et des griffures assez fortes pour faire sortir le sang... Lentement léché juste après.

Elle était à présent complètement d'humeur malicieuse et cela se voyait. Ce pauvre Shintarô allait avoir du mal à la faire taire.

Des réponses et vite ?! Mais elle me prend pour qui ?!

feat : Erato Astrapi.

Infiltrer son esprit. Tiens donc, voilà une chose dont elle n'avait pas réellement eu connaissance à propos de Shintarô. Ainsi donc, le roux était télépathe mais il ne réussissait pas à lire son aîné. De ce qu'elle savait, c'était normal, plus le vampire était vieux, plus il était puissant. Par contre, elle trouvait cela tout de même un peu amusant qu'il aurait bien voulu pouvoir le faire. Même s'il ne le disait pas clairement, le professeur de musique était bien plus curieux au sujet de son frère qu'il ne le pensait sans doute. En même temps, c'était compréhensible, Shintarô devait vouloir savoir pourquoi Eirik lui avait fait subir tout ça.

On cherchait toujours à donner un sens à tout ce qui nous arrivait, sauf que parfois, il n'y en avait pas. Mais pour le coup, elle souhaitait qu'il y en ait un parce que si ce n'était pas le cas, cela pourrait vraiment nuire à l'équilibre du roux devant elle.

-J'en resterai à sauvage pour le moment. C'est tout ce qu'il mérite après son absence de bienséance. J'aurais dû le mettre dehors au moment où j'ai senti son aura. Le gamin était encore plus agité quand il est parti.

Puis Erato éclata de rire. Comment elle savait ? C'était simple ça, Shintarô pourrait même s'en doutait quelque part. Elle vint lui faire un bisou sur la joue pour le taquiner et répondit tranquillement, comme si tout cela était parfaitement normal. Ce qui était le cas pour elle.

-Parce que votre aura me le dit voyons. Quand cela concerne les arts érotiques, je peux lire l'aura d'une personne comme si elle était un livre ouvert. Mais juste sur le sujet.

Elle hocha la tête en ce qui concerne les habitudes.

-Pourtant, je lis de la tendresse. Et quelque chose d'autre... Mais je ne suis pas sûre de comprendre ce que c'est. Peut-être que quand je verrai Sword, je comprendrai.

A moins que Shintarô ne crache le morceau mais le roux avait l'air de vouloir être complètement coincé en ce qui concernait sa relation avec le draco-liche. Bah, après tout... Mais qu'on ne lui dise plus alors que les hommes pouvaient parler de sexe librement parce qu'au final, c'était juste un beau mensonge ça. Enfin, au moins, ça avait eu le don de la faire rire quelques minutes. Qu'allait-elle bien pouvoir faire gentiment subir à Eirik ? Il fallait qu'elle creuse la question.

Elle revint s'appuyer sur la rambarde après avoir encore trébuché. Comment faisait-elle ça sur une surface plane, elle ne savait même pas. Elle jeta un regard assassin à ses seins, revint à son interlocuteur. Il était temps de parler de sujet plus léger après tout. Cela faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vu. Depuis la leçon de musique en réalité. Elle avait voulu qu'il digère ce qu'il s'était passé et il semblait qu'il ne lui en voulait pas du tout au final. Même si sur le moment, ça avait été évidemment douloureux.

-Sinon, quoi de beau de votre côté ? Les cours se passent bien ? Aurais-je une occasion de revenir vous aider ?

Elle lui décrivit un peu le cadeau de Noël que Miley lui avait fait. Son petit coin de forêt tout beau, rien qu'à elle. Elle parla aussi des élèves qu'elle avait puni, dont ce pauvre Dorian qui avait un peu trop réagi à son don. Elle raconta aussi ses dernières compositions et de la soirée qu'elle avait récemment passé avec Ambroise.

-Ce petit a un don pour faire un vrai barouf à lui tout seul. J'ai cru qu'il avait tout cassé mais pour me remercier de l'avoir laissé dormir chez moi, il m'a laissé des partitions d'un autre monde qu'il avait récupéré lui-même. Il est drôlement généreux. Un peu trop gentil aussi.

Elle regarda l'heure. Elle allait devoir le laisser, elle avait rendez-vous avec une élève pas ou peu farouche. Après quelques adieux et la promesse d'envois de textos avant de venir dans la salle de cours du roux, Erato fila après avoir rattaché sa lyre autour d'elle. Cependant, elle ajouta avec un clin d’œil alors qu'elle allait refermer la porte du toit.

-Et encore félicitations. Profitez-en bien au lit.

Et elle descendit les escaliers en faisant entendre son rire mélodieux.

Une réponse et vite ?! Mais elle me prend pour qui ?!

feat : Erato Astrapi